Le spectre de l’Extrême Droite qui ensorcelle les esprits désespérés lorgne la direction de la France en ruines. 2ème partie

dimanche 31 mars 2024.
 

Suite à l’article précédent :

Le spectre de l’Extrême Droite qui ensorcelle les esprits désespérés lorgne la direction de la France en ruines. 1ère partie.

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Voici la seconde partie : Le spectre de l’Extrême Droite qui ensorcelle les esprits désespérés lorgne la direction de la France en ruines.

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Nous examinons dans cette étude les fondements idéologiques de l’action politique de l’extrême droite en France dans son environnement socio-économique.

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II – La superstructure idéologique et politique de la France entre 1970 et 2023.

Nous allons maintenant aborder plus en détail la superstructure idéologique.

L’évolution des rapports de production vers un capitalisme de plus en plus financiarisé et mondialisé et d’autre part, en même temps, l’évolution des forces productives encadrées par une logique économique néolibérale se sont appuyés sur deux forces politiques plus complémentaires que contradictoires : la droite et la gauche réformiste incarnée par le parti socialiste en France.

1 – l’hégémonie idéologique et politique du parti socialiste puis sa faillite.

Il n’est pas inutile de se rafraîchir la mémoire en invoquant les personnalités socialistes suivantes :

Jacques Delors Président de la Commission européenne 6 janvier 1985 - 24 janvier 1995

Dominique Strauss-Kahn Président du Fonds monétaire international 28 septembre 2007 - 14 mai 2011

Pascal Lamy Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce 1er septembre 2005 - 31 août 2013

ces personnalités ont donc joué un rôle majeur dans la construction du néolibéralisme au niveau international.

On peut se poser la question : pourquoi la bourgeoisie internationale a donné sa préférence à des sociaux-démocrates pour diriger ses instances internationales ?

Probablement pour accompagner la mondialisation des échanges centraux de violence sociale mais aussi parce que les sociaux-démocrates français ont une vision de la gouvernance mondiale. Pour plus de détails voir l’article sur le site : LA GOUVERNANCE DANS UNE SOCIETE GLOBALE - L’APPROCHE SOCIALE-DEMOCRATE (texte du 22ème congrès de l’Internationale socialiste, octobre 2003)

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Il est nécessaire de mentionner l’année 1986 qui est une année charnière dans la libéralisation des échanges économiques et financiers.

Voir l’article sur le site :

7 et 28 février 1986 : Signature de l’Acte unique européen

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Rappelons aussi que les socialistes ont joué un rôle important pour les événements suivants :

Traité de Maastricht : Signé le 7 février 1992 à Maastricht (Pays-Bas) Entré en vigueur le 1er novembre 1993

Traité de Lisbonne :

Signé le 13 décembre 2007 à Lisbonne (Portugal) Entré en vigueur le 1er décembre 2009

Le traité de Maastricht a marqué une étape importante dans l’intégration européenne en créant l’Union européenne, qui a remplacé la Communauté économique européenne (CEE). Il a également introduit l’euro, la monnaie unique européenne.

Rappelons aussi que le traité constitutionnel européen signé le 29 octobre 2004 n’a pas été ratifié par référendum en France le 29 mai 2005 puisque le non la emporté avec 55,3 % des voix. Le taux de participation avait été de plus de 69 %.

À l’occasion de ce référendum le parti socialiste a milité fortement pour le oui. Mélenchon qui avait voté pour le traité de Maastricht a milité cette fois-ci pour le non.

Le vote du traité de Lisbonne par l’Assemblée nationale est considéré par une bonne partie de l’électorat français comme une trahison et une remise en cause gravissime de la démocratie

Un certain nombre d’élus du PS ou écologistes semblent ignorer ou font semblant d’ignorer que l’un des pères fondateurs du néolibéralisme l’économiste philosophe Hayek était partisan d’une Europe fédérale avec des compétences régionales importantes.

Il a développé ces thèses dans un ouvrage intitulé La constitution de la liberté. Il ne faut pas oublier non plus que durant les deux législatures de François Mitterrand de 1981 à 2002, les inégalités de revenus ont augmenté de 17 à 18 % et les inégalités de patrimoine ont augmenté de 25 %. Voir les détails en annexe.

Les privatisations de 1980 – 1982 ont été progressivement annulées. le secteur bancaire nationalisé au début de la législature de François Mitterrand avait pu s’informatiser et se moderniser aux frais de l’État. Lionel Jospin bat le record des privatisations pour un montant de 31 milliards d’euros entre 1997 et 2002. Pour ne citer que 2 entreprises importantes : France Telecom, Air France.

Le gouvernement de l’époque constitué de 26 ministres dont 18 socialistes comprenaient aussi trois communistes. Figurer dans ce gouvernement dit de « la Gauche plurielle »

Les élections présidentielles de 2002 permettent à Jean-Marie Le Pen d’arriver au second tour il réalisa un score de 17,8 % Il peut être bon de rappeler que le taux de chômage en 1980 était de 5,1 %, en 1990 de 9,9 %, et en 2000 de 9,5 %. Comme vu dans la première partie, la gauche, pas plus que la droite, n’est parvenue à améliorer notablement le pouvoir d’achat et la stabilité de l’emploi.

Ce coup de semonce provoqua le retrait de Lionel Jospin de la scène politique puis après le référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005 une scission au parti socialiste qui donna naissance au parti de gauche en 2008 notamment par Jean-Luc Mélenchon.

Je ne parlerai pas ici du bilan catastrophique de François Hollande dont chacun connaît ici les conséquences sur le plan social et politique.

On a tendance à considérer que c’est la droite qui incarne le plus le libéralisme économique : ce n’est pas évident. Le sixième plan mis en place par le gouvernement de Georges Pompidou entre 1969 et 1974 qui était dans la continuité d’une économie keynésienne a été progressivement abandonné par Giscard d’Estaing entre 1974 1980 puis a été complètement enterré avec la mise en place du néolibéralisme par les socialistes au niveau national et international.

Certes la dialectique matérialiste nous invite à analyser la politique du PS avec ses aspects contradictoires négatifs et positifs. L’abolition de la peine de mort, les lois sur la durée du travail hebdomadaire de 39 heures puis 35 heures, le vote pour la retraite possible à l’âge de 60 ans sont des avancées sociales indiscutablement positives.

C’est la critique que l’on pourrait faire à Jean-Pierre Garnier dans son bon documentaire sur La deuxième droite (le PS).

https://vimeo.com/64979934

Ce documentaire donne des éléments intéressants pour comprendre comment une partie des intellectuels s’est ralliée au PS durant la décennie succédant aux événements de mai 1968.

Il montre aussi comment les politiques économiques de droite du PS ont contribué au développement de l’extrême droite.

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2 – le déclin du PCF et la chute de l’URSS

Entre 1969 et 2022 le score électoral aux élections présidentielles du PCF est divisé par 10 passant de 23 % à 2,3 %.

Voir en annexe (tableau 9) tous les scores aux élections présidentielles entre 1969 et 2022.

Il y a évidemment plusieurs causes à ce phénomène que nous avons déjà analysé dans d’autres articles sur ce site mais on peut en retenir une modification des composantes de la population active notamment avec la baisse du nombre d’ouvriers, l’effondrement de l’URSS qui porte un coup fatal au rêve communiste, l’échec de la « coalition socialo – communiste » (je reprends ici volontairement la terminologie de l’extrême droite) à résoudre les problèmes économiques et sociaux qui frappent les classes populaires mais aussi les classes moyennes.

L’alliance électorale inconditionnelle du PCF au PS au niveau local, régional et national par opportunisme électoraliste a pour effet que le PS entraîne le PCF dans sa chute.

De nombreux électeurs de gauche et notamment ceux des classes populaires finissent par perdre espoir et se réfugient dans l’abstention ou dans le vote d’extrême droite non seulement par une colère contre les « élites » mais par dépit à l’égard de la gauche.

Un analyste objectif doit être capable de se mettre à la place de ces électeurs, dans leur univers perceptif de la situation pour comprendre leur fonctionnement mental.

Stigmatiser ces gens comme « réactionnaires » sans la moindre analyse historique relève non seulement de la paresse intellectuelle mais aussi de l’arrogance du mépris de classe.

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3 – l’ascension du FN – RN

je ne reprendrai pas ici l’histoire FN – RN fondée en octobre 1972 : ceci a déjà été fait plusieurs fois sur ce site. On peut aussi se référer à un article assez synthétique de La Croix sur 50 ans d’histoire du FN – RN :

https://www.la-croix.com/France/RN-...

On peut se reporter à l’annexe au tableau 10 pour avoir un historique du nombre de voix obtenues par le FN – RN aux élections présidentielles entre 1974 et 2022.

Retenons quelques résultats intéressants : aux élections présidentielles de 2002 Jean-Marie Le Pen obtenait 16,86 % au premier tour et 17,79 % au second tour.

Sa fille, Marine Le Pen, 20 ans plus tard, en 2022 obtenait : 23,15 % au premier tour et 41,45 % au second tour.

La réunion des décombres de l’électorat de droite et de gauche autour de Macron n’a pas stoppé l’ascension du FN – RN. Il est désormais clair que ce parti est aux portes du pouvoir. Il faut néanmoins pondérer ses résultats car aux élections législatives le FN et RN n’obtient qu’entre 13 et 18 pour cent des suffrages exprimés.

Les motivations des votes pour le RN.

Un sondage réalisé par l’Ifop en 2023 a montré que les principales raisons pour lesquelles les électeurs du RN votent pour ce parti sont les suivantes, dans l’ordre décroissant :

Le rejet des autres partis politiques (43 %)

La défiance par rapport aux institutions supranationales (35 %)

Les questions d’ordre (34 %)

L’identité nationale (33 %)

Les problèmes sociétaux (29 %)

Un autre sondage réalisé par l’institut CSA en 2022 a donné des résultats similaires, avec les mêmes quatre premières raisons, dans le même ordre. Ces résultats sont cohérents avec les résultats d’études sociologiques plus approfondies. Par exemple, une étude réalisée par l’Université de Sciences Po Paris en 2021 a montré que les électeurs du RN sont plus susceptibles que les électeurs des autres partis de se sentir exclus de la société, de ne pas se sentir représentés par les élites politiques, et de se méfier des étrangers.

Comme le souligne une enquête de la sociologue Christelle Marchand sur l’électorat FN – RN dans le département du Vaucluse, il faut se méfier des idées reçues. La plupart des électeurs du RN ne connaissent pas son programme et n’ont donc pas d’idées très construites sur le plan idéologique, ce sont plutôt les classes moyennes que les ouvriers qui se réfugient dans l’abstention qui vote pour le RN ; le brouillage des repères idéologiques droite/gauche favorise le FN – RN qui se prétend dépasser ce clivage.

Voir l’article :

https://www.nouvelobs.com/president...

