Voici 1000 ans, les Vikings "découvraient" l’Amérique

dimanche 31 octobre 2021.
 

On savait depuis longtemps que les guerriers nordiques avaient accosté sur le Nouveau continent bien avant les Espagnols. Grâce à un rayonnement cosmique connu, les chercheurs viennent de dater précisément leur arrivée en Amérique à il y a 1.000 ans exactement.

1492, découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Cette date, qu’ont apprise par coeur des générations, avait déjà été battue en brèche par la découverte, au XXe siècle, d’un site d’occupation viking de l’Anse aux Meadows, une baie à l’extrême nord de l’île de Terre-Neuve. On connaît désormais l’année de leur installation, 1021, il y a exactement 1.000 ans, selon une étude néerlandaise parue mercredi dans la revue « Nature ».

Jusqu’ici, on savait que les guerriers venus du nord de l’Europe avaient été les premiers Européens à débarquer en Amérique, bien avant le Génois Christophe Colomb et ses compagnons espagnols. Un seul site d’occupation est actuellement connu, grâce aux restes de huit constructions avec des charpentes en bois.

Une estimation au carbone-14 imprécise

L’arrivée des Vikings était jusqu’à présent estimée aux alentours de l’an 1000. Des datations au carbone-14 réalisées à partir de débris de bois donnaient une fourchette de plus de 250 ans, alors que l’étude du site, ainsi que les textes semi-légendaires vikings, les « Sagas », laissaient penser que l’installation scandinave a été brève et sporadique.

Pour préciser la date d’établissement des Vikings, le professeur de chronologie isotopique Michael Dee et l’archéologue Margot Kuitems se sont basés sur une méthode bien connue des sylviculteurs et forestiers : le décompte des cernes du bois. En effet, lorsque l’on coupe un tronc d’arbre, on observe à l’intérieur des cercles concentriques qui correspondent chacun à la croissance d’une année. Un événement cosmique en 993

Ces cernes de croissance varient en fonction de l’intensité des saisons, mais également des variations de rayonnements cosmiques auxquels la Terre est soumise en permanence. Ces derniers produisent « continuellement du carbone-14 (une forme plus lourde et beaucoup plus rare que l’atome de carbone) dans la haute atmosphère », a expliqué Margot Kuitems à l’AFP.

Cette forme de carbone va « entrer dans le cycle du carbone, qui est absorbé par les plantes avec la photosynthèse ». ​Aussi, lorsque le rayonnement devient plus puissant, le taux de carbone-14 s’élève dans l’atmosphère, puis dans les cernes de croissance du bois. Une étude japonaise a ainsi déterminé avec précision, grâce à des bois dont on connaissait précisément l’âge, que deux « événements » cosmiques produisant une hausse du carbone-14 ont eu lieu en l’an 775 et en l’an 993.

Un arbre coupé au printemps, l’autre à l’été

En étudiant trois échantillons du bois utilisé par les Vikings pour construire leur camp à l’aide d’un spectromètre de masse, l’équipe néerlandaise a identifié un cerne avec une « brusque élévation » de la concentration en carbone-14. Il s’agit donc du cerne de 993. En comptant le nombre de cernes entre celui-ci et le dernier, situé juste avant l’écorce et qui correspond donc à la dernière année de croissance avant que l’arbre n’ait été coupé, les chercheurs sont tombés sur l’an 1021.

La mesure a fonctionné pour deux morceaux de bois, dont les scientifiques ont même pu préciser que l’un appartenait à un arbre abattu au printemps, et l’autre à l’été-automne. L’apparition des cernes dans le bois s’explique en effet par la différence de couleurs entre les bois de printemps et les bois d’été.

Une méthode de mesure récente

Le Centre de recherche isotopique est en pointe sur cette méthode originale de datation archéologique. Il a signé une première étude sur le sujet en 2020, en datant précisément une structure archéologique dans le sud de la Sibérie, à l’aide de l’événement cosmique de 775.

Selon Margot Kuitems, il y a aujourd’hui un « consensus » pour expliquer ces pics de rayonnement cosmique par un « événement solaire, comme une tempête solaire ». Un autre pic survenu en l’an 660 a été récemment confirmé, et pourrait à son tour servir de « marqueur » temporel, grâce à l’amélioration permanente de la précision des spectromètres de masse.


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