Les ventes de super yachts, de jets privés, de voitures de grand luxe ont explosé pendant la crise Covid en 2020 et 2021.

samedi 29 janvier 2022.
 

La bourse et la vie.

La crise sociale et sanitaire n’est pas une crise pour tout le monde : les très riches sont devenus encore plus riches, le nombre de millionnaires et de milliardaires a considérablement augmenté.

Les marchés des produits de grand luxe dans tous les domaines ont explosé en 2020 et 2021.

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Jets privés, superyachts et méga pollutions : les ultra-riches dépensent des fortunes pour faire sécession

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Source : Basta. 18/01/2022. Par Jérôme Duval .

https://basta.media/milliardaires-m...

Depuis le début de la pandémie, les premières fortunes de France ont doublé leur richesse. Alors que 10 % de la population a besoin d’aide alimentaire, les carnets de commandes de superyachts se remplissent, les vols en jets privés se multiplient.

Depuis le début de la pandémie, la fortune des milliardaires de la planète a davantage augmenté qu’au cours des dix dernières années ! Les 43 plus grandes fortunes françaises ont accumulé 236 milliards d’euros supplémentaires : soit plus de 12 milliards par mois... Les cinq Français les plus riches – Bernard Arnault (LVMH), Françoise-Meyers Bettencourt (L’Oréal), François Pinault (Kering), les frères Alain et Gérard Wertheimer (Chanel) – ont même doublé leur patrimoine, a calculé l’organisation Oxfam. Cet accaparement mondial, rapide et considérable, de richesses est dû notamment à « la montée en flèche des cours des actions », à « la montée en puissance des monopoles et des privatisations », à la baisse des taux d’imposition pour les ultra-riches, et à « la réduction des droits et des salaires des travailleurs et des travailleuses », explique Oxfam dans son rapport publié ce 16 janvier, intitulé « Dans le monde d’après, les riches font sécession ». En parallèle, sept millions de personnes, soit une sur dix, dépendent, en France, de l’aide alimentaire pour vivre. Et ce n’est qu’une goutte dans l’océan des inégalités mondiales.

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La Banque mondiale estime à près de 100 millions le nombre de personnes supplémentaires ayant basculé sous le seuil d’extrême pauvreté en 2020, en raison de la pandémie [1]. Au même moment, un nouveau milliardaire apparaissait toutes les 17 heures en moyenne ! Le magazine Forbes qui dresse la liste des milliardaires du monde entier, en a ajouté 493 en 2021, pour atteindre le chiffre sans précédent de 2755 ultra-fortunés.

Réunies au sein de ce club d’élite, les dix personnes les plus riches du monde viennent, selon l’indice Bloomberg Billionaires, d’ajouter 402 milliards de dollars supplémentaires à leur patrimoine au cours de l’année passée. En pleine pandémie, la fortune d’Elon Musk, a ainsi progressé de plus de 1600 % en deux ans, pour s’établir à 277 milliards de dollars. En France, celle de la famille de Bernard Arnault, patron du numéro un mondial du luxe LVMH, a bondi de 61 milliards en 2021, pour atteindre 176 milliards de dollars. C’est l’équivalent, d’après le rapport de l’Observatoire des inégalités, de la valeur de l’ensemble des logements de Toulouse (470 000 habitants).

Signe extérieur d’explosion des inégalités : les ventes de superyachts en hausse

Les moyens que les ultra-riches consacrent à leur « sécession » sont de plus en plus considérables : les dépenses en superyachts et en jets privés explosent. Le prix des superyachts, ces navires supérieurs à 30 mètres de long, peut s’envoler jusqu’à plus de 600 millions de dollars pièce. Qu’importe : leur multiplication est époustouflante. On en comptait à peine un millier en activité il y a 30 ans. Leur nombre a été multiplié par cinq : 5325 étaient comptabilisés début août 2021 (contre 966 en 1988) [2]. La tendance ne semble pas avoir souffert de la crise sanitaire. Selon le site spécialisé Superyacht Group cité par Reuters, leurs ventes ont progressé de plus de 8 % au cours des neuf premiers mois de 2021 par rapport à la même période de 2019, avant la pandémie.

