Nous pouvons distinguer quatre grandes périodes auxquelles vont correspondre nos quatre grandes parties :
> A) 1782 à 1789 : Crise de l’Ancien régime, situation pré-révolutionnaire, cahiers de doléances
> B) La révolution anti-absolutiste (bourgeoise, libérale...) de 1789 à 1792 comprenant B1) 1789 L’année sans pareille et B2) 1790 à 1792 : Contradictions et maturation de la révolution anti-absolutiste
> C) 1792 à 1794 Révolution radicale, démocratique et sociale
> D) Révolution libérale et contre-révolution de 1794 à 1799
> E) Le consulat et l’empire confortent la révolution bourgeoise
A1) Des Lumières à la Révolution française
Montesquieu, précurseur des Lumières et de 1789
Jean-Jacques Rousseau, philosophe de la souveraineté populaire
Mably, philosophe antilibéral du 18ème siècle
1775 La Guerre des farines, 1er grand mouvement social contre le libéralisme
18ème : Siècle des Lumières, progressistes mais datées
A2) Causes et prémices de la Révolution française
Clergé, noblesse et bourgeoisie du Siècle des Lumières à 1789
7 août 1786 Insurrection ouvrière de Lyon L’émeute des deux sous
Sur les causes structurelles de la Révolution française
A3) Crise, sociale et politique, pré-révolutionnaire
Crise de l’Ancien régime en 1788 1789... vers les Etats Généraux
A4) Des cahiers de doléances à la veille des Etats généraux
Cahiers de doléances de 1789 (tiers-état, clergé, noblesse, Etats généraux)
« Entre mai et août, tout l’Ancien Régime s’est effondré. En trois mois, l’espace d’une saison, dans l’été le plus extraordinaire de notre histoire, rien n’est resté de ce que les siècles et les rois, avaient constitué » (François Furet).
« L’année 1789 peut être considérée comme une rupture capitale marquée, dans un laps de temps très court, par une triple révolution :
- institutionnelle et juridique (17 juin 89 = institution de l’Assemblée nationale qui le 7 juillet devient constituante ; Nuit du 4 août 89 = abolition des privilèges et des droits “féodaux” ; 26 août 89 = Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, véritable machine de guerre dressée contre l’Ancien Régime).
- parisienne et urbaine ou municipale (14 juillet 89 = prise de la Bastille),
- paysanne et rurale (La “Grande Peur” à partir du 20 juillet).
L’Assemblée Nationale constituante entreprend de mettre en place un nouveau régime politique... D’octobre à décembre 89, elle entreprend aussi une réorganisation complète du pays selon les nouveaux principes qui ne sera opérationnelle qu’en 1790. Une France nouvelle naît alors. » (Michel Winock, auteur de 1789 L’année sans pareille)
B1) Révolution institutionnelle : Des États généraux à l’Assemblée nationale (mai-juillet 1789)
L’agitation populaire est à son comble pour cause de faim et de misère.
4 et 5 mai 1789 : Ouverture des Etats généraux à Versailles
20 juin 1789 Serment du Jeu de Paume, symbole du combat pour la souveraineté populaire
La Commune de Paris est l’avant-garde cf. comité permanents d’électeurs par districts
L’auto-organisation populaire en 1789
b) 14 juillet 1789 : Prise de la Bastille
C’est la première insurrection politique car c’est la prise d’un symbole par lequel le peuple prend conscience de sa puissance physique et politique. C’est aussi la première fois que le peuple prend la main.
Le 14 juillet 1789 vu par l’avocat Duveyrier
Acte fondateur
La preuve : on envoie des pavés de la Bastille dans les départements pour l’édifice de chaque bâtiments publics !
c) 20 juillet-août 1789 : La Grande Peur
Les paysans se déchaînent contre les seigneurs à la suite de rumeurs. L’agitation sociale est amplifiée.
d) Août 1789
4 août 1789 Abolition des droits seigneuriaux par l’Assemblée nationale
C’est la réponse politique à la situation insurrectionnelle. Elle n’était pas prévue mais elle est mise en scène à l’Assemblée.
