5 au 8 février 2009 La LCR se dissout pour créer le NPA

mardi 13 février 2024.
 

1) De la LCR au NPA (Jacques Serieys)

En janvier 2008, le congrès de la Ligue Communiste Révolutionnaire a décidé par 83% des mandats, de lancer le processus de sa disparition au profit d’un projet : le Nouveau Parti « anticapitaliste, internationaliste, antiraciste, écologiste, féministe, révolté par toutes les discriminations ». Du 5 au 8 février 2009, le congrès de fondation du NPA se réunit ; il revendique 9 123 membres fondateurs.

Il s’agit là d’un gros pari. La Ligue a constaté l’émergence en France de nouvelles forces militantes depuis les grandes grèves de 1995, 2003 et 2006, depuis l’émergence de l’altermondialisme, depuis le non au TCE de 2005.

Plutôt que s’insérer dans une stratégie à la fois autonome (maintien de l’organisation, indépendance d’expression politique...) et unitaire (campagnes communes avec d’autres forces anticapitalistes), la LCR choisit de capter directement la radicalisation dans un Nouveau Parti Anticapitaliste, mi-trotskyste mi-libertaire comme orientation, mi léniniste mi mouvementiste au plan organisationnel, créé par elle.

Je crois qu’elle se trompe pour au moins cinq raisons :

- la tentation marxiste léniniste trotskyste de surestimation des potentialités d’une période, particulièrement des potentialités d’"imminence de la révolution" me paraît peser à nouveau sur ce choix. En effet, la période politique actuelle m’apparaît indécise et fort complexe à analyser. Sur le fond, je pense que nous sommes effectivement dans une période mondiale de remontée lente depuis 1994. Ceci dit, d’une part le cycle commencé par la révolution russe de 1917 est à mon avis définitivement éteint, d’autre part les caractéristiques fondamentales des années 1960 se sont évaporées. Le capitalisme a trouvé des solutions conjoncturelles à ses difficultés économiques et idéologiques. Le mouvement ouvrier organisé est principalement réduit à la défensive par le rouleau compresseur de la mondialisation capitaliste même s’il n’a pas été partout écrasé (par exemple en France). Les "révolutions coloniales" ont essentiellement débouché sur un néo-colonialisme oppresseur dont nous constatons seulement les prémisses d’une mise en cause par divers peuples ; le niveau de conscience des avant-garde a reculé même si l’altermondialisme et les forums sociaux paraissent fournir un cadre de repolitisation. Il est vrai qu’au plan sociétal les éléments de crise restent forts. Les échecs du stalinisme, de la social démocratie, des syndicalismes comme des courants révolutionnaires des années 1968, comme des grandes luttes ouvrières des 15 dernières années en Europe pèsent tellement sur la conscience que vouloir rééditer en gros l’expérience d’un courant centriste de gauche (un peu comme les JCR des années 1966 à 1969) me paraît encore une fois correspondre à une surestimation de la combativité et de la conscience. A part dans de petits groupes urbains (par exemple certains SUD), la radicalisation actuelle ne prend pas spontanément une forme mi-marxiste mi-libertaire.

- les nouvelles forces engagées dans les combats ouvriers et mouvementistes divers peuvent-ils évoluer en masse vers ce Nouveau Parti Anticapitaliste ? J’en doute. Parmi les syndicalistes radicaux conscients, le PCF va rester une référence importante même s’il est probable qu’elle va se réduire avec des signes d’éclatement ; si le NPA croit que ces forces vont faire l’expérience des trahisons du PCF, il se trompe ; le PCF présente dans l’immédiat des caractéristiques de lien à la classe ouvrière par la CGT et de nature de ses directions qui le rendent moins susceptible de suivre les élus dans le glissement vers un social libéralisme que les élus du PC italien ou même à mon avis du PC espagnol. Ces nouvelles forces engagées dans les combats ouvriers et mouvementistes divers depuis 1995 sont très demandeuses d’unité des forces à gauche de la social-démocratie ; ceci dit, elles se joignent plus naturellement à des organisations écologistes, altermondialistes ou socialistes de gauche sur des bases réformistes révolutionnaires floues que vers un NPA. Ce manque d’attraction du NPA ne sera pas compensé par l’unité de scories héritées des années 1960 et 1970 dont je crains qu’elles jouent leur propre partition plutôt que l’intérêt commun anticapitaliste. Quant à PRS (puis Parti de Gauche), les propos assez méprisants que j’ai plusieurs fois entendus montrent un certain aveuglement parmi les acteurs du futur NPA sur les réalités actuelles.

