30 août 1954 L’Assemblée nationale rejette le Traité instituant la Communauté européenne de défense

jeudi 31 août 2023.
 

Le 30 août 1954, le Traité instituant la Communauté européenne de défense (CED) est rejeté par l’Assemblée nationale. Additionnant leurs voix à celles des communistes et des gaullistes, 53 socialistes dissidents font basculer le vote. Cet acte met fin à un projet répondant à la volonté des États-Unis de réarmer l’Allemagne face à une « menace soviétique » surévaluée.

En contradiction avec les accords de Potsdam, l’objectif est d’intégrer une dizaine de divisions allemandes dans l’OTAN en formation. Le ministre des Affaires Étrangères Robert Schumann cède et accepte le principe d’un réarmement allemand dans un cadre supranational. Inspirateur de cette reculade et promoteur d’une Europe fédérale atlantiste, Jean Monnet rédige le projet de CED.

Adopté en conseil des ministres en 1950, il prévoit une « armée européenne »… dirigée par le commandant en chef de l’OTAN. La version signée en 1952 par les six membres de la future CEE va plus loin via le monopole octroyé à l’OTAN du choix des armements, et un droit de veto sur les exportations. Autant dire la mort programmée de l’industrie française de l’armement.

À partir du dépôt du Traité pour ratification par l’Assemblée nationale, « cédistes » et « anticédistes » s’opposent. La mort de Staline, qui affaiblit la portée de l’hystérie anti-communiste des « cédistes », l’engagement de de Gaulle contre la CED, et le chantage états-unien renforcent les « anti-cédistes » qui bâtissent un large front anti-atlantiste. De nombreux intellectuels et journalistes, pourtant européistes, s’opposent à la CED au nom de la construction d’une Europe indépendante.

Les partisans d’une Europe de la défense atlantiste se replient par la suite sur l’Union de l’Europe occidentale (UEO) fondée en 1954. Il faudra attendre 1992 pour que l’idée d’une défense européenne soit relancée dans le Traité de Maastricht. Elle est depuis toujours conçue dans le cadre de l’OTAN dont les dirigeants ont appris à promouvoir des projets qui, telle la « Smart Defense », impliquent une mise sous tutelle laissant les apparences de la souveraineté. Face notamment au projet de Grand Marché Transatlantique, la bataille contre la CED a valeur de modèle.


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