On peut se reporter aussi à mon article écrit en 2021 :

Les raisons du vote FN–RN : un état des lieux à la lumière de la sociologie contemporaine.

https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Nous avons vu dans la première partie de cette étude les bases économiques objectives favorisant le développement du FN – RN.

Il faut ajouter à cela la perte de sens, la non reconnaissance, le mépris des instances de commandement et de la classe dominante.

Sur cette question, on peut se référer à notre article dossier :

Le travail en souffrances et en perte de sens aujourd’hui. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

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4 – analyse critique des thèmes idéologiques engendrés ou véhiculés par l’extrême droite.

La sécurité

LeFN – RN place la question de la sécurité des personnes et des biens au cœur de leur programme, en mettant principalement en avant la problématique de la délinquance, du terrorisme, et des moyens jugés insuffisants mis en œuvre par les gouvernements pour y faire face. Cette thématique résonne d’autant plus fort au sein de la population qu’elle est relayée par la presse locale, régionale, nationale, les grands médias audiovisuels, ainsi que les réseaux sociaux.

Cet enjeu s’inscrit en résonance avec un sentiment général d’insécurité, lui-même alimenté par la précarité généralisée des emplois et l’instabilité systémique du système capitaliste. Il est important de noter que le Rassemblement National (RN) ne semble pas aborder les causes profondes de cette délinquance, telles que la pauvreté, le chômage, et les lacunes du service public en ce qui concerne la prise en charge des jeunes dans les domaines éducatif, culturel, et sportif.

Il convient également de souligner que, contrairement à La France Insoumise (LFI), le RN ne préconise pas la mise en place d’une police de proximité ni le renforcement des effectifs humains dans le domaine du renseignement pour lutter contre le terrorisme, le trafic de drogue, et le commerce d’armes.

La gauche ne doit pas nier, comme elle le fait parfois, la carence éducative des parents. Certes, cette réalité existe, mais nous devons nous interroger sur les causes de cette carence au niveau de certaines familles : temps de travail et de transport trop long et épuisant pour avoir le temps de s’occuper correctement des enfants, absence de moyens financiers pour permettre aux enfants d’avoir des activités extrascolaires, conditions de logement insupportables, etc.

Rappelons que La France Insoumise dispose d’un livret thématique très documenté sur la question de la sécurité salle https://melenchon2022.fr/livrets-th... ce livret a fait l’objet d’une présentation détaillée sur YouTube avec la participation de Pierre Joxe.

https://www.youtube.com/watch?v=usu...

Un contre-argument consiste à souligner également que le FN – RN est très discret sur l’insécurité sociale, c’est-à-dire sur l’instabilité des emplois, l’insuffisance des contrôles de l’inspection du travail pour assurer la sécurité des travailleurs dans leur emploi et diminuer ainsi le nombre d’accidents du travail ou de maladies professionnelles. Les raisons psycho-sociologiques de cette thématique activée par le FN et RN visent à se présenter comme le Grand Protecteur, le Sauveur de la population dans un monde menaçant à chaque coin de rue ou de banc de train. Cette thématique est largement utilisée par les partis de droite lors des élections municipales, régionales et nationales.

Cela explique l’explosion de la vidéosurveillance dans les villes et la prolifération des lois sécuritaires et antiterroristes depuis 40 ans, sans qu’aucun bilan sérieux ne soit jamais réalisé pour en mesurer la réelle efficacité. Ainsi, le FN et RN ont voté en faveur de toutes les lois liberticides malgré les recommandations des associations pour la défense des droits et libertés ainsi que des syndicats de magistrats.

Un exemple emblématique du recours au prétexte de la « sécurité » est la promulgation de la loi dite « anti-casseurs » du 12 avril 2019, qui avait été modifiée par le Conseil constitutionnel le 4 avril 2019 par la suppression de l’article 3, dont l’atteinte aux libertés de manifester était exorbitante.

Évidemment, comme la droite, l’extrême droite soutenait ce texte liberticide pour le droit de manifester. Ainsi, lorsque le RN se proclame à l’avant-garde de la défense des libertés, notamment de la liberté d’expression, on peut rappeler que pour lui, la première liberté, c’est la sécurité même si celle-ci étouffe toutes les libertés publiques !

Mais l’extrême droite est-elle, dans sa pratique, garantes de la sécurité ? Non, au contraire elle peut propager l’insécurité et le désordre. Voici un exemple d’un article, parmi d’autres, qui le montre.

Face à l’extrême droite, des maires en première ligne gagnés par l’inquiétude Source : Mediapart. 12/02/24

https://www.mediapart.fr/journal/po...

on peut s’interroger sur la grande discrétion des médias dominants pour rendre largement visible ce type de pratique d’une fraction de l’extrême droite.

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L’ordre

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L’extrême droite, notamment incarnée par le Rassemblement National, défend l’idéologie de l’ordre à différents niveaux.

L’ordre naturel repose sur une conception statique du monde, considérant que le changement est une source de dangers. Selon cette perspective, l’inégalité semble être ancrée dans la nature, avec des êtres vivants faibles et forts, fragiles et résistants, etc. La terre et le territoire, délimités par des frontières et des administrations locales, constituent le socle de cet ordre.

Sur le plan de l’ordre social, cette vision transposée à la société engendre une perspective conservatrice des structures sociales, rejetant les révolutions à moins qu’elles ne soient conservatrices. Selon cette idéologie, une société doit être inégalitaire pour permettre aux forts d’affirmer leur puissance et leur commandement, tout en assurant la protection des faibles par un chef ou par Dieu. Dans cet espace mental, la lutte des classes est dénuée de sens, et le culte de la force et de la virilité trouve sa place.

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 stipule dans son premier article : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. ». Cette disposition est en contradiction totale avec la conception inégalitaire de la société par l’extrême droite qui affiche, par exemple, la notion de « préférence nationale ».

L’ordre hiérarchique exige un ordre social principalement vertical, tout en n’excluant pas, dans certains cas, un ordre anarcho-bureaucratique. Ce conservatisme social s’enracine naturellement dans la famille traditionnelle, de type patriarcal et autoritaire, où l’autorité devient une valeur cardinale. Cette valeur peut également être partagée dans une partie de la gauche qui n’en fait pas pour autant une panacée.

L’extrême droite critique régulièrement le manque d’autorité à l’école, le laxisme des juges, et privilégie les approches punitives plutôt que préventives.

L’ordre sociétal découle du traditionalisme, se manifestant par une opposition au mariage homosexuel, une dénonciation obsessionnelle du "LGPTisme" occidental, une opposition totale ou partielle au droit à l’avortement, et une position anti-féministe.

Enfin, sur le plan de l’ordre moral, l’extrême droite prône le respect des "bonnes mœurs" traditionnelles et de la civilité, ainsi que la lutte contre la corruption et la fraude sociale, considérées comme des priorités.

Mais en raison de la salarisation des femmes, de l’évolution du droit civil, de l’évolution des mœurs : le FN – RN doit faire face à une « clientèle électorale » partagée entre une faction restée très traditionaliste et une autre, plus jeune, ayant adopté des valeurs sociétales plus libérales. Cette dualité se traduit par une évolution du discours politique, en particulier de Marine Le Pen, sur les questions sexuelles et de genre depuis 2011. Il est difficile d’être anti-féministe alors que sur les 89 députés du groupe RN, 33 sont des femmes, soit 37 %, alors que la moyenne à l’Assemblée nationale est de 38 %. En comparaison, le groupe des Républicains compte 29,5 % de femmes.

Concernant la France Insoumise, sur 76 députés, 31 sont des femmes, soit 40,8 %. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement que le RN soit à l’avant-garde de la défense des droits des femmes, comme nous l’avons démontré dans un article précédent sur la stigmatisation.

Mais tout ce qui vient d’être dit sur l’ordre tel que le conçoit l’extrême droite doit être mis en face de sa pratique réelle des acteurs de l’extrême droite. L’un des aspects du travail militant de la gauche et de mettre en évidence cette contradiction à la lumière de certains faits réels.

Ordre moral ? Voici des exemples qui contredisent l’affirmation de cet ordre :

On peut prendre comme contre-exemple de cet ordre moral certaines figures du FN – RN comme par exemple,Julien Odoul.

Voir son portrait sur Linsoumission :

https://linsoumission.fr/2024/01/23...

Un autre « exemple » :

Pédophilie : un ancien cadre du FN condamné à 5 ans ferme à Rouen

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Trois députés RN posent devant une grande pancarte "Va faire la soupe salope"

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Mais au-delà des comportements individuels il faut interroger aussi l’appareil politique lui-même.

Marine Le Pen et 26 membres du FN – RN ont été jugés et mis en examen pour détournement de fonds publics sur la période 2009 – 2017. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’incroyable lenteur de la procédure car le jugement après appel aura lieu à l’automne 2024.

https://www.linternaute.com/actuali...

Un élément ne doit pas être oublié : la notion d’ordre pour l’extrême droite peut être reliée à celle de violence qui, à son tour est un facteur de désordre. Des militants d’extrême droite n’hésitent pas à se fournir et à s’entraîner à l’utilisation des armes. Sur cette question, voir l’article incontournable du journal l’Humanité :

Comment l’extrême – droite Peut se procurer des armes en toute légalité en France. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

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La nation. La souveraineté.

Le nationalisme affirme la toute-puissance de l’État-nation, qui ne défend pas seulement son indépendance nationale, mais peut se comporter comme rival ou dominateur par rapport à d’autres nations. Cela peut conduire à des guerres de conquête et à la colonisation. Les régimes d’extrême droite en Europe se sont appuyés sur une telle conception, pouvant conduire à la violence. Le FN a recruté dès sa création des partisans de l’Algérie française. Depuis, le FN – RN tente progressivement d’effacer l’empreinte de cet esprit colonisateur.

Mais le nationalisme a aussi une double face : lorsqu’une nation est agressée ou colonisée par une autre, comme ce fut le cas du FLN en Algérie et la résistance patriotique de la France ou de la Russie contre l’occupation nazie, le nationalisme prend un contenu libérateur. Ce deuxième aspect du nationalisme est rarement pris en compte par l’extrême droite.

Il existe schématiquement deux conceptions de la nation : une conception civique ou républicaine. Dans cette optique, la nation se définit par un contrat politique autour d’un système de valeurs et d’institutions républicaines telles que Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité. Sur un territoire (sol) commun, cela permet à des personnes de différentes origines ethniques ou culturelles de vivre ensemble.

La deuxième conception de la nation est ethnoculturelle, définissant la nation à partir d’une ethnie, d’une culture ou d’une langue considérée comme nationale. Cette conception est historiquement la plus ancienne, pour ne pas dire archaïque. La communauté de sang est plus importante que la communauté de sol. Cette conception est partagée par la plupart des courants d’extrême droite, dont le FN – RN. La gauche et la droite républicaine partagent plutôt la première conception.

