Des groupes violents d’extrême droite s’organisent : qu’en disent les médias ? Que fait le gouvernement ?

lundi 17 avril 2023.
 

Dans un discours orwelien, la réalité devient invisible et la fable devient réalité.

Alors que le pouvoir politique et ses médias construisent un narratif imaginaire accréditant l’idée que La France Insoumise est un mouvement d’extrême gauche violent ou favorisant la violence ces manipulateurs restent muets pour dénoncer les véritables violences des mouvements d’extrême droite.

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Ratonnades, projet d’attentat : « FR Deter », le terrorisme d’extrême droite s’organise et nous menace Source :L’Insoumission. Le 04 avril 2023 https://linsoumission.fr/2023/04/04...

« Le vrai problème c’est les arabes, les musulmans et les noirs ». « FR Deter », vous connaissez ? C’est un groupuscule néo-nazi « créé pour réunir des identitaires dans toute la France ». Un projet sympa. Sur plusieurs canaux de la messagerie Telegram, les propos racistes et haineux pleuvent. Les menaces contre tout ce qui n’est pas assez blanc ou chrétien pour eux s’enchaînent. Organisation de ratonnades géantes, embrigadement de mineurs, liste de militantes, militants et parlementaires de gauche et, comble de la menace, projet d’attentat à venir.

Des éléments aussi explosifs qu’inquiétants, révélés par Tajmâat, une « plateforme collaborative pour les Maghrébins », selon ses propres mots. Le terrorisme d’extrême droite s’organise et nous menace.

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Plutôt que dénoncer le pseudo « terrorisme intellectuel » de la gauche, que fait Gérald Darmanin ? Lundi 3 mars 2023, il a demandé à la messagerie Telegram la fermeture de ces différents canaux. La veille, pourtant, suite au révélations de Tajmâat, les groupes avaient été dissous dans la panique, selon Libération. En retard, le ministre de l’Intérieur ? Dans tous les cas, cette suppression des canaux ne suffit pas. Des poursuites à l’encontre de ces individus doivent immédiatement être lancées. Dans un communiqué, La France insoumise (LFI) y enjoint le ministre de la Justice. Elle demande également au ministre de l’Intérieur de « neutraliser au plus vite » la menace. L’extrême droite menace la République. *

« FR Deter » : qui, quoi, comment ?

L’objectif du groupuscule néo-nazi « FR Deter » ? Réunir tous les identitaires de France et mener des actions coup de poing contre ce qui n’est pas assez blanc ou chrétien pour eux. Des éléments aussi explosifs qu’inquiétants, révélés par Tajmâat. « FR Deter » est divisé en groupes départementaux. « Des modérateurs sont chargés de surveiller et de recruter les personnes les plus actives, afin d’aboutir à des actions coup de poing », selon Tajmâat. Le groupe a également pour objectif, en agglomérant de nombreux identitaires, de les rediriger vers des collectifs ou structures d’extrême droite déjà existants. Echange de bons procédés entre fascistes.

Qui trouve-t-on dans ces discussions ? Des militaires (ici) de la Marine nationale et de la Légion étrangère, des policiers (là), des étudiants, des pères de famille… Les profils sont variés. Dans le sous-groupe départemental parisien, on trouve Armand D., membre du service d’ordre de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour. On trouve aussi le responsable de la section lyonnaise de la Cocarde sur une boucle départementale.

Dans les discussions, on peut voir la présence de mineurs de 14 ans, très vite embrigadés afin d’être formés dans des groupes dédiés à leur tranche d’âge. « On va faire de toi un homme ; on va te former ; on va faire de toi une machine de guerre » : voilà comment des militants s’adressent à un jeune garçon de 14 ans. Il vaut mieux pour lui ne pas sortir des clous : « Non, tu ne peux pas », reçoit-il comme réponse, lorsqu’il explique qu’il « a le droit d’être nationaliste sans être nazi ».

Ratonnades, appels au meurtre : les actions prévues par « FR Deter » En plus des propos racistes et xénophobes, les activistes de « FR Deter » parlent de passer à l’acte. Les responsables du groupe aiment à parler de ce dernier comme un simple groupe de discussion, dont l’objectif serait la rencontre entre « patriotes » pour « débattre ». La vraie motivation devient vite flagrante en lisant certains messages. Un nouvel arrivant dit « aimer taper les noirs et les arabes avec ses frères blancs ». Un autre est moins intéressé par le débat que par la constitution d’une milice. Même le fondateur, « VLAD » (Arthur de son vrai prénom, originaire de Saint-Etienne toujours selon Tajmâat) s’il revendique ne pas être néonazi, est l’auteur de plusieurs messages incitant ses « camarades » à se rencontrer dans la vraie vie.

Mais pour quoi faire ?

