Comment les néolibéraux concevant les individus comme essentiellement des opérateurs économiques incarnation d’un « capital humain » comme des gestionnaires de leur vie et non comme des citoyens traitent—ils les valeurs fondamentales de la république ?
L’objet de cet article est de montrer comment les néolibéraux se sont attaqués et s’attaquent encore aux valeurs de la république : Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité.
Plusieurs ouvrages ont montré comment le néolibéralisme détruit la démocratie : nous aborderons donc pas ce vaste problème et nous indiquons à ce propos un excellent article de « La vie des idées » intitulées : « le néolibéralisme contre la démocratie » résumant le livre de Wendy Brown, professeur à Berkeley :
« Défaire le dèmos : Le néolibéralisme, une révolution furtive » [« States of Injury : Power and Freedom in Late Modernity »], Éditions Amsterdam On peut lire cet article très intéressant en utilisant le lien suivant : https://laviedesidees.fr/Le-neolibe...
Venons en à notre sujet.
Les politiques néolibérales sur le plan de la politique extérieure et sur le plan de la politique sociale et économique intérieure peuvent provoquer des actes de violence prenant différentes formes : terrorisme, délinquance, manifestations plus ou moins violentes avec instrumentalisation politique des « casseurs ». Cette insécurité quasi chronique permet de justifier le vote de lois liberticides dont les domaines d’application ne sont pas toujours clairs. C’est justement dans les années 1980 où apparaît le néolibéralisme en France que se succèdent jusqu’à nos jours la mise en place de réglementations limitant les libertés publiques.
Le lecteur pourra prendre connaissance de la chronologie de ses règlements en utilisant le lien suivant : http://pythacli.chez-alice.fr/chron... Cette liste est effectivement impressionnante.
Un autre aspect de cette politique liberticide des « libéraux ! » est dorénavant l’incapacité de pouvoir choisir en toute confiance leurs représentants Cela se traduit par une remise en cause par les citoyens de tous les systèmes de représentation démocratique en raison de la perte de crédibilité des élus et d’une partie des médias. Cela provoque une dérive autoritaire du pouvoir politique ; des néolibéraux utilisent alors de plus en plus fréquemment la police et la justice pour réprimer les différents mouvements sociaux. À cela s’ajoute le développement de systèmes de surveillance et de contrôle en tout genre de la population
Un troisième facteur est l’affaiblissement des contre-pouvoirs démocratiques (les syndicats et associations) et de contre-pouvoirs systémiques (affaiblissement du PCF, effondrement du bloc soviétique). La liberté des citoyens et des travailleurs de pouvoir s’opposer efficacement à la politique économique et sociale du pouvoir est alors fortement affaiblie.
Une quatrième cause et la globalisation impliquant l’internationalisation totale des chaînes de valeur interdisant toute liberté de régulation et d’analyse critique efficace. Cela contribue à l’impuissance des syndicats. Cet interdépendance généralisée rend quasi impossible toute liberté d’action économique locale.
Un cinquième facteur et la mise en place d’institutions supranationales remettant frontalement en cause la souveraineté non seulement nationale mais aussi populaire. Les élus n’ont alors quasiment plus de liberté d’action. On pourrait alors parler d’autoritarisme systémique du néolibéralisme.
Un sixième facteur important est la mise en place d’un totalitarisme idéologique par l’appareil médiatique au service de la classe dominante interdisant de penser toute alternative économique et politique au système en place. L’information formatée devient un ensemble de « mots d’ordre » (voir la vidéo de Gilles Deleuze) altérant ainsi la liberté de conscience et d’expression. On constate ainsi que le mot « libéralisme » a perdu de son sens.
Document vidéo : un exposé de Gilles Deleuzes sur les sociétés de contrôle : l’information–communication est un opérateur de la société de contrôle ; la contre information est un acte de résistance ; l’art n’est pas du domaine de la communication et est par nature un acte de résistance.
Voir la vidéo en utilisant le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=4yb...
Autre vidéo sur le même thème : https://www.youtube.com/watch?v=JJk...
Certes les inégalités en France et ailleurs existent depuis longtemps dans des systèmes économiques non capitalistes mais elles se sont encore développées et se développent encore dans les pays capitalistes malgré une production sans précédent de richesses et un progrès technique toujours plus rapide.
Non seulement les ultralibéraux n’ont pas éradiqué les inégalités mais il les ont aggravées.
Un partage toujours plus inégal de la production intérieure brute entre profits et salaires, une fiscalité inégale au profit des riches accompagnés de fraudes fiscales et sociales massives, un patrimoine financier et immobilier toujours plus inégal se reproduisant de génération en génération sont à la source de toutes les inégalités économiques et sociales et d’une détérioration croissante des services publics.
Voici deux documents sur les inégalités :
1) Une vidéo avec quatre intervenants sur les inégalités. Émission de France Culture, « entendez-vous l’éco ? » Sur les inégalités. https://www.bing.com/videos/search?...
2) les campagnes de La France insoumise sur la pauvreté et les inégalités. https://lafranceinsoumise.fr/nos-ca...
Le socle idéologique du libéralisme est la croyance que les individus sont animés par nature du désir de satisfaire leurs intérêts personnels, reprenant l’idée de Hobbes, l’homme est un loup pour l’homme.
Cette idéologie est relayée par un darwinisme « social » où la compétition constituerait l’alpha et l’oméga du dynamisme économique. Cette idéologie s’oppose frontalement à la fois à une conception marxiste une conception chrétienne de l’homme qui est conçu dans chaque cas comme une construction sociale dans un réseau de rapports sociaux diversifiés.
Pour Margaret Thatcher, la société n’existe pas : n’existent que les individus–atomes qui interagissent selon les lois du marché et des calculs personnels.
Difficile dans ces conditions de concevoir la fraternité ou la solidarité comme une valeur essentielle.
Il n’est donc pas étonnant avec une telle idéologie que les règles comptables numérisées règnent en maître au niveau micro-économique comme au macro-économique, les relations humaines étant au mieux traitées par des tableaux sociométriques.
Les politiques néolibérales fragmentent le tissu économique et social en segmentant au niveau planétaire des appareils productifs.
Les organisations syndicales sont de plus en plus difficiles à construire, faire vivre et leur efficacité diminue.
Cette destruction du lien social s’accompagne d’un retour du chacun pour soi et de la peur des autres.
La précarité, le chômage, l’endettement l’instabilité économique et financière des entreprises distillent un climat de peur généralisée instrumentalisée politiquement par les néolibéraux et l’extrêmes droite.
La politique sécuritaire devient alors un fonds de commerce électoral. Et évidemment, l’angoisse et la peur sont peu favorables au développement des solidarités.
Les impôts et les cotisations sociales qui ont été perçues jusque dans les années 1980 comme la marque de la solidarité nationale entre les Français sont maintenant perçus, notamment par les classes moyennes négativement.
En effet, malgré un fort taux de « prélèvement obligatoire », la pauvreté atteint 14,7 % de la population, les services publics se dégradent, de nombreux services publics sont détruits dans les petites agglomérations et villages.
Or on connaît la raison de cette situation très mal ressentie par une majorité de la population : le partage inégal des richesses produites se traduisant notamment par des salaires insuffisants ; les ménages les plus fortunés ne sont pas imposés à la mesure de leurs revenus et de leur patrimoine sans même parler de l’évasion fiscale et des paradis fiscaux.
C’est environ 200 milliards d’euros d’exonérations diverses et d’aides aux entreprises qui manquent chaque année au Trésor public : c’est une somme colossale.
Du coup, la pression fiscale s’exerce plus lourdement sur les classes moyennes et classes moyennes supérieures. Ainsi, les néolibéraux font perdre de leur sens aux mots fraternité et solidarité.
Pire encore, avec leurs médias, ils exacerbent les différences identitaires uniques et religieuses pour diviser la population. Celles-ci sont relayées par l’extrême droite qui instrumentalise l’immigration. L’adage est bien connu : « diviser pour régner. »
Notre catalogue n’est évidemment pas complet puisqu’on pourrait invoquer aussi, entre autres, l’individualisation du contrat de travail au détriment du contrat collectif ; la mise en avant du « mérite », etc.
Document : très bonne étude sociologique sur le lien social en utilisant le lien suivant : http://www.ses-et-cie.fr/ses/spip.p...
On peut considérer que comme l’affirment certains libéraux, que que la laïcité est « un principe fondateur du libéralisme ».
Voir article avec le lien suivant : https://www.rivagedeboheme.fr/pages...
Les libéraux ont joué un rôle indéniable pour la séparation de l’Église catholique et de l’État en France, mais l’attitude des ultralibéraux vis-à-vis de la laïcité est devenue ambiguë.
Pour s’en convaincre, voir l’annexe sont rappelés les prises de position de Sarkozy et Macron vis-à-vis du Vatican.
Ces attitudes ambiguës peuvent s’expliquer pour des motifs électoralistes de récupération de l’électorat catholique dans un contexte où la religion musulmane est devenue la deuxième religion en France.
L’instrumentalisation médiatique des identités religieuses est à la fois l’instrument de diversion de division des travailleurs pour occulter certains problèmes économiques et sociaux.
Rappelons que la France Insoumise dispose d’un livret thématique sur la laïcité et on peut se référer aussi à la rubrique : une république laïque dans l’Avenir en commun https://laec.fr/section/7/une-repub...
Mais nous présentons ici une autre manière de voir permettant de dépasser ou de généraliser la notion de séparation Églises–État, le mot église ne se réduisant pas à l’appareil religieux traditionnel mais prenant un sens plus large de clergés celui-ci étant constitué de membres d’un nouveau genre.
Cet article est issu de la revue The Conversation
Source :The Conversation (Québec) https://theconversation.com/la-cite...
Laïcité, vous dites ? Séparez d’abord l’argent de l’État !
12 avril 2019
Auteur de l’article Omar Aktouf professeur titulaire management, HEC Montréal
[Omar Aktouf ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son poste universitaire.]
Avant de se soucier de séparer le politique du religieux, l’État devrait d’abord s’affranchir de ce nouveau clergé moderne qu’est l’économie néolibérale.
Devant la montée des inégalités, les histoires de niqabs, kippas, de croix ou de tchadors ne sont qu’artéfacts bien secondaires.
En effet, devant tant de bruits entourant le débat sur la laïcité et les « incompatibilités » entre les « valeurs occidentales » et celles véhiculées par certaines religions, dont l’Islam, ainsi que devant la montée de positions communautaristes sinon xénophobes, je voudrais proposer de revenir aux origines du concept même de laïcité.
Ces idées ont, historiquement, plus à voir avec des révoltes contre l’exploitation des peuples, les inégalités et les injustices, que le seul retrait du religieux par rapport au politique.
Laïcité et inégalités : même combat
Depuis des temps immémoriaux, les humains qui désiraient détenir et conserver des pouvoirs et privilèges se sont appuyés sur des complices prétendant détenir des savoirs spéciaux (cosmogonies, théologies, idéologies). Ils étaient chargés de faire accepter aux peuples la légitimité de ce désir. On peut les désigner par le terme clercs (qui a donné clergé), c’est-à-dire « ceux qui savent ».
C’est ainsi que sorciers, chamanes et prêtres se sont alliés d’abord à ceux qui avaient l’usage du plus ancien instrument de pouvoir : les armes (chasseurs, guerriers, noblesses de souche militaire). Ces clercs ont élaboré les savoirs devant servir à légitimer l’accaparement exclusif du pouvoir par un groupe social, en échange de quoi ils obtenaient des privilèges garantis.
Cette collusion clergés-politiques, sans doute née à des époques très reculées, a toujours constitué une farouche défense d’intérêts réciproques, construite sur l’exploitation et la subordination de ceux qui deviendront plèbe, puis sujets des monarchies européennes. Ces derniers constituaient la chair à canon des guerres royales et seigneuriales, mais surtout les sources de fort nombreuses taxes, dîmes, corvées, dons, indulgences au bénéfice des clergés, de l’Église.
Voilà pourquoi, pour ne parler que de l’Occident, le roi français devint de « droit divin », le royaume d’Espagne « très catholique », le souverain anglais « doté de corps immortel », l’Empire romain-germanique, « saint ».
La naissance du clergé de la finance
En échange de cette sacralisation du politique et de ses privilèges, l’Église pouvait exploiter de son côté populaces et paysans, jusqu’aux excès culminant avec l’affaire des indulgences sous le pape Léon X, excès qui ont mené au schisme déclenché par Luther au 16e siècle.
Ce schisme survenu précisément en des temps dits de « Renaissance » (avec ses nouvelles idées plus humanistes, scientifiques et rationnelles) a été un terreau qui enfantera plus ou moins directement ceux qu’on dénommera plus tard libres penseurs et rationalistes : les Rousseau (discours sur l’inégalité), Montesquieu, Voltaire et Diderot.
Il est de première importance de rappeler que leurs idées hérétiques furent d’abord liées à la dénonciation de l’exploitation concertée du peuple par le couple Monarchie-noblesse ET Église. Le tout trouvera un épilogue, notamment, avec la Révolution française de 1789, ouvrant la voie à une nouvelle classe de privilégiés : la bourgeoisie manufacturière, qui, à son tour, aura bientôt son « clergé ».
Il est donc fallacieux de réduire l’idée de laïcité à la seule séparation entre religion et politique. La lutte contre les injustices et inégalités sociales y est aussi importante, sinon prépondérante. Est-ce fortuit si, en toute fin du 19ème et début du 20ème siècle, sont apparus les premiers gourous de l’économie-management moderne, Fayol et Taylor ?
Ils ont été les premiers « clercs » du nouvel ordre bourgeois-manufacturier qui domine aujourd’hui.
Ce nouveau clergé dédié aux intérêts des financiers fabriquera deux grandes idéologies présentées comme sciences : l’économie néoclassique-néolibérale et le management.
Ce clergé a ses gourous (Friedman, Drucker, Simon, Porter), ses messes et ses prédicateurs (animateurs-vedettes et experts des médias). Il a aussi ses fanatiques et ses dogmes (marché autorégulé, libre concurrence, croissance infinie) auxquels il faut croire. Joseph Stiglitz en parle fort bien dans La grande désillusion.
L’État au service des banques
À ces dogmes s’en ajoutent d’autres, comme la légitimité scientifique d’enrichissement illimité des riches, qui sont des surhumains, héros, génies, qui « méritent » tout ce qu’ils désirent.
De leur côté, les grandes écoles de gestion (Harvard, MIT) fournissent les savoirs et les nouveaux clercs dont nos « États » se gavent : ministres, hauts commis, consultants, conseillers, éminences grises. Les milieux néolibéralisme-finance-busines téléguident, sinon édictent lois et décisions étatiques.
De connivence avec les milieux d’affaires, les grandes écoles de gestion comme Harvard fournissent les savoirs et les nouveaux clercs dont nos « États » se gavent. shutterstock . Mais il faut toujours davantage socialiser les coûts et privatiser les profits et les privilèges, comme l’écrit James O’connor, dans The Fiscal Crisis of the State, 1973, pour maintenir la richesse des uns et le pouvoir des autres.
L’ampleur grandissante des inégalités sociales due à cette collusion entre le monde des affaires et l’État est par ailleurs l’inquiétude numéro un de l’ONU, de l’OCDE, du FMI et même du Forum de Davos. Elle résulte des politiques d’enrichissement infini des riches au détriment de la nature, du salariat et des services publics.
Ainsi, la fortune de quelques 26 individus les plus riches équivaut à l’avoir des 50% plus pauvres de la planète. Trois jours de travail des 100 tops PDG du Canada égale le revenu annuel moyenne d’une famille canadienne. Des patrons de fonds spéculatifs gagnent jusqu’à 100 000 dollars de l’heure. Le 1% des plus nantis possèdent l’équivalent du 99% restant. Les espèces animales et végétales disparaissent à des rythmes jamais vus, les climats s’affolent…
La séparation religion-État : une mystification
Quand le milieu de l’économie-gestion s’acoquine aussi étroitement avec celui des décideurs publics, peut-on encore parler de démocratie, de laïcité ? La frustration populaire monte et exige des boucs émissaires. On peut aisément l’abreuver de démagogie, de coupables tout désignés, de diversions de basse politique.
Mais le problème de fond demeure : celui des immenses richesses et biens communs scandaleusement accaparés par des minorités arrogantes, qui réclament en prime d’en être dûment remerciées, du fait du dogme voulant que plus ils s’enrichissent, plus « ruissellent » de leurs fortunes emplois, salaires et croissance pour tous.
Donc plaider pour la laïcité, bien sûr, mais d’abord la vraie, celle qui sépare tout clergé, quel qu’il soit, de l’État. Les histoires de kippas, de croix ou de tchadors sont des artéfacts bien secondaires qui, si vraiment à incriminer, viennent bien après ! Par exemple, qui se soucie de ce qu’à Washington, sous la dynastie Bush, et à Ottawa, sous le gouvernement Harper, il y avait deux religions au cœur même de l’État : l’évangélique et la néolibérale ?
Pendant que presque partout en ce monde dominé par les Institutions financières internationales (IFI) comme la Banque mondiale, le FMI et l’OMC, les dogmes du clergé néolibéral guident ouvertement les idéologies et actions gouvernementales, réduire la question de la démocratie et de la laïcité au seul crédo de la « séparation religion-État » est une mystification. Sinon une insulte à l’Histoire et aux intelligences.
Fin de l’article
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Annexe : discours de présidents néolibéraux sur la laïcité.
1) Discours du néolibéral Sarkozy en décembre 2007 : les racines de la France sont chrétiennes. Source : https://www.laicite-republique.org/...
21 décembre 2007
Allocution du président de la République française dans la salle de la signature du Palais de Latran – jeudi 20 décembre 2007 (extraits).
« [...] Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes.
[...] la laïcité ne saurait être la négation du passé. La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû.
[...] Un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux.
[...] La morale laïque risque toujours de s’épuiser quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini.
[...] J’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire d’une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout.
[...] Je mesure les sacrifices que représente une vie toute entière consacrée au service de Dieu et des autres. Je sais que votre quotidien est ou sera parfois traversé par le découragement, la solitude, le doute. Je sais aussi que la qualité de votre formation, le soutien de vos communautés, la fidélité aux sacrements, la lecture de la Bible et la prière, vous permettent de surmonter ces épreuves.
Sachez que nous avons au moins une chose en commun : c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié, on l’est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu’on n’est pas non plus président de la République à moitié. Je comprends que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible qui venait de l’intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais assis pour me demander si j’allais faire ce que j’ai fait, je l’ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j’ai faits pour réaliser la mienne.
[...] Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. [...] »
Lire le "Discours de Nicolas Sarkozy au Palais du Latran le 20 décembre 2007 (lemonde.fr , 21 déc. 17).
Autres documents : • 071220SarkozyLatran (PDF - 199.9 ko)
Mis en ligne : 21 décembre 2007
Documents Ecole Nicolas Sarkozy Pape Religion : Catholicisme Sarkozy au Latran (déc. 07)
•Sarkozy : "La foi, c’est une tradition culturelle" (24 déc. 15). •Sarkozy à Riyad (14 jan. 08) : Dieu, “rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes” •Sarkozy au Latran (20 déc. 07) : “L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur” •Sarkozy à Mentouri (5 déc. 07) : “Les grandes religions monothéistes sont des religions d’amour”
2) Le néo libéral Macron et l’Église
a) l’ultralibérale Macron au Vatican en juin 2018
Source : Le Parisien. Extrait https://www.leparisien.fr/politique...
au Vatican : une visite à hauts risques
Ne pas y voir une entorse à la laïcité… Alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à recevoir son titre de « chanoine » en la basilique de Saint-Jean-de-Latran, mardi, l’Elysée tente de déminer. « Premier et unique chanoine d’honneur de la Basilique majeure de Saint-Jean-de-Latran ». Voilà donc le titre à rallonge que va recevoir Emmanuel Macron, ce mardi après-midi, quelques heures après son audience privée avec le pape François. Survivance de la royauté qui remonte à Henri IV et aux guerres de religions, remis au goût du jour par René Coty en 1957, ce titre honorifique - et laïc insiste l’Elysée - revient de droit à tous les présidents de République française.
Les refus de Mitterrand, de Hollande et de Pompidou
Mais tous n’ont pas choisi de l’endosser en allant physiquement le chercher au Vatican. Trois présidents ont refusé de se prêter à cette cérémonie : François Mitterrand et François Hollande et avant eux, Georges Pompidou, aux convictions laïques affirmées et dans le contexte troublé d’après 1968, qui n’avait même pas fait le pèlerinage dans la cité de Saint-Pierre.
b) Emmanuel Macron veut réparer le lien « abîmé » entre l’Église et l’État
l’État Source : La Croix. Avril 2018. (extraits) https://www.la-croix.com/Religion/L...
Lors de son discours inédit aux Bernardins, lundi 9 avril, Emmanuel Macron a affirmé vouloir « réparer » le lien entre l’Église et l’État « qui s’est abîmé ».
N’épargnant pas ses prédécesseurs, le chef de l’État a notamment appelé les catholiques à s’engager davantage en politique.
Par Mikael Corre et Bernard Gorce, le 10/04/2018 à 15:08
Discours aux Bernardins : Emmanuel Macron veut réparer le lien « abîmé » entre l’Église et l’État
Le président Emmanuel MACRON invité par la Conférence des Evêques de France (CEF), au collège des Bernardins. Paris Corinne SIMON/CIRIC
« Le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé. » C’est par ce constat que le président Macron a introduit le très long discours à l’adresse du monde catholique prononcé lundi 9 avril au soir au Collège des Bernardins. Une rencontre inédite dans l’histoire de la République. Un discours qui fera date tant le président a insisté sur la rupture qu’il entend amorcer et dont l’enjeu n’est pas de changer la laïcité mais de raccorder le temporel et le spirituel.
Lors de ses vœux aux autorités religieuses, le 4 janvier, Emmanuel Macron avait déjà critiqué une conception de la laïcité qui vise à organiser une sorte de « vide métaphysique » et confinerait les croyances à la sphère privée. « La république ne demande à personne d’oublier sa foi » avait-il dit.
Une réalité sociale contribuant à la recherche du bien commun
S’adressant cette fois-ci de manière spécifique à l’Église catholique, le mea culpa se fait plus précis, revenant sur un chemin semé de « malentendus et de défiance réciproque ». Sans citer les formations politiques de la droite, il critique ces politiques qui ont « surjoué l’attachement aux catholiques, pour des raisons qui n’étaient que trop évidemment électoralistes », faisant ainsi « le lit d’une vision communautariste ». De « l’autre côté », sous-entendu à gauche, « on a trouvé toutes les raisons de ne pas écouter les catholiques, les reléguant par méfiance acquise et par calcul au rang de minorité militante ». Impossible de ne pas penser au discours du Latran de Nicolas Sarkozy, affirmant en 2007 que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé » ou à celui de François Hollande, cinq ans plus tard, au Bourget, plein de défiance sur les religions.
« Je me fais une plus haute idée des catholiques » a affirmé lundi soir le nouvel hôte de l’Élysée. Écartant les polémiques sur les racines chrétiennes – « ce qui compte, c’est la sève » – Emmanuel Macron tente de définir « la part catholique de la France » qui s’exprime par un sens de l’engagement, une vision de l’homme ou une façon de porter « la question intranquille du salut ». Décrivant l’Église comme une réalité sociale contribuant, parmi d’autres, à la recherche du bien commun, Emmanuel Macron souhaite lui reconnaître toute sa place. Fin des extraits
Puis-je contre l’
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