Des racines nationales et des ailes cosmopolites.
Il existe des réseaux familiaux et économiques entre les bourgeoisies des différents pays. Le pouvoir de domination des bourgeoisies nationales a été renforcé par la globalisation.
La bourgeoisie face à la mondialisation
Source : Anne Catherine Wagner
Dans Mouvements no26, pages 33 à 39
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Existe-t-il une bourgeoisie mondiale ? Vaste question qui n’est pas sans importance pour apprécier la nature des forces dominantes en présence à l’heure de la mondialisation, et donc le type de rapport de force qu’elles sont susceptibles de construire. État des lieux en matière de classes dominantes de la part du neuf, et du vieux qui se coule dans le neuf.
Alors que la globalisation des échanges est souvent envisagée comme un processus purement économique et financier, il faut rappeler que dans ce mouvement se jouent aussi des rapports sociaux de domination. Les travailleurs manuels et une partie de la petite bourgeoisie subissent les effets des politiques néolibérales conduites au nom du mythe de la « globalisation ». Inversement, la position des fractions des classes dominantes dont les intérêts sont liés à l’internationalisation des échanges se trouve renforcée, et les rapports de force au sein de la bourgeoisie elle-même pourraient bien être modifiés. Denis Duclos analyse ainsi l’émergence d’une « hyperbourgeoisie » organisée en réseaux mondiaux, bien distincte des anciennes bourgeoisies nationales qu’elle est, selon lui, amenée à remplacer : ses prétentions humanistes, universalistes et multiraciales dissimulent un mépris de la culture bourgeoise au nom du culte d’une techno-culture d’emblée mondialisée [1]
Mais les classes sociales n’apparaissent pas ex nihilo, elles ne sont pas non plus mécaniquement produites par les transformations économiques. La similitude des intérêts liés à la participation aux affaires internationales ne suffit pas à produire un groupe social, d’autant que, par le jeu de la concurrence et des mouvements de fusion-acquisition, ces intérêts sont loin d’être toujours convergents. Il faut s’interroger sur les mécanismes, non seulement économiques mais aussi historiques et sociaux, qui peuvent fonder la cohésion d’une telle classe internationale.
De fait, le cosmopolitisme des hautes classes ne date pas de la globalisation des affaires de ces dernières décennies. Il est sans doute aussi ancien que les échanges eux-mêmes. Les réseaux internationaux de marchands, unis par des échanges épistolaires et commerciaux, par la circulation des personnes et la fréquence des inter-mariages ont joué un rôle clé dans la genèse des liens commerciaux entre les riches cités d’Europe entre les xive et xviie siècle [2]
Entre la fin du xvie siècle et le xixe siècle, le cosmopolitisme des élites occupe une place décisive dans la formation de la haute finance. Le cas des frères Rothschild, implantés à Francfort, Londres, Paris, Vienne et Naples, illustre bien la force de ce capitalisme familial à une époque où les supports institutionnels à la circulation internationale de l’information sont limités. Les grandes fortunes ont de longue date une composante internationale [3]
C’est au regard de cette ancienneté qu’on peut mettre en lumière les traits spécifiques de l’internationalisation actuelle des classes dirigeantes, et s’interroger sur la redéfinition des principes de hiérarchisation sociale au sein de la bourgeoisie.
Si le cosmopolitisme des hautes classes a une histoire ancienne, l’internationalisation des dirigeants économiques prend des formes nouvelles. Les relations économiques internationales ne peuvent plus s’analyser uniquement en terme de réseaux familiaux et interpersonnels. Ils s’opèrent majoritairement au sein de vastes organisations relativement bureaucratisées. La concentration des entreprises, le développement des grandes organisations ont transformé les conditions d’accès à la scène internationale, faisant émerger de nouveaux acteurs. On assiste ainsi au développement d’une population de managers et de dirigeants internationaux, occupant des positions stratégiques dans les entreprises ou les organisations multinationales, dans les groupes financiers, les cabinets de conseils et les industries juridiques travaillant à l’échelle mondiale. Ces dirigeants se définissent par leurs « compétences » internationales. La connaissance des langues et des pays étrangers, l’insertion dans des réseaux de relations à l’échelle de plusieurs pays, la forte mobilité géographique et la possibilité de gérer sa carrière à l’échelle internationale sont des attributs systématiquement cultivés et entretenus au sein d’un groupe brassant les nationalités les plus diverses (des pays industrialisés) [4]
Ce groupe repose sur un travail préalable d’homogénéisation des systèmes de valeurs et des pratiques professionnelles, mené d’abord au sein de grandes multinationales surtout américaines, puis relayé par l’internationalisation de l’industrie du management. Dans ce travail d’homogénéisation, les MBA (Masters of business administration) qui se développent en Europe depuis les années soixante ont valeur d’exemplarité. Ces formations de luxe, souvent très onéreuses et réservées à un public trié sur le volet, contribuent à la définition du « manager international » érigé en modèle d’excellence. L’international a d’abord pour sens la référence au modèle américain. Les cours sont souvent donnés en anglais ; les méthodes pédagogiques, les pratiques d’écoles sont empruntées aux Business Schools américaines, et en particulier à la Harvard business school. L’INSEAD (Institut européen des Affaires), situé à Fontainebleau, revendique un recrutement international (les Français constituent moins du cinquième des participants). Le dynamisme des associations d’anciens élèves, implantées dans les différents pays, contribue de fait fortement à la valeur des formations : la dimension internationale du capital de relations sociales est un élément central des « compétences » produites par le passage par ces institutions.
