De MARX et du CHRIST

dimanche 31 mai 2015.
 

Source : http://web.me.com/smascarell/Piblog...

La crise systémique du capitalisme n’en est qu’à son début, en dépit des rodomontades de Nicolas Sarkozy, affirmant que le capitalisme est refondé, moralisé, régulé, bref qu’un nouvel ordre mondial est né. La crise du capitalisme est si grave, que si les anticapitalistes étaient unis autour d’un projet complet de société très élaboré, je pense que l’on pourrait dire que le capitalisme est mort. Mais voilà, d’énormes hypothèques doivent encore être levées dans nos rangs et chez les peuples. Tant qu’elles ne le seront pas, le capitalisme a quelques chances de survie, pour le malheur de l’humanité tout entière.

La plus grosse hypothèque est l’échec total du communisme en Union soviétique et dans les pays satellites à l’Est de l’Europe.

Qu’on le veuille ou non, les peuples du monde entier, y compris en France, considèrent encore aujourd’hui que le communisme, tel qu’il a été appliqué, est plus repoussant que le capitalisme. Consciemment ou pas, ils font leur l’aphorisme forgé par Winston Churchill : « Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère ». Les peuples ajoutent même, à cette vision négative du socialisme, un autre défaut encore plus redoutable : un système dictatorial assis sur des millions de morts.

L’hypothèque de cet échec est d’autant plus lourde à lever que les pro-capitalistes ont réussi à faire admettre que ce désastre est celui du communisme en tant qu’idéal, et pas seulement celui d’une perversion du communisme. Et de jeter l’opprobre aussi bien sur Marx et Engels que sur Lénine, Staline et Brejnev.

Il revient à ceux qui portent en eux l’idéal communiste, et sont également contempteur du « soviétisme », de combattre ce monstrueux amalgame. Immense tâche. Pour ce faire, je propose de raisonner par analogie.

L’enseignement du Christ doit-il être rejeté du fait des agissements de ses disciples, au long des siècles ? De l’Inquisition à Pinochet, en passant par la Saint-Barthélémy, l’esclavage, Mussolini, Franco,……. Non bien sûr. Rien, dans les Evangiles, ne permet de dire que certains de ses adeptes étaient autorisés à tuer les non-croyants, à les asservir par l’esclavage (souvenons-nous de la controverse de Valladolid), à les contraindre par la dictature.

En quoi, Marx et Engels devraient-ils être tenus pour responsables des agissements de Staline et de Brejnev ? Rien dans leur œuvre ne permet, si peu que ce soit, d’établir qu’ils prônaient le Goulag pour les opposants au régime, le parti unique comme système politique.

Certes, les détracteurs de Marx et d’Engels avancent que ceux-ci ont préconisé la dictature du prolétariat. Ils y voient la preuve de l’inclination des deux penseurs pour l’autoritarisme. Une lecture honnête de leurs écrits apporte la preuve du contraire. S’ils avaient vécu aujourd’hui, avec en tête le souci de la communication, ils auraient plutôt dit que la route vers le communisme passait par la démocratie par le prolétariat, par opposition à la démocratie par les riches, pour ne pas dire à la dictature par les riches, qu’est ni plus ni moins le capitalisme.

De la même façon, les détracteurs de Marx et d’Engels prétendent que ceux-ci ont fait de l’Etat l’alpha et l’oméga de leur système politique. Un Etat totalitaire bien évidemment. Ils ont, au contraire, théorisé sur le dépérissement de l’Etat, au fur et à mesure que les conditions du communisme se réaliseraient.

Les détracteurs prétendent que Marx et Engels sont, à travers le concept de lutte des classes que ceux-ci ont développé, porteurs de la haine entre les classes sociales.

Mais c’est l’inverse qu’ils ont écrit. Quand ils parlent de la lutte des classes, ce n’est pas pour l’idéaliser, c’est au contraire pour décrire le mode de fonctionnement du capitalisme, fondé sur l’exploitation par une classe sociale de toutes les autres, à des degrés divers. L’idéal de Marx et d’Engels, c’est que, au fur et à mesure où se réalisera le communisme, il n’y aura plus de lutte des classes puisque, disent-ils, le propre du communisme c’est d’être une société sans antagonisme, donc sans classe.

Les pro-capitalistes, plutôt que d’affronter la réalité d’aujourd’hui, préfèrent dire que la lutte des classes ne peut pas exister puisqu’ils vont jusqu’à nier l’existence des classes sociales. Ils préfèrent faire accroire en l’existence de Dieu. C’est moins dangereux pour la pérennité de leur pouvoir et de leurs privilèges.

Il existe pourtant une différence capitale entre la réalité de la lutte des classes et la croyance en dieu. Cette différence, c’est qu’il est aisé de prouver la réalité de la lutte des classes, alors qu’il est impossible de prouver celle de dieu. Aucun scientifique, ni aucun philosophe n’y est parvenu. Tandis que les salariés vivent dans leur chair la réalité de la lutte des classes. Ils savent bien que leur intérêt c’est de percevoir le salaire le plus élevé possible pour une durée du travail la moins longue possible, alors qu’à l’inverse, leur employeur, qu’il soit à la tête d’une petite ou d’une grande entreprise, qu’il soit compétent ou incompétent, gentil ou méchant, bon ou mauvais père ou mère de famille, bon ou mauvais voisin, a intérêt à payer ses salariés le moins cher possible, pour une durée du travail la plus longue possible. La lutte des classes va donc consister, pour le salarié, à lutter pour obtenir une augmentation de son salaire et une diminution de sa durée du travail, alors que son employeur va tout faire pour s’y opposer.

L’employeur qui, par humanisme, voudrait faire droit aux revendications de son salarié, tomberait immédiatement sous les coups de ses concurrents. C’est la raison pour laquelle, plus les revendications sont collectivement soutenues par les salariés d’une même entreprise, d’une même branche, ou mieux interprofessionnellement et internationalement, et plus elles auront de chance de s’imposer aux employeurs.

Le communisme, au sens idéologique du terme, ne peut donc être la dictature sous la férule d’un Etat tout puissant, l’antagonisme permanent entre les hommes et encore moins la guerre. Soit l’exact inverse du capitalisme.

Je n’hésite pas à dire, preuves vérifiables à l’appui, qu’en un peu plus de deux cents ans d’existence, le capitalisme a fait beaucoup plus de morts que le communisme dévoyé. Je tiens à souligner que beaucoup de marxistes se sont opposés aux dérives du communisme soviétique bien avant la chute de son empire. Je suis de ceux-là. Certains, plus âgés, l’ont rejeté pratiquement dès l’avènement de Staline. Ceux-là ne sauraient supporter l’opprobre de ce « communisme-là ».

Dans les morts du capitalisme, je comptabilise ceux de l’esclavagisme des deux derniers siècles, aux Etats-Unis plus particulièrement, ceux provoqués par le nazisme soutenu du début à la fin par les grands groupes capitalistes allemands, ceux provoqués par le colonialisme et le néo-colonialisme, ceux provoqués par les dictatures mises en place en Amérique latine par les Etats-Unis. Je ne compte évidemment pas ceux qui vont inévitablement mourir de la famine, délibérément organisée par le système capitaliste mondial, en crise ou pas en crise. Jusqu’à ce que les peuples lui substituent un système socialiste, puis communiste, fondés sur un respect absolu de la démocratie.

Une chose est certaine, l’échec retentissant du communisme soviétique nous a à coup sûr enseigné les fautes à ne plus commettre. Il eut été évidemment préférable qu’elles ne soient pas perpétrées. Mais qu’au moins, ce tragique épisode de l’histoire de l’humanité nous serve de leçon.

En tout état de cause, tant que les anticapitalistes n’auront pas exorcisé cette tâche et donc montré aux peuples qu’il y a une issue après le capitalisme, il est vain d’espérer le mettre en difficulté.

Pourquoi faudrait-il, en effet, que dans les pays, dont les consciences ont été façonnées par les préceptes des diverses religions chrétiennes, donc accessibles au pardon, les peuples continuent à se défier de nous ? Alors même que le capitalisme est voué à poursuivre son œuvre de destruction massive des droits démocratiques et sociaux des peuples, et même à mettre en danger la vie de notre espèce sur Terre.

Robert Mascarell, le 17 avril 2009


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