La crise de l’immobilier s’ajoute aux crises précédentes du capitalisme financier

mardi 4 septembre 2007.
 

C’est une crise du système de la mondialisation néo-libérale.

Depuis les années 80 - début du néolibéralisme - il aura été difficile de passer plus de trois ans sans une crise financière majeure :

- 1987 : krach des marchés d’action ;

- 1990 : krach des junk bonds (obligations pourries) et des caisses d’épargne américaines ;

- 1994 : krach obligataire américain ;

- 1997 : crise financière internationale depuis le Sud-est asiatique (Thaïlande, Corée, Hong-Kong) ;

- 1998 : Deuxième tranche de la crise financière avec la Russie et le Brésil ;

- 2001-2003 : éclatement de la bulle Internet :

- 2007 : éclatement de la bulle immobilière.

A chaque fois ce sont les salariés qui ont réglé l’ardoise, car la crise des marchés financiers si elle frappe les banques, touche aussi le crédit et l’investissement, donc l’emploi...

Comprendre la crise actuelle :

Aux Etats-Unis, la surconsommation des riches de plus en plus riches en regard de celle de pauvres de plus en plus pauvres, assèche l’épargne et ne permet plus de faire tourner l’économie. Il faut faire appel à l’épargne mondiale. Facile avec un dollar monnaie international. Et pour doper la consommation des classes modestes on utilise le crédit : des prêts à haut risque, à taux variable très élevés. On accorde des prêts immobiliers dit subprime en hypothéquant la propriété. En 2006, ils représentaient 40 % des crédits hypothécaires. Ces hypothèques deviennent des produits financiers, (titritisés : transformés en titres objets de spéculations qui rapportent d’autant plus que les risques sont plus élevés). Les courtiers ont appâté le chaland avec la règle des 2+28 : les deux premières années à un taux attirant et les 28 autres au taux plein et variable qui fait mal. Quand les ménages ne peuvent plus payer parce que les crédits variables ont augmenté (de 6,3 à 11,25 %), on vend la maison. ce qui fait grimper encore plus les prix. Mais quand les prix se retournent parce que l’offre de logements est trop importante, les prix se retournent et les hypothèques ne peuvent plus être remboursées par les banques : c’est la crise des liquidités. Plus de monnaie ! Pour les banques il s’agit d’obtenir des prêts entre elles. Mais personne ne veut plus, tellement les risques sont élevés sur un marché effondré. La solution est alors de liquider des actions du marché boursier pour obtenir des fonds. Le bourses baissent : c’est la crise, l’éclatement de la bulle immobilière, doublée par celle des private équity, ces fonds d’investissement qui rachètent des entreprises douteuses, les restructurent (en licenciant) pour les revendre au bout de trois ans avec plus-value. Ces fonds d’investissement fonctionnent aussi à la dette dont ils font payer le service par l’entreprise rachetée. Attirées par des profits fabuleux, les banques se sont précipitées pour financer ces opérations à des conditions d’emprunt ahurissantes. Mais quand la revente, le débouclage, devient impossible ou avec moins-value, tout le système s’effondre, banques inclues...

Tout le système capitaliste est menacé à terme s’il ne peut pas retrouver des liquidités* à tout moment. C’est pourquoi les banques centrales ont injecté des fonds pour refinancer les banques, éviter l’effondrement du crédit, donc de l’investissement, et une crise économique majeure de l’ensemble du système économique capitaliste mondial.

Qui va payer la facture ?

Comme toujours, ce sont les entreprises et les salariés qui vont se retrouver face à des crédits fermés, car pour restaurer les bilans des banques, la contraction du crédit sera générale.

La BCE soi-disant indépendante et garante de la stabilité des prix a injecté près de 300 milliards d’euros, total énorme à comparer avec "le trou de la sécu" (12 milliards). Ce qu’elle se refuse à faire habituellement pour éviter l’inflation (limitation de la masse monétaire à 4,5 % par an, 2,5 % pour la croissance et 2 % pour l’inflation). Or la masse monétaire de la zone euro a augmenté en réalité de 10,9 % à juin 2007. Cet accroissement provient pour 69 % des actifs financiers qui sont une composante de la masse monétaire (avec la monnaie, les crédits bancaires et les dépôts des caisses d’épargne). L’inflation provient en réalité de ces actifs.

Le rôle de la BCE ne devrait-il pas être de financer des crédits d’investissements réels pour favoriser la création d’emplois, relancer l’économie ?

La nouvelle mode financière est à la transformation des produits pétroliers en produits financiers pour de nouvelles spéculations...et une prochaine crise...

Il faut mettre fin à la spéculation et à la libre circulation des capitaux, appliquer la taxe TOBBIN, produire autrement et mieux, dans un système d’échanges basé sur la solidarité et la coopération.

*La liquidité, c’est la capacité de réaliser des opérations financières sans délai ni coût important sur le marché. Les banques se prêtent de l’argent à un taux au jour le jour de 4 %. Quand le taux bondit à 4,7 %, les transactions sont bloquées car elles ne peuvent plus gagner d’argent en empruntant elles-mêmes à ces taux élevés...

Allain GRAUX - le 3 septembre 2007.


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