L’expression « identité nationale » est surtout utilisée par les défenseurs de la seconde conception qui font appel pour définir cette identité à des facteurs culturels, des racines ethniques (les gaulois, etc.) voire religieux (une soi-disant identité catholique de la France). On comprend ainsi facilement que la première conception est inclusive, a tendance à rassembler les citoyens alors que la seconde a au contraire tendance à les exclure ou à les diviser.

Il en résulte que la seconde conception est peu compatible avec la laïcité et on comprend que le FN – RN instrumentalise celle-ci pour stigmatiser les musulmans.

Éric Zemmour qui se présente comme le grand défenseur de l’identité nationale française réécrit l’histoire de France avec l’encre de ses fantasmes. Un collectif de 15 historiens a écrit un livre chez Gallimard qui met en pièces son jeu de construction infantile dont le titre est : Zemmour contre l’Histoire .

On peut en trouver un résumé en fichier PDF avec le lien suivant :

https://www.gallimard.fr/zemmourcon...

Le souverainisme ne se confond pas avec le nationalisme, comme voudraient le faire croire par opportunisme politique ou ignorance certains politiciens de gauche ou d’extrême droite. Il suffit de lire les textes de Jaurès sur le souverainisme, que nous avons d’ailleurs mis en ligne, sachant que Jaurès n’était pas nationaliste mais internationaliste, pour s’en convaincre. Le souverainisme national ou populaire implique que le peuple de cette nation doit rester maître de ses choix économiques et politiques, de son destin, et ne pas se laisser asservir par des choix économiques et géostratégiques d’autres nations, notamment lorsque ces autres nations font partie d’une structure supranationale, comme par exemple l’Union européenne.

Il est nécessaire de remarquer que la problématique de la souveraineté nationale, mise en avant par l’extrême droite et la droite souverainiste, entre en résonance avec les préoccupations quotidiennes des Français, notamment en ce qui concerne la souveraineté économique. La crise sanitaire du covid-19 et le coût de l’énergie lié à la guerre en Ukraine ont montré la dépendance de la France pour la production de produits de première nécessité.

L’assujettissement de la politique gouvernementale aux exigences de la Commission européenne, notamment sur la question des retraites et plus récemment sur les exigences du libre-échange pour les produits agricoles, ainsi que la libéralisation absurde du prix de l’énergie électrique, fait prendre conscience à une fraction de plus en plus large de la population de la question de la souveraineté nationale.

Ceci est confirmé par un sondage Ipsos de 2023, qui indique que 78 % des sondés considèrent la souveraineté nationale comme une question importante. Ce taux a augmenté de 10 % en un an. Cette attente envers la souveraineté est encore aggravée par l’alignement quasi-total de la politique extérieure française sur celle des États-Unis.

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Les socialistes et les Verts français étant plutôt fédéralistes européistes, seule La France Insoumise peut défendre, comme l’a fait Jaurès, le souverainisme à gauche tout en restant évidemment internationaliste. C’est également la seule force politique qui souhaite se dégager de la tutelle belliciste des USA en sortant de l’OTAN. Renoncer à cette position, c’est ouvrir la voie à l’extrême droite en France.

L’immigration.

Pour l’extrême droite, l’immigration constitue une menace pour l’identité nationale définie ci-dessus dans son acception ethnoculturelle. Elle favorise ce qui est redouté par l’extrême droite : le métissage racial et culturel. L’Immigration est ressentie comme une menace multidimensionnelle : concurrence sur le marché du travail pouvant engendrer une baisse de salaire ou le chômage, une mise en danger de la protection sociale par une utilisation abusive de différentes allocations sociales ; menace pour la sécurité des biens et des personnes car l’immigration serait liée à la délinquance.

Cette condensation des menaces autour de l’immigré en fait le bouc émissaire idéal pour expliquer tous les mots sociaux. Cette stigmatisation est génératrice de racisme et de xénophobie.

Une tâche essentielle des militants de gauche est de démontrer que ces menaces ne reposent sur aucune base scientifique sérieuse. Il n’existe pas de lien établi scientifiquement entre le taux d’immigration, le taux de chômage et le taux de délinquance en France comme ailleurs.

Cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas exister une surreprésentation des immigrés pour les actes de délinquance mais cette surreprésentation peut s’expliquer par des facteurs sociaux démographiques et des biais administratifs.

Nous avons vu dans la première partie que le taux et le flux net d’immigration ne sont pas particulièrement élevés en France par rapport au reste de l’Europe. La notion de « grand remplacement » relève donc d’un imaginaire réactionnaire alimenté par la peur de l’autre et des étrangers en général.

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Ce nationalisme ethnoculturel lié à la peur de l’immigration engendre la notion de « préférence nationale » qui est en totale contradiction avec la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.

Voir notre article pour plus de développement sur cette question : préférence nationale, sauce philosophale de l’extrême droite

Préférence nationale : une escroquerie démagogique récurrente. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Le mondialisme.

Le mondialisme est un terme souvent utilisé par les partisans de l’extrême droite. Il a l’avantage de contenir différentes thématiques chères à cette mouvance et d’être multi-cibles.

Il s’agit d’abord du projet d’un État mondial organisé par les plus grandes multinationales et puissances financières mondiales, conduisant à la disparition des États-nations, voire à leur vassalisation totale. Cela signifie la fin de toute identité nationale, la fin de toute culture nationale diluée dans un magma multiculturel. Le mondialisme favorise une immigration tous azimuts et organise les délocalisations.

Cette thématique s’adresse également à des électeurs potentiellement de gauche et des classes populaires, qui considèrent que le mondialisme est une idéologie néolibérale qui vise à mettre les travailleurs en concurrence globale, au profit d’une oligarchie mondiale. Cette rhétorique mondialiste s’appuie sur la dénonciation de la Haute Finance internationale, accusée de servir les États.

Bravo ! Mais il faudrait confronter ces belles paroles, qui ne sont pas sans fondement, à la pratique politique réelle de l’extrême droite dans les assemblées nationales ou européennes. Par exemple, le Rassemblement national (RN) souhaite-t-il voter des lois qui limitent le pouvoir des multinationales, notamment pour la protection des travailleurs dans leurs filiales ?

Le terme « mondialiste » utilisé par l’extrême droite est instrumentalisé politiquement de deux manières.

La première consiste à créer une confusion entre les acteurs politiques (les élus ou les électeurs) qui sont partisans du libre-échange total ou de la mondialisation, et les acteurs économiques capitalistes qui sont responsables de cette mondialisation. On confond ainsi le simple citoyen « mondialiste » avec le capitaliste milliardaire « mondialiste ».

La seconde instrumentalisation consiste à diviser les acteurs du champ politique en deux camps : les mondialistes et les souverainistes. On fait ainsi l’économie, ou plus exactement on fait disparaître la question de la domination du capital, c’est-à-dire l’opposition entre le capital et le travail. On fait également disparaître l’opposition entre ceux qui sont pour le partage équitable des richesses produites par la population active, et ceux qui considèrent que la situation actuelle qui est très défavorable aux travailleurs est satisfaisante tant au plan national qu’au plan international.

C’est précisément sur cette question que se fait la différence entre un souverainiste de droite qui ne remet pas en cause le partage inégal des richesses actuelles, et un souverainiste de gauche qui le remet en cause pour qu’il soit plus favorable aux travailleurs.

La souveraineté économique conçue par un souverainiste de droite n’est pas forcément favorable à l’intérêt des travailleurs, d’autant que la droite ou l’extrême droite est généralement peu favorable à l’existence de syndicats puissants de salariés. Ce n’est pas le cas pour un souverainiste de gauche pour qui la souveraineté économique doit être favorable aux travailleurs et satisfaire les besoins de la population.

Le piège tendu par l’extrême droite à la gauche.

Une bonne partie de la gauche est réticente à s’affirmer comme souverainiste considérant ce qualificatif comme étant à consonance droitière. Par son silence sur cette question cruciale, les partisans de l’extrême droite accuseront alors les acteurs politiques de gauche comme « mondialiste » et finalement d’être, au fond, partisan du système qu’ils prétendent dénoncer. Ainsi les socialistes, les écologistes et une bonne part des insoumis et même des communistes seront taxés de mondialistes.

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Le libre-échange

se présentant comme souverainiste et anti mondialiste, le RN se prétend être contre le libre – échange et être partisan d’un certain protectionnisme. Mais la réalité de son comportement électoral dans les assemblées contredit ses déclarations, du moins pour une partie de ses votes.

Voici quelques exemples de votes du RN en faveur de lois favorisant le libre-échange :

2017 : Le RN a voté en faveur du CETA, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.

2018 : Le RN a voté en faveur de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Japon.

2019 : Le RN a voté en faveur de la modernisation du système de préférences généralisées (SPG), qui accorde des avantages commerciaux aux pays en développement.

Il est important de noter que le RN a également voté contre certains accords de libre-échange. Par exemple, en 2021, le parti a voté contre l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. Il a voté aussi contre l’accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande : sur les 18 députés RN au Parlement européen, 15 étaient présents, trois se sont abstenus et 12 ont voté contre l’accord. Cependant le groupe européen auquel il appartient a voté majoritairement pour.

L’observatoire de l’extrême droite du site l’Insoumission doit s’améliorer notablement : il doit répertorier méthodiquement les votes RN, le nombre de voix, le libellé de la loi et sa date. On ne peut se contenter d’approximations qui seront exploitées contre LFI.

Les militants doivent pouvoir accéder directement, sans perte de temps, aux liens Internet permettant d’accéder au texte de la loi et aux résultats des votes. Nous allons préciser cet aspect de la question plus loin.

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L’Élite ou les élites

Le terme « élite » peut être utilisé par l’extrême droite de deux manières :

Sans précision, il s’agit d’une expression fourre-tout dans laquelle chacun, selon ses rancœurs, peut lui donner un sens particulier : un haut fonctionnaire, un inspecteur des impôts, un « intello », etc.

Avec précision, il désigne la haute fonction publique, l’Administration avec ses énarques, les participants au Forum de Davos, les technocrates de Bruxelles, etc.

L’extrême droite oublie toutefois dans ce cas que tous ces technocrates sont nommés par le pouvoir politique, que ce soit au niveau national ou européen.

Une autre manière de désigner plus globalement l’élite est « l’establishment » qui comprend les responsables politiques, la haute fonction publique, les dirigeants des grands médias, et éventuellement des dirigeants de la Haute Finance.

Ce terme reste toutefois relativement vague. Il était fréquemment utilisé par Jean-Marie Le Pen. Cette dénonciation a surtout pour fonction de présenter les partisans de l’extrême droite comme étant « antisystèmes ».

Un produit dérivé de cette thématique est celui de « fiscalisme ». Il s’agit d’une politique fiscale pratiquée par l’élite consistant à écraser de « charges » les petites et moyennes entreprises.

