Agents chimiques, pesticides et cancers : un crime contre l’humanité pour motif économique

vendredi 3 avril 2015.
 

Le droit pénal international s’applique aux individus. Pas aux gouvernements, pas aux entreprises privées. Et il ne concerne que les trois plus grands crimes : crime de guerre, crime contre l’humanité et crime de génocide. Alors que les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo ont considéré l’agression comme « le crime international suprême », la Cour Pénale Internationale (CPI) n’est pas encore, à ce jour, compétente pour en juger.

Je voudrais m’arrêter à la notion de crime contre l’humanité. Celui-ci est défini par l’article 5 du statut de la CPI, une définition qui forme la synthèse de plusieurs autres adoptées depuis 1945 :

« On entend par crime contre l’humanité, qui est imprescriptible, l’un quelconque des actes ci-après lorsqu’il est commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile pour des motifs nationaux, politiques, ethniques, raciaux ou religieux, tels que : le meurtre, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, l’emprisonnement, la torture, le viol, la persécution pour motifs politiques, raciaux ou religieux, tous autres actes inhumains. »

Cette définition me paraît bien incomplète au vu de ce qu’on observe dans le monde d’aujourd’hui. N’observons-nous pas des attaques « généralisées et systématiques lancées contre toute population civile » pour des motifs autres que ceux énumérés, par exemple, des motifs économiques ?

Ne voit-on pas des entreprises privées soutenues et protégées par des gouvernements et des parlements provoquer l’empoisonnement, lent mais massif, de populations entières en introduisant, directement ou indirectement, dans notre alimentation des produits chimiques et en particulier des pesticides ?

Nous avons la chance, en France, de compter parmi nos savants de grands spécialistes du cancer et, parmi eux, un homme de science qui n’est ni achetable, ni acheté, le professeur Dominique Belpomme.

Cet éminent cancérologue affirme que « l’utilisation massive de pesticides dans l’agriculture met l’espèce humaine en danger. » Il indique que « les trois quarts des cancers sont évitables puisqu’ils sont dus à la dégradation physique, chimique et biologique de notre environnement ». Et il ajoute qu’il y a un « lien causal entre l’utilisation à outrance des pesticides telle que nous le faisons aujourd’hui en Europe et l’apparition des fléaux de santé publique tels que cancer, diabète, obésité, leucémie chez l’enfant ou autisme chez l’enfant. La seule réponse possible à ce problème majeur de santé publique est de réduire l’utilisation des produits chimiques mis sur le marché, et notamment les pesticides utilisés dans l’agriculture. »

« Pour des raisons purement économiques, nous utilisons des pesticides à outrance. Il y a 50 ans, on n’utilisait pas de pesticides, on avait une agriculture moins rentable, mais plus respectueuse de la santé« . »

Au micro de la radio belge, le spécialiste du cancer précisait, il y a deux ans déjà, « Le véritable moyen pour arriver à guérir l’ensemble des cancers, c’est d’ajouter à la prévention secondaire, c’est-à-dire le dépistage, la prévention primaire qui consiste à réduire à leur source les polluants environnementaux, dont font partie les pesticides« . Il va plus loin : « Si nous continuons à polluer l’environnement comme nous le faisons, l’espèce humaine se met en danger. Réchauffement climatique, problèmes de santé, destruction de la nature : nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Par la dégradation de la planète, nous risquons tout simplement de faire en sorte que l’humanité disparaisse« .

Que faire ? Le spécialiste du cancer dresse un terrible constat : « on n’est pas suivi au niveau politique ». Les gouvernants sont plus attentifs à satisfaire les attentes de l’industrie chimique que la santé des peuples. Les législateurs sont plus soucieux d’obéir aux pressions des lobbies du monde des affaires que d’adopter des réglementations qui donnent la priorité à la santé sur le profit. Il en va de même au niveau européen.

Qui ne connaît dans sa famille, dans son entourage, un parent, un ami atteint d’un cancer ? On souffre, on se lamente, on pleure aux funérailles. Mais cette douleur, que nous connaissons tous, ne devrait-elle pas se transformer en révolte ? N’est-il pas temps de pointer du doigt ceux qui sont responsables de la mort de nos êtres chers ?

Car cette attitude de ceux qui gouvernent et de ceux qui font les lois n’est-elle pas tout simplement criminelle ? Ne devrait-on pas parler devant ce type de complicité entre les politiques et le monde des affaires de complicité de crime contre l’humanité ?

N’est-ce pas à cela qu’il convient de penser quand on va élire les futurs complices de ceux qui nous empoisonnent ? D’autant qu’avec le futur traité transatlantique, le peu de réglementations que nous avons est directement menacé au nom de la « compatibilité réglementaire » entre UE et USA.

rmj


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