Comme après la crise financière de 2008, les carnets de commandes des constructeurs débordent. D’après le rapport 2022 Global Order Book, 1024 projets sont en construction ou en commande pour 2022, en augmentation d’un quart par rapport aux 821 de l’année dernière. « Malgré quelques hésitations initiales en 2020 lorsque le Covid-19 a frappé, l’industrie des superyachts a largement surmonté la pandémie pour enregistrer une troisième année de croissance constante du carnet de commandes », précisent les auteurs. Mis bout à bout, ce sont pas moins de 40 kilomètres de navires de luxe qui seront construits, lancés et livrés d’ici 2026 !

Selon le sociologue Grégory Salle, auteur de l’ouvrage Superyachts. Luxe, calme et écocide, « Cet essor exprime de façon frappante, pour ne pas dire brutale, non seulement l’ampleur vertigineuse des inégalités, mais le fait que leurs différentes manifestations (sur le plan sanitaire, environnemental, géographique, etc.) forment un système. Un système qui n’a rien d’accidentel et ne fait que refléter l’état actuel du capitalisme. »

Le marché des jets privés s’envole.

51 avions d’affaires commandés à Dassault en 2021

Cette ségrégation sociale s’observe aussi dans le ciel. Si, pour cause de pandémie, les compagnies aériennes multiplient les annulations de vols – dont 8000 à l’occasion du seul week-end de Noël dernier – et suppriment des postes par milliers (8000 emplois supprimés depuis le début de la crise pour Air France-KLM), les voyages d’affaires en jets privés décollent. Au début de la pandémie, la plupart des aéroports avaient fermé leurs portes aux vols commerciaux traditionnels et low cost, mais leurs pistes étaient restées ouvertes aux vols privés (ainsi qu’aux évacuations sanitaires, au transport de matériel médical, au rapatriement de concitoyens bloqués à l’étranger).

Les avions de luxe ont rapidement retrouvé leur clientèle dès le printemps 2020, « opérant un quart de leurs vols habituels au 15 avril [2020], en plein confinement, puis la moitié au 15 mai, alors que les restrictions de déplacement n’ont été levées que deux semaines plus tard », observait un article du Monde. Au niveau mondial, les vols en jets privés ont effacé les pertes enregistrées au début de la crise sanitaire. Selon le Global Market Tracker du site spécialisé Wingx, 3,3 millions de vols ont été effectué par les jets d’affaires dans le monde entier en 2021. C’est le plus grand nombre jamais enregistré pour une seule année et 7 % de plus que le précédent point culminant, en 2019.

De même que pour les superyachts, les commandes de jets privés affluent. L’association des constructeurs de l’aviation, General Aviation Manufacturers Association (GAMA), précise : « Jusqu’au troisième trimestre 2021, par rapport à la même période en 2020, les livraisons de jets d’affaires ont augmenté de 15,9 %, avec 438 unités. » De quoi satisfaire le français Dassault Aviation qui enregistre les commandes de 51 avions d’affaire Falcon en 2021, contre 15 en 2020. **

Lire la suite de l’article sur Basta en utilisant le lien précédent.

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BENTLEY, PORSCHE, ROLLS-ROYCE... LES MARQUES DE LUXE N’ONT JAMAIS VENDU AUTANT DE VOITURES QU’EN 2021

Source : BFMTV. https://www.bfmtv.com/auto/bentley-...

En 2021, les deux marques britanniques ont enregistré des records de vente. D’excellents résultats enregistrés paradoxalement grâce au Covid, comme dans le reste du secteur du luxe, explique le patron de Rolls-Royce. Comme le reste du secteur, les marques de grand luxe automobiles voient leurs ventes exploser malgré le Covid-19. En 117 ans d’histoire, Rolls-Royce n’avait jamais vendu autant de voitures que l’an dernier.

Le constructeur britannique, propriété du groupe BMW, a ainsi livré 5586 véhicules en 2021, soit une hausse de 50% par rapport à 2020. Ce sont surtout 460 voitures de plus qu’en 2019, soit la dernière année avant la pandémie. Et à près de 300.000 euros minimum l’unité, chaque véhicule fait la différence.

Le Covid ? "Cela a aidé" Chez le frère ennemi Bentley, l’heure est aussi à la fête. La marque a également enregistré des ventes record l’année dernière, les meilleures de son histoire. Bentley a écoulé 14.659 véhicules soit une hausse de 31% par rapport à 2020 (11.206 voitures alors commercialisées, son précédent record historique). C’est aussi bien mieux qu’en 2019, où la marque n’avait commercialisé "que" 11.006 véhicules. Et avec des prix (français) à partir de 180.000 euros environ chez Bentley pour le SUV Bentayga (40% des ventes annuelles), la facture finale s’annonce donc intéressante pour les deux marques. Sans compter la personnalisation poussée à l’extrême chez les deux constructeurs qui peut encore faire monter la facture.