Les premières questions posées aux nouveaux membres d’une boucle départementale sont entre autres : « Pratiquez-vous un sport de combat ? » et « Connaissez-vous les risques ? ». Bien sûr, pratiquer un sport de combat avec un comparse néonazi peut comporter certains risques. Tout laisse à penser qu’il s’agit davantage des « risques » qu’il y aurait à déambuler dans les rues pour faire des ratonnades ou des chasses aux “antifas” [comprendre : tout militant de gauche]. En effet, outre les messages de haine envers les noirs, les arabes, les juifs, on trouve aussi des appels concrets à passer à l’acte.

Les modérateurs des groupes départementaux incitent les nouveaux venus (parfois mineurs) à commettre des ratonnades, ce qui est, selon le modérateur de la boucle du Gard, l’un des objectifs du groupe. Quant aux mineurs, lorsque « FR Deter » ne s’est pas doté d’une section jeunesse départementale (comme c’est le cas dans le Nord), les membres du groupe renvoient les plus jeunes vers le « syndicat » étudiant d’extrême droite de la cocarde étudiante (même lorsque ces jeunes assument être là pour des ratonnades).

Pire encore, parmi les (trop) nombreux policiers et militaires présents sur le canal « FR Deter », on retrouve un marin déclarant prêt à « remettre un bon coup de valeurs françaises dans la tronche de ces sous-hommes », « s’il y a un rapport physique prévu ». Tout aussi glaçant est ce militaire se vantant d’avoir agressé « cinq bicots » en raison de leur origine. Il se dit prêt à poser « pas mal de pièges à rat pour sauver notre France ». Il y a plus inquiétant.

En plus des appels à « corriger » des militantes et militants LFI, les coordonnées personnelles de Louis Boyard qui fuitent, accompagnées de menaces, on lit des messages racistes à l’encontre des députées Danièle Obono et Mathilde Panot. Plus largement, « FR Deter » reprend et met à jour une liste du site d’extrême-droite Fdesouche. Cette liste comprend des parlementaires, élues et élus locaux, militantes et militants politiques ou associatifs, des journalistes… Leur point commun : leur ancrage à gauche, pour des causes humanistes… en bref, selon ces néonazis, des « collabos » dont il faut « s’occuper ».

Enfin, dans le Nord, les activistes de « FR Deter » prévoient une attaque sur une mosquée de Lille le 13 avril prochain, selon Tajmâat . Bien qu’ils ne semblent pas assez nombreux pour ce qu’on peut appeler un projet d’attentat (selon eux ils doivent être « au moins 50 »), cette menace contre nos concitoyennes et concitoyens ne peut et ne doit pas être prise à la légère par les autorités locales et le gouvernement.

Plutôt que de dénoncer le prétendu « terrorisme intellectuel » de ses opposants, que fait Darmanin face à la menace d’extrême droite ? Face à cette situation, que fait la police ? Que fait le ministre de l’Intérieur Gérald Daramanin, plutôt que de dénoncer un prétendu « terrorisme intellectuel » de ses opposants ? Selon Le Parisien, ces groupes Telegram sont sous surveillance depuis fin 2022. Hier, lundi 3 mars 2023, Gérald Darmanin a demandé à la messagerie Telegram de fermer ces boucles de discussions. Mais d’après les informations de Libération, le canal d’origine « FR DETER » et ses divisions régionales ont bien été supprimés… le 2 avril. Le tout dans la panique, le même jour que la publication de Tajmâat sur Twitter. On n’est jamais mieux dissous que par soi-même.

D’ailleurs Gérald Darmanin serait-il mal à l’aise avec le fait de débattre de la menace de l’extrême droite ? Hier, le groupe Écologistes-NUPES à l’Assemblée nationale organisait un débat intitulé « Comment lutter contre le terrorisme d’extrême droite ? ». Le ministre de l’Intérieur devait s’y rendre. Mais il a préféré envoyer Jean-François Carenco, son ministre délégué chargé des Outre-mer (ChezPol). Visiblement, Darmanin préfère utiliser un concept d’extrême droite pour attaquer ses adversaires, plutôt que de débattre de la menace de l’extrême droite en elle-même. Après avoir lancé à Marine Le Pen qu’elle était « trop molle », cela commence à faire beaucoup.

Que faire maintenant ? La fermeture des boucles Telegram ne suffit évidemment pas. Des poursuites à l’encontre de ces individus doivent immédiatement être lancées. Dans un communiqué, LFI demande au ministre de la Justice de « lancer immédiatement des poursuites pour provocation directe au terrorisme et pour incitation à la haine, à la violence et à la discrimination ». Elle demande également au ministre de l’Intérieur de « neutraliser au plus vite » ce groupuscule. Face à la menace terroriste de l’extrême droite, il ne faut rien laisser passer. L’extrême droite menace la République.

Par Nadim Février et Alexis Poyard.

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