Le Service pastoral d’études politiques, lobby parlementaire de l’Eglise catholique

mardi 24 octobre 2017.
 

Le 17 octobre dernier a eu lieu la messe de rentrée des parlementaires, organisée chaque année par l’église catholique pour les députés et les sénateurs. Vous n’aviez jamais entendu parler de cet événement ? Moi non plus. Alors je me suis penchée sur la question.

Le Service pastoral d’études politiques, ou SPEP, a été créé en 1992 par le grand progressiste devant l’éternel, j’ai nommé le cardinal Lustiger, Archevêque de Paris. Ce dernier souhaitait qu’un prêtre puisse accompagner les responsables politiques qui le désirent. D’après son site internet, le SPEP « constitue une présence de l’Église pour les responsables politiques qui le souhaitent. Il s’adresse aux parlementaires de l’Assemblée et du Sénat, à leurs collaborateurs ainsi qu’aux différents acteurs de la vie politique. Il est accueilli dans les locaux de la Paroisse Sainte-Clotilde (Paris 7e) ».

Outre sa messe annuelle, présidée chaque année par l’Archevêque de Paris, et un pèlerinage annuel à Lourdes, le SPEP propose une messe hebdomadaire le mercredi : à 8 heures à proximité de l’Assemblée et à 12h35 à proximité du Sénat, ainsi que des déjeuners débats ou soirées de réflexion sur des thèmes éthiques liés à l’actualité politique. Une trentaine de parlementaires se retrouvent toutes les six semaines lors des conférences. Xavier Darcos, Henri de Raincourt, Jean-Pierre Raffarin sont par exemples des habitués de ces agapes.

L’aumônier du SPEP, qui a son bureau à 300 mètres du Palais Bourbon, se défend d’être un lobbyiste catholique : « Les parlementaires doivent être aidés à identifier l’église, non comme un crypto-parti politique, voulant entrer dans le rapport de force mais comme une source de lumière qui cherche la vérité et travaille les consciences. Le défi pour l’église n’est pas tant d’investir le débat politique en tant que tel, que de parvenir à énoncer pour elle-même dans la conscience des baptisés, l’enjeu des questions politiques ».

Pourtant, en 2012, lors de la messe de rentrée, l’archevêque de Paris le cardinal André Vingt-Trois, redit son opposition frontale au mariage homosexuel durant une longue heure. Et le 17 avril dernier, sur le plateau de C-News, le directeur du Service pastoral d’études politiques, assimile l’avortement à un crime : « Ma position est celle de la doctrine de l’Église catholique : l’IVG est un crime. Un certain nombre de concitoyens ont besoin de défendre des réalités auxquelles ils sont attachés, parce qu’ils sentent que c’est ça qui conditionne la condition de vivre ensemble, le respect de leur identité ou de leur dignité de personnes. »

Le SPEP associe également des chrétiens non élus via l’association MPPP. Ce sigle correspond à : « Mission : Prier Pour les Politiques ». Sa mission consiste à « aller à la rencontre des responsables politiques de France pour leur proposer leur soutien bienveillant par la prière ». Sûre que les 17 députés insoumis seront ravis de ce soutien spirituel !

Jeanne Fidaz


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