Si la fiscalité en France est injuste, le Rassemblement national ne propose aucune politique fiscale alternative globale et cohérente. Sa politique ne fait que poursuivre les politiques de droite sur les exonérations fiscales et de cotisations sociales qui coûtent jusqu’à 250 milliards d’euros par an au Trésor public.

Cette hostilité à l’impôt ou aux cotisations sociales témoigne d’une idéologie plus profonde : une hostilité à la solidarité sociale.

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L’anti parlementarisme

Cette thématique était autrefois très utilisée par l’extrême droite. Elle a dorénavant presque disparu puisque l’extrême droite en France et en Europe a réussi à se faire élire un nombre de plus en plus important de parlementaires tant au niveau national qu’au niveau européen.

Un reliquat de cette position serait de diminuer le nombre de députés. Mais les responsables du RN ne dédaignent pas de percevoir pour leurs députés une rénumération mensuelle confortable. le montant de la rémunération d’un député en France en 2024

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La rémunération d’un député en France en 2024 se compose de deux éléments :

1. L’indemnité parlementaire brute mensuelle : • Montant de base : 5 676,12 € • Indemnité de fonction (25% du total) : 1 527,48 € • Total brut mensuel : 7 637,39 €

2. L’avance de frais de mandat (AFM) : • Montant mensuel : 5 950 € (depuis le 1er février 2024) • Utilisée pour couvrir les frais liés au mandat : location de permanence, frais de déplacement, etc.

En effet, la rémunération totale d’un député en France en 2024 s’élève à environ 13 587 € bruts par mois.

Contrairement à France Insoumise, le RN a bien accepté l’augmentation de 305 € par mois de l’AFM (avance de frais de mandats) le 24 janvier 2024.

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Assistanat.

Le vocabulaire assistanat est souvent utilisé par la droite et surtout l’extrême droite. Il sert à stigmatiser les personnes qui bénéficient d’aides sociales comme par exemple leRSA, les allocations familiales, les allocations de chômage voir même de longue maladie. Ces personnes sont accusées de « profiter abusivement du système de protection sociale ». Les accusés sont considérés comme des fainéants, des fraudeurs, des improductifs qui profitent du travail des autres. Cela explique pourquoi le RN a été favorable, comme Macron, avec le même mépris de classe, pour conditionner le RSA. Voir article deux l’Insoumission : https://linsoumission.fr/2024/02/08...

On montre aussi du doigt des réfugiés ou des immigrés qui veulent profiter des avantages sociaux existant en France. Rapport de la sécurité sociale de 2020 indique que la fraude aux prestations sociales s’élevait en 2019 à 102,83 millions d’euros.

Pour plus de détails utiliser le lien suivant : https://www.economie.gouv.fr/files/...

Le rapport de la CAF de 2022 indique que, pour l’année 2021, le montant de la fraude aux prestations familiales (dont le RSA et la prime d’activité) s’élevait en 2021 à 309 millions d’euros.

Pour plus de détails utiliser le lien : https://www.economie.gouv.fr/files/...

On s’aperçoit ainsi que le nombre de fraudeurs est très faible en pourcentage du nombre de bénéficiaires et que le montant de cette fraude aux prestations sociales est sans commune mesure avec la fraude et l’évasion fiscale (80 milliards d’euros). En période de difficultés économiques, cela permet de trouver des boucs émissaires faciles évitant ainsi tout effort intellectuel d’analyse du fonctionnement économique de la société et des véritables responsabilités. Cette dénonciation constitue un fonds de commerce électoral pour l’extrême droite et une diversion utile pour le pouvoir politique en place. Ce qui est plus intéressant à analyser pour cette thématique de l’assistanat, ce sont ses ressorts psychologiques. Il s’agit tout simplement du manque de confiance envers ses semblables pouvant être par ailleurs relié à des frustrations personnelles comme par exemple le déclassement professionnel.

En faisant varier le curseur de ce manque de confiance, on passe de la simple défiance au mépris puis au repliement sur soi et à la xénophobie. Ce manque de confiance peut être facilité par un contexte social anxiogène sur le plan économique et culturel. Cela explique que l’extrême droite instrumentalise le sentiment de peur et toutes les menaces d’où qu’elles viennent . Ainsi en exagérant démesurément la fraude sociale, elle fait croire que tout le système de protection sociale est en danger. On crée ainsi une division injustifiée et malsaine entre les citoyens.

Le vocabulaire de l’assistanat est souvent utilisé par la droite, et surtout l’extrême droite, pour stigmatiser les personnes bénéficiant de prestations sociales telles que le RSA, les allocations familiales, les allocations de chômage, voire même les arrêts maladie prolongés. Ces individus sont accusés de "profiter abusivement du système de protection sociale".

Les accusés sont souvent considérés comme des fainéants, des fraudeurs, des improductifs qui tirent avantage du travail des autres. On les assimile parfois à des réfugiés ou des immigrés cherchant à profiter des avantages sociaux existant en France.

La société en déclin, en dégénérescence.

C’est une vieille thématique traditionnelle de l’extrême droite. Elle est reliée à la thématique de l’ordre vue précédemment. À cette fin, des phénomènes marginaux peuvent être montés en épingle comme la question LGPT. Il est vrai que la situation actuelle avec la destruction progressive des services publics, la corruption et la remise en cause de responsables politiques dont certains du gouvernement par la Justice est propice à l’exploitation de cette thématique. La perte de repères idéologiques clairs pour une partie relativement importante de la population, notamment chez les jeunes, aggrave encore la situation.

Le remède à cette décadence serait le recours à la religion à une quelconque spiritualité. En d’autres termes, la personne « matérialiste » ou athée serait dans l’incapacité d’avoir des ressources morales avoir un comportement dépassant ses intérêts personnels. On retrouve ici le manque de confiance en l’autre et aussi la philosophie de Hobbes pour qui les individus sont par nature guidés par leurs intérêts égoïstes. C’est un soubassement idéologique commun aux libéraux et à l’extrême droite.

Mais est-ce pour répondre à ce désordre moral et à ce déclin supposé que des groupes d’extrême droite organisent des attentats ? Faut-il rappeler qu’entre 2011 et 2022,70 arrestations ont été réalisées contre des membres de l’extrême droite responsables d’attentats en France ? On pourrait penser plutôt que ce sont eux qui participent aux désordres et à la dégénérescence pulsionnelle de la violence.

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Anti-système.

Cette terminologie est utilisée par certains grands médias, mais aussi par l’extrême droite. Comme l’indique avec justesse le dictionnaire La Toupie, ce terme est polysémique. https://www.toupie.org/Dictionnaire...

Cela signifie-t-il être contre le système institutionnel, financier, médiatique, capitaliste, de l’Union européenne... Le RN est-il opposé au système capitaliste ? Ils ne votent en faveur d’aucune loi pouvant contribuer à son affaiblissement. N’oublions pas que c’est le milliardaire Lambert qui a fait don à la famille Le Pen du château de Montretout. Contre le système parlementaire ? Ils y participent, certains de leurs députés percevant une très bonne retraite avec leur complémentaire. Ainsi, Jean-Marie Le Pen bénéficie d’une modeste retraite de 13 000 € mensuels. Anti-Union européenne ? Le RN l’a été, du moins en paroles, mais a abandonné toute idée de quitter cette structure.

Remarquons que les médias dominants se complaisent à utiliser la terminologie : les « parties anti-système », « les extrêmes », « les partis populistes », créant ainsi une confusion, un amalgame entre la gauche radicale et l’extrême droite. Cette manipulation est employée par les politiciens et les journalistes libéraux qui divisent le champ politique en deux camps : eux, les gens raisonnables, modérés, et les autres, c’est-à-dire les excessifs, les irréalistes, les gens dangereux pour la démocratie et la stabilité économique.

Par ailleurs, des acteurs du champ médiatique d’extrême droite ou de la droite souverainiste ayant remis en cause, à juste titre, le narratif gouvernemental pendant la crise sanitaire et le narratif occidental concernant la guerre en Ukraine, se présentent comme anti-système. Ces personnes ne soutiennent pas forcément le RN, dont elles peuvent être très critiques. Elles seraient plutôt proches de Filippot ou d’Asselineau. Elles désignent la gauche réformiste ou radicale comme étant pro-système, ayant adopté les préconisations du Big Pharma pour la vaccination et de l’OTAN, relayée par la totalité des gouvernements et médias occidentaux, dont les sanctions économiques massives contre la Russie et les livraisons d’armes tout aussi massives à l’Ukraine.

En additionnant les auditeurs de ces sites alternatifs comme TVL, Ligne droite, Omerta Le Courrier des stratèges, géopolitique profonde, cercle Aristote, etc. et j’en passe, on dépasse très largement le million d’auditeurs est évidemment de très loin le nombre de consultants ou auditeurs des sites comme l’institut la Boétie, l’Insoumission et même le média .tv

Nous devons donc rester vigilants et attentifs à ce qui est véhiculé comme information et idéologie sur ces sites qui se présentent comme des alternatives auix « médias de grand chemin »..

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Le "respect de la vie"

L’extrême droite prétend défendre la vie, notamment l’intégrité du vivant. Si l’on creuse jusqu’aux fondations de cette position, on trouve le vitalisme. Cette conception considère que le vivant n’est pas réductible à des processus physico-chimiques et de biologie moléculaire. Il existe une force ou un principe vital qui anime les êtres vivants. Cette conception a cours chez certains biologistes du début du XXe siècle, mais est dorénavant critiquée et réfutée par la quasi-totalité des scientifiques. Évidemment, le vitalisme peut être relayé par une spiritualité religieuse. Cette force vitale est inhérente à l’individu vivant et n’est pas conditionnée par l’environnement. Cette conception est connexe à une autre : la théorie des dons. Chaque individu est doué dès la naissance d’un certain potentiel vital, intellectuel, pouvant se mesurer ensuite par le fameux QI, dont la fiabilité scientifique est très contestée. ( Cette idéologie permet de justifier des inégalités sociales expliquant que ce sont les plus intelligents qui réussissent dans la société).

Cette affirmation du respect de la vie justifie ainsi idéologiquement l’opposition, pour le moins la grande réticence, des partisans de l’extrême droite à l’avortement et au suicide assisté. Remarquons que cette opposition au droit à l’avortement peut avoir aussi un fondement religieux.

