« Faire le bois » : des travailleuses du sexe racontent

mardi 29 août 2023.
 

À l’occasion de l’ouverture des États généraux du documentaire à Lussas, dimanche 20 août, Mediapart diffuse « Faire le bois » de Lola Peuch, présenté l’an dernier dans la catégorie « Expériences du Regard ». Depuis la scène d’un théâtre de plein air du Bois de Boulogne, Heden, Claudia et Samantha, travailleuses du sexe, racontent cette chasse gardée de la haute société française.

Pour visionner ce film de 44 minutes, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.mediapart.fr/studio/doc...[QUOTIDIENNE]-quotidienne-20230819-173006&M_BT=1489664863989

PartantPartant de sa création sous le Second Empire, alors en pleine expansion coloniale, pour mieux revenir au présent, la jeune réalisatrice Lola Peuch offre une carte du Tendre queer au Bois de Boulogne, chasse gardée de la haute société française où des travailleuses du sexe se sont fait une place depuis plus d’un siècle.

Depuis la scène d’un théâtre de verdure, Heden, Claudia et Samantha racontent « leur » Bois. Conteuses, elles disent leur quotidien, les lacs qui gelaient, les chemins débroussaillés par leurs bras, les places rebaptisées et le travail qui manque, la clandestinité, les intimidations de la police. Avec la complicité de la réalisatrice, qui après de longs échanges a co-écrit les séquences avec elles, ces travailleuses du sexe installent leur décor et se mettent en scène pour se faire actrices de leur propre vie et décrire une réalité sans fard.

Par-delà leurs récits, les paysages du Bois accueillent une voix off teintée d’ironie, co-écrite avec la dramaturge Sonia Ristić, dite avec beaucoup de malice par Nana Benamer. En contrepoint des témoignages, cette narration révèle un précieux démenti à l’histoire impériale de ce lieu d’agrément qu’est toujours le bois de Boulogne. « Sur ces terres, le haut gratin de l’Empire avait obtenu à vil prix d’établir ses cercles », les images en contrechamp du Lagardère Paris Racing proposant « l’expérience unique d’un club hors du temps » perpétuent un héritage de plaisance privé que le film égratigne subtilement.

La cinéaste, formée au master réalisation de l’École de cinéma documentaire de Lussas, « dépeint ainsi les travailleuses comme les dépositaires d’une part d’Histoire, d’une mémoire des mœurs et des politiques de ces dernières décennies C’est un sentiment de liberté qui prévaut, celle d’exercer malgré les obstacles et le mépris un métier ici choisi », observe la critique Olivia Cooper-Hadjian pour les Cahiers du Cinéma.

Loin des clichés habituels, Faire le bois dresse de magnifiques portraits d’empowerment autant que celui d’un lieu où des réalités parallèles se croisent, avec humour, légèreté et une grande liberté cinématographique.


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