Car les acheteurs fortunés n’ont pas hésité à ouvrir largement leur portefeuille l’an dernier.

"Beaucoup de clients ont vu des gens dans leur communauté mourir du Covid et cela leur a fait penser que la vie peut être courte et que vous feriez mieux de vivre maintenant plutôt que de reporter à une date ultérieure. Cela a aidé Rolls-Royce", expliqué dans The Guardian Thorsten Müller-Ötvös, le directeur général de la marque. "C’est en grande partie grâce au Covid que l’ensemble du secteur du luxe est en plein essor dans le monde, a-t-il poursuivi. Les gens ne pouvaient pas beaucoup voyager, ils ne pouvaient pas investir beaucoup dans les services de luxe… et il y a beaucoup d’argent accumulé qui est dépensé en produits de luxe".

Le SUV Cullinan, un tiers des ventes l’an dernier pour Rolls-Royce, affiche ainsi des prix catalogue à près de... 400.000 euros pour la version exclusive Black Badge.

Enfin Aston Martin, autre marque anglaise de renom, a enregistré également une forte progression de ses ventes, avec 4.250 véhicules écoulés sur les neuf premiers mois de 2021 (+173% par rapport à la même période de 2020) selon ses derniers résultats trimestriels.

S’ils n’ont pas encore dévoilé leurs résultats commerciaux sur l’ensemble de l’année 2021, les Italiens de Ferrari devraient suivre la même trajectoire. Selon leurs derniers résultats trimestriels, Ferrari a enregistré sur les neuf premiers mois de l’année 8206 ventes, soit 27% de plus qu’en 2020.

C’est deux fois plus que Lamborghini sur l’année 2021. Mais la marque italienne au taureau, qui a dévoilé ses résultats ce mercredi matin, a aussi enregistré une année record. "La meilleure jamais enregistrée sur un plan commercial", écrit son propriétaire, le Groupe Volkswagen, dans un communiqué. Lamborghini a livré 8.405 voitures l’an dernier, dont une large majorité sont des SUV, le modèle Urus.

Financer la transition énergétique De quoi financer la transition vers l’électrique de toutes ces marques. "Nous aurons notre première voiture entièrement électrique en 2025", souligne ainsi Benedetto Vigna, le nouveau PDG de Ferrari qui vise "l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2030".

De son côté, Rolls-Royce lancera à la fin de l’année prochaine son premier véhicule électrique, Spectre. Chez Lamborghini, l’électrification fait aussi petit à petit son chemin. "En 2022, nous ferons tout pour consolider nos résultats et préparer l’arrivée de notre future gamme hybride à partir de 2023", a déclaré le PDG de Lamborghini, l’Allemand Stephan Winkelmann, cité dans le communiqué.

La prestigieuse marque avait présenté en mai "sa feuille de route vers l’électrification" de ses modèles, un plan ambitieux qui implique un investissement de plus de 1,5 milliard d’euros sur quatre ans. En 2023, Lamborghini lancera son premier modèle de série hybride, et "d’ici fin 2024, l’ensemble de la gamme sera électrifiée", a confirmé mercredi le constructeur. La première Lamborghini entièrement électrique est prévue pour la "seconde moitié de la décennie".

Plus de 300.000 Porsche écoulées en 2021 Record également du côté de la marque allemande Porsche. Le constructeur a annoncé ce mercredi avoir passé la barre des 300.000 voitures vendues en 2021 (301.915 précisément). En 2019, Porsche n’avait écoulé que 280.800 voitures. Comme tout le secteur du luxe, le constructeur a été porté par l’abondance de liquidités des consommateurs les plus aisés et un certain recentrage de leurs achats sur des produits plaisir. Dans le détail, et sans surprise, ce sont les SUV qui ont tiré les ventes, Macan en tête (88.362 véhicules), devant le Cayenne (83.071 unités), soit 56% des ventes totales de Porsche. A noter la très belle percée de la sportive électrique Taycan, qui a doublé ses ventes par rapport à 2020, avec 41.296 voitures vendues. Enfin l’iconique 911 a elle aussi réalisé une belle année, même si ses ventes restent en-dessous de Taycan, avec 38.464 coupés et cabriolets livrés. Ici aussi un record.

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HD


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