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Le langage dans ses trois dimensions : syntaxique, sémantique et pragmatique (contexte) peut être influencé, voire même partiellement structuré, par l’idéologie du locuteur ou l’idéologie dominante. Nous examinons ici le cas des idéologies totalitaires.
Nous saisissons l’occasion de la publication d’un article d’actualité publié sur RTBF repris sur ce site :
https://www.gauchemip.org/spip.php?... pour aborder la question du langage en rapport avec une idéologie nazie, fasciste et plus généralement totalitaire.
Première partie : analyse de l’article.
Deuxième partie : extension de l’analyse à une idéologie fasciste puis totalitaire.
Troisième partie : Deux ouvragess parus en France à connaître.
Quatrième partie : rhétorique et linguistique dans l’analyse du langage au sein du processus de domination du néolibéralisme.
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Première partie : analyse de l’article.
Remarquons tout d’abord que le terme de « grammaire » est précis puisqu’il porte sur la structure même du langage et non seulement sur quelques éléments de rhétorique.
Olivier Mannoni, dans ses récents travaux, notamment Coulée brune : Comment le fascisme inonde notre langue (2024), affirme qu’il existe une "grammaire du fascisme" commune à Adolf Hitler et Donald Trump. Il décrit cette grammaire comme une stratégie rhétorique marquée par la confusion, des phrases incohérentes, une syntaxe aberrante, et un discours destiné à "noyer le poisson" pour hypnotiser les foules, selon ses propres termes.
Mannoni, en tant que traducteur de Mein Kampf et spécialiste de la langue allemande, base cette comparaison sur son expérience de traduction et son observation des discours de Trump, notamment lors de ses campagnes de 2016 et 2024. Il souligne des similitudes comme l’usage de monologues interminables, de slogans simplistes, et de désignations violentes de l’ennemi (par exemple, Trump qualifiant les migrants de "poison du sang américain", un écho à la rhétorique hitlérienne sur la "pureté du sang").
Cependant, il faut questionner l’absence d’une étude linguistique rigoureuse pour étayer cette affirmation. Mannoni n’est pas un linguiste de formation, mais un traducteur et essayiste. Ses analyses, bien qu’éclairantes sur le plan rhétorique et stylistique, restent qualitatives et impressionnistes. Il ne propose pas d’analyse systématique basée sur des outils linguistiques modernes, comme une étude statistique des structures syntaxiques, des champs lexicaux, ou des marqueurs discursifs spécifiques. Par exemple, une étude sérieuse pourrait comparer les fréquences de certains types de phrases (subordonnées, nominalisations, etc.), analyser les schémas de cohérence textuelle, ou encore examiner les stratégies d’argumentation à l’aide de modèles comme l’analyse de discours ou la linguistique de corpus. Rien de tel n’est présent dans ses écrits, qui reposent davantage sur une lecture interprétative que sur une méthodologie scientifique.
D’autres chercheurs, comme Henk de Berg dans Trump and Hitler : A Comparative Study in Lying (2024), explorent aussi des parallèles entre les deux figures, mais se concentrent sur leur rôle de "performeurs politiques" plutôt que sur une analyse linguistique stricte. De Berg note que Hitler et Trump utilisent des stratégies similaires pour capter l’attention – des digressions confuses suivies de conclusions simplistes – mais il ne s’appuie pas non plus sur des données linguistiques quantitatives. Tanner Horne, dans une thèse de 2024, met en évidence des similitudes lexicales (comme l’usage de termes déshumanisants : "vermin" chez Trump, "parasites" chez Hitler), mais son travail reste centré sur la rhétorique et non sur une analyse grammaticale approfondie.
Du côté de la linguistique académique, des études existent sur le langage nazi – comme celles de Victor Klemperer dans LTI, la langue du IIIe Reich – qui montrent comment le régime manipulait la langue pour façonner la pensée. Mais il n’y a pas, à ma connaissance, d’étude récente et rigoureuse comparant directement la grammaire d’Hitler et de Trump. Une telle étude nécessiterait un corpus de textes ou de discours, une segmentation des unités syntaxiques, et une analyse comparative systématique, ce que ni Mannoni ni les autres auteurs cités ne fournissent.
