Plainte pour "harcèlement" après le suicide d’une institutrice en Gironde

mardi 1er avril 2008.
 

Des proches d’une institutrice de 39 ans de l’école maternelle de Pauillac (Gironde), qui s’est suicidée début mars au terme de plusieurs mois de tensions avec l’équipe pédagogique, les services municipaux et des parents d’élèves, ont porté plainte pour "harcèlement".

Valérie Cruzin, qui s’est suicidée le 4 mars, connaissait depuis sa première rentrée en 2006 dans cette petite école du Médoc "des problèmes relationnels mais aucune faute professionnelle ne lui avait été reprochée", a indiqué vendredi André Mercier, inspecteur d’académie de la Gironde.

Les proches de l’institutrice, qui était enceinte, ont porté plainte lundi contre l’Education nationale et la municipalité de Pauillac pour ""harcèlement moral et acharnement", a révélé Cyril Cruzin, le mari de l’enseignante.

Le parquet de Bordeaux a confirmé ce dépôt d’une plainte et indiqué que celle-ci était "examinée".

"Ce qui a fait déborder le vase, c’est une lettre qu’elle a reçue le 9 février de l’académie qui faisait état d’une nouvelle lettre de parents d’élèves", a indiqué M. Cruzin.

Selon l’inspecteur d’Académie de la Gironde, des agents de la mairie ne voulaient plus travailler avec cette enseignante et sa directrice se plaignait d’un mauvais climat de travail, provoqué par son refus de participer à des projets pédagogiques communs.

Le syndicat Snudi-Fo (syndicat national unifié des directeurs et instituteurs Force ouvrière), auquel adhérait l’institutrice, a pour sa part affirmé que "la hiérarchie de l’Education nationale n’a pas assuré son rôle en ne soutenant pas l’enseignante contre l’entreprise de diffamation" opérée par des parents d’élèves.

En novembre 2007, une dizaine de parents de la classe de l’année précédente avait écrit à l’inspection d’académie pour se plaindre du comportement de Mme Cruzin, lui reprochant par exemple ses "a priori sur le Médoc et ses habitants", selon le quotidien Sud Ouest, qui a révélé l’affaire.

Pour Philippe Mano, secrétaire départemental du Snudi-FO interrogé par l’AFP, il y a "une coïncidence troublante" sur l’envoi de ces lettres, toutes rédigées entre le 16 et le 23 novembre, qui s’apparente selon lui à "une action de diffamation téléguidée".

L’inspection académique estime, elle, qu’"aucun élément dans le dossier n’évoquait le harcèlement ni la nécessité d’intervention" de la hiérarchie. Celle-ci, a rappelé M. Mercier, avait proposé deux fois à l’institutrice de changer d’école mais elle avait refusé.

Après avoir pris connaissance des reproches à son encontre lors d’un entretien à l’inspection académique le 30 janvier, l’enseignante, souffrant de dépression, avait fait une première tentative de suicide deux semaines plus tard. Elle avait mis fin à ses jours pendant les vacances scolaires, le 4 mars, alors qu’elle était admise dans un établissement hospitalier bordelais.

La mairie de Pauillac, dans un communiqué, a souligné que "la gestion interne des écoles ne relève en aucun cas de la municipalité".


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