Les références internationales sont donc d’abord professionnelles, mais le groupe repose sur des interrelations qui débordent le plus souvent la sphère du travail : la fréquence des mariages mixtes, le cosmopolitisme des amitiés tissées au fur et à mesure des expatriations et des déplacements définissent les traits d’un style de vie véritablement international. Au-delà des différences de nationalités, les familles ont les mêmes sources d’information (la presse économique anglo-saxonne), les mêmes loisirs (le tennis, le golf, le bridge) ou encore la même conception traditionnelle de la division des rôles sexuels : les managers internationaux sont des hommes, leurs épouses les suivent et renoncent le plus souvent à toute activité professionnelle.
Cette culture internationale fonctionne indéniablement comme une forme de capital culturel et social, dont la transmission occupe une place centrale dans les stratégies éducatives. Des systèmes d’enseignement spécifiquement destinés aux enfants « internationaux », comme le Baccalauréat international de Genève, valorisent la connaissance des langues et des cultures étrangères, non seulement sous leur forme académique, mais sous la forme d’« expériences sociales », ce qui contribue à les réserver à un petit nombre de privilégiés qui peuvent bénéficier de cette immersion. Les enfants internationaux acquièrent ainsi une aisance avec les voyages, une habitude des relations avec d’autres nationalités, qui ne peuvent que favoriser la reproduction des positions internationales.
Ces institutions, destinées originellement à un petit groupe limitatif, ont incontestablement force de modèle en France, comme l’atteste la place croissante des formations internationales dans les écoles destinées à la reproduction des classes dominantes
Ce groupe de managers internationaux joue un rôle important dans la diffusion de principes d’excellence célébrant l’ouverture des frontières et le marché et dévalorisant corrélativement l’archaïsme des protections nationales. Celui qui a voyagé, qui connaît les pays et les systèmes étrangers est crédité d’une supériorité de vue par rapport à celui qui est cantonné à ses frontières. L’internationalisation de la formation des élites, et cette force symbolique propre de la référence à l’étranger, produit des effets importants dans la diffusion de modèles dominants, dans des domaines très divers allant de la conception de l’économie [6]
Les « managers internationaux » sont des salariés (souvent fortunés) plutôt que des grands possédants, même s’ils ont aussi souvent accumulé un certain patrimoine. Issus majoritairement des classes supérieures, ils sont indéniablement « bourgeois », surtout si l’on prend en compte les dimensions symboliques, culturelles et sociales du statut de bourgeois, qui ne se réduit pas à la propriété des moyens de production mais inclut, indissociablement, l’adoption d’un certain style de vie marqué par la recherche de distinction et les stratégies de reproduction des privilèges sociaux.