Cela dit, l’intuition de Mannoni n’est pas dénuée de fondement. Les discours d’Hitler, comme il le décrit, sont effectivement marqués par une syntaxe chaotique – des phrases longues, des digressions, des incohérences – visant à submerger l’auditeur. Trump, de son côté, utilise ce que certains appellent le "weave" : un flot de paroles mêlant anecdotes, attaques et slogans, souvent dépourvu de structure logique. Des observateurs comme Ruth Ben-Ghiat ou Anne Applebaum notent également que Trump emploie un langage déshumanisant et autoritaire, qui rappelle les dictateurs du XXe siècle, dont Hitler. Mais sans une analyse linguistique formelle, ces comparaisons restent au niveau de l’analogie et de l’interprétation.
En conclusion, Mannoni met en lumière des similitudes frappantes au niveau du style et des intentions rhétoriques, mais son propos manque d’une assise scientifique linguistique. Pour valider ou infirmer son hypothèse d’une "grammaire commune", il faudrait une étude plus rigoureuse, qui dépasse l’analyse subjective pour s’appuyer sur des méthodes quantitatives et comparatives. Cela n’invalide pas totalement son propos, mais le rend plus spéculatif qu’établi.
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Deuxième partie : le langage sous l’emprise du nazisme ou du fascisme.
Cet article pose le problème intéressant de la structure du langage dans les régimes fascistes et plus généralement totalitaires.
Examinons quelques aspects de la question.
Il existe des études linguistiques sur la langue utilisée sous le IIIe Reich et dans les contextes fascistes plus généralement. Ces travaux analysent comment le langage a été instrumentalisé pour servir l’idéologie nazie ou fasciste, en façonnant les perceptions, en manipulant les masses et en renforçant le pouvoir.
Études sur la langue du IIIe Reich
Victor Klemperer : L’un des travaux les plus célèbres est LTI – Lingua Tertii Imperii (La langue du Troisième Reich), écrit par le philologue juif allemand Victor Klemperer. Dans cet ouvrage, Klemperer analyse le langage nazi comme un outil de propagande. Il montre comment des mots, des slogans et des structures linguistiques spécifiques (comme l’usage d’euphémismes, de termes militaristes ou de superlatifs) ont été utilisés pour normaliser l’idéologie nazie, déshumaniser les opposants et créer une réalité alternative. Par exemple, des termes comme Volksgemeinschaft ("communauté du peuple") ou Sonderbehandlung ("traitement spécial" pour désigner les exécutions) illustraient cette manipulation.
Analyse des discours : De nombreuses études se concentrent sur les discours d’Adolf Hitler, de Joseph Goebbels et d’autres figures nazies. Les linguistes examinent l’usage de la rhétorique, des métaphores (comme celles liées à la guerre ou à la pureté), et des répétitions pour mobiliser émotionnellement les foules. Par exemple, l’ouvrage The Language of the Third Reich explore comment le langage nazi s’appuyait sur des oppositions binaires (nous/eux, pur/impur).
Propagande et médias : Les linguistes ont étudié le rôle des journaux, des affiches et des films nazis dans la diffusion d’un langage codifié. Des expressions comme Lebensraum ("espace vital") ou Endlösung ("solution finale") sont devenues des outils pour légitimer des politiques d’expansion et de génocide.
Études sur le langage fasciste en général
Italie fasciste : En Italie, sous Mussolini, le langage fasciste a été analysé dans des études comme celles de Gabriella Klein (La retorica del fascismo). Les linguistes ont examiné comment le régime utilisait un langage grandiose, des références à l’Empire romain et des termes comme Duce pour glorifier Mussolini et unifier la nation. L’usage de slogans courts et percutants, comme Credere, Obbedire, Combattere ("Croire, Obéir, Combattre"), était central.
Comparaisons transnationales : Des chercheurs comme Ruth Wodak ou Andreas Musolff ont comparé les rhétoriques fascistes à travers différents pays (Allemagne, Italie, Espagne franquiste). Ils montrent que les régimes fascistes partageaient des stratégies linguistiques : simplification du discours, exaltation du chef, et diabolisation des ennemis (souvent à travers des métaphores animales ou médicales, comme "parasites" ou "maladie").
Langage et totalitarisme : Des travaux plus larges, comme ceux d’Hannah Arendt ou de George Orwell (notamment son essai Politics and the English Language), explorent comment les régimes totalitaires, y compris fascistes, manipulent le langage pour contrôler la pensée. Orwell, par exemple, a inspiré des analyses sur la "novlangue" dans les contextes fascistes.
Approches contemporaines
Linguistique critique : Les chercheurs en analyse du discours critique (Critical Discourse Analysis) étudient comment les traces du langage fasciste persistent dans les discours populistes ou nationalistes actuels. Par exemple, l’usage de termes comme "ennemi intérieur" ou "crise migratoire" peut faire écho à des stratégies rhétoriques fascistes.