7 et 11 août 1789 : L’Assemblée nationale revient sur la loi du 4 août mais la nouvelle qui circule dans le pays est celle de l’abolition des privilèges. La résistance grandit contre les atteintes à la décision d’abolition.
12 août 1789 Une séance à l’Assemblée nationale
Développement d’une résistance aristocratique
Le roi a refusé de signer la loi du 4 août par crainte d’un complot.
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (votée le 26 août 1789)
27, 28 août 1789 Naissance du clivage droite gauche
e) Septembre 1789
Révolution française et dette publique
f) Octobre 1789 : Le peuple exige que le roi reste à Paris, rappelant ainsi qu’il contrôle le roi qui devient le « Roi des Français ». C’est la relance populaire.
La noblesse émigre. Les seigneurs résistent. Les armées essuient des mutineries.
5 octobre 1789 Quand la masse des femmes entre en révolution
6 octobre 1789 Rien ne résiste aux femmes en révolution
g) Novembre 1789
2 novembre 1789 "Tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation" (Jean Jaurès)
2 novembre 1789 : L’Assemblée constituante adopte la nationalisation des biens du clergé
h) Décembre 1789
Décret du 14 décembre 1789 relatif à la constitution des municipalités
a) 1790 : Tentative de monarchie constitutionnelle
1789 1790 Création des départements, districts et cantons
12 juin 1790 Avignon vote son rattachement à la France
1789 1790 La Révolution française et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
14 juillet 1790 : Fête de la fédération
16 au 24 août 1790 : Révolution française et institution judiciaire
13 et 14 novembre 1790 La Révolution proclame la liberté d’association
g) Les vélléités d’opposition du roi
Chevaliers du poignard et générosité des révolutionnaires (28 février 1791)
19 avril 1791 : En réponse au décret de l’assemblée qui lui interdit de s’éloigner à plus de 20 lieues de Paris, le roi veut aller faire ses Pâques à Saint Cloud. Mais le peuple l’en empêche.
Mai 1791 : Les clubs politiques se diffusent de plus en plus grâce à la politique d’affiliation.
La loi Le Chapelier de 1791, symbole de répression bourgeoise et non de république progressiste
21 Juin 1791 : Le roi s’enfuie « de nuit et sans suite » à Varennes.
21 juin 1791 La fuite de Louis XVI s’arrête à Varennes
25-26 juin 1791 : Il est arrêté et retourné à Paris qui l’attend pour le juger.
h) Première scission des révolutionnaires entre partisans d’une monarchie constitutionnelle et Jacobins
Juin - juillet 1791 :L’Assemblée nationale résiste à l’insatisfaction populaire (cf. pétitions, manifestions, dont celle du Champ de Mars qui sera durement réprimée) mais la monarchie n’a pas l’assentiment du peuple.
17 juillet 1791 Fusillade du Champ de Mars
Le conflit est ouvert entre ceux qui soutiennent la monarchie constitutionnelle et les autres. C’est pourquoi le club des Jacobins scissionne et donne naissance au club des Feuillants, monarchiste.
Les dynasties européennes se concertent pour soutenir Louis XVI et les émigrés.
Retournement contre le régime en place
Novembre 1791 : Election de Pétion (un radical), maire de Paris
i) L’envahissement de la France par les troupes autrichiennes et prussiennes provoque radicalisation et mobilisation populaire
Avril 1792 : C’est la guerre aux frontières.
Le roi mène la politique du pire et oppose son veto à tout.
18 avril 1792 rapport de Dumouriez (ministre), pour une déclaration de guerre à l’Autriche
Le choix démocratique et social de la révolution se radicalise
Plan Condorcet pour l’instruction publique 20 avril 1792
Juin 1792 L’Assemblée est envahie.
Juillet 1792 : « La Patrie est en danger ».
11 et 12 juillet 1792 La patrie en danger ! Aux armes citoyens ! (article et film de 10 minutes)
C’est la mobilisation générale et elle est effective.