Ces dirigeants ne se confondent pas pour autant avec les vieilles bourgeoisies nationales, pas plus qu’ils ne menacent réellement leurs positions dominantes. Les plus hautes positions de pouvoir restent détenues par des nationaux, formés et sélectionnés selon les procédures les plus nationales. Les enquêtes menées régulièrement par Michel Bauer et Bénédicte Bertin-Mourot sur les deux cents plus hauts dirigeants des grandes entreprises à capitaux français montrent la place prépondérante du système national de consécration dans la légitimation des dirigeants ; en France, comme d’ailleurs dans les autres pays industrialisés, les plus grands patrons sont presque exclusivement des nationaux qui ont peu d’expérience de l’étranger [9]
La moitié des plus hauts patrons français est issue de l’École polytechnique ou de l’ENA, deux écoles liées par excellence à l’État nation, et dont la part dans la production du grand patronat tend même plutôt à augmenter. Un tiers des grands patrons français est passé par cinq grands corps de l’État (Mines et Ponts, Inspections des Finances, Cour des Comptes et Conseil d’État) créés pour former et consacrer les élites administratives du pays ; le passage par un cabinet ministériel reste l’étape qui parachève la voie royale d’accès au grand patronat. Les compétences internationales caractérisent plutôt les dirigeants des grandes filiales d’entreprises étrangères, plus nombreux à avoir des diplômes étrangers et une expérience professionnelle dans d’autres pays. Mais il s’agit aussi d’une fraction du patronat qui se trouve à plusieurs égards dans une position dominée par rapport aux grands patrons. Diverses enquêtes auprès des grands groupes européens confirment que l’internationalisation de l’encadrement reste limitée pour les fonctions de pouvoir et dans les lieux de décision. Les cadres internationaux ont des positions clés dans leurs secteurs : les directions d’import-export, la coordination des activités internationales ; ils peuvent diriger des filiales. Mais ils restent tributaires de décisions prises ailleurs et accèdent rarement aux plus hauts postes.
On peut vérifier cette position seconde des managers internationaux à leur faible insertion dans les cercles fermés de la bonne bourgeoisie française. Ils ne sont pas membres des cercles et clubs les plus sélectifs, et ils expriment souvent le sentiment de se heurter à la clôture sociale de la bonne bourgeoisie française. La culture naissante des managers ne suffit pas à supplanter le pouvoir des grandes familles qui ont établi de longue date leur notoriété. Cette prééminence confirme la place centrale de la durée dans l’efficacité de la domination sociale. Les compétences nouvelles des « managers internationaux » ne peuvent rivaliser avec la légitimité que confère l’enracinement sur le territoire. L’appartenance à la meilleure société s’atteste d’abord par l’inscription dans des cercles d’inter-connaissances familiales, forgés et consolidés par le travail de plusieurs générations. Parmi les ressources sûres conférées par cette inscription territoriale, les liens tissés avec les réseaux politiques nationaux, voire régionaux sont essentiels. L’interpénétration des familles des affaires et de la haute fonction publique est une caractéristique centrale du monde du pouvoir en France, qui explique sa force de résistance à une simple importation de principes d’excellence étrangers. Les compétences internationales sont en elles-mêmes de peu de soutien pour maîtriser les règles du jeu complexes de la haute société française et du monde des affaires hexagonal, lesquelles s’acquièrent plus sûrement par une familiarisation précoce et continue.
Les positions respectives des fractions des classes dominantes ne sont pas immuables, elles évoluent en fonction de luttes et de conflits qui ont pris une forme particulièrement acérée ces dernières années. Les grands patrons doivent tenir compte de l’existence d’un marché international qui peut désormais menacer leur propre position. Avec la libéralisation des flux de capitaux en Europe, les grandes entreprises sont de plus en plus dépendantes des marchés financiers dominés par les grands investisseurs internationaux : la part de la capitalisation boursière détenue par des non-résidents est supérieure à 40 %. Les dirigeants des grandes entreprises cotées en bourse doivent faire face à des interlocuteurs étrangers dont la culture est souvent bien éloignée de celle du cénacle des dirigeants traditionnels : il leur faut se plier aux tournées de présentation auprès des représentants américains ou écossais des grands investisseurs et les convaincre de la « bonne santé financière » de leur entreprise. Il leur faut conquérir le soutien des fameuses grandes « agences de notations » qui apprécient la crédibilité financière des entreprises et donnent des notes en catégories d’investissement. Les conseils d’administration des grandes entreprises ont longtemps été des lieux de cooptation où se retrouvaient, par le jeu des participations croisées, un petit nombre de grands patrons français, passés par les mêmes filières et unis par la même « culture » nationale des affaires. Or, du fait des liaisons transfrontalières, mais aussi peut-être sous l’effet des recommandations répétées des investisseurs internationaux, les conseils d’administration s’ouvrent aux étrangers : leur part chez les administrateurs des grandes entreprises françaises cotées en bourse est passée de 13 % en 1996 à 21 % en 2000 (elle atteint 50 % à Alstom ou Total).