- Je peux me tromper mais le bilan des 12 dernières années ne pousse pas à penser que les processus de radicalisation et de conscientisation vont se diriger vers un courant de type NPA. "Les masses luttent à l’économie" particulièrement dans des périodes où le rapport de forces face au capital est incertain. C’est certainement l’Amérique latine qui apporte les exemples les plus intéressants à analyser dans cette dernière décennie. Or, nous pouvons constater le rôle central des processus électoraux et de forces arrivées par ce biais au gouvernement ; ils peuvent connaître des revers mais les USA n’ont plus la force d’imposer des régimes militaires libéraux-fascisants. En tout cas, le niveau des aspirations populaires sur le sous-continent ne le leur permet pas. Pour que "les masses" ou au moins "l’avant-garde" fasse l’expérience des limites de leurs directions, il faudrait que les cadres organisateurs d’une part de la classe ouvrière, d’autre part de la gauche soient sortis indemnes de le rupture historique que représentent l’effondrement du "socialisme réellement existant" et l’intégration capitaliste de la grande majorité de la social-démocratie. Or, je crois que nous pouvons parler d’une crise de nos références fondamentales.

- Jusqu’à présent Olivier Besancenot réussit par sa personnalité "jeune dans l’air du temps", par ses qualités médiatiques, par son intelligence pragmatique, par son dévouement à compenser les carences du nouveau projet politique de la LCR. Cette personnalisation joue aussi pour José Bové, Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet, preuve d’un phénomène aux raisons diverses mais dont l’implication principale est le rôle crucial des "leaders" pour la réussite de leurs organisations et courants. Dans ce contexte, il me semble que les moyens "professionnels" mis en place par la LCR autour de Besancenot sont plus faibles que pour d’autres dirigeants et signent aussi en fait une surestimation abstraite de la "période" et du poids de la justesse de l’orientation politique.

- dans une période internationale de montée de la combativité mais de vacuité des alternatives politiques d’où une énorme attente de réponses et surtout de preuves d’efficacité, la LCR pouvait avoir une place politique bien plus claire qu’un NPA dont le profil reste fort flou.

Ceci dit, estimant souhaitable et, je l’espère, inéluctable, un front unitaire anticapitaliste, que ce bébé NPA réussisse ; nous retrouverons un jour ses cadres et militants, mieux formés encore par cette nouvelle expérience, à nos côtés.

Voici en tout cas trois articles que j’avais écrits précédemment sur la question de la stratégie anticapitaliste aujourd’hui :

La direction de la LCR refuse de signer (2 juin 2006) l’appel au rassemblement des forces antilibérales. Pourquoi ?

40% des Français plébiscitent Besancenot pour l’avenir. Répondra-t-il à cette attente ? (texte du 3 novembre 2007)

Camarade Samy Joshua (LCR NPA) ton texte "questions, ambiguïtés et certitudes" du Parti de Gauche, est un procès d’intention

Jacques Serieys, le 29 janvier 2009

1bis) Lien vers d’autres articles de notre site sur la création du NPA

La LCR rêve de métamorphose anticapitaliste

Le "parti d’Olivier" efface la vieille LCR (Le Monde)

Etat des lieux du Nouveau Parti Anticapitaliste : première phase réussie... (LCR)

Mise en œuvre du processus constituant du Nouveau Parti Anticapitaliste : Motion adoptée par la direction nationale de la LCR

Besancenot à Vivement dimanche (2 articles)

Au-delà du phénomène Besancenot, la LCR se prépare à une mue radicale...