Études numériques : Avec l’essor des humanités numériques, des chercheurs analysent de grands corpus de textes nazis ou fascistes pour identifier des schémas linguistiques (mots-clés, collocations, etc.) à l’aide d’outils informatiques.
Ressources et recommandations
Pour une introduction, LTI de Klemperer est incontournable (disponible en français).
L’ouvrage Fascist Voices de Christopher Duggan explore le langage dans l’Italie de Mussolini.
Les travaux de Ruth Wodak, comme The Politics of Fear, offrent une perspective contemporaine sur les héritages linguistiques fascistes.
Pour des études en français, des articles dans des revues comme Mots. Les langages du politique abordent ces thématiques.
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Troisième partie : Deux ouvrages à connaître.
Mentionnons deux ouvrages parus en France qui ont montré l’importance du langage dans le processus de domination.
Jean-Pierre Faye, philosophe, poète et écrivain français, est connu pour son ouvrage majeur Langages totalitaires : Critique de la raison narrative, critique de l’économie narrative (publié en 1972, réédité en 2004). Ce livre est une étude fondamentale sur la manière dont les discours totalitaires, notamment sous le nazisme et le fascisme, utilisent le langage pour manipuler et légitimer leurs idéologies. Faye y analyse la "circulation des récits" dans l’Allemagne de la République de Weimar, montrant comment des termes comme "Révolution conservatrice" ou "État total" ont précédé et rendu acceptable l’avènement du pouvoir hitlérien. Il introduit également le concept de "théorie du fer à cheval" (ou horseshoe theory), suggérant une proximité entre les extrêmes politiques dans leurs usages du langage.
Il a aussi écrit :
La Raison narrative (1990) : une réflexion sur les liens entre narration et philosophie dans les discours idéologiques.
Introduction aux langages totalitaires (2009) : une version plus accessible de ses analyses sur les formes langagières fascistes et nazies.
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Le livre LQR : La propagande du quotidien (2006) est écrit par Éric Hazan, historien et éditeur français. Cet ouvrage analyse la "Lingua Quintae Respublicae" (LQR), un concept inspiré de la Lingua Tertii Imperii (LTI) de Victor Klemperer, qui étudiait le langage du Troisième Reich. Hazan examine comment le langage contemporain en France, sous la Ve République, est infiltré par une novlangue néolibérale et médiatique qui normalise les inégalités sociales et politiques. Il décortique des termes comme "réforme", "modernisation" ou "sécurité" pour montrer comment ils servent à masquer des réalités oppressives et à façonner l’opinion publique.
Les travaux de Faye et d’Hazan se rejoignent dans leur analyse critique du langage comme outil de pouvoir :
Faye se concentre sur les mécanismes historiques des discours totalitaires, en particulier dans le contexte nazi, avec une approche philosophique et linguistique.
Hazan applique une méthode similaire à la France contemporaine, montrant comment le langage quotidien peut devenir un instrument de domination idéologique.
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Quatrième partie. Les langages comme outils de domination au sein de la société néolibérale à l’ère d’un capitalisme mondialisé.
On énumère quelques ouvrages en résumant leurs propos sur le plan de la rhétorique et de la linguistique et aussi dans le langage du management.
Il existe plusieurs ouvrages et travaux académiques qui mobilisent les outils de la rhétorique et de la linguistique pour analyser le langage contemporain dans le contexte du néolibéralisme, du capitalisme financiarisé, et du management. Ces travaux explorent comment le discours néolibéral façonne les relations de pouvoir, légitime la domination, et influence les pratiques managériales. Voici une sélection d’ouvrages et d’approches pertinentes, accompagnée d’une analyse synthétique :
a) Alain Bihr, La novlangue néolibérale. La rhétorique du fétichisme capitaliste (2007, rééd. 2018)
Description : Alain Bihr analyse la rhétorique néolibérale comme une « novlangue » orwellienne, marquée par des procédés comme l’inversion du sens (ex. : « réforme » pour régression) ou l’oblitération du sens (ex. : « charges sociales » pour salaire socialisé). Il déconstruit les notions centrales du discours néolibéral pour révéler leur fonction idéologique au service de l’ordre dominant.
Apport rhétorique et linguistique : Bihr utilise une approche critique du discours pour montrer comment le langage néolibéral manipule les significations, neutralise les critiques, et légitime la domination économique. Il examine les apories et les mensonges implicites dans des termes comme « compétitivité » ou « flexibilité ».
