Quelles leçons retenir des élections sénatoriales du 24 septembre dernier ?

dimanche 1er octobre 2017.
 

Surprise ! Le Sénat reste à droite… À l’inverse de l’Assemblée nationale, où règne le principe de la tabula rasa, le Sénat est une assemblée permanente : il se renouvelle par moitié, tous les trois ans. Au-delà d’une permanence institutionnelle, le Sénat est surtout le chantre de la « réaction permanente », à l’opposé de la Révolution permanente chère à Trotski et à Moustaki.

Sous la Révolution, une seule chambre légiférait. Une fois la Révolution terminée, le Directoire a imposé un Conseil des anciens, une seconde chambre composée de mâles âgés et destinée à freiner les ardeurs de la première, bien trop démocratique.

Au cours de son histoire, le Sénat s’est vaillamment opposé à toute réforme de progrès ou de partage. Ainsi, durant des années, il lutta contre l’impôt sur le revenu. Puis contre l’impôt sur la fortune. Il refusa que les femmes accèdent au suffrage. Il se prononça contre l’avortement, contre la dépénalisation de l’homosexualité, contre l’abolition de la peine de mort, contre la parité. Dans une démocratie moderne, tant de méfaits et de prises de position à l’encontre du progrès devraient être condamnés. Mais quand Lionel Jospin avait parlé d’anomalie démocratique en évoquant le Sénat, tout le monde avait poussé des cris d’orfraie.

Et les sénateurs aiment à rappeler que c’est à leur sujet, en 1969, que le général De Gaulle se cassa les dents lors d’un référendum sur la régionalisation qui l’entraina à démissionner. Cet épisode prouverait l’attachement indéfectible du peuple français aux sénateurs.

Minoritaire, la droite ne le fut, depuis la création de la chambre haute en 1875 qu’entre 2011 et 2014, soit trois ans sur un total de 142 ans. Soit 2% du temps.

En 2017 donc, la droite et les forces réactionnaires demeurent majoritaires au Sénat ! La droite accroit même de quelques sièges sa majorité. La République en marche ne progresse pas du tout. Cela est certainement dû au fait que c’est un jeune parti politique, dépourvu pour le moment de grands électeurs. Cela s’explique aussi par la composition du collège électoral : un peu moins de 80 000 élus locaux, représentant de manière disproportionnée les territoires ruraux et légitimement inquiets face aux baisses des subventions de l’État et à la suppression d’une de leur ressource propre : la taxe d’habitation. Le groupe communiste se maintient, mais son nombre d’élus est quasiment divisé par deux : de 18 à 10. Au sénat, le nombre minimum de parlementaires pour constituer un groupe est en effet de 10, contre 15 à l’Assemblée nationale.

Le Sénat devient un tout petit plus féminisé : 29.3% des sénateurs sont des sénatrices. Il rajeunit un tout petit peu mais plus de la moitié des sénateurs ont plus de 60 ans ! On se croirait en Allemagne… Sauf énorme surprise, le président Larcher devrait être réélu le 2 octobre prochain. Pour que rien ne change, il faut que rien ne change.

Jeanne Fidaz


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