Fondation du NPA : Un parti ? Quel parti ? (par Samy Johsua, LCR)

En tirant le bilan des présidentielles 2007 Une autre gauche est-elle possible ? L’espace électoral du NPA Par Vincent Tiberj du CEVIPOF

Fondation du Nouveau Parti Anticapitaliste ce week-end Deux points de vue

Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), élargi à toute la gauche radicale, tiendra ce week-end son premier rassemblement national. Virée en Avignon, dans l’une des réunions préparatoires (article de Libé)

Fondation du NPA ce week-end : interview de Besancenot considéré par les Français comme "le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy"

Appel de la coordination nationale des comités d’initiatives pour un Nouveau Parti Anticapitaliste

Le « Nouveau parti anticapitaliste » sur les rails, de façon « irréversible »

Besancenot capitalise sur la colère (article du Journal du dimanche)

Pour info : Lettre ouverte aux sympathisant-e-s de la LCR, aux anticapitalistes (Besancenot, Krivine, Vacchetta, porte paroles de la LCR)

Dissolution de la LCR, création du NPA Interview et chat d’Alain Krivine. Articles du Monde et Libé. Européennes : le congrès du NPA pour un "accord durable" (7 articles)

J’ajoute un texte ultérieur très intéressant d’Antoine Artous :

Qu’est donc la Ligue devenue ? – « revenir sur ce qu’a représenté la LCR et sur sa fin »

1) Adresse du congrès national de la LCR pour un nouveau parti anticapitaliste

Voté par une très large majorité du congrès national, cet appel marque le début concret du processus constituant du nouveau parti anticapitaliste que la LCR appelle de ses voeux. Dans les jours qui viennent, partout sur le territoire, les sections de la LCR vont le mettre en oeuvre. Il est temps de "prendre parti"....

Le 6 mai 2007, l’échec de la gauche gouvernementale a laissé le champ libre à la droite la plus réactionnaire incarnée par Sarkozy, l’ami des patrons et des milliardaires. La guerre sociale qu’ils mènent, c’est la violence quotidienne et la répression. Elle s’inscrit dans la mondialisation capitaliste qui voudrait dresser les travailleuses et travailleurs du monde entier les uns contre les autres pour mieux les exploiter. La folle course au profit dans laquelle sont engagés les maîtres du monde menace notre survie même, en pillant et détruisant la planète. Ce système produit régulièrement des crises et ce sont toujours les peuples qui payent la facture. Aux guerres sociales et écologiques s’ajoutent les guerres impérialistes.

La politique de la gauche gouvernementale est impuissante parce qu’elle accepte la logique du profit, de la concurrence et la remise en cause des services publics. Pour mener son offensive en rafale contre la majorité de la population, Sarkozy a le pouvoir, les patrons ont le MEDEF. Et nous, qu’avons-nous d’efficace pour porter les aspirations populaires sur le terrain politique ? Qu’avons-nous pour construire les mobilisations capables d’imposer un autre partage des richesses ?

Il y a urgence à reprendre l’offensive. Ces dernières années s’expriment le mécontentement, la révolte, une nouvelle volonté de résister. L’espoir vient des grandes mobilisations, luttes des salarié-es, de la jeunesse scolarisée ou des quartiers populaires, luttes des “ sans ”... Mais elles restent trop souvent infructueuses, quand un syndicalisme d’accompagnement prend le pas sur un syndicalisme lutte de classe et de transformation sociale.

Il manque cruellement un outil qui aide à la convergence des luttes en un mouvement d’ensemble capable de faire reculer le pouvoir et de changer le rapport de force. L’espoir a aussi besoin d’imaginer qu’un autre monde est possible. Nous sommes nombreuses et nombreux à vouloir cet outil : un parti utile aux mobilisations d’aujourd’hui. Un parti pour préparer un changement radical, révolutionnaire de la société c’est-à-dire la fin du capitalisme, de la propriété privée des principaux moyens de production, du pillage de la planète et de la destruction de la nature.

Nous voulons une société capable de satisfaire les besoins sociaux, débarrassée de toutes les formes d’exploitation et d’oppressions de classe, de genre, d’âge, d’origine. Une société où la démocratie ne s’arrête pas au droit de vote et permette à toutes et tous de décider.

Le congrès national de la LCR s’adresse à toutes celles et tous ceux, individus, équipes militantes, courants politiques, qui veulent se regrouper dans un cadre politique organisé, militant, national et démocratique, un parti tissant des liens internationaux avec les forces qui défendent une telle perspective.

Nous nous adressons aux femmes et aux hommes de toutes origines, avec ou sans papiers qui pensent que leurs vies valent plus que les profits ; à la jeunesse qui répond « résistance ! » quand on cherche à précariser son avenir ; aux militant-es associatifs, syndicalistes, qui agissent au quotidien dans leurs quartiers ou entreprises ; aux militantes et militants socialistes, antilibéraux, communistes, verts qui n’acceptent plus les recentrages, les reniements et les demi-mesures ; aux militant-es anticapitalistes, révolutionnaires, à toutes les organisations et courants politiques nationaux ou locaux, qui pensent qu’il est temps de se rassembler par delà les divisions anciennes ; et surtout à celles et ceux qui jusque là n’ont pas trouvé de parti leur donnant suffisamment envie de s’engager...

