Benoît Hamon était invité par Public Sénat mardi 5 décembre à partager son ressenti après les annonces faites la veille par le ministre de l’Education.
Gabriel Attal a entre autres préconisé une instauration de groupes de niveaux, de redonner sa valeur au redoublement, de conditionner l’entrée au lycée par l’obtention du diplôme du brevet, ou encore d’harmoniser les notes au niveau académique pour les examens, une épreuve de mathématiques en première et comptant pour le baccalauréat.
Les annonces suivaient de peu la publication du classement Pisa de l’OCDE, et qui a relevé une chute de la position des élèves français de 15 ans en maths et compréhension écrite. “Je me méfie des éléments de langage, ‘choc des savoirs’ et des formules”, a commenté l’ancien ministre de l’Education sous François Hollande, Benoît Hamon.
Et il ajoute : “Ce que je comprends de ce qu’il va faire m’effraie”. Et il précise, concernant “Les groupes de niveaux en mathématiques et en français, c’est décréter, dès la sixième, qu’il y aura des élèves à la cave, au rez-de-chaussée et des élèves au premier étage”. Il y voit un frein à la progression des élèves.
Dans l’ensemble, il dénonce “la réalisation d’un fantasme des plus aisés. Cet imaginaire, c’est de penser que les élèves les plus en difficulté tirent tout le monde vers le bas. Cette proposition va réaliser ce fantasme”.
Les missions de l’école lui semblent loin, et il estime que “Gabriel Attal prend acte qu’il faut un système élitiste (…) les sciences éducatives nous montrent que ce type de système aggrave les inégalités”. Des études pointent l’absence d’effet positif lié au redoublement.
L’ancien candidat socialiste au scrutin présidentiel dénonce encore le fait que “L’Education nationale, c’est le temps long et personne ne peut penser qu’un plan construit de cette manière va régler ce qui est la réalité du système français, le choc des inégalités”.
Il craint encore que “Le système français, très élitiste, va fracturer une génération”, en raison de “conditions d’enseignement (qui) se sont globalement dégradées”. Un constat en amenant un autre : “Quand on a des conditions d’enseignement qui sont celles-là, on ne peut pas s’attendre à faire des bons dans les classements, il y a un moment où ça décroche”.
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