Les cris d’orfraie d’Onfray sur la liberté de la presse n’effraient pas Acrimed

samedi 23 décembre 2017.
 

Michel Onfray critique la presse à la serpe

par Jean Pérès, jeudi 14 décembre 2017

Source : Acrimed

http://www.acrimed.org/Michel-Onfra...

On connaissait Michel Onfray comme philosophe adulé par les médias, ardent et dérisoire défenseur d’un Finkielkraut pseudo-victime d’un crachat nocturne et imaginaire, mais on ne le connaissait pas, ou peu, comme philosophe des médias. Un petit article titré « Propaganda » dans un livre collectif [1] vient, hélas, combler cette lacune.

Selon le "philosophe", « la presse n’est pas libre, ne l’a jamais été, ne le sera jamais. Elle est subjective, idéologique, de parti-pris. Elle défend une ligne qui est le Bien, puis elle attaque tout ce qui n’est pas cette ligne et le transforme en Mal. » Plus loin, il ajoute : « Il existe une presse qui abat les cartes et fait savoir qu’elle est militante » – catégorie qu’il illustre en citant Présent et Rivarol, ou encore L’Humanité et Politis – et une autre presse « qui ajoute la dissimulation au parti-pris » – il s’agit de la presse dominante, libérale et pro-européenne, dont on peut supposer que Le Monde est l’archétype.

Singulière conception de la liberté de la presse. Nous pensions naïvement que cette notion très problématique, qui se subsume entièrement sous celles de liberté d’opinion et d’expression garantissait justement l’expression de toutes les formes de subjectivité, de parti-pris, et d’idéologie – pour peu qu’elles ne portent pas atteinte à d’autres droits fondamentaux. Avec Michel Onfray, c’est l’inverse : la liberté de la presse est entravée par la diversité et la partialité des opinions qui s’y expriment ! Comprenne qui pourra.

On peut ne pas apprécier l’idéologie nauséabonde véhiculée par Présent et Rivarol, ni les idées avancées par L’Humanité et Politis, on peut regretter et critiquer le fait que nombre de titres de la presse dominante dissimulent leur adhésion à l’idéologie libérale sous des prétentions à l’objectivité, et Acrimed ne s’en prive pas, mais cela n’a rien à voir avec la liberté de la presse, qui est le cadre général dans lequel s’expriment, comme tous les autres, ces journaux.

Bref, Michel Onfray écrit n’importe quoi. Sur un sujet qu’il ne connaît visiblement pas, le "philosophe" aurait pu s’avancer avec un peu plus de précautions, plutôt que chercher à frapper les esprits avec des formules aussi creuses que définitives. Mais lui-même se prend-il au sérieux ? On peut en douter. En effet, son mépris affiché pour la presse ne l’empêche pas d’y exprimer, à haute dose, sa « subjectivité » philosophique : de décembre 2007 à décembre 2017, Michel Onfray a signé pas moins de… 150 articles dans divers titres de presse [2].

Notes

[1] « Les médias sont-ils dangereux ? Comprendre les mécanismes de l’information », publication hors série de l’hebdo Le 1, octobre 2017.

[2] Source Europresse. Plusieurs grands titres recensent les articles, chroniques et tribunes signées par le philosophe – comme par tous leurs journalistes et auteurs attitrés... Voir notamment : Michel Onfray - Journaliste du Point ; Michel Onfray - Libération ; Michel Onfray : dernières actualités et vidéos sur Le Figaro.fr ; Michel Onfray - Mes articles sélectionnés par L’Obs - Le Plus.

Commentaire

Michel Onfray confond deux plans celui de la liberté de la presse garantie par la loi du 29 juillet 1881 dont il semble ignorer l’existence et d’autre part la pratique journalistique qui dépend non seulement de la subjectivité des journalistes mais aussi de leur formatage idéologique, de contraintes économiques (pression des annonceurs, précarité de l’emploi, etc.) et de contraintes politiques.

Hervé Debonrivage


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