La religion catholique considère que l’embryon est une personne humaine dès la conception. Cette position est basée sur l’idée que l’âme humaine est créée par Dieu au moment de la fécondation. Voici quelques documents clés qui illustrent cette position : l’encyclique Donum Vitae (1987) de Jean-Paul II affirme que "la vie humaine commence au moment de la conception". Le Catéchisme de l’Église catholique (1992) déclare que "l’être humain doit être respecté dès le premier instant de sa vie". L’instruction Dignitas Personae (2008) de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi réaffirme que "l’embryon humain est une personne dès sa conception". Il s’agit donc ici d’une conception fondée sur une foi religieuse et non sur des considérations scientifiques. Le respect des croyances religieuses d’autrui dans un État laïque implique de ne pas baptiser cette position comme "réactionnaire". Il faut tout de même rappeler que le droit à l’avortement laisse libre chaque individu de prendre les décisions conformes à sa conscience et n’oblige personne à pratiquer un avortement. Et pour la PMA et la GPA ? Le RN ne va pas forcément invoquer les soubassements idéologiques précédemment décrits, mais invoquera le droit de l’enfant et l’affirmation d’une structure familiale traditionnelle pour justifier son opposition partielle ou totale à la PMA et à la GPA, en invoquant alors son opposition à la marchandisation du vivant. Il est bien évident que ces questions sont complexes et ne doivent pas être abordées d’une manière simpliste et dogmatique, surtout si on les aborde aussi au niveau planétaire. Cela étant dit, il faut aussi interroger l’extrême droite sur ses contradictions. Respect de la vie ? Mais alors pourquoi défendre la peine de mort ? D’autre part, l’écologie politique se propose de mettre tout en œuvre pour protéger le vivant, l’environnement. Or, l’extrême droite s’oppose farouchement aux écologistes. Pourquoi préférer la filière nucléaire à l’énergie renouvelable, c’est-à-dire préférer l’uranium radioactif relativement dangereux pour la vie au vent utilisé par les éoliennes et au soleil utilisé par les panneaux solaires, qui sont des ressources naturelles favorables à la vie ?

Même si l’on ne peut assimiler les comportements de groupuscules d’extrême droite fasciste au RN et elle à ses fidèles électeurs, il existe néanmoins un continuum idéologique les réunissant. On ne peut donc pas faire l’impasse sur l’observation de ces groupuscules d’extrême droite pour qui, le respect de la vie, n’a pas grand sens comme le montre l’article suivant :

Agression raciste, au couteau, par les Remparts (ultra-droite lyonnaise) https://www.gauchemip.org/spip.php?...

cela illustre par un exemple récent ce qui a été dit plus haut avec les 70 attentats d’extrême droite en France entre 2011 et 2022.

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La techno phobie.

L’extrême droite est la sensibilité politique au sein de laquelle la techno phobie est la plus répandue. L’anxiété, la peur du changement l’instrumentalisation malfaisante d’instruments techniques par des élites sans foi ni loi peuvent expliquer cette attitude qui peut être la porte ouverte à l’obscurantisme. Il ne faut évidemment pas généraliser abusivement à tout l’électorat d’extrême droite.

Voici des sondages concernant la confiance envers la science en fonction des couleurs politiques.

Sondage IFOP pour le CNRS et la revue Science & Vie (2018)

57% des électeurs du RN font confiance aux scientifiques pour "dire la vérité" sur les questions scientifiques, contre 72% pour l’ensemble des Français. (82 % pour les électeurs de gauche et 64 % pour les électeurs de droite font confiance à la science)

43% des électeurs du RN pensent que les scientifiques "ont trop de pouvoir dans la société", contre 29% pour l’ensemble des Français. Sondage Odoxa pour Le Parisien / Aujourd’hui en France (2021)

62% des électeurs du RN pensent que "les scientifiques sont manipulés par des intérêts économiques ou politiques", contre 44% pour l’ensemble des Français.

59% des électeurs du RN pensent que "les médias diffusent de fausses informations sur les questions scientifiques", contre 42% pour l’ensemble des Français.

Sondage Ipsos pour France Info et le Cepi (2022)

48% des électeurs du RN pensent que "les vaccins contre le Covid-19 sont dangereux", contre 28% pour l’ensemble des Français.

39% des électeurs du RN pensent que "le changement climatique n’est pas causé par l’activité humaine", contre 20% pour l’ensemble des Français.

Ces résultats peuvent être mis en relation avec le niveau de scolarisation des électorats. C’est celui du RN qui est le plus faible.

On peut donc supposer, qu’en moyenne, un électeur du RN aura des difficultés à être sensible ou convaincu par une argumentation rationnelle. Mais là encore, il ne faut pas généraliser.

Il faut tout de même remarquer que la toute-puissance corruptive de l’industrie pharmaceutique et des GAFAM notamment pour les vaccins et le contrôle numérique apporte de l’eau à leur moulin.

La critique d’un certain nombre de sites de cette mouvance à l’égard des vaccins ARN et du contrôle numérique dont celui des réseaux sociaux par la DAS n’est pas dépourvu de fondement.

Mais là encore, il faut mettre l’extrême droite face a ses contradictions. Elle n’a pas protesté contre la publication des décrets du 4 décembre 2020 sur le fichage des convictions politiques, philosophiques et de certaines données de santé des citoyens. C’est la porte ouverte à un contrôle social total.

Il s’agit du fichier Prévention des atteintes à la sécurité publique (PASP), du fichier Gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique (GIPASP) et du fichier Enquêtes administratives liées à la sécurité publique (EASP), ce dernier étant utilisé (en principe) pour réaliser les enquêtes administratives préalables à certains recrutements dans la fonction publique.

D’autre part, il a voté dans sa version la plus liberticide la loi « anticasseurs » du 10 avril 2019.

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5 – La bataille culturelle de l’extrême droite

Il existe bien une bataille culturelle de l’extrême droite pour imposer son hégémonie culturelle. Les thèmes idéologiques évoqués précédemment imprègnent de nombreuses publications et divers discours diffusés par une multitude de canaux.

Cette propagande idéologique est véhiculée par plusieurs vecteurs.

5. 1 – Vecteur 1 : les publications de l’extrême droite : ses livres, sa presse

On peut par exemple pour plus de précisions, se référer à deux documents vidéo :

Émission de Blast en juin 2023 https://www.youtube.com/watch?v=zyv...

L’article du lien suivant présente l’émission précédente : https://www.blast-info.fr/emissions...

L’historienne Annie Lacroix Riz invitée sur Le Média .tv en 2018 explique qu’il existe bien 1 fascisme français et la recrudescence de publications réhabilitant l’extrême droite en France.

https://www.youtube.com/watch?v=c7_... 5.2 –

On peut trouver la liste des journaux et magazines d’extrême droite sur Wikipédia avec le lien suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C... extr%C3%AAme_droite

L’extrême droite possède sa propre presse, ses chaînes YouTube, ses sites Internet mais des médias dominants relaient aussi sa propagande.

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5.2 – Vecteur 2 : les médias dominants

a) les interventions de responsables du RN sur les chaînes de radio et de télévision en asymétrie avec les interventions des responsables de LFI pour les temps de parole.

En 2022, de janvier à décembre, le nombre d’heures des représentants de l’extrême droite (RN + Reconquête) est de 94 heures et de 57 heures pour LFI.

Pour l’année 2023 :

Radio :

RN : 53 heures et 4 minutes en 2023 (dont 26 heures et 2 minutes pour Marine Le Pen)

LFI : 47 heures et 58 minutes en 2023 (dont 20 heures et 5 minutes pour Jean-Luc Mélenchon)

Télévision :

RN : 74 heures et 12 minutes en 2023 (dont 34 heures et 36 minutes pour Marine Le Pen)

LFI : 68 heures et 54 minutes en 2023 (dont 29 heures et 18 minutes pour Jean-Luc Mélenchon) pour plus de détails, voir l’annexe

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b) La connivence entre les médias dominants et l’appareil idéologique du RN

Mais, ce qui est moins connu ou étudié, c’est que les médias dominants peuvent travailler en synergie avec ses médias d’extrême droite en relayant leurs thématiques ou informations.

Un très bon exemple de ce phénomène est décrite dans un article du Monde concernant un fait divers et l’immigration :

https://www.lemonde.fr/politique/ar...

nous avons vu, par ailleurs, que de nombreux médias dominants se font le relais des idées d’extrême droite voire même la promotion de certains de leurs responsables.

Nous avons sur ce problème relayé des articles d’Acrimed.

Zemmour promu médiatiquement : un adversaire de la paix civile https://www.gauchemip.org/spip.php?...

La promotion du FN/RN par les grands médias.

http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Nous avons vu dans un article comment les grands médias qui maîtrisent le champ de perception de la population exposée à leur influence, mettent au service du FN – RN ce contrôle pour le valoriser et en même temps diaboliser La France Insoumise.

Grâce à la mobilisation sur les retraites, le RN progresse même s’il a toujours délaissé ce thème. Pourquoi ? https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Voici un exemple plus récent : les médias relatent une action de com de Marine Le Pen assise sur le siège d’un tracteur pour marquer sa solidarité avec les agriculteurs en colère.

Voir par exemple article et vidéo de BFMTV

https://www.bfmtv.com/politique/col...

Un assistant parlementaire de LFI aurait prétendu que le groupe RN au Parlement européen avait voté pour l’accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande. C’est ce qu’affirme aussi le site L’Insoumission. Voir l’article avec le lien suivant : https://linsoumission.fr/2024/02/02...

Mais une journaliste de TF1 vérifie l’information et constate que si le groupe d’extrêmes droites européens qui comptent 59 membres a majoritairement voté pour le traité de libre-échange, la majorité du groupe français RN a majoritairement voté contre.

Nombre total de membres du groupe : 18 ; nombre d’absents : 3 ; votants : 15 ; abstentions : 3 ; ont voté contre : 12. Source : procès-verbal du vote au Parlement européen.

On constate ainsi que TF1 est un bon protecteur médiatique du RN.

Ceci étant, on ne peut reprocher à cette journaliste d’avoir fait son travail de vérification des faits.

Source : TF1 https://www.tf1info.fr/politique/ag...

Le RN sait adapter son discours à son électorat et la conjecture sociale. Ayant un fort potentiel électoral en milieu rural et n’étant pas ignorant des difficultés des agriculteurs, il est prêt à adopter sur ces créneaux une politique semblable à celle de La France Insoumise.

C’est ce que relève le site Euro active qui rédige un article intitulé : Le RN et LFI prônent l’exception agro culturelle.

https://www.euractiv.fr/section/agr...

Ce qui fait donc la puissance de l’action culturelle du RN, ce n’est pas seulement ses propres médias, mais la protection et la promotion de ses idées et de sa structure politique par les grands médias. Cela prouve que le combat idéologique contre le RN ne se fait pas « à la hache » mais minutieusement.

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5.3 – Vecteur 3 : les chaînes YouTube, les sites Internet, les réseaux sociaux

On peut se référer à Wikipédia : extrême droite sur Internet https://fr.wikipedia.org/wiki/Extr%...