Donnons-nous un parti qui s’approprie l’expérience des luttes d’hier et d’aujourd’hui, ouvrières, altermondialistes, internationalistes, écologistes, féministes, antiracistes. Un parti luttant contre l’exploitation, contre toutes les oppressions, les discriminations et pour l’émancipation humaine, individuelle et collective. Construisons un parti internationaliste qui refuse la politique de pillage des pays du Sud et la logique guerrière de la France, de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Un parti indépendant, qui à l’inverse notamment du Parti Socialiste, refuse de cogérer ce système. Un parti en rupture avec le capitalisme et les institutions de la classe dominante. Un parti démocratique dont le projet permette à la population elle-même de diriger ses mobilisations pour demain être en mesure de diriger la marche de la société et de l’économie. Donnons-nous un parti pour inventer le socialisme du XXIe siècle.

Par cette adresse, nous voulons initier sans délai un processus constituant qui aboutisse à la fondation d’un nouveau parti anticapitaliste.

Dans les entreprises, sur les lieux de travail et d’étude, les quartiers, à tous les échelons, local, régional, national, l’heure est maintenant à nous organiser ensemble dans des comités d’initiative pour prendre en main la construction de cet outil collectif. Ces comités auront à se fédérer à tous les niveaux par ville, par département, par secteur, nationalement. Ils auront à prendre en charge tant leurs activités et interventions politiques que les discussions et initiatives visant à créer une réelle dynamique collective.

A partir des premiers bilans, forums locaux et rencontres nationales permettront d’élaborer un mode de fonctionnement démocratique, respectant la diversité des opinions et des parcours, d’ouvrir les travaux préparatoires au congrès de fondation du nouveau parti.

Ce parti appartiendra à toutes celles et ceux qui s’y engageront. C’est maintenant à celles et ceux qui veulent « prendre parti » de décider ensemble, de construire ensemble !

2) Olivier Besancenot : “La gauche a besoin d’idées radicales”

Interview d’Olivier Besancenot. Le porte-parole de la LCR, explique à Metro son projet de créer un nouveau parti anticapitaliste

Le 17e congrès de la Ligue communiste révolu-tionnaire (LCR) s’est ouvert hier à Saint-Denis, afin de poser les fondations d’un nouveau parti anticapitaliste, comme le souhaite son porte-parole, Olivier Besan-cenot. Entretien.

Le nouveau parti anticapitaliste que vous souhaitez créer, c’est la fin de la LCR ?

Nous mettons actuelle-ment en place un processus d’assemblée générale constituante composée de collectifs présents dans toute la France. Nous nous réunirons à nouveau en juin prochain pour décider ensemble du programme, du fonctionnement et, éventuellement, du nom de ce nouveau parti. A partir de là, nous envisagerons un congrès de fondation, fin 2008, et juste avant un congrès de dissolution de la LCR.

Quels seront les périmètres idéologique et électoral de ce nouveau parti ?

L’idée, c’est de regrouper toutes celles et tous ceux qui veulent réfléchir à ce que pourrait être le socialisme du XXIe siècle, un pacte clairement anticapitaliste pour révolutionner la société et agir sur des questions très pragmatiques comme l’augmentation des salaires, l’interdiction des licenciements, le développement du service public. Tout ce qui se passe avec la crise financière internationale me donne au moins raison sur la volonté de poser le problème.

Quel bilan tirez-vous des manifestations d’hier ?

C’est une étape supplémentaire, mais qui ne suffira pas. On doit maintenant appeler à une convergence des luttes sociales sur la question du pouvoir d’achat, aussi bien dans le public que dans le privé. Des journées de grève sont dans l’air pour le mois de février, et nous devrons y aller toutes et tous ensemble, pas en ordre dispersé, pour réclamer de réelles augmentations de salaires.

Que vous inspire l’affaire de la Société Générale ?

