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Les organisations politiques face au problème central du partage des richesses produites par la population active.
* ** Dans un contexte politique agité ou la vie politique semble se réduire à des jeux d’appareils provoquant une prolifération d’hypothèses et de commentaires en tout genre, il nous a paru utile de rappeler la question fondamentale du partage des richesses produites par les travailleurs.
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Le partage des richesses
Le problème du partage des richesses produites par la population active, notamment par les salariés, est le problème économique et politique central autour duquel gravitent tous les autres, qu’ils soient de nature économique, sociale, écologique, politique ou culturelle. Il s’agit, en fin de compte, du partage de la valeur ajoutée globale (PIB) produite par l’ensemble des entreprises entre les salaires et les profits, c’est-à-dire entre les revenus du travail et les revenus du capital. Dans ce partage, il faut tenir compte de la fiscalité, c’est-à-dire de la part de l’impôt global payé par les salariés d’une part et par les entreprises d’autre part.
Les cotisations sociales constituent un salaire indirect. Il convient aussi d’examiner l’ampleur des exonérations fiscales et des cotisations sociales au bénéfice du patronat, ainsi que le montant des aides de l’État aux entreprises. Selon la source et la période, on évalue ces exonérations entre 170 et 250 milliards d’euros. Cela provoque un affaiblissement important des recettes de l’État et explique en grande partie le déficit du budget de l’État.
Ce partage dépend du montant du SMIC et des salaires, ainsi que des pensions de retraite, de la politique économique et sociale des députés qui votent les budgets, notamment celui de la sécurité sociale. Toutes les politiques sociales, le fonctionnement et l’existence de services publics de qualité dépendent de ce partage. On ne peut prétendre, par exemple, avoir un service de santé publique, une éducation nationale, une justice, une police qui fonctionnent bien sans des ressources budgétaires suffisantes qui dépendent elles-mêmes de ce partage de la valeur ajoutée. De la même manière, il n’y a pas de politique écologique et culturelle sans un partage des richesses favorable aux travailleurs, c’est-à-dire à l’intérêt général. Rappelons aussi que ce que l’on appelle couramment « la montée des inégalités » est intimement liée à la nature de ce partage.
Le problème qui se pose donc aux citoyens est le suivant : quelle est ou quelles sont les organisations politiques qui placent au centre de leur programme ce problème du partage de la valeur ajoutée et qui veulent le rendre plus favorable aux salariés et aux travailleurs indépendants ?
Tous les moyens imaginables sont mis en œuvre par la grande bourgeoisie et ses valets médiatiques pour que cette question centrale n’apparaisse pas au sein du débat public. Tout y passe : les problèmes sécuritaires, les problèmes identitaires et sociétaux, l’immigration, etc., sont mobilisés pour diviser la population et faire diversion. Les organisations politiques, comme je l’avais déjà expliqué dans des articles précédents, se divisent en trois catégories :
Les organisations favorables à un partage de la valeur ajoutée favorable aux travailleurs : LO, NPA, PCF, LFI, POI, en considérant les organisations menant des batailles électorales. Le niveau de dangerosité pour la bourgeoisie de chacune de ces organisations se mesure au nombre de voix obtenues aux différentes élections. Pour l’instant, il s’agit de LFI, ce qui explique sa diabolisation et l’extraordinaire puissance de feu médiatique concentrée sur elle depuis ces dernières années et notamment sous le règne Macron. Sans que le programme "L’Avenir en commun" soit un programme d’extrême-gauche ou révolutionnaire, il prévoit un meilleur partage des richesses produites, favorable aux travailleurs.
La deuxième catégorie d’organisations politiques comprend les partis qui sont hostiles à un partage de la valeur ajoutée favorable aux travailleurs, mais qui, au contraire, le veulent plus favorable au capital. Il s’agit des partis de droite, du centre, d’extrême droite. Cela explique pourquoi le système médiatique leur est favorable.
La troisième catégorie d’organisations politiques comprend des partis dont le positionnement par rapport à ce problème central du partage est à géométrie variable. Il dépend du sens du vent, du niveau de mobilisation des syndicats et de l’opportunité de faire alliance avec des partis de la première catégorie pour améliorer leur nombre de postes d’élus et renflouer les caisses de leur parti. Selon les périodes, donc, ils défendront un partage plus ou moins favorable aux travailleurs ou au capital. Tout le reste n’est que du bla-bla dans cette catégorie on trouve la social-démocratie c’est-à-dire le PS en France, le parti écologiste.
On remarque par ailleurs que ces organisations sont plutôt pour une Europe fédérale affaiblissant considérablement la souveraineté nationale. Ils sont partisans de l’appartenance de la France à l’OTAN et sont, pour l’essentiel, Atlantistes. Là encore, la souveraineté nationale est mise à mal.
. On peut certes reprocher à LFI une politique d’information ou de communication insuffisante et certains dysfonctionnements dans l’organisation, mais cela ne doit pas cacher l’essentiel : LFI est la seule organisation politique réellement redoutée par la grande bourgeoisie pour la remise en cause du partage des richesses produites par la population active en France.
Outre les oppositions des partis politiques ultralibéraux, il existe un autre obstacle à la mise en œuvre d’un programme défendant le partage des richesses : ce sont certains traités européens qui ne permettent pas l’application d’un tel programme. Évidemment, cette difficulté est mise en exergue par la droite et l’extrême droite pour expliquer qu’un tel programme serait inapplicable ou démagogique. C’est oublier que la gauche de rupture n’est pas résignée à appliquer docilement les traités qui remettraient en cause la souveraineté populaire du choix des électeurs français. On constate ainsi que le combat pour le partage des richesses doit se faire aussi au niveau européen.
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Il appartient au mouvement de prendre conscience de ces déficits et de se donner les moyens d’améliorer son organisation et son efficacité. J’ai conçu, depuis l’existence du Front de Gauche, un système à cinq opérateurs stratégiques : le système PAFOU (P : programme et projet ; A : audience et action ; F : formation des militants et des citoyens ; O : organisation horizontale et verticale ; U : unité interne et avec des organisations externes).
La description détaillée de ce système est donnée à l’adresse suivante : https://www.gauchemip.org/spip.php?...
Cet article date de 2017 et quelques liens de référence sur le programme notamment doivent être actualisés.
L’aspect organisationnel, qui est fondamental, est traité dans un article en trois parties : je donne ici le lien de la troisième partie, qui permet en introduction d’accéder aux deux premières parties : France Insoumise doit améliorer sa puissance organisationnelle. https://www.gauchemip.org/spip.php?... La première partie traite de la théorie des organisations.
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Annexe
d’autres articles sur la même thématique sur notre site : https://www.gauchemip.org/spip.php?...
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Hervé Deborivage
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