Après les élections régionales : Où en est le FG aujourd’hui et quelles ont été nos erreurs ?

dimanche 3 janvier 2016.
 

Front de Gauche illisible dans ces régionales

Dès le début aucune stratégie nationale n’a été possible, le PCF considérant qu’il s’agissait d’une élection locale où chacun faisait ce qu’il voulait dans sa région.

Côté PG, notre orientation conçue comme une stratégie nationale articulait implication citoyenne et alliances politiques larges. Mais de fait deux interprétations en ont découlé.

D’un côté une orientation pensant qu’on pouvait se passer des partis qui ne devaient être qu’au service d’un mouvement citoyen allant jusqu’à opposer les citoyens aux partis dans des réunions où la majorité des présents appartenaient à des partis dont le PG. Menée jusqu’au bout, cette orientation a débouché sur la liste de la Vague citoyenne en Aquitaine. Ailleurs, la faiblesse de la mobilisation citoyenne et le risque de ne pas atteindre les 5% a amené à recaler le positionnement vers une articulation entre assemblées citoyennes et partis.

De l’autre la volonté d’élargir des alliances au delà du FG en incluant EELV. Juste sur le fonds, cette ligne a souffert de l’impossibilité de la mener nationalement y compris en notre sein. Elle a débouché sur des accords à la carte aggravés par des bagarres entre PCF et EELV pour obtenir les têtes de liste débouchant sur des listes concurrentes dans 3 régions où des discussions poussées montrent qu’un accord était pourtant possible : NpdCP, Aura, Bretagne. Le bilan n’est positif pour personne.

4 formules différentes pour les forces du Front de Gauche :

Deux alliances EELV-PG s’opposant à deux listes PCF

Le résultat, 4,83% en Nord Pas de Calais Picardie, a été une surprise et démontre que le rapport de force était du côté du PCF (5,32%). L’Auvergne Rhône-Alpes donne le rapport inverse (6,90% contre 5,39% au PCF). La démarche de rassemblement engagée dans la suite de l’élection de Grenoble puis des départementales (EELV, PG, Ensemble, Nouvelle Donne, NGS ...)n’a cependant pas produit l’effet d’entraînement espéré. A noter que le débauchage du secrétaire départemental PG de Haute-Loire par le PCF s’est soldé par son éviction au second tour pour faire élire un PCF pur jus.

Les alliances avaient permis d’additionner à peu près les électorats lors des municipales, moins déjà aux départementales sauf en cas de candidat connu dans son canton et particulièrement apprécié. Au niveau des régionales, par contre cette addition semble moins fonctionner lorsque le FG est divisé et donc n’emmène pas avec lui une réelle dynamique.

Deux listes PCF sous étiquette FG

Dans les deux cas, ni le PG ni Ensemble ne participant à une autre liste, les listes PCF étaient les seules à utiliser le logo FG, dans des régions qui n’avaient pas changé de périmètre.

Le pire résultat est en Pays de Loire 3,33% avec seulement une vingtaine de communes au dessus de 5%. Le PG et Ensemble ! avait refusé de s’y joindre notamment à cause du soutien du PCF à l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Elle fait moins que la liste PG-NPA de 2010 qui avait raté les 5% de quelques voix. A noter d’ailleurs que ces votes de 2010 ne se sont retrouvés ni sur la liste LO pour laquelle appelait à voter le NPA (1,47% en 2015 contre 1,60% en 2010 !), ni dans les blancs ou nuls (4,70 % contre 4,21%), ni par une augmentation significative de l’abstention (51,77% e 2015 contre 50,03% en 2010), ni par une hausse du vote PS (25,75 en 2015 contre 34,36 en 2010). Comme il est peu vraisemblable que toutes ses voix perdues « à gauche » se soient transférées vers le vote FN (21,35%), la seule explication consiste à penser que la majorité d’abstentionnistes de 2010 n’est pas la même que celle de 2015.