C’est la preuve que le système bancaire évolue sans aucun contrôle, dans l’opacité la plus totale. J’ai entendu le patron de la Société Générale expliquer que perdre 7 milliards, ça ne ferait même pas mal à son entreprise. Eh bien je crois que les employés de la Société Générale seraient curieux de savoir à quelle augmentation de salaire pourraient correspondre ces 7 milliards qui viennent d’être perdus !

Dans le baromètre Metro-OpinionWay de janvier, vous arrivez en troisième position des dirigeants d’opposition. Comptez-vous capitaliser sur cette popularité croissante ?

Je ne cherche pas à capitaliser, y compris dans ce domaine ! Le moteur de mon engagement, c’est que nos idées et nos propositions deviennent populaires. La gauche, aujourd’hui, n’a pas besoin d’un leader populaire mais d’être présente, d’avoir des idées, des propositions radicales pour résister face à Sarkozy et au Medef.

Qu’attendez-vous des municipales ?

Nous serons présents dans deux fois plus de villes qu’en 2001, dont 36 des 37 villes de plus de 100 000 habitants. Nous espérons réaliser un score qui permettra de montrer que voter utile contre Sarkozy, c’est voter pour la gauche de terrain, concrète. Et pas cette gauche qui a été absente depuis l’élection de Nicolas Sarkozy sur des questions cruciales comme le logement social, la défense des régimes spéciaux, la dénonciation des centres de rétention ou la loi sur l’autonomie des universités.

http://www.metrofrance.com/fr/artic...

De : Jérôme Vermelin

3) Pour la fondation d’un nouveau parti anticapitaliste (résolution du Congrès LCR ce week-end)

1/ L’injustice n’a pas régressé dans le monde. Bien au contraire, elle continue à frapper des milliards d’être humains. Cette injustice multiforme est l’inévitable conséquence d’un système d’organisation de la société, le capitalisme, dont le moteur demeure la recherche de la satisfaction de la soif de pouvoir et de profits d’une toute petite minorité. Ici, les profits exorbitants du CAC 40, les parachutes dorés, les salaires faramineux des dirigeants s’accompagnent d’un accroissement des inégalités, souvent de la détresse. C’est la course folle au profit, accentuée encore par les politiques libérales qui dominent la globalisation capitaliste, qui génère la misère, le mal logement, la précarité et creuse les inégalités sociales, qui détruit les services publics et les protections sociales, qui provoque des guerres et le pillage du tiers-monde, qui met en danger toute l’humanité par un gestion catastrophique des ressources et de l’énergie. La logique de la concurrence de tous contre tous, de la privatisation du monde, et celle des solidarités, du partage des richesses, de la démocratie la plus large sont inconciliables. Pour en finir avec la dictature des actionnaires, de la propriété privée capitaliste, il faudra des mobilisations puissantes, généralisées, des grèves, des manifestations, des occupations. L’avenir de la société est entre les mains des classes exploitées, des salariés qui produisent toutes les richesses.

2/ Au nom de la rupture, la politique de Nicolas Sarkozy, s’inscrit en réalité dans la continuité et l’approfondissement des politiques capitalistes, libérales et antisociales. Le gouvernement Sarkozy - Fillon est au service des plus riches et des gros actionnaires. Cette droite-là, c’est aussi un programme profondément dangereux pour les libertés publiques, le droit d’expression, les droits des immigrés, les droits des femmes, les jeunes victimes des discriminations. Il faut mettre en échec Sarkozy et le MEDEF par la mise en place de larges fronts unitaires.

3/ Nous ne pouvons pas compter sur le PS pour conduire une opposition digne de ce nom. Converti au libéralisme, miné par les ambitions, de plus en plus obnubilé par l’alliance avec les centristes, le PS ne peut pas conduire un changement de politique qui permette concrètement d’améliorer le sort de millions de personnes. Il a abdiqué de toute velléité de contestation de l’ordre établi pour se plier à la logique de la mondialisation financière et impérialiste. Quant à la direction du parti communiste, elle n’offre aucune perspective indépendante du PS et s’enferme dans sa propre crise. Toute alliance institutionnelle avec le PS est vaine, source de nouvelles désillusions. Il faut rompre avec les politiques menées par tous les gouvernements successifs. Une page est tournée. Celles et ceux qui entendent lutter sans concession contre la politique de ce gouvernement, instrument du MEDEF, celles et ceux qui veulent défendre un programme d’urgence anticapitaliste à l’image de celui qu’a porté Olivier Besancenot à la Présidentielle ont besoin d’un nouveau parti qui défende les intérêts des travailleurs et des travailleuses, de tous les opprimé-e-s, de tous les exploité-e-s. C’est pourquoi nous proposons que se rassemblent tous les anticapitalistes dans un nouveau parti, implanté dans la jeunesse, les entreprises, les services publics, les quartiers populaires pour construire les mobilisations d’aujourd’hui qui, pour nous, doivent préparer un changement radical, révolutionnaire, de la société. Nous ne partons pas de rien. D’imposantes luttes ont eu lieu ces dernières années et on sent la résistance, rejointe par une nouvelle génération, s’organiser face aux attaques du nouveau pouvoir.