La tension monte. Le régime n’a jamais été autant menacé.
28 juillet 1792/ Manifeste de Brunswick : collusion entre le roi et l’Autriche ennemie. Le roi devient traître à la Patrie.
47 sur 48 bureaux de vote adoptent une pétition pour la déchéance du roi.
Nuit 9-10 août 1792 : Ordre de marche sur les Tuileries.
C’est la Commune insurrectionnelle de Paris.
Le chef de la Garde nationale est destitué.
Les Tuileries sont envahies.
L’Assemblée nationale résiste et protège le roi.
Le peuple poursuit en dépit du vote de dissolution de la Commune par l’assemblée. Le rapport de force est en faveur du peuple.
L’Assemblée nationale est forcée de voter la destitution du roi.
Son procès peut avoir lieu.
20 septembre 1792 : La révolution française promulgue une loi autorisant le divorce
Automne 1792 : Premiers temps de la République.
On tente de donner des gages au peuple.
La Convention est élue.
20 septembre 1792 : Victoire de Valmy.
21 septembre 1792 : Proclamation de la République.
Bataille de Jemmapes (6 novembre 1792) remportée par l’armée révolutionnaire
15 et 17 décembre 1792 : La Révolution française proclame la guerre révolutionnaire aux privilégiés
j) La fin de la monarchie "absolue" et l’exécution du roi
Nov. 92-jan.93 : Procès du roi.
Vote de la mort du roi.
21 Janvier 1793 : Exécution du roi
k) Scission parmi les Jacobins Les Girondins veulent arrêter la révolution contrairement aux Montagnards qui prennent des décisions d’urgence au plan politique comme militaire.
La dynamique de la Révolution française Arrêter avec les Girondins ou vaincre avec les Montagnards
La Convention décide de lever une armée de 300 000 hommes !
Début de l’insurrection Vendéenne.
Trahison de Dumouriez.
Les girondins n’interviennent pas
Les Montagnards obtiennent l’envoi de représentants en mission dans les armées, mais ne peuvent plus siéger.
La Convention est sourde aux réactions des sans-culottes qui sont de plus en plus violentes, alors que le territoire national est enfoncé de toutes part.
Juin 1793 : Le peuple des sections assiège la Convention.
l) Les Sans-culottes et le grand Comité de Salut Public
La Convention est obligée de se conformer à ce que demande le peuple.
4 mai 1793 La Convention institue la loi du maximum
La majorité Girondine est renversée car le Marais s’allie à la Montagne.
2 juin 1793 La mobilisation des sans-culottes parisiens conduit à l’arrestation des Girondins
24 juin 1793 Constitution de l’An 1
Manifeste des Enragés présenté devant la Convention le 25 iuin 1793 (Jacques Roux)
25 juillet 1793 l’école gratuite et obligatoire pour tous les enfants
L’abolition de la royauté par la Convention (21 septembre 1792)
Révolution française, famille, mariage et divorce (octobre 1793)
24 novembre 1793, la Convention publie le nouveau calendrier
10 novembre 1793 : fête de la Liberté à Notre-Dame-de-la-Raison
4 février 1794 Abolition de l’esclavage par la Révolution française
15 février 1794 : le drapeau bleu, blanc, rouge devient l’emblème national français
L’Ecole polytechnique, du 11 mars 1794 à aujourd’hui
11 mai 1794 : La Révolution française crée un embryon de sécurité sociale
C’est le sommet du processus révolutionnaire.
La situation est la suivante :
Les périls sont extrêmes ; d’où une levée en masse. 2 millions d’hommes sont en guerre aux frontières et le peuple continue d’être approvisionné.
La Révolution et la sédition lyonnaise de 1793
« Robespierre, bourreau de la Vendée ? » : une splendide leçon d’anti-méthode historique
On engage la rédaction d’une nouvelle constitution. Elle est approuvée par référendum mais sera « inappliquée jusqu’à la paix ».