L’image publique et le profil même des grands patrons se modifient : s’ils viennent toujours aussi massivement des grandes écoles et des grands corps de l’État, ils se définissent désormais comme des hérauts de la mondialisation [11]
Les nouveaux patrons français sont des financiers plus que des industriels : François Pinault, Bernard Arnaud, Vincent Bolloré fabriquent avant tout du capital, et ont besoin du crédit (économique et symbolique) que peuvent leur accorder les marchés financiers internationaux, autant que de celui qui se cultive dans les clubs feutrés du petit monde du pouvoir en France.
Ces transformations ne menacent pas pour autant la prééminence des hautes classes. Les réseaux de relations implantés dans plusieurs pays, mêlant inextricablement relations familiales et relations d’affaires, ont prouvé leur solidité dans le temps, et restent bien vigoureux aujourd’hui. Cosmopolitisme des relations et multi-territorialité étendue aux pays étrangers sont, pour Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, deux composantes essentielles de la haute société [13]
La biographie du baron Ernest-Antoine Seillière est exemplaire du jeu entre les ressources nationales et ressources internationales qui garantissent la pérennité des positions de pouvoir [14]
Héritier de deux dynasties des affaires, la famille de Wendel par sa mère et la maison Seillière (qui fonde une des premières hautes banques de la place de Paris) par son père, il a toujours été immergé dans le monde du pouvoir économique, mais aussi politique ou culturel : dans l’hôtel particulier des de Wendel, avenue de New-York, sa famille « reçoit tout ce qui compte à Paris », « d’une façon amicale et mondaine, plus qu’avec du désir d’avoir de l’influence ». À ce capital familial s’ajoutent les ressources bien hexagonales de la « noblesse d’État », puisque le baron Seillière est énarque, qu’il a été quelques années conseiller diplomatique au quai d’Orsay, puis membre du cabinet de Chaban-Delmas à Matignon, avant de revenir aux affaires. L’accumulation de ressources internationales s’intègre tout naturellement dans cette trajectoire d’héritier. L’éducation des enfants de la haute société inclut traditionnellement une dimension d’ouverture sur l’étranger : le baron Seillière grandit dans le bilinguisme français-anglais, « ni par snobisme, ni par principe, juste parce que la gouvernante était irlandaise ». À l’adolescence, il passe un an et demi en Angleterre dans un collège du Sussex. D’autres éléments de sa biographie attestent du cosmopolitisme des références identitaires des grandes familles, au-delà des affaires à proprement parler. Sa mère a donné un « rayonnement international » au Bal des petits lits blancs qu’elle présidait, en organisant le bal en Irlande, au Liban, en Louisiane ou en Iran. Plus tard lui-même épouse une jeune femme issue de la bonne société de Genève. Dans les plus hautes sphères, les réseaux de reconnaissance les plus internationaux s’entremêlent harmonieusement et sans conflit avec les cercles les plus traditionnellement nationaux. En 1972, Seillière décline ainsi la proposition qui lui était faite de présider l’INSEAD, l’école par excellence des managers internationaux, à laquelle il reste associé. En 1974, il passe un an à Harvard, au Center for International Affairs qui accueille des diplomates du monde entier, lieu privilégié d’accumulation de capital social international. Ces « expériences internationales », ajoutées bien entendu aux appuis politiques et sociaux nationaux, vont être des atouts décisifs pour permettre au baron Seillière d’assurer, en pleine crise de la sidérurgie, la mutation de la maison familiale en fonds d’investissements internationaux. La conversion réussie d’un héritier d’une vieille dynastie en « actionnaire entrepreneur », à la tête d’un holding financier caractéristique des tendances récentes du capitalisme traduit bien la force propre de la culture cosmopolite de la haute société. C’est finalement dans la fraction la plus traditionnelle de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie qu’on trouve le plus nettement les traits d’une classe internationale, particulièrement bien armée face au mouvement actuel de mondialisation.
Les transformations récentes du capitalisme et l’intensification des échanges internationaux modifient la hiérarchie des compétences légitimes des dirigeants économiques. La domination passe désormais par la maîtrise de l’espace économique et financier européen et international. Ces compétences internationales débordent la connaissance technique des langues et des marchés étrangers : ce sont aussi, dans l’espace international plus encore que dans l’espace national, des relations de confiance et des connaissances directes qui permettent le plus sûrement et le plus rapidement d’accéder aux informations pertinentes. Le développement de la mobilité professionnelle des cadres et dirigeants économiques se traduit ainsi par la consolidation de réseaux internationaux, indissociables de la consolidation d’une culture internationale des affaires, avec ses lieux communs, ses dogmes et son indéniable force symbolique.