4/ Concrètement, nous souhaitons un débat commun avec toutes celles et tous ceux, individus, équipes militantes, courants politiques : qui veulent défendre un programme anticapitaliste dans les luttes et aux élections ; qui se situent dans la plus stricte indépendance avec le PS et refusent de cogérer les institutions avec celui-ci, voulant centrer leur activité sur la lutte des classes, la mobilisation sociale et politique ; qui veulent se regrouper dans un cadre politique organisé, militant, national et démocratique, un parti tissant des liens internationaux avec les forces qui défendent une telle perspective.

5/ Dans un premier temps, nous proposons que s’organise dès la rentrée de septembre, des réunions dans le plus grand nombre de villes, de quartiers, d’entreprises, de facs et de lycées possible. Il s’agira de débattre à la fois des formes et des moyens de la riposte indispensable aux mesures prises par le gouvernement, du programme et du fonctionnement démocratique du parti que nous voulons créer, de la présentation, dans un maximum de villes pour les prochaines échéances municipales, de listes anticapitalistes totalement indépendantes du PS et de ses alliés. La constitution de ces listes participera de la démarche pour le nouveau parti. Dans le cadre du congrès national, qui est d’ores et déjà lancé, nous ferons un bilan d’étape du processus et ferons de nouvelles propositions pour aller plus loin et rendre possible la convergence de toutes et de tous dans un nouveau parti. Ensuite, nous envisageons la tenue d’assises départementales vers un congrès national de fondation de ce nouveau parti anticapitaliste, féministe, écologiste, internationaliste, et socialiste. Résister, se mobiliser et s’organiser, agir, débattre et décider, c’est ce que nous proposons de faire ensemble, à égalité.

LCR

4) Après son Congrès, la LCR se lance dans la bataille d’un nouveau parti

PLAINE-SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), 27 jan 2008 (AFP) - Forte de la popularité et du score d’Olivier Besancenot à la présidentielle, la LCR a décidé, à l’issue de son Congrès, de fonder d’ici un an un nouveau parti anticapitaliste dont elle se veut le pivot. Les 313 délégués, réunis pendant quatre jours en Seine-Saint-Denis, ont avalisé à 83% la résolution défendue par le jeune postier en faveur d’un nouveau parti et à 81,7% un appel qui fixe le calendrier et la méthode de sa fondation. La décision signe aussi l’arrêt de mort de la LCR, créée il y a 40 ans dans la foulée de mai 68, qui devra être alors dissoute. Pour fonder ce parti, la LCR « s’adresse d’abord à ceux qui ne sont dans aucune organisation » et « pour qui l’économie de marché n’est pas l’avenir de l’humanité », a précisé à l’issue du Congrès Olivier Besancenot. Donc notamment aux 1,5 million de Français qui ont voté pour lui à la présidentielle. La LCR s’adresse aussi aux « militants » socialistes, communistes, écologistes ou antilibéraux en rupture avec leurs formations d’origine. Mais c’est avec une visible réticence qu’elle invite « les autres courants » sans d’ailleurs préciser lesquels. « Notre appel ne s’adresse pas d’abord à eux », souligne Olivier Besancenot.

