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SDF. Des pics, des plots, des barrières ou encore des jardinières… Vous avez sûrement déjà vu ces dispositifs dans vos villes. Ce sont des installations visant à exclure des centres-villes les sans-abris… Qui met en place de tels dispositifs d’une violence sociale inouïe ? Pourquoi les met-on en place ? Qu’est-ce que cela cache ?
Pour rappel, la France compte 330 000 sans-abris. Parmi eux, 2 000 enfants sont contraints de dormir dans les rues et ruelles de la septième puissance mondiale. Entre autres, d’après un décompte de L’insoumission, en se basant sur les chiffres du collectif « Les morts de la rue », au moins 4 352 sans-abris ont été tués par inaction politique sous Macron. Avant de les tuer, ces dispositifs visent à les cacher. Retour sur ces dispositifs de la honte. Notre article.
Les dispositifs anti-SDF sont définis sobrement comme des « aménagements urbains » qui empêchent les personnes à la rue d’occuper un espace trop longtemps. C’est une forme d’exclusion totale et perverse de certaines personnes de l’espace public. Cela peut prendre différentes formes comme la mise en place de séparation au milieu des bancs, faire des bancs plus courts ou plus étroits pour empêcher que des personnes puissent s’y allonger… Mais cela peut aussi être des pics ou des barrières empêchant les personnes de pouvoir s’asseoir. Tous ces dispositifs servent à exclure violemment des villes les personnes sans domicile fixe.
La fondation Abbé Pierre a organisé une cérémonie des pics d’or pour « montrer l’absurdité de ce type d’installation ». L’objectif ? Tout particulièrement montrer une certaine « ingéniosité » (morbide) qui est mise en place pour exclure. En effet, ces dispositifs sont de plus en plus intégrés à nos villes par une forte esthétisation de ces derniers. Les installations contre les SDF sont rendues de plus en plus artistiques et jolies. Cela normalise presque leur existence.
La Fondation Abbé Pierre veut également sensibiliser largement à la violence de ces dispositifs et sur la vision des villes du futur. Souhaite-t-on une ville où les SDF sont traqués, expulsés, menacés ou une ville solidaire où chacun et chacun peut avoir un logement ? Un toit, pour commencer ?
(*La fondation Abbé Pierre est une fondation travaillant sur le mal-logement en France et sur la pauvreté. En juillet 2024, 57 personnes ont témoigné avoir subi des violences sexuelles par cet homme. En septembre dernier, puis en ce mois de janvier 2025, l’Abbé Pierre a été visé par de nouvelles accusations. En citant la fondation Abbé Pierre dans cet article, nous souhaitons nous servir du travail qui y est fait. Nous nous rangeons du côté des victimes de VSS. La fondation elle-même va changer de nom.)
Les villes ont une responsabilité importante lorsqu’elle laisse se mettre en place de dispositif. En n’intervenant pas, voire en laissant faire, les autorités municipales cautionnent de manière plus ou moins directe ces dispositifs. En ce sens, il cautionne la criminalisation des sans-abris et ignore leurs besoins fondamentaux. La ville de Paris est un exemple de cette violence sociale. En effet, des arrêtés municipaux ont été mis en place pour interdire aux SDF de dormir à certains endroits dans l’espace public.
Cette politique marginalise, non seulement davantage encore les SDF, mais elle les expose aussi à des risques accrus d’abus, de violences ou de maladies… Les villes ont donc une grande responsabilité en ce que nombreuses d’entre elles organisent la chasse aux sans-abris, par ce type de dispositif ou en bloquant toute possibilité d’hébergement d’urgence.
Marseille, Clermont-Ferrand, Toulon, Toulouse, Nantes, Nancy, Le Mans, Strasbourg… De nombreuses grandes villes sont responsables. Chacune y allant de son indécente « créativité » (voir la carte des dispositifs anti-SDF des Pics d’or). Des grilles et des cactus à Marseille, barrières et accoudoirs au milieu des bancs à Toulon ou Lyon, des cailloux et des pics à Toulouse, des barrières à Bordeaux, des grilles à Lille,
« Le mobilier anti-SDF, c’est la fausse solution à un vrai problème », dit Joffrey Paillard, designer urbain-chercheur qui a fait partie du jury de la 3ᵉ édition de la cérémonie des Pics D’or de la fondation Abbé Pierre. En effet, éloigner les SDF des centres-villes ne les fait pas disparaître. Le fond du problème reste qu’en France des personnes dorment à la rue, bien qu’Emmanuel Macron ait déclaré en juillet 2017 : « La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement ».
Force est de constater qu’il n’a pas agi dans ce sens depuis 7 ans. Il y a aujourd’hui 330 000 personnes dans la rue. Ce nombre a doublé en 10 ans. Si autant d’énergie était déployéepour lutter contre le mal-logement en France que pour inventer ces dispositifs excluant alors le nombre de SDF aurait drastiquement diminué.
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