Il n’existe pas une homogénéité entre tous les sites d’extrême droite car ils se segmentent en différentes mouvances qui peuvent aussi être rivales. Certains sites affirment leur racisme, leur xénophobie, leur islamophobie, leur homophobie, leur anti féminisme avec violence ou encore appellent à des expéditions punitives contre des militants ou responsables politiques qu’ils détestent. D’autres déclarent leur sympathie pour le nazisme, l’antisémitisme, le suprématisme blanc. Dans ces cas, on se demande comment de tels sites peuvent être autorisés à exister.

D’autres sites distillent les mêmes thématiques d’une manière plus discrète,, moins radicale.

Mais ce serait faire une erreur que de réduire les sites Internet de l’extrême droite à ces deux catégories. Certains sites ne sont ni racistes, ni xénophobe mais peuvent être traditionaliste et s’opposer à une banalisation (ou normalisation) de l’homosexualité par exemple.

On peut retrouver tous les thèmes précédemment décrits avec des intensités variables.

Il faut remarquer aussi que ces sites ne sont pas forcément d’accord avec la politique du RN

Certains sites ne sont pas franchement d’extrême droite mais plutôt partisans d’une droite souverainiste de type gaulliste par exemple. Cette position est souvent associée à la volonté de vouloir sortir de l’Union européenne. Sans être raciste ou xénophobes ils défendent l’idée d’une immigration minimum, limitée par un contrôle étroit.

De tels sites peuvent accueillir ou inviter des personnalités de haut niveau en économie politique, en géo stratégie, en sociologie.

Ces personnalités sont rarement invitées par les médias dominants ce qui permet à ces sites de se considérer comme des médias alternatifs non assujettis par exemple à une doxa sanitaire, à une doxa atlantiste.

Il est assez étonnant que des médias se prétendant comme alternatifs à gauche s’alignent sur les médias dominants (qu’ils critiquent par ailleurs) en refusant d’inviter des personnalités de haut niveau et compétentes censurées par ces mêmes médias dominants.

De ce fait, il conforte des sites concurrents comme TVL, Omertà, Géopolitique profonde, etc.

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5 4 – Vecteur 4 : le militantisme de terrain de l’extrême droite.

S’il est vrai que les militants et les responsables du RN ne sont pas présents dans les manifestations pour défendre le pouvoir d’achat, les retraites etc., Ce serait faire une grave erreur de croire qu’ils restent totalement inactifs.

Ils peuvent distribuer des tracts sur les marchés ou en porte à porte, coller des affiches dans les villages, avoir des relais dans les associations locales de chasse et de pêche.

Selon les chiffres du RN, cette organisation compterait 42 000 adhérents en 2023 et 30 000 en 2022. Le nombre de militants actifs compte un chiffre compris entre 5000 et 10 000.

Remarquons par ailleurs que le RN disposant de 88 députés à l’Assemblée nationale et de 18 au parlement européen, dispose ainsi d’un budget de fonctionnement (dont la propagande) non négligeable.

D’après le document officiel publié par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) et accessible via le lien indiqué ci-dessous, voici les recettes et les dépenses du RN pour 2021 mais qui ont dû notablement augmenter à la suite des élections de 2022

Recettes : • Total des recettes : 27 744 434 €

• Subventions publiques : 11 002 418 € (40% des recettes)

• Dons des personnes physiques : 8 340 104 € (30% des recettes)

• Autres recettes (cotisations, produits financiers, etc.) : 8 401 912 € (30% des recettes)

Dépenses :

• Total des dépenses : 27 644 434 €

• Dépenses de fonctionnement : 17 243 120 € (62% des dépenses)

• Dépenses de campagne : 8 401 912 € (30% des dépenses)

• Autres dépenses (investissements, etc.) : 2 000 000 € (8% des dépenses)

Points clés à retenir :

• Le RN a reçu 11 millions d’euros de subventions publiques en 2021, ce qui représente 40% de ses recettes totales.

• Les dons des personnes physiques constituent la deuxième source de financement du RN, avec 8,3 millions d’euros (30% des recettes).

• Les dépenses de fonctionnement du RN s’élèvent à 17,2 millions d’euros, soit 62% de ses dépenses totales.

• Les dépenses de campagne du RN s’élèvent à 8,4 millions d’euros, soit 30% de ses dépenses totales.

.Sources : https://www.vie-publique.fr/en-bref...

https://www.cnccfp.fr/

Conclusion : le RN, sans même parler d’éventuelles associations satellites, dispose de ressources financières importantes lui permettant de mener sa bataille culturelle et idéologique avec des moyens matériels non négligeables.

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6 – Pourquoi l’extrême droite et notamment le RN sert les intérêts de la classe capitaliste dominante ?

6. 1 La division des travailleurs.

En stigmatisant les immigrés, les salariés percevant des allocations l’extrême droite divise les travailleurs qui partagent pourtant des causes communes : avoir un salaire ou une pension suffisants, une stabilité de l’emploi, avoir des services publics de qualité

L’arme de division la plus redoutable et violente est le racisme.

C’est pourquoi il existe un livret thématique de l’Avenir en commun sur le racisme et les discriminations dons on indique ici le lien d’accès : https://melenchon2022.fr/livrets-th...

En stigmatisant les travailleurs pauvres percevant le RSA ou différents « assistés » à ceux qui travaillent dur et qui se lèvent tôt le matin, le RN crée un clivage horizontal dans la population en suscitant des réactions passionnelles.

Toujours dans le monde salarié, l’extrême droite peut susciter des oppositions entre « l’élite » des cadres et les « subalternes » ou encore entre salariés de certaines administrations et usagers.

Une autre division peut être opérée entre les générations en attisant un certain racisme anti jeunes (manque de civilité, manque de goût au travail…). Une autre division particulièrement perfide est l’opposition des religions entre elles conduisant par exemple à stigmatiser des musulmans ou des juifs.

Chacun connaît la devise : « diviser pour régner ». Il est bien évident que cette division profite au pouvoir économique ou politique en place.

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6.2 La diversion

L’extrême droite attire l’attention sur des phénomènes marginaux qu’elle amplifie pour en faire des problèmes.

Par exemple le mariage homosexuel. Cela concerne qui ? En France, en 2023 il y a eu environ 7000 mariages homosexuels sur 242 000 mariages au total, soit 3 %.

Les transgenres ? Selon les associations, on n’en compterait en France environ entre 150 000 600 000 pour une population de 52,8 millions de personnes âgées de 16 ans et plus. Cela fait : 0,0003 % à 0,000 12 % de cette population.

La reproduction de l’espèce Homo sapiens serait-elle en danger ?

On peut comprendre l’étonnement les, réticences de certaines personnes traditionalistes face à la relative publicité qui peut être faite au phénomène LGPTI en arborant toute une série de drapeaux dont on peut trouver la liste avec le lien suivant : https://lgbt-first.com/blogs/recher... mais cela ne justifie en rien d’en faire un problème central qui opposerait le « Sud global » à l’« Occident » sur le plan civilisationnel.

Mais ce qui est plus grave c’est que les personnes LGPT I sont victimes d’agression verbale et physique, de discriminations inadmissibles ce qui justifie l’existence d’un livret thématique de l’Avenir en commun sur cette question auxquelles on peut accéder avec le lien suivant : https://melenchon2022.fr/livrets-th...

Le wokisme : une diversion de l’extrême droite tous azimuts.

Je passe ici le relais au logiciel d’intelligence artificielle Gemini, le plus puissant parmi ceux que j’utilise. Voici la réponse à ma question : pourquoi l’extrême droite stèle le terme wokisme ? Voici la réponse

« Il est vrai que l’extrême droite utilise régulièrement le terme "wokisme" pour discréditer et attaquer les mouvements progressistes et les luttes pour l’égalité. Cette utilisation est problématique à plusieurs niveaux :

1. Une définition erronée et caricaturale :

L’extrême droite utilise le terme "wokisme" de manière extensive et imprécise, en l’associant à un ensemble hétéroclite d’idées et de mouvements progressistes. Cette caricature vise à discréditer ces mouvements en les assimilant à une idéologie unique et dogmatique, ce qui est loin de la réalité.

2. Un amalgame fallacieux :

L’extrême droite amalgame souvent le "wokisme" à des concepts comme "l’islamo-gauchisme" ou "l’indigénisme" pour créer un ennemi imaginaire menaçant la société française. Cet amalgame vise à instrumentaliser la peur et le rejet de l’autre, en niant la diversité et la complexité des mouvements progressistes.

3. Une instrumentalisation politique :

L’utilisation du terme "wokisme" par l’extrême droite est avant tout une stratégie politique visant à détourner l’attention des problèmes réels de la société et à diviser la population. En diabolisant les mouvements progressistes, l’extrême droite cherche à se présenter comme la seule force capable de défendre la "vraie France" et ses valeurs traditionnelles.

4. Un impact réel sur le débat public :

L’utilisation du terme "wokisme" par l’extrême droite a contribué à polariser le débat public et à stigmatiser les personnes engagées dans les luttes pour l’égalité. Cette stigmatisation peut avoir des conséquences concrètes, en exposant ces personnes à des insultes, des menaces et même des violences.

En conclusion, il est important de ne pas tomber dans le piège tendu par l’extrême droite et de ne pas utiliser le terme "wokisme" de manière caricaturale. Il est nécessaire de prendre le temps de comprendre les différentes composantes des mouvements progressistes et de les analyser de manière critique. Il est également important de rappeler que la lutte pour l’égalité est une cause fondamentale qui mérite d’être défendue, sans se laisser intimider par les discours haineux et les manipulations de l’extrême droite. »

J’arrête ici après ces trois exemples, l’utilisation de la diversion par l’extrême droite.

Pendant que l’on parle de ses « problèmes », on ne traite pas des questions fondamentales comme : le partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits , de la transition écologique et énergétique, les causes fondamentales de la pauvreté et du chômage, etc.

On conforte ainsi l’oligarchie économique et financière au pouvoir dans ses privilèges exorbitants.

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6.3 la déresponsabilisation du pouvoir économique et politique concernant certains problèmes économiques et sociaux.

Je ne dis pas que le RN n’accuse jamais le pouvoir en place d’un certain nombre de méfaits sociaux ou de problèmes financiers. On comprendrait mal alors comment le RN pourrait obtenir autant de voix aux élections. Mais il n’en reste pas moins vrai que le RN, par son discours politique, obscurcit la responsabilité du pouvoir pour bon nombre de problèmes sociaux.

Examinons quelques exemples.

Exemple 1 : le logement social.

Plusieurs familles sont en attente pour louer et accéder à un logement social. Le temps d’attente et long. Une famille d’origine étrangère de trois enfants accède enfin aux logements devançant une famille française de deux enfants. Des démagogues locaux du RN vont crier au scandale invoquant alors la priorité nationale.

De cette manière, le fond du problème et les responsabilités gouvernementales sont occultés : il existe une pénurie de logements sociaux qui ne permet pas de satisfaire la demande.