C’est donc sans partenaire organisé que la LCR se lance dans cette aventure, pour élargir son espace à gauche du Parti socialiste, au moment où les Verts et le PCF regagnent le giron de l’ex-gauche plurielle avec le PS. « Je ne serai pas le seul leader de ce parti », a répété tout au long du Congrès l’ex-candidat qui entend parer aux critiques qui voient dans la nouvelle formation « le parti d’Olivier Besancenot ». Evitant de présenter l’initiative comme un saut dans l’inconnu, Olivier Besancenot souligne que ce nouveau parti « ne sera pas le jour et la nuit » par rapport à la LCR qui contribuera pour une large part à sa « refondation programmatique ». La différence portera notamment sur le fonctionnement : « ce ne sera pas un parti élitiste et avant-gardiste », le « rythme militant » sera assoupli, souligne-t-il. Mais l’orientation fixée ne diffère guère de celle de la LCR : parti « internationaliste », il devra être « en rupture avec le capitalisme », « indépendant du PS », refuser « de cogérer ce système ». Il devrait toutefois innover et « inventer le socialisme du XXIe siècle ».

Le calendrier est fixé : la première étape est la mise en place de « comités d’initiatives » auxquels la Ligue entend agréger de nouveaux venus. Une « réunion de coordination » est prévue en avril et une « Assemblée générale » constituante en juin qui devra avancer vers l’élaboration du programme et des statuts de la nouvelle formation et décider de son nom. Avec 209 listes et une présence dans 36 des 37 grandes villes de France, la Ligue entend mettre à profit la campagne des municipales pour nourrir son initiative, sans se faire beaucoup d’illusion sur son score. Il ne modifiera en rien le processus « irréversible » de création du nouveau parti, prévient Olivier Besancenot. Opposé à cette stratégie, le chef de file du courant minoritaire, Christian Picquet, a dénoncé un « parti d’extrême gauche relooké » qui « ne pourra pas occuper tout l’espace laissé vide par le recentrage du PS ». Mais sa proposition d’un parti large, construit avec d’autres composantes - aile gauche du PS, PCF - n’a recueilli que 14% des voix.

5) Le congrès de la LCR vu par « L’Humanité »

CREPEL Sébastien, Correspondant

Réunis hier à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les 300 délégués au 17e congrès de la Ligue communiste révolutionnaire ont décidé, à 83 %, de lancer la construction d’un « nouveau parti anticapitaliste ». Les délégués ont approuvé un appel qui « initie sans délai le processus constituant » du nouveau parti. Il s’adresse « aux individus, équipes militantes, courants politiques, qui veulent se regrouper ». En juin, une « assemblée générale » sera convoquée pour définir le fonctionnement et l’orientation du nouveau parti.

Celui-ci devra être « anticapitaliste, internationaliste, écologiste, féministe » et se situer en « rupture avec le social-libéralisme ». « Le PS dérive vers le centre pour s’adapter encore plus étroitement aux intérêts du capitalisme libéral », estime la LCR, tandis que le PCF serait « vampirisé par sa politique d’alliance avec le PS ». Quant aux antilibéraux, ils « restent prisonniers de l’horizon social-libéral et institutionnel dominant ». Au contraire, le « nouveau parti des travailleurs » entend se positionner en « rupture globale avec le capitalisme », affichant son « indépendance vis-à-vis de l’État et des institutions » et le « rejet de toute participation à des gouvernements de gestion » du système, c’est-à-dire le refus de toute majorité avec le PS et ses alliés.

Encouragée par le score d’Olivier Besancenot au premier tour de la présidentielle de 4,08 %, la LCR poursuit sa stratégie d’autonomie du reste de la gauche, en décidant unilatéralement de lancer une nouvelle formation, indépendamment des débats qui agitent les autres partis de gauche. Un désaccord majeur avec le courant minoritaire, pour qui ce nouveau parti devait avoir pour ambition de « faire bouger les lignes et les rapports de force au sein de la gauche et du mouvement social » en se rapprochant dpartenaires de la gauche antilibérale.

Lors d’un point de presse après le congrès, Olivier Besancenot est resté volontairement flou sur les contours de ce nouveau parti. Il a précisé « ne pas s’adresser d’abord aux organisations » mais n’a pas exclu non plus des « discussions » et des « accords unitaires » avec elles. Le porte-parole de la LCR promet un parti ouvert en particulier « aux jeunes » et « à tous ceux qui veulent en être », mais à condition « d’être anticapitaliste » et « révolutionnaire ». Pour lui, toute la difficulté est de transformer l’essai de la présidentielle en réunissant, dans une nouvelle organisation, les électeurs séduits par le jeune candidat qui ne sont pas prêts à rejoindre l’extrême gauche, mais sans perdre les valeurs de celle-ci. Une démarche qui sera maintenue quel que soit le score des listes de la LCR aux municipales. Pour l’instant, il a reconnu que « ce n’est pas la déferlante » avec seulement 3 500 membres au compteur de la LCR.