Une politique du peuple est menée. Elle consiste en une série de mesures correspondant aux intérêts du grand nombre :
mesures de soutien et de rationalisation de la puissance du processus révolutionnaire (ex : réunion des sections 2 fois par semaines, plus en permanence, rétribution des citoyens qui ne peuvent pas se rendre en section, répression des mouvements qui en appellent au sang, ...)
mesures sociales avancées en vue de l’application réelle de la loi du 4 août, vente des biens nationaux par petits lots, loi du maximum général qui est une mesure de contrôle des prix pour remédier aux problèmes de famine.
m) Basculement par le complot contre Robespierre.
Thermidor an II (juil. 94) : arrestation de Robespierre votée à la Convention
8, 9, 10 thermidor Robespierre abattu, Révolution française terminée
Fermeture provisoire du club des Jacobins
Exécution de Robespierre
Le mouvement populaire est « décapité »
Les nouveaux dirigeants du pays sont nommés les Thermidoriens en référence à leur succès du 9 thermidor face aux Robespierristes.
Ce sont surtout des bourgeois républicains comprenant particulièrement des élus que la radicalisation de la Révolution a dépassés : d’anciens dantonistes comme Tallien et Fréron, d’anciens Girondins et des Modérés du Marais (centristes durant la Convention montagnarde) comme Cambacérès, Daunou, Sieyès, ou Boissy d’Anglas.
Ils ont bien compris que la radicalisation révolutionnaire avait pris sa source et puisé sa force sa force dans les revendications, aspirations et luttes populaires essentiellement exprimées politiquement par le courant Jacobin.
La première préoccupation des Thermidoriens va donc être de stopper la mobilisation populaire et casser son expression politique.
Les mesures sociales de la Convention sont révoquées.
La salle de réunion nationale des jacobins est fermée dès le 12 novembre 1794. Elle sera détruite six mois plus tard par un décret ordonnant de transformer l’immeuble des jacobins en marché public sous le nom de « marché du 9-Thermidor ».
Une armée de 20 000 hommes désarme les derniers dirigeants jacobins dans les faubourgs.
22 mai 1795 Les martyrs de prairial
Les dirigeants politiques qui essaient de donner des perspectives politiques après l’écrasement des Montagnards sont pourchassés et même exécutés.
Babeuf et les Egaux de 1795 (citations)
26 novembre 1817 Mort d’Antonelle, babouviste, "« le premier communiste provençal »
Gracchus Babeuf, Conjuration des Egaux, socialisme et communisme
La seconde préoccupation des bourgeois thermidoriens va être de minoriser l’aile gauche de l’Assemblée et renforcer leur propre courant républicain économiquement libéral. Ils réintègrent comme députés les survivants des 31 dirigeants girondins proscrits (après les journées des 12 et 14 prairial de l’an I) et des « 73 » députés qui avaient été emprisonnés après avoir protesté contre l’arrestation de ces 31.
Dans le même temps, ils affaiblissent le Comité de Salut public, sa composante montagnarde (par un renouvellement mensuel du quart de ses membres) et ses attributions avant de le supprimer purement et simplement.
Ils mènent une politique économique libérale, symbolisée par le rétablissement de la Bourse (partant de la spéculation financière), la fin du maximum des prix et la révocation des mesures sociales de la Révolution.
Ils se rendent vite compte qu’en affaiblissant les forces de la révolution ils laissent place à un retour en force des partisans de l’Ancien Régime. Or, leur intérêt de classe consiste à sauver les acquis de la Révolution intégrables dans une nation bourgeoise face à la Royauté liée à l’Eglise catholique.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conve...
9 novembre (18 brumaire) 1799 Coup d’Etat de Napoléon Bonaparte
Les dates-clés de l’année 1789 - 5 mai : Séance royale d’ouverture des États généraux - 17 juin : Le Tiers état s’intitule « Assemblée nationale » - 20 juin : Serment du Jeu de Paume - 9 juillet : proclamation de l’Assemblée nationale constituante - 14 juillet : Prise de la Bastille - 4 août : Abolition des privilèges - 26 août : Vote de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen - 11 septembre : Débat à l’Assemblée sur les pouvoirs du Roi - 5-6 octobre : Marche des Parisiens sur Versailles ; le roi et sa famille ramenés à Paris - 2 novembre : Les biens du Clergé sont mis à la disposition de la nation - décembre : Nouvelle organisation territoriale (création des départements et des municipalités)
À l’attention des étudiants : ce bref cours peut être complété, pour ceux qui n’auraient pas de lumières sur la Révolution française, par la lecture du petit livre de Jean-Clément Martin, La Révolution française, Paris, Mémo Histoire n° 12, Seuil, 1996, 64 pages. Les citations marquées * sont extraites de ce petit ouvrage très clair et très pédagogique. Pour l’amateur d’histoire, je signale l’excellent livre de Michel Winock écrit comme un « roman vrai », 1789, l’année sans pareille, Paris, Olivier Orban, 1988.
Sur le plan pédagogique : ce cours s’inscrit dans le programme d’histoire du cycle des approfondissements (Les temps modernes et la Révolution, page 68 des programmes de l’école primaire). Événement emblématique retenu dans ce programme : la prise de la Bastille.
Introduction Il n’est pas question ici de revenir longuement sur les causes de la Révolution (1789-1799) (Cf. cours précédent La société française à la fin de l’Ancien Régime). Rappelons en schématisant que l’on peut distinguer des causes lointaines (le mouvement des « Lumières », l’influence des révolutions anglaise et américaine, la crise de la monarchie absolue, les difficultés économiques et financières) et des causes plus immédiates (l’échec des réformes, la révolte des privilégiés, la crise économique et sociale de 1788-89). C’est pour tenter de résoudre toutes ces difficultés que Louis XVI a été contraint de convoquer les États Généraux pour le 1er mai 1789. Finalement l’ouverture aura lieu le 5 mai à Versailles : c’est le début de la Révolution. En effet, en l’espace de quelques mois, « entre mai et août, tout l’Ancien Régime s’est effondré. En trois mois, l’espace d’une saison, dans l’été le plus extraordinaire de notre histoire, rien n’est resté de ce que les siècles et les rois, avaient constitué » (François Furet). De ce point de vue l’année 1789 peut être considérée comme une rupture capitale marquée, dans un laps de temps très court, par une triple révolution : - institutionnelle et juridique (17 juin 89 = institution de l’Assemblée nationale qui le 7 juillet devient constituante ; Nuit du 4 août 89 = abolition des privilèges et des droits “féodaux” ; 26 août 89 = Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, véritable machine de guerre dressée contre l’Ancien Régime). - parisienne et urbaine ou municipale (14 juillet 89 = prise de la Bastille), - paysanne et rurale (La “Grande Peur” à partir du 20 juillet). L’Assemblée Nationale constituante entreprend de mettre en place un nouveau régime politique qui sera, deux ans plus tard, sanctionné par la promulgation d’une Constitution le 14 septembre 1791. D’octobre à décembre 89, elle entreprend aussi une réorganisation complète du pays selon les nouveaux principes qui ne sera opérationnelle qu’en 1790. Une France nouvelle naît alors.
I La révolution institutionnelle : Des États généraux à l’assemblée nationale (mai-juillet) La fiction d’États généraux voués à la seule consolidation de la monarchie d’Ancien Régime ne dure que le temps de l’ouverture des cérémonies d’ouverture. « Dès les premiers jours, les tensions sont perceptibles entre les députés rangés par ordre. Dès le 5 mai, la désillusion est grande car le roi ne donne pas la possibilité de conduire des réformes. Les tensions vont se cristalliser sur la vérification des pouvoirs des députés, préalable indispensable à tout débat. La question peut sembler secondaire, elle va exacerber les oppositions, puisque se trouve posé le problème de l’unité ou de la diversité des ordres. Faut-il que les députés vérifient ensemble ou par ordre ? Les vœux unitaires du Tiers sont contrariés par le roi et les principaux meneurs des deux autres ordres. Le Tiers s’intitule alors « communes », s’identifiant clairement à la totalité de la nation, ce qui marginalise les autres ordres. À partir du 12 juin, des curés décident de se joindre au Tiers, rompant les divisions institutionnelles. si bien que le 17 juin, le Tiers se proclame Assemblée nationale, dans l’attente de la réunion avec les autres ordres et en acceptant l’autorité du roi (sous la forme du « veto »). Mais aussitôt ils assurent que tous les impôts existants sont illégaux. de fait la France est ainsi dotée d’un système parlementaire. Le roi tente de contrer cette orientation en massant des troupes autour de Versailles et en fermant la salle de réunion du Tiers. Le 20 juin, celui-ci réagit de na pas se séparer avant d’avoir établi une Constitution pour le royaume. Le 23 juin, le roi préside une séance royale, rappelant l’autorité traditionnelle dont il dispose sur ses sujets. Il admet l’essentiel des réformes (dont l’égalité fiscale) mais il maintient la division de la société par ordres et interdit la tenue, sauf exceptions, d’assemblées communes des députés. [...] Le Tiers refuse ces décisions. Le 27 juin, la majorité du clergé décide de se rallier au Tiers, suivi par les nobles. Le 27 juin, le roi invite alors les derniers députés récalcitrants à abandonner leurs positions »*. Le 7 juillet l’Assemblée nationale devient constituante, c’est-à-dire chargée d’élaborer une constitution. Désormais, le pouvoir du roi est maintenant doublé par celui de l’Assemblée.
II La révolution parisienne et municipale (juillet 89) Le roi tente un second coup de force. Il rassemble des troupes autour de Paris et « congédie, le 11 juillet, le ministre Necker, perçu comme libéral, au moment où les tensions sociales sont vives dans Paris, travaillé par des rumeurs et des peurs. Des manifestations se heurtent à des soldats le 12 juillet, débouchant sur des scènes d’insurrection le soir du 13 juillet. Le 14 juillet, une foule parisienne à la recherche d’armes et de poudre s’empare de la Bastille, prison royale à la frontière d’un faubourg populaire et symbole de l’autorité toute-puissante et de l’arbitraire du roi. Le gouverneur, de Launey, est décapité, après une fusillade qui a duré une journée et fait plus d’une centaine de morts. Le roi accepte les conséquences de ce coup de force interprété comme un soutien à l’Assemblée et reçoit, symboliquement, les clés de la ville de Paris des mains de Bailly, premier maire élu. De son côté l’Assemblée accepte la violence et ne proteste pas lorsque l’intendant de Paris st massacré avec son beau-frère »*. La nouvelle de la prise de la Bastille (elle devient un symbole) se répand dans toute la France. L’agitation débouche sur une révolution municipale : dans de nombreuses villes et bourgades, les patriotes s’emparent du pouvoir.
III La révolution dans les campagnes : La Grande Peur (mi-juillet - août 89) Au moment où s’approche le temps de la récolte, les événements parisiens engendrent dans les campagnes une rumeur (la peur des brigands payés par les aristocrates) accompagnée de scènes de panique et de prises d’armes. Ici et là, des châteaux, des abbayes et parfois des demeures bourgeoises ou seigneuriales, sont mis à sac ou brûlés. La révolution des villes a provoqué la révolution des campagnes. Cette panique collective qui touche les trois quarts des campagnes françaises est révélatrice des tensions sociales du monde rural ; elle manifeste une puissante poussée politique paysanne en vue d’imposer un changement de l’ordre social. Cette révolution dans les campagnes inquiète les députés pour qui la loi doit triompher du désordre.
IV La révolution des Droits (août 89) Les troubles dans les campagnes qui menacent les propriétés - nobles ou bourgeoises - poussent les députés à agir vite et dans l’urgence. Dans la nuit du 4 août, les députés suppriment les privilèges, proposent l’égalité fiscale entre les ordres, abolissent avec compensation les droits seigneuriaux. Quelques jours plus tard, des décrets précisent ou rectifient les décisions prises durant cette nuit « magique »* : les doits seigneuriaux sont déclarés rachetables, la dîme est totalement abolie sans compensations. Les Français prennent alors conscience qu’ils entrent dans un nouveau régime politique et social. La notion d’« Ancien Régime » naît, à ce moment-là, de cette prise de conscience. Dans la foulée les députés, qui depuis le début juillet discutent de l’élaboration de la Constitution, décident de promulguer une déclaration des Droits. Au terme de débats à la fois philosophiques et politiques, la Déclaration est votée le 26 août 1789. En 17 articles, elle met en avant plusieurs principes : égalité devant la loi, souveraineté de la nation, séparation des pouvoirs, liberté d’expression et de croyances, respect de la propriété, etc.
V La poursuite du mouvement révolutionnaire (septembre-décembre 1789) La promulgation de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen n’arrête pas la marche de la révolution. Les divisions s’aggravent. le roi et une partie des députés refusent de souscrire aux innovations du mois d’août. Les débats sur la future constitution sont un bon révélateur de ces clivages politiques. Finalement « la majorité des députés élabore les grandes lignes d’une monarchie constitutionnelle, avec une seule chambre de représentants, élus par des électeurs sélectionnés par un cens, laissant au roi la possibilité d’user un veto suspensif »*. C’est donc l’autorité de l’Assemblée qui prime. Le roi, dont les pouvoirs sont réduits, refuse de signer les décrets adoptés depuis le 4 août. Dans ce contexte de crise politique, le peuple de Paris, soumis à la pénurie et à la cherté du pain, se soulève par peur des menées contre-révolutionnaires liées par la reine. On annonce, qu’à Versailles, un banquet de soldats royaux a donné lieu à la profanation de la cocarde tricolore en présence de Marie-Antoinette. Devant l’Hôtel de ville, un cortège se forme. Une foule féminine, plus ou moins manipulée, décide de se rendre à Versailles pour chercher « le boulanger, la boulangère et le petit mitron ». Le 5 octobre, 6000 à 7000 manifestants sont devant le château royal. Le 6 octobre, la foule investit le château, menace directement la reine qui est obligée de se réfugier in extremis dans la chambre du roi, massacre des gardes du corps. Le roi cède à la violence et signe les décrets d’août. Les manifestants ramènent, à Paris, la famille royale qui est installée aux Tuileries. L’Assemblée déménage, à proximité, dans la salle du Manège. Désormais, le pouvoir politique est sous la menace du mouvement révolutionnaire parisien. « La conscience de vivre en révolution marque dorénavant tous les Français et les conduit à se situer politiquement. Des marques distinctives (cocarde tricolore notamment) sont requises pour s’identifier. Les partisans de la révolution commencent à se regrouper à « gauche » du président de la Constituante, leurs opposants à « droite ». Un langage politique symbolique s’instaure »*. Du mois d’octobre au mois de décembre 89, l’Assemblée met sur pied un édifice administratif et politique complètement renouvelé qui deviendra opérationnel l’année suivante, une réorganisation qui se veut avant tout fondatrice de l’unité de la France. Le 10 octobre, Louis XVI devient « roi des Français ». Le 20 octobre est adopté le suffrage censitaire pour les prochaines élections. Les difficultés financières, toujours persistantes, obligent à trouver des solutions. Le 2 novembre, les biens de l’Église sont mis à la disposition de la nation. L’Assemblée décide en décembre de les vendre sous le nom de « biens nationaux ». Elle entreprend aussi de résoudre la difficile question du rachat des droits seigneuriaux. Les modalités de rachat se heurteront à la contestation paysanne (émeutes et troubles en janvier 1790). À la fin du mois de décembre, sont créés de nouveaux cadres administratifs (départements, districts, communes). L’œuvre de cette réorganisation législative est considérable, elle marque la volonté d’instaurer un nouvel ordre politique dans un cadre légal, un état de droit. Mais la Révolution continue...
Jean-Paul CHABROL, tuteur-formateur P.E.1, IUFM site d’Aix. septembre 1998
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