Pertinence pour le management : Bien que l’ouvrage ne se concentre pas exclusivement sur le management, il aborde la manière dont ces termes s’infiltrent dans le langage des entreprises, notamment dans les discours sur la « performance » ou les « ressources humaines ».
b) Corinne Grenouillet et Catherine Vuillermot-Febvet (dir.), La langue du management et de l’économie à l’ère néo-libérale : formes sociales et littéraires (2015)
Description : Cet ouvrage collectif réunit des chercheurs en linguistique, sociologie, histoire, et littérature pour analyser la « langue du management et de l’économie » (LAMEN) dans le contexte néolibéral. Il explore comment ce langage, initialement confiné aux entreprises, s’est diffusé dans la presse, la littérature, et la société.
Apport rhétorique et linguistique : Les contributeurs décortiquent les stratégies discursives (jargon, métaphores économiques, euphémismes) qui naturalisent les valeurs néolibérales comme l’individualisme ou la performance. Ils montrent comment ce langage formate les identités professionnelles et marginalise les discours alternatifs.
Pertinence pour le management : L’ouvrage examine spécifiquement la communication d’entreprise et les organigrammes où les termes comme « ressources humaines » ou « capital humain » remplacent « personnel », rendant les salariés interchangeables et dépersonnalisés. Il inclut des analyses de fictions littéraires qui subvertissent ces discours.
c) Frédéric Lordon, Capitalisme, désir et servitude (2010) et La société des affects (2013)
Description : Lordon, économiste et philosophe, propose une anthropologie spinoziste des affects pour analyser le capitalisme néolibéral. Il explore comment le discours de la finance et du management mobilise les désirs et les affects pour aligner les salariés sur les objectifs des entreprises.
Apport rhétorique et linguistique : Lordon utilise une rhétorique de « surenchère constructiviste » pour révéler les mécanismes d’aliénation affective dans le discours néolibéral. Il critique l’idéal de « réalisation de soi » au travail, montrant comment il masque une domination par les affects tristes (peur, précarité).
Pertinence pour le management : Lordon analyse directement les discours managériaux qui promettent l’épanouissement tout en contrôlant les « âmes » des salariés. Il dénonce la « folie des grandeurs » du capitalisme financiarisé, qui cherche à posséder les subjectivités.
d) Thierry Priestley, Se libérer de l’ordre linguistique du capitalisme néolibéral (2020, Attac France)
Description : Priestley, juriste, analyse l’ordre linguistique imposé par le capitalisme néolibéral, en particulier dans le monde du travail. Il montre comment le langage des entreprises (ex. : usage de l’anglais comme langue unique, termes comme « fonctions » au lieu de « métiers ») formate les relations de pouvoir.
Apport rhétorique et linguistique : L’auteur examine comment le langage néolibéral évacue l’autonomie de pensée des salariés, remplaçant les identités professionnelles par des rôles fonctionnels. Il s’appuie sur des concepts comme l’aliénation linguistique et l’univocité du discours managérial.
Pertinence pour le management : Priestley décortique les pratiques managériales qui imposent une langue standardisée (anglais, jargon technique) pour rendre les travailleurs interchangeables, en lien avec les exigences de la globalisation néolibérale.
a) Pierre Bourdieu et la sociologie du langage
Ouvrage clé : Ce que parler veut dire (1982)
Description : Bourdieu propose une sociologie critique du langage, où la langue est un outil de pouvoir et de domination symbolique. Il introduit la notion de « capital linguistique », qui procure un « profit de distinction » dans les échanges sociaux.
Apport pour le néolibéralisme et le management : Bien que Bourdieu ne traite pas directement du néolibéralisme, ses concepts sont utilisés pour analyser comment le langage managérial renforce les hiérarchies et légitime la domination dans les entreprises néolibérales. Par exemple, le jargon managérial (ex. : « agilité », « excellence ») reflète un habitus de classe qui marginalise les non-initiés.
b) Plurilinguisme et néolibéralisme
Référence : Article de Cairn.info sur Néolibéralisme, inégalités sociales et plurilinguisme (2019)
Description : Cet article explore comment le plurilinguisme devient une « valeur marchande » dans le capitalisme globalisé, notamment dans les entreprises multinationales. Il s’appuie sur une ethnographie d’une compagnie aérienne suisse.
Apport rhétorique et linguistique : L’auteur analyse comment les compétences langagières des employés (surtout migrants) sont exploitées pour la productivité, sans bénéfice pour les travailleurs. Le choix des langues est stratégique et lié à l’expansion économique.