Dans la région Centre, ( PG et Ensemble ! refusant de participer à une liste conduite par Nicolas Sansu, déjà député-maire), Nicolas Sansu n’a pas atteint les 5% (4,59% contre 7,53% pour MF Beaufils) qu’il ne dépasse que dans le Cher contrairement à 2010 où c’était le cas dans les 6 départements. Il est difficile de savoir où ont pu se porter les votes FG refusant de voter PCF puisque le taux d’abstention 50,46% est plus faible qu’en 2010 53,59% et le nombre de blancs et nuls 4,48% légèrement inférieur à celui de 4,64% en 2010.

La forme d’expression des déçus du FG est donc difficile à détecter dans ces deux régions.

Le PCF continue à reculer dans ses bastions historiques (Centre et Limousin), seule la Seine-Maritime surnage.

Sur toute la France, à peine 80 communes (Allier, Puy-de-Dôme, Limousin et IDF) ont placé les listes Front de Gauche ou communiste en tête au premier tour alors que le PCF dirige encore 669 communes. Il ne disposera plus que de 27 conseillers régionaux contre 100 sortants et 183 lors de leur niveau le plus fort en 2004 et sera absent de 7 des 13 exécutifs régionaux. Il paie très fort le retrait des listes PS et donc l’impossibilité de fusionner en Nord-Pas-de-Calais Picardie et PACA, ainsi que l’effondrement dans deux bastions historiques, le Centre et le Limousin.

Listes FG dans 6 régions

Bretagne (mais des cadres du PCF sont partis sur la liste du PS), Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Bourgogne-Franche Comté, Normandie et IDF. Seule ces deux dernières franchissent le cap des 5%. Mais une nouvelle fois, l’hégémonie du PCF laissera des traces. Déjà il a exigé à chaque fois d’avoir la tête de liste. Puis en Normandie, en excluant le PG et tout candidat s’opposant à la participation à l’exécutif, des discussions de second tour, le PCF a montré que la sauvegarde de ses postes au détriment de ses partenaires, comptait plus que la construction de relations de confiance au sein du FG.

Deux listes FG- EELV

La seule liste à gauche du PS à franchir la barre des 10% est celle réunissant tout le FG et EELV en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Elle a pourtant dû affronter une liste Nouvelle Donne (0,83%). Partie d’une démarche citoyenne, elle a su l’articuler avec la participation des partis permettant d’en tirer un bilan positif en terme de construction collective, d’implication et de dynamique citoyenne.

Si la même configuration en PACA n’a permis d’obtenir que 6,54%, on est en droit de se demander ce qu’il serait advenu avec deux listes distinctes.

Pourtant il existe un espace politique FG-EELV autour de 10%

Au final, la somme dans chaque région des listes regroupant les diverses forces du Front de Gauche et EELV va de 8,53% le score le plus faible en Bourgogne-Franche Comté et 9,77 % en Alsace-Champagne-Lorraine à 14,66% en IDF. Certes des listes communes n’auraient pas forcément additionner à 100% les électorats mais jointes à une démarche nationale on peut penser que la dynamique créée aurait permis de meilleurs scores collectifs.

Le deuxième tour a beaucoup mobilisé le PG, ainsi que Ensemble d’ailleurs, sur fusion ou non avec les listes PS. Nous nous sommes beaucoup déchirés pour au final avoir comme seule question à se poser, retirons-nous nos candidats des listes fusionnées dans 3 régions. Il semble que le positionnement de notre électorat soit moins radical que celui de notre microcosme. Ainsi en IDF l’augmentation du nombre de bulletins blancs et nuls au second tour (+39 950) ne suffit pas à expliquer le retard de la liste de C. Bartolone par rapport à celle de V. Pecresse (60 143 voix de différence). Des relevés effectués sur les listes d’émargement de certains bureaux de vote parisiens auraient tendance à montrer un électorat jeune s’étant abstenu au premier tour et venant voter au second alors qu’à l’inverse un électorat né dans les années 70 se serait au contraire abstenu au second tour. Différence de positionnement par rapport aux renoncements du PS ?

A la sortie de ces élections, un bilan global non seulement de cette séquence électorale, mais plus globalement de la séquence politique ouverte à l’issue de la présidentielle de 2012 est nécessaire pour aider à se poser les bonnes questions pour la nouvelle séquence qui s’ouvre.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message