* Article paru dans l’Humanité du 28 janvier 2008.

6) La Ligue communiste révolutionnaire donne le coup d’envoi de la création d’un nouveau parti

http://www.lemonde.fr/politique/art...

La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a décidé de commencer sa mue. Réunis en congrès du 24 au 27 janvier à Saint-Denis, ses militants lancent une "adresse pour un nouveau parti", un appel à rejoindre les "comités de base" qui doivent être mis en place au printemps.

Olivier Besancenot et la direction constituée autour de lui ont gagné la bataille interne. Les résultats des congrès locaux leur donnent une majorité de 83 % - du jamais vu dans l’histoire de la "Ligue" -, alors que la minorité emmenée par Christian Picquet, hostile à la "proclamation d’un nouveau parti anticapitaliste, ersatz de la LCR", sans alliance avec d’autres courants antilibéraux, se voit réduite à 13,9 % (contre 26 % en 2006).

Depuis son bon score à l’élection présidentielle - 4,08 % -, le porte-parole de la LCR est convaincu que la "vieille Ligue" a vécu et qu’il faut construire "une nouvelle représentation politique des exploités et des opprimés", comme le précise le texte de la direction. Les quelque 300 délégués du congrès vont lancer un appel pour créer un nouveau parti, "anticapitaliste, indépendant du système politique institutionnel et voulant une transformation révolutionnaire de la société".

Cet appel s’adresse à "la gauche issue des luttes", chère à Besancenot, pas aux autres organisations de la gauche radicale. La LCR espère ainsi attirer, dans des "comités de base", les sympathisants rencontrés durant la campagne présidentielle, déboussolés par l’atonie du reste de la gauche. "Par le haut, c’est bloqué ; par le bas, il y a un souffle qui passe, en rupture avec la gauche traditionnelle", explique-t-il.

Les quelques courants que la direction espérait séduire - Fraction de Lutte ouvrière (minorité) ou Alternative libertaire - ont décliné l’invitation. Dès février, des premières assemblées locales constituantes vont être organisées, notamment dans les villes comme Marseille ou Mulhouse, où des appels locaux ont été lancés avec succès.

"ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONSTITUANTE"

En avril, commence la "phase constitutive", avec un nouvel appel "large", puis en mai, la LCR convoquera une "assemblée générale constituante" en vue de la préparation du congrès de lancement en décembre 2008. "Cela implique une dynamique forte de mobilisation de l’organisation et une détermination sans faille de la direction", note un document du bureau politique. Le ton est volontariste comme pour masquer que les "grappes de militants" espérées ne sont pas au rendez-vous.

Les effectifs de l’actuelle LCR, comptabilisés pour le congrès, n’ont pas autant progressé que prévu après l’élection présidentielle. De 2 600 adhérents revendiqués en 2006, l’organisation trotskiste est passée à 3 100 aujourd’hui. Les réunions organisées autour du nouveau parti depuis septembre ont attiré du monde mais pas autant que prévu.

"On n’est pas dans une logique de gestion des flux ni de coup politique. La crise historique de la gauche laisse un vide qu’il faut remplir et, pour cela, la Ligue créée en 1968 n’est plus un outil adapté", assure Pierre-François Grond, membre du bureau politique.

La minorité dénonce, elle, une marche forcée. "La direction veut absolument boucler son projet avant les élections européennes de 2009, histoire de bloquer toute négociation avec d’autres courants à gauche", estime Picquet.

Reste à passer les élections municipales. La LCR a du mal à gérer cet épisode qui prévoit des alliances en décalage avec le schéma prévu pour le nouveau parti. Certaines fédérations ont noué des discussions avec des collectifs antilibéraux, Lutte ouvrière ou le PCF ; dans d’autres villes, la LCR part seule.

La direction sait que ses scores risquent d’être faibles. "Il faut être prudent, c’est une élection difficile pour nous", explique Grond qui annonce quelque 180 listes. Olivier Besancenot a annoncé qu’il ne serait pas candidat dans le 18e arrondissement de Paris où il habite. "Etre la quatrième personnalité en vue à gauche dans les sondages et faire 3 %-4 % dans un quartier populaire ferait mauvais effet", lâche un dirigeant.

de Sylvia Zappi


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