À l’approche des amphis d’été de LFI, il nous a paru opportun d’apporter quelques réflexions sur l’action et le fonctionnement du mouvement.

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1 – Le programme

Le programme de La France Insoumise, l’Avenir en commun qui comporte 694 mesures accompagnées de une cinquantaine de livrets thématiques est un programme très structuré et issu d’une réflexion collective qui a pris en compte l’expérience passée du programme du Front de Gauche « L’Humain d’abord » et le travail législatif des parlementaires ; les contributions de plusieurs milliers de citoyens déposées sur une plate-forme Internet ; l’apport des réflexions de plusieurs syndicats et associations dans divers secteurs d’activité ; la réflexion de spécialistes et universitaires notamment dans le domaine de La Justice, l’écologie et l’économie. Ce programme avait été très précisément chiffré et avait été soutenu par 300 économistes de plusieurs pays.

Ce programme constitue une rupture avec le capitalisme contemporain qui est un capitalisme financier mais ne peut pas être qualifié pour autant globalement anti capitaliste car la part des nationalisations et socialisation des moyens de production au niveau local reste restreint. On parle de pôle public dans le secteur bancaire ou du médicament par exemple mais il ne s’agit pas pour autant de nationaliser la totalité des banques qui sont pourtant créatrices de monnaie et la totalité du secteur pharmaceutique qui n’hésite pourtant pas à coté en bourse des produits de santé qui met en jeu la vie de plusieurs millions de personnes.

On comprend alors la critique des organisations d’extrême-gauche considérant ce programme beaucoup trop conciliant avec le Grand Capital. Mais cela n’empêche pas des personnalités de droite, de l’extrême droite voir même de la social-démocratie de considérer ce programme comme « d’extrême-gauche », de confiscatoire.

Ignorance ? Manipulation politicienne ? Mauvaise foi ?

Ce programme a été allégé à 650 mesures lors de la création de la Nuit PS puis à 150 mesures après nouvelle négociation pour permettre la création du NFP. Il a été conservé les mesures qui permettent encore de qualifier ce programme de « rupture ».

Mais pour les organisations de droite mentionnée précédemment, ce programme reste encore d’extrême-gauche est très dangereux ! Je ne reviens pas ici sur les « arguments » qui ne sont rien d’autre que des arguties pour justifier de tels propos.

Il faut remarquer que de nombreuses mesures sont des mesures de bon sens. Si ces programmes étaient réellement connus par la quasi-totalité des électeurs, il recueillerait au moins les deux tiers des voix ou des sièges à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire au moins 385 députés. Des sondages ont montré que 70 à 90 % des électeurs étaient d’accord avec les mesures proposées parLFI.

Et pourtant ces électeurs ne votent pas en majorité pour la gauche de rupture. Pourquoi ? Par l’action de la guerre idéologique et cognitive menée par les grands médias pour invisibles y ou falsifiés ces programmes au bénéfice d’une personnalisation de la vie politique qui permet toutes les diabolisations et manipulations.

J’ai montré dans un autre article que la grande vulnérabilité idéologique de la population sous l’emprise des médias et de l’ordre de 65 % à 70 %. On retrouve, comme par hasard, un pourcentage semblable en réunissant les deux blocs électoraux ne votant pas pour la NUPES ou le NFP. On retrouve donc ici l’extrême importance du problème de l’audience.

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2 – L’audience

Il ne suffit pas de réaliser de nombreuses analyses économiques et sociologiques sur les conséquences désastreuses des politiques néolibérales au niveau des services publics, des territoires, d’analyser en long et en large les raisons de l’ascension du FN – RN, de proposer divers projets de loi à l’assemblée nationale et européenne, encore faut-il que toutes ces analyses et surtout le programme soient connus du grand public.

Cela signifie que maintenant que l’Action pour améliorer considérablement l’Audience doit être prioritaire.

Il est clair que l’utilisation des réseaux sociