Le Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie (Crédoc) sort un rapport qui fait froid dans le dos : 4 millions de personnes ont basculé dans la pauvreté en 2 ans de crise sanitaire. Un rapport choc qui fait office de désintox à la propagande économique gouvernementale.
D’après le document publié par le ministère des finances qui accompagne le projet de budget pour 2022, le niveau de vie des plus modestes aurait davantage progressé que celui des plus aisés sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Une mauvaise blague qui, selon ce rapport, permettra dès l’an prochain d’augmenter de 4% le niveau de vie des 10% des Français les plus pauvres, contre 2% pour les 10% les plus riches.
Dans la réalité et en valeur absolue, ce rapport est fallacieux et trompeur. Notre article.
À l’horizon 2022, les 10% les plus aisés récupéreront donc 22% des 24 milliards de hausse de pouvoir d’achat liés aux mesures Macron contre 6,5% pour les 10% les plus modestes. Et dans l’ensemble, plus les ménages sont aisés, plus ils récupéreront une part importante du gâteau.
En valeur absolue, ce sont bien les plus aisés qui gagneront plus. Avec un niveau de vie moyen de 8650 euros en 2017, les 10% les plus modestes, profitant d’une hausse de 4%, connaîtront un gain moyen annuel de 346 euros en 2022. A l’autre bout de l’échelle, les 10% les plus aisés, dotés d’un niveau de vie moyen de 58 880 euros, bénéficieront, avec une progression de 2% seulement, d’une hausse de 1178 euros de leur pouvoir d’achat. Soit 3,4 fois plus, en valeur absolue, que les plus modestes.
Selon l’étude du Crédoc à paraître ce jour, « tous les français ne sortent pas indemne de cette crise sanitaire ».
C’est l’une des conclusions que tire le Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie (Crédoc) d’une enquête menée en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 3 202 personnes.
(Depuis 1978, le Credoc, avec le soutien financier de la Fondation Sanofi Espoir et en partenariat avec plusieurs associations, dont Emmaüs Convergence, et des chercheurs, sonde la population 3 fois par an et dresse un état des lieux).
Selon l’étude, 31 % des personnes interrogées se sentent, aujourd’hui, en situation de vulnérabilité, soit 10 points de plus qu’en 2018, où la question avait été posée à l’identique.
Un quart des personnes qui s’estiment vulnérables expliquent que la crise de la covid19 a beaucoup joué dans leur situation. Ramené à l’ensemble de la population, c’est donc 8 % des Français de 15 ans et plus, soit quatre millions de personnes, qui ont basculé dans une situation préoccupante.
Les trois quarts des « nouveaux vulnérables » (ceux qui pointent l’impact négatif de la crise sanitaire sur leur situation) sont confrontés à un cumul de fragilités (logement, emploi, santé, isolement, relégation territoriale).
C’est la fragilisation de leur situation professionnelle qui distingue les « nouveaux vulnérables ».
Le monde de l’entreprise a connu, en effet, de multiples bouleversements : télétravail, réorganisations, fermeture de certaines activités, etc. Les « nouveaux vulnérables » évoquent très clairement des obstacles pour accéder à l’emploi, ou s’y maintenir (42 % des cas) : recherches d’emploi complexifiées, emplois précaires, soucis quant à la pérennité de l’emploi, ou de l’entreprise en question.
Parmi les autres enseignements de cette enquête : 61 % estiment que leur situation financière s’est dégradée à cause de la crise, contre 24 % en générale, et cela en dépit des soutiens de l’Etat, par exemple le chômage partiel ou le chèque énergie. Cela se manifeste par la difficulté à payer les factures d’électricité, d’honorer les loyers, de s’acquitter de leurs impôts ou bien de régler les frais de scolarité.
La facture à la pompe à essence pèse sur le budget des ménages, et en particulier sur celui des plus pauvres. Les dépenses de carburants n’absorbent que 3 % du revenu des 10 % de foyers les plus aisés, mais près de 10 % des ressources des familles les plus modestes qui possèdent un véhicule, montre une autre étude de la Chaire Economie du Climat de l’Université Paris Dauphine (CEC).
En effet, les hausses successives du prix de l’électricité, du gaz et du gasoil contraignent les ménages les plus précaires à réduire leur budget de l’alimentation et des soins.
Sur le plan de la santé, cette population de « nouveaux vulnérables » a été plus souvent que les autres touchée par le virus (13 % contre 7% et a dû, pour raisons financières, différer des soins ou y renoncer (46 %), deux fois plus que les autres. Ce qui frappe, c’est la vision désormais sombre de la vie qu’ont ces personnes fragilisées par la crise, l’impression qu’ils confient de se trouver dans une impasse, non seulement sans perspective d’amélioration mais dans la crainte d’une détérioration à venir. Ils ne sont ainsi que 32 % à se considérer comme heureux.
Outre ces situations les plus graves, la Fondation Abbé Pierre évalue à 12,1 millions de personnes fragilisées par rapport au logement (personnes en situation d’effort financier excessif, surpeuplement modéré, propriétaires occupant un logement dans un copropriété en difficulté, etc.).
Au total, selon le dernier rapport publié en Mars 2021, la fondation Abbé Pierre évalue que « près de 15 millions de personnes (14,6 millions) sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement ».
Dans un contexte de crise du logement déjà grave et bien ancrée, les épisodes de confinement et de couvre-feu ont reflété les inégalités de logement et remis au centre de nos vies l’importance cruciale de disposer d’un chez-soi décent. Ce rapport montre à quel point le chemin qui reste à parcourir pour mettre les plus fragiles au cœur de l’action publique est long et sinueux. Il appelle à un changement de braquet sur les questions sociales et écologiques, mais aussi à un sursaut collectif pour faire de la fraternité une des valeurs cardinales de notre société.
La préoccupation perpétuelle de La France insoumise est l’amélioration des conditions de vie et l’émancipation de toutes et tous. La Revalorisation immédiate du Smic à hauteur de 1400 euros, la revalorisation des retraites, la protection des travailleurs et travailleuses, la construction de logements et l’instauration d’une garantie universelle des loyers, et la re-nationalisation pour faire revivre des services publics sont autant de changements nécessaires et urgents pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion à la racine.
Et parce qu’elles ne sont pas qu’une menace, mais déjà une urgente réalité, pour ces millions de pauvres, nous mettrons en œuvre ces actions ciblées pour éradiquer la pauvreté et l’exclusion.
Par la « garantie dignité » nous ferons en sorte que plus personne ne vive dans la pauvreté.
Par Sonia Naffati.
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