Pertinence pour le management : L’étude montre comment les discours managériaux valorisent le plurilinguisme pour la flexibilité, tout en reproduisant des inégalités sociales.
c) Capitalisme linguistique des plateformes
Référence : La capture du langage humain par le capitalisme linguistique des plateformes (Cairn.info, 2016)
Description : Cet article analyse comment les plateformes numériques (ex. : Facebook) normalisent l’expression par des « architextes » (modèles standardisés). Ces outils reflètent les valeurs néolibérales de performance et de consensus majoritaire.
Apport rhétorique et linguistique : Les auteurs utilisent une analyse sémiotique pour montrer comment les éléments de discours préfabriqués cadrent les pratiques expressives, limitant l’autonomie des usagers.
Pertinence pour le management : Bien que centré sur les plateformes, cet ouvrage éclaire les pratiques managériales qui adoptent des outils numériques pour standardiser la communication interne, renforçant la domination par le contrôle linguistique.
Rhétorique et domination : Les ouvrages cités montrent que le langage néolibéral utilise des stratégies rhétoriques (métaphores, euphémismes, inversion sémantique) pour naturaliser la domination. Par exemple, le discours managérial promeut l’« épanouissement » tout en imposant des contraintes (Lordon). La novlangue néolibérale (Bihr) simplifie la réalité pour éliminer les alternatives.
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Un antidote.
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Pour connaître les arcanes de la rhétorique :
Le Pouvoir rhétorique : Apprendre à convaincre et à décrypter les discours de Clément Viktorovitch .
Détails du livre
Auteur : Clément Viktorovitch, docteur en science politique, enseignant à Sciences Po et chroniqueur connu pour ses analyses des discours politiques.
Éditeur : Seuil (édition principale en grand format, 2021). Une version poche a été publiée par Points en 2023.
Date de parution : 14 octobre 2021
Nombre de pages : Environ 480 pages (édition grand format).
Idées essentielles du livre
Le Pouvoir rhétorique est un traité accessible et pratique qui explore l’art de la rhétorique, défini comme l’ensemble des procédés discursifs permettant de convaincre ou de renforcer l’adhésion à une idée. Voici les points clés : La rhétorique est omniprésente : Elle imprègne tous les aspects de la vie, des discours politiques aux publicités, en passant par les discussions professionnelles, familiales ou même amoureuses. Convaincre est un pouvoir universel, et il est crucial de le maîtriser tout en apprenant à s’en protéger.
Un art technique et accessible : Contrairement à une idée répandue, la rhétorique n’est ni innée ni mystérieuse. Elle repose sur des règles, des procédés et des outils (comme la modalisation, l’usage des verbes ou des pronoms) que chacun peut apprendre. Viktorovitch vulgarise ces techniques pour les rendre applicables au quotidien.
Construire et décrypter les discours : Le livre enseigne comment structurer ses arguments, choisir les mots justes et anticiper les objections (par exemple, via la prolepse, qui consiste à devancer les contre-arguments). Il fournit aussi des clés pour analyser les discours et repérer les manipulations, notamment dans les médias ou la politique.
Un manuel à double usage : C’est à la fois un guide pour améliorer son éloquence (utile pour un entretien d’embauche, un débat, etc.) et un "vaccin" contre les discours trompeurs, en apprenant à reconnaître les stratagèmes rhétoriques (comme les attaques ad hominem ou ad personam).
Une vision démocratique : Viktorovitch défend l’idée que la rhétorique doit être partagée, car elle est un pouvoir trop grand pour être réservé à une élite. En démocratisant cet art, il encourage une participation active à la vie citoyenne et une défense contre les manipulations.
Exemples concrets : L’ouvrage est riche en études de cas et exemples tirés de la vie quotidienne, de la politique ou de la culture, rendant la théorie vivante et applicable. Il aborde des concepts comme la connotation, la modalisation ou les types d’arguments (ad rem, ad hominem), toujours illustrés.
Résumé général
Clément Viktorovitch propose un manuel didactique et engageant pour comprendre et pratiquer la rhétorique. Il montre comment cet art, loin d’être réservé aux sophistes ou aux politiciens, est une compétence essentielle pour convaincre efficacement et décoder les discours qui nous entourent. En mêlant théorie, exemples pratiques et une approche éthique, il invite à utiliser la rhétorique de manière responsable pour renforcer son expression tout en aiguisant son esprit critique.
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Hervé Debonrivage
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