Le nombre de logements sociaux manquants en France pour satisfaire la demande est estimé à environ 2,4 millions. Ce chiffre provient de l’Union sociale pour l’habitat (USH), la principale fédération des bailleurs sociaux en France.

En décembre 2022, il y avait 2,42 millions de ménages en attente d’un logement social, dont 1,63 million en situation de "demande urgente". La durée d’attente peut atteindre 10 ans dans les grandes villes et fréquemment entre deux et cinq ans dans les grandes et moyennes agglomérations.

Rappelons que LFI dispose d’un livret thématique de l’avenir en commun sur le logement qui traite, entre autres, du logement social. https://melenchon2022.fr/livrets-th...

Évidemment, le RN ne dispose pas d’un tel programme.

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Exemple 2 : les quartiers populaires abandonnés par la république.

Lorsqu’apparaissent dans des banlieues populaires des flambées de violence ou encore lorsque les médias mettent en exergue un trafic de drogue dans une cité, le RN, Reconquête et des médias d’extrême droite se précipitent sur l’événement en déroulant un réquisitoire bien rodé avec, bien sûr, des châtiments à la clé.

Il dénonce alors : l’irresponsabilité des parents, des juges laxistes qui relâchent les délinquants dans la nature, l’oisiveté et le goût de la violence intrinsèques aux jeunes délinquants.

Mais en réalité, aucune analyse causale sérieuse des actes illégaux en tous genres constatés. Ce n’est pas cette démarche paresseuse et démagogique qu’a choisi LFI en rédigeant un livret spécial de l’Avenir en commun sur la relégation des quartiers populaires et la nécessité de restaurer la République dans ces quartiers délaissés.

Prendre connaissance de ce livret en utilisant le lien suivant : https://melenchon2022.fr/livrets-th...

En utilisant de tels discours simplistes qui n’analysent pas les causes du mal, le RN et ses alliés occultent les responsabilités politiques du gouvernement en place et de ses prédécesseurs.

Évidemment, adopter une telle démarche analytique et constructive ne signifie aucunement que l’on efface toute responsabilité individuelle aux actes illégaux commis par les délinquants qui méritent d’être sanctionnés par la loi. Il ne faut pas oublier de préciser cela au risque d’être considéré comme laxiste.

Voici le lien pour accéder au livret : https://melenchon2022.fr/livrets-th...

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6.4 L’action législative : pas de remise en cause de la puissance du Capital.

Il serait abusif de considérer que le RN va toujours dans le même sens que le gouvernement néolibéral en place. Il ne peut le faire car il perdrait une partie importante de son électorat qui pense que le RN est un parti « anti système ».

Mais globalement, le RN ne remet pas en cause la toute-puissance des actionnaires, des grandes fortunes avec tous les privilèges qui vont avec. Il est significatif que les mots « actionnaire », « profits capitalistes » n’apparaissent quasiment jamais dans la rhétorique d’extrême droite.

L’une des tâches politiques fondamentales des élus et des militants de France Insoumise est de constituer une base de données très précise sur l’activité législative du RN à l’Assemblée nationale et au parlement européen. C’est une tâche ingrate mais nécessaire si l’on veut être à la fois précis, incontestable et efficace.

Il ne s’agit pas de stigmatiser, de caricaturer les positions du RN mais d’analyser avec précision ses prises de position avec leurs éventuelles contradictions.

Textes sur le pouvoir d’achat, les salaires, le SMIC, la retraite, la fiscalité, le budget, la défense des libertés publiques, politique extérieure, libre-échange, protection des lanceurs d’alerte, etc.

Il est alors possible non pas de démasquer « L’Imposture » mais les multiples impostures sociales et économiques.

Mais comme la réalité n’est jamais toute blanche ou toute noire, il faut aussi admettre que pour certaines questions les prises de position du RN peuvent être valables à moins de considérer que 100 % de l’électorat du RN est constitué de crétins et que l’appareil politique du RN est constitué de 100 % de débiles. Ce serait alors tomber dans le sectarisme ou le dogmatisme qui est toujours contre-productif.

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7 – la stratégie politique du RN

7.1 – Garder un cap idéologique bien identifiable

le RN véhicule les thèmes idéologiques vus dans la partie 5..

Elle se déploie schématiquement en deux branches : l’une conservatrice, identitaire, traditionaliste correspondant à l’électorat d’Eric Zemmour ou de Marion Maréchal Le Pen.

L’autre plus moderniste avec une rhétorique sociale à destination des classes populaires, des artisans et petits commerçants.

Mais il existe un tronc commun : la sécurité, le souverainisme ethnoculturel, l’ordre, la lutte contre la supposée immigration envahissante.

Il s’agit de « ratisser large ».

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7. 2 – Diversifier les vecteurs de la communication – propagande.

C’est l’objet de la partie 6 précédente. L’instrumentalisation – collaboration des médias dominants joue un rôle important notamment par la manipulation du monde des perceptions.

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7.3 – La manipulation du monde des perceptions.

Le RN a bien compris que dans une société du spectacle et dans un monde médiatique où l’argumentation rationnelle a peu de place, la forme du message du discours politique à au moins autant d’importance et souvent plus que le contenu de celui-ci.

Pour être en accord avec l’idéologie de l’ordre et de la sécurité protectrice qu’ils prétendent véhiculer, les responsables du RN doivent faire preuve dans leur discours d’une certaine pondération ou retenue. Ne pas participer à des manifestations bruyantes. Donner l’image d’une certaine ouverture d’esprit, de non sectarisme en votant même des motions proposées par LFI mais beaucoup plus fréquemment pour des propositions de lois déposées par la bande à Macron ». Dans ce dernier cas, on fait d’une pierre deux coups.

Il faut donner aussi l’image d’une formation cohérente, parlant d’une seule voix face a un électorat souvent déboussolé.

Les grands médias mettent en valeur ces belles images car ce sont eux qui sont principalement les maîtres du monde de la perception.

A contrario, La France Insoumise est présentée comme agitée voire violente et donc insécurisante. Pire, les prises de parole contradictoires par divers responsables de la NUPES donnent une image de cacophonie anéantissant le contenu des 650 mesures qui ont été adoptées avant les législatives de 2022 dans le monde des perceptions d’un certain nombre d’électeurs.

Mais ce n’est pas tout : en collaboration, les grands médias et le RN mettent en place un univers des perceptions inversé. Mélenchon et LFI sont sortis du champ républicain et sont considérés comme des ennemis de la république alors, qu’à l’inverse, le RN est intégré dans le champ républicain et devient un défenseur de la stabilité.

On peut alors se demander si on n’entre pas dans un Nouveau Monde : un monde de fous ou plutôt gouverné par des fous. Ce délire s’exprime par l’expression : « arc républicain inversé ».

Mais en réalité, cette situation est l’aboutissement d’une stratégie politique à double jeu : la constitution d’une ligne de front artificielle entre les ultralibéraux et l’extrême droite.

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7.4 – Le double jeu de la ligne de front artificiel.

Sur le fond, à quelques variantes près l’extrême droite et les ultralibéraux sont d’accord sur la politique économique à développer.

Sur le libre-échange, pour tenir compte des mécontentements sociaux d’une partie de sa base électorale, le RN ne s’aligne pas complètement sur les thèses libre – échangiste.

Alors comment affirmer une différence avec les libéraux et ultralibéraux ?

En mettant en exergue des différences, voire des oppositions pour un certain nombre de problèmes sociétaux : féminisme, mariage pour tous, traditionalisme familial, paternalisme patronal, éducation sexuelle, etc.

On comprend alors l’importance exagérée donnée au « LGPTisme ». Il est donc du double intérêt de la Macronie et du RN (et ses alliés) de survaloriser ces problèmes sociétaux. Les premiers traitent les seconds de réactionnaires et se posent ainsi comme des progressistes et les seconds traitent les premiers d’être responsables de la dégénérescence ou de la décadence de la France et plus généralement de l’Occident.

Puisque les socialistes, les écologistes une bonne partie de LFI et du PCF paraissent partager les mêmes valeurs sociétales, du moins pour les principes, que la Macronie, cela permet à l’extrême droite de placer tous ces partis dans le même sac et de se proclamer ainsi comme les seuls « anti système ». Le RN se pose ainsi comme le seul opposant idéologique aux ultralibéraux.

Mais cette ligne de front artificiel risque d’être fragilisée par les impératifs de la petite cuisine électorale. Pour ratisser une partie des voix de l’électorat Le Pen qui a pris de l’ampleur, les Macronistes se rapprochent des thèses de l’extrême droite sur l’immigration et le droit du sol par exemple.

La bonne trouvaille est : Mélenchon et son mouvement sont antirépublicains ! Quelle image utiliser ? Celle d’un arc. Cela permet de suggérer l’image de l’isolement et de la cible néfaste à détruire par la flèche.

On aura compris que tout cela a pour but de provoquer aux prochaines élections présidentielles un duel entre un ultralibéral et un (e) représentant (e) de l’extrême droite et d’éliminer ainsi pour le second tour un représentant de la gauche radicale.

Mais nous avions déjà vu dans un ou deux précédents articles une autre tactique de la stratégie de la ligne de front artificiel.

Dans un premier temps, sur une durée assez longue, les grands médias font la promotion des idées de l’extrême droite permettant ainsi à son électorat de grossir pour devenir inquiétant pour les « progressistes ».

Puis, dans un second temps à quelques semaines des élections, on diabolise la candidature de l’extrême droite considérée alors comme un danger mortel pour la démocratie.

Durant ces deux périodes, la gauche radicale est diabolisée.

Je me suis appuyé sur les études de l’association et du site Acrimed pour mettre en évidence cette tactique.

Cela permet ainsi la bipolarisation : candidat ultralibéral contre candidats d’extrême droite.

Il est clair que l’expérience passée nous montre qu’il existe bien une collusion entre les médias bourgeois, le pouvoir politique ultralibéral et l’extrême droite pour écarter la gauche radicale du pouvoir.

Si la classe dominante est parfaitement consciente de cette situation, ce n’est pas le cas pour la classe dominée. C’est la tâche politique principale de la gauche de permettre cette prise de conscience.

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8 – Quelles pratiques politiques militantes pour neutraliser les idéologies de l’extrême droite ?

Ni sous-estimer ni surestimer son adversaire politique.

Bien connaître les thèmes idéologiques véhiculés par l’extrême droite : ce document devrait le permettre.

Ne pas simplifier, caricaturer stigmatiser les thèses véhiculées par les extrêmes droites mais les connaître précisément pour en montrer leur insuffisance, leurs contradictions, leur nocivité.