L’international est un nouveau principe de domination, dont a su tirer partie un groupe de managers uni autour de ressources d’autant plus précieuses qu’elles restent relativement rares. Il modifie le mode d’exercice et la définition légitime du pouvoir. Il n’affaiblit pas forcément la position de ceux qui l’exercent traditionnellement. Dans la mesure où les compétences internationales les plus efficientes sont indissociables de compétences sociales – la maîtrise « non scolaire » des langues, l’aisance relationnelle, la capacité à retrouver rapidement ses repères sociaux à l’étranger –, elles sont bien préparées par l’éducation bourgeoise. Dans la vie sociale, la valeur des différents capitaux est presque toujours accrue par l’ancienneté de leur acquisition.
L’inscription dans des cercles internationaux depuis plusieurs générations confère indéniablement une position privilégiée par rapport aux nouveaux venus. La vieille bourgeoisie ne manque donc pas de ressources face à l’internationalisation et n’a nul besoin de renoncer aux fondements nationaux de la domination sociale. En ce sens le mouvement de mondialisation conforte, plus qu’il ne les subvertit, les rapports sociaux de domination les plus « classiques », même s’il peut contribuer à en brouiller la perception. •
[1] D. Duclos, Société-monde. Le temps des ruptures, La Découverte, 2002.
[2] F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme xve-xvie siècle. Tome 2 Les jeux de l’échange, Armand Colin, 1979.
[3] Il faut en effet relativiser la nouveauté de l’internationalisation du capital : la part des échanges internationaux dans les économies des pays riches était déjà, au début du siècle, presque aussi importante qu’aujourd’hui, qu’on la mesure par la part, dans les productions nationales, des échanges commerciaux ou des stocks d’investissements directs à l’étranger.
[4] A.-C. Wagner, Les nouvelles élites de la mondialisation. Une immigration dorée en France, Presses universitaires de France, 1998.
[5] G. Lazuech, L’exception française. Le modèle des grandes écoles à l’épreuve de la mondialisation, Presses universitaires de Rennes, 1999.
[6] F. Lebaron, La croyance économique, Seuil, 2000.
[7] Y. Dezalay, Marchands de droit, Fayard, 1992.
[8] P. Bourdieu et L. Wacquant, « Sur les ruses de la raison impérialiste », Actes de la recherche en sciences sociales, 121-122, mars 1998.
[9] M. Bauer et B. Bertin-Mourot, Radiographie des grands patrons français. Les conditions d’accès au pouvoir, 1985-94, L’Harmattan, 1997, et Vers un modèle européen de dirigeant ? Ou trois modèles de production de l’autorité légitime au sommet des grandes entreprises, CNRS/Boyden, 1996.
[10] Sur l’importance de l’ancrage régional cf. notamment P.-P. Zalio, Grandes familles de Marseille au xxe siècle, Belin, 1999.
[11] F. Lebaron, retraçant la trajectoire de J.-M. Messier, remarque que le pantouflage n’a jamais été aussi important au sommet de l’État que durant la période récente (« Vivendi, une leçon de chose. Chef d’entreprise made in France », Le monde diplomatique, mai 2002).
[12] E. Izraelewicz, Le capitalisme zinzin, Grasset, 1999.
[13] Sur le cosmopolitisme des hautes classes, voir M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Grandes fortunes, Dynasties familiales et formes de richesse en France, Payot, 1996 (pp. 115-140), et Sociologie de la bourgeoisie, La Découverte, 2000. Les auteurs analysent notamment les nombreuses institutions (écoles privées, clubs hautement sélectifs) qui ont pour vocation de cultiver et d’entretenir les réseaux de pouvoir internationaux dans les hautes classes.
[14] J. Bothorel et P. Sassier, Seillière, le baron de la république, Robert Laffont, 2002.
https://doi.org/10.3917/mouv.026.0033
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Par Bruno Cousin, Sébastien Chauvin
Dans Un monde d’inégalités (2017), pages 197 à 205. Source : Cairn info matière à réflexion https://www.cairn.info/un-monde-d-i...
Source : Le Monde diplomatique. Août 2020.
https://www.monde-diplomatique.fr/2...
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