Chili : Arrate en progression et naissance d’un PG chilien le 28 novembre !

samedi 14 novembre 2009.
 

Cette fois, je parle du Chili où je me trouve, et de l’élection présidentielle qui s’y prépare.

Concernant la campagne, bien des choses ont évolué depuis le mois d’août lorsque j’avais dû rentrer en France. Je l’ai déjà évoqué, il y aura donc quatre candidats à l’élection présidentielle : le patron milliardaire Sebastian Piñera pour la droite (unie pour la première fois depuis 1989), Eduardo Frei pour la Concertacion (Démocratie chrétienne et PS), Marco Enriquez-Ominami le candidat « indépendant », et Jorge Arrate soutenu par le "Front de gauche" Juntos Podemos.

La candidature de Jorge Arrate, (que le PG soutient vous ne pouvez plus l’ignorer, ou alors vous débarquez pour la première fois sur ce blog), progresse chaque jour un peu plus. Victime d’un scandaleux barrage médiatique cet été, elle était alors parfois créditée de 1% lorsqu’elle apparaissait de temps en temps dans les sondages ! De quoi vous couper les jambes avant le départ de la course. On a beau savoir qu’ici les sondages sont bidons (ils sont réalisés par téléphone et une grande partie de gens habitants dans les quartiers modestes ne le possèdent pas), que les principaux médias qui les financent sont tous entre les mains de grands patrons liés à la droite, un tel pronostic pesait sur le moral des partisans de Jorge. Je rappelle une nouvelle fois que ce qui caractérise cette campagne, c’est le gigantesque déséquilibre de moyens financiers dont disposent les candidats. Pinera inonde le pays d’affiches à son effigie, Frei peut placer de grands panneaux sur les toits des immeubles de Santiago, et Enriquez-Ominami est soutenu par quelques hommes fortunés. Seul Arrate mène une campagne militante, qui produit à présent son effet.

Après des semaines difficiles, la campagne "officielle" a démarré. Lors du premier débat télévisé de septembre, Jorge Arrate, contre toute attente pour ceux qui le méprisaient tant, a "crevé l’écran" par son discours fidèle à la gauche historique, le sérieux de ses réponses, et son humour "so british", qui a souvent ridiculisé la démagogie outrancière de l’arrogant candidat de la droite et placé les autres devant leurs contradictions. Le pays entier a découvert un candidat de premier plan. Surpris, le principal chroniqueur de CNN Chile a dit de lui après l’émission qu’il était « le dernier homme cordial et cultivé du Chili ». C’est dire. Et ne croyez pas que ces gens ont l’habitude d’envoyer des compliments facilement à un homme qui se réclame de l’héritage du Président Salvador Allende.

De grands noms de l’histoire récente du socialisme chilien ont lancé un appel en sa faveur, titrant : "Quand on est socialiste, on vote socialiste". C’est le cas de la fille de Salvador Allende,Mme Carmen Paz Allende Bussi. Mais aussi de Carlos Altamirano (Président du PS sous Allende), d’Aníbal Palma (Ministre d’Allende), Ana Maria Vidal Bussi (Petite-fille d’Allende), Mireya Garcia (Présidente de l’Association des familles de disparus AFDD), Fabiola Letelier (veuve d’Orlando Letelier, Ministre d’Allende assassiné aux EU), Roberto Pizarro (ancien Ministre) et Gonzalo Taborga (avocat et Président de la Commission des Droits de l’Homme au Chili) et encore beaucoup d’autres. Cet appel est un évènement, il noue un fil entre la campagne de Jorge et les plus belles pages du socialisme chilien. Leur rupture avec l’orientation proposée par le PS chilien n’est pas un acte à la légère.

Ainsi, la campagne se poursuit. D’ailleurs sur fond de mouvements sociaux puisque actuellement une grève des enseignants et des fonctionnaires (très mal payés) se développe. Le traitement médiatique de ces mobilisations est assez grotesque. On interroge uniquement des usagers agacés dérangés par ces grèves ! Mais bon, pas besoin de traverser les océans pour admirer de tels artifices. Chez nous aussi on connait, pas vrai ? Qu’importe. Demain dès l’aube, avec plaisir nous accompagnerons (Raquel Garrido et moi) le candidat Arrate lors de différents déplacements, notamment lors d’une visite d’une mine de cuivre de Rancagua qu’il avait nationalisé lorsqu’il était Ministre du gouvernement d’Unité Populaire en 1972. Moment d’émotion en perpective (au moins pour moi), par notre présence, c’est la PG qui sera présent.

Désormais, les mêmes instituts de sondages qui plaçaient Jorge si bas il y a un mois et demi, lui attribuent maintenant 5, 6 ou même parfois 9 %. Mais, il faut encore les prendre avec bien des réserves, car ils sont toujours aussi peu sérieux dans leur réalisation. Mais, au moins l’ambiance est différente autour d’Arrate.

Un des principaux Maitre d’œuvre de la belle campagne de Jorge, est un homme jeune, très jeune, 24 ans ! Il se nomme Salvador Muñoz. Amis du PG souvenez-vous de ce nom. C’est le fils d’un socialiste qui avait dû fuir en 1973 vers l’Allemagne, notre jeune dirigeant parle donc la langue de ce pays. Salvador anime un blog régulier dans le quotidien la Tercera et sur le site de campagne de Jorge . El Mercurio, le principal quotidien du pays vient de le classer parmi "les 100 jeunes leaders les plus importants du Chili", et lui a accordé un portrait dans le magazine de ce week-end. Sur ce point, on peut dire que ce journal si réactionnaire, aux commentaires généralement odieux pour toute conscience de gauche, ne se trompe pas. Salvador est un garçon d’une grande vivacité d’esprit, un homme qui rassemble, qui anime, qui construit.

Issu politiquement du PS, où il était le Président des jeunesses socialistes de Nunoa, une des principales communes du centre de Santiago, il est à présent le dirigeant du groupe Izquiera 21. Salvador et ses camarades avaient suivi avec intérêt la naissance du Parti de gauche en France et Die Linke en Allemagne. C’est donc avec grand plaisir qu’il nous a vu arriver. Dès le mois de juillet, la discussion s’est engagée régulièrement avec Raquel Garrido (secrétaire nationale du PG au Chili jusqu’au mois de janvier). Raquel a fait partager l’expérience de la création du PG à tous ces jeunes camarades, elles s’est déplacé dans d’autres villes pour rencontrer différentes épuipes. Par sa présence, elle a joué un rôle déterminant. D’autres groupes se sont associés à cette discussion.

Progressivement, il est apparu évident à tous qu’il fallait que la campagne de Jorge Arrate serve de moteur à la construction d’une force politique nouvelle, et que ce que nous faisions en France et en Allemagne était source d’inspiration malgré les particularités chiliennes. Il fallait donc que tous ces groupes et courants divisés et éclatés participent à la construction d’une nouvelle force de gauche, permettant aussi qu’après la campagne présidentielle que le Front de gauche Juntos Podemos continue son existence. D’autant que toute la gauche va être bouleversée par cette élection. Le PS est dans une crise profonde. Dans ce contexte, il fallait donc dresser un premier étendard, dynamique, unitaire et porté par une jeune génération de femmes et d’hommes de gauche.

Après plusieurs semaines de discussion, une grande décision a été prise. Un premier acte va être posé, le 28 novembre 2009. Toutes ces forces ont décidé d’organiser un meeting de lancement pour un Parti de Gauche au Chili. Ce qui constituera le premier socle idéologique de ce regroupement est la revendication d’une Assemblée Constituante, et le combat écologique autour de l’exigence de souveraineté sur les ressources naturelles. Cette impulsion, ouverte et fraternelle, pourrait être le pôle de regroupement de beaucoup d’énergies militantes.

Pratiquement un an après la naissance du PG en France, c’est un beau cadeau d’anniversaire que vont nous offrir nos camarades à Santiago.

Gracias compañeros y amigos de Izquierda !

Dernier petit cadeau, si " eres de Izquierda" : cliquez sur ce lien, vous découvrirez un petit clip de la campagne de Jorge :

http://www.youtube.com/watch?v=eDXv...


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message