Il faut tout d’abord être conscient des limites de l’efficacité des arguments que l’on utilise. Considérons trois types d’argumentaire couramment utilisés :

On fait un historique du FN – RN en montrant que dans ces premières années d’existence, il comptait des membres fascistes, ancien collaborateurs, nazis…

On fait référence à la politique sociale économique de certains partis d’extrême droite au pouvoir en Europe ou ailleurs pour montrer par exemple leur politique antisociale ou liberticide.

On souligne l’existence de groupuscules d’extrême droite racistes, agressifs et violents.

Certes, ces arguments ont leur utilité, mais l’expérience a montré que leur usage n’a pas empêché l’ascension de l’extrême droite. En effet, les contre – arguments sont faciles :

Le FN n’était pas le même que le Rn d’aujourd’hui : il y a eu un renouvellement des adhérents et de certains thèmes stratégiques.

Il y a des divergences entre les organisations d’extrême droite en Europe et rien ne dit que la politique de Marine Le Pen serait la même que celle pratiquée en Italie par exemple ou en Hongrie.

Enfin, le RN dénonce l’action violente de ces groupuscules et considère qu’ils ne font pas parti de leur « famille ».

Il est possible de contre – argumenter mais cela demande une connaissance précise de la biographie de certains responsables ou élus du RN actuel ; cela demande une connaissance précise des politiques antisociales menées en Hongrie ou en Italie par exemple ; cela nécessite de montrer en citant des noms et des itinéraires l’articulation qui peut exister entre le RN et ces groupuscules.

Cela nécessite donc la construction d’une base de données de contre argument mise à la disposition des militants. *

Mettre en rapport les discours tenus par des représentants de l’extrême droite dans les médias ou ailleurs avec leurs pratiques parlementaire dans les différentes assemblées.

Cela suppose la constitution d’une base de données des différents votes du RN. L’observatoire de l’extrême droite figurant sur le site L’Insoumission a commencé ce travail mais il reste insuffisamment précis et lacunaire.

https://linsoumission.fr/category/t...

Il faudrait des références exactes des propositions de loi ou lois. Indiquer aussi les propositions de loi de LFI pour le progrès social écologique qui n’ont pas été votées par le RN.

Rappelons que LF I disposent de 75 députés à l’Assemblée nationale. En supposant que chaque député dispose en moyenne entre 3 et 5 collaborateurs, cela signifie que l’ensemble des députés dispose de 225 à 375 collaborateurs. On a donc suffisamment de monde pour faire ce petit travail me semble-t-il qui peut, par ailleurs, servir au combat parlementaire.

Il faut aussi s’informer des votes dans les conseils municipaux, départementaux et régionaux sur les prises de position du RN concernant par exemple la politique sociale et écologique.

Cela nécessite ensuite une centralisation de cette information qui doit être à disposition des élus et des militants.

Il peut être aussi utile pour ne pas dire nécessaire de connaître les informations diffusées par certains sites de droite souverainiste ou d’extrême droite faisant preuve d’une certaine intelligence. Je ne parle évidemment pas du genre « bloc identitaire » faisant la promotion de la violence ou des responsables du RN ou de reconquête.

Quelle utilité donc ? 1) connaître des argumentaires utilisés pour défendre leurs idées ; 2) Pour aussi accéder à certaines informations censurées par les médias atlantiste ou à des exposés de spécialistes ou d’universitaires de haut niveau en géo stratégie politique.

La pluralité de l’information est nécessaire pour ne pas être enfermé et sclérosé dans une bulle informationnelle.

Un manque de formation et de maturité politique conduit certains militants de gauche à considérer que si X est invité par un site de droite ou d’extrême droite, alors X est lui-même de droite ou d’extrême droite.

Inversement, considérer qu’un média X qui invite une personnalité de droite ou d’extrême droite est forcément lui-même de droite.

Le Figaro, Le Monde, Libération étant de véritable machines de guerre idéologiques et crapuleuses contre Mélenchon et LFI devraient être évitées et bannis par les militants.

Pourtant bon nombre de membres de LFI vont se référer à ces journaux ultra atlantistes pour se faire une opinion sur la guerre en Ukraine ! Paresse intellectuelle ? Manque de formation ? Manque de temps pour diversifier ses sources d’information sur des sites alternatifs ?

Deux principes de méthode :

1) ne pas laisser un seul centimètre carré de thématique à l’extrême droite et rester silencieux sur un thème qu’elle exploite. Rappelez-vous : lorsque Mélenchon avait accepté, à juste titre, d’aborder la question de l’identité nationale, Olivier Besancenot et d’autres ont considéré qu’il n’avait pas à traiter ce genre de sujet puisque l’extrême droite en faisait ses gorges chaudes. Mélenchon a eu 100 fois raison de ne pas se laisser impressionner et voler cette question importante. Il a développé la conception civique et républicaine contre la conception ethnoculturelle. C’est exactement ce qu’il fallait faire.

Aucune question ne doit être taboue et réservée à l’extrême droite : terrorisme, islamisme radical, sécurité, identité nationale, etc. en restant silencieux, on donne des points à l’extrême droite.

Considérons un exemple récent : l’article 4 de la loi sur les dérives sectaires qui a été votée le 14 février 2024. Grosse bataille à l’assemblée, du moins pour les 55 % des députés qui se sont exprimés sur cette question.

Heureusement sur ce point, les députés de France Insoumise ont été actifs et n’ont pas laissé le RN maître du jeu.

Les grands défenseurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression que sont les socialistes et les écologistes ont voté pour l’article 4. Formidable.

2) Deuxième point de méthode : le champ informationnel de LFI doit recouvrir celui de l’extrême droite et notamment du RN.

Mais cela suppose à la fois de l’ambition, du courage et de l’humilité Il est nécessaire comme vu ci-dessus de connaître les sites souverainistes ou d’extrême droite intelligents pour pouvoir récupérer éventuellement des analyses pertinentes et utiles (notamment en géopolitique).

Cela suppose que l’on accepte l’idée qu’un certain nombre d’intellectuels partageant un certain nombre d’idées d’extrême droite ou de la droite puisse développer des analyses cohérentes et utiles pour l’information et la réflexion.

Certains militants de la gauche radicale, finalement pas si convaincu que cela de leurs propres convictions, pourraient voir en une telle attitude une tentative de « réconciliation » à la Soral et devenir ainsi un « Rouge – brun ». Il n’en est rien. Cette attitude infantile, simpliste ignore réellement ce qu’est une véritable lutte idéologique qui ne se contente pas de généralités et de diabolisations commodes mais qui exige un travail précis et débarrassé de tout biais cognitif aveuglant.

Marine Le Pen, pour des raisons de tactique électorale, a su récupérer un certain nombre de thématiques voir même de vocabulaire existant dans le programme l’Avenir en commun.

Cela lui a permis de développer une rhétorique sociale auprès des employés et des ouvriers : force est de constater que cette manière de faire a été payante. Voir l’article de Regards repris sur le site :

Européennes, présidentielle : la réalité se regarde en face https://www.gauchemip.org/spip.php?...

L’analyse de l’article me paraît bonne mais reste très insuffisante sur l’étude des causes de la progression du RN.

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Nos articles approfondissant quelques désaccords

L’univers de l’extrême droite en expansion en France et en Europe : pourquoi ? Un point de vue https://www.gauchemip.org/spip.php?...

L’identité nationale dans le champ idéologique du FN – RN. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Champ des perceptions et avenir de la NUPES https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Le masque social trompeur du Rassemblement National : un élément porteur d’une mascarade politique. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Bloc identitaire, chant néo-nazi : Philippe Vardon pour la communication de Marine Le Pen aux européennes 2019 vendredi 10 juillet 2020. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Complément : notre étude sur la stratégie de conquête du pouvoir du FN https://www.gauchemip.org/spip.php?...

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Annexe

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Temps de parole des responsables politiques sur la radio la télévision. Le RN domine LFI

Année 2022.

Voici quelques données sur l’étude du journal Le Monde de février 2023 qui a donné des chiffres pour l’année 2022 des temps de parole des responsables politiques en France :

Méthodologie :

L’étude a été réalisée par le cabinet "Occurrence" à partir d’une analyse des médias audiovisuels français (TF1, France 2, France 3, Canal+, BFMTV, CNews, LCI et franceinfo).

La période d’étude s’étend du 1er janvier au 31 décembre 2022.

L’étude a pris en compte les temps de parole des responsables politiques dans les journaux télévisés, les émissions politiques et les interviews.

Seuls les temps de parole "en direct" ont été comptabilisés, les interviews pré-enregistrées et les interventions en duplex n’ont pas été prises en compte. Résultats :

Emmanuel Macron a été le responsable politique le plus médiatisé en 2022, avec un temps de parole total de 114 heures et 27 minutes.

Il est suivi par Jean-Luc Mélenchon (57 heures et 3 minutes), Marine Le Pen (47 heures et 42 minutes), Éric Zemmour (46 heures et 2 minutes) et Valérie Pécresse (37 heures et 10 minutes).

On constate ainsi que l’extrême droite a bénéficié d’un temps de parole de 93 heures 44 mn et Mélenchon de 57 heures 0 3 mn.

Ainsi, le temps de parole des deux candidats d’extrême droite a dépassé de plus de 60 % le temps de parole de Mélenchon.

Les responsables politiques de droite et d’extrême droite ont été plus médiatisés que ceux de gauche.

Les femmes politiques ont été moins médiatisées que les hommes, avec un temps de parole total de 38% contre 62%.

Limites de l’étude :

L’étude ne prend en compte que les médias audiovisuels. Elle ne prend pas en compte les réseaux sociaux. Elle ne prend pas en compte la qualité des intervention s.

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Année 2023.

Temps de parole en 2023

Sources d’information :

CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) :

ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique)

Temps de parole cumulés (tous responsables confondus) :

Radio :

RN : 53 heures et 4 minutes en 2023 (dont 26 heures et 2 minutes pour Marine Le Pen)

LFI : 47 heures et 58 minutes en 2023 (dont 20 heures et 5 minutes pour Jean-Luc Mélenchon)

Télévision :

RN : 74 heures et 12 minutes en 2023 (dont 34 heures et 36 minutes pour Marine Le Pen)

LFI : 68 heures et 54 minutes en 2023 (dont 29 heures et 18 minutes pour Jean-Luc Mélenchon)

Répartition du temps de parole par chaîne :

Radio :

RN : France Inter (12h48), France Info (11h54), RTL (10h12)

LFI : France Inter (13h12), France Info (12h06), RFI (8h24)

Télévision :

RN : BFMTV (20h48), France 2 (13h12), LCI (12h06)

LFI : France 2 (16h30), BFMTV (14h48), LCI (12h36)

Remarques :

Les données disponibles s’arrêtent à fin 2023.

Le temps de parole est calculé en temps d’antenne réel, et ne tient pas compte des interventions en duplex ou des sujets non politiques.

Il est important de noter que ces chiffres ne reflètent pas nécessairement l’audience des différentes chaînes.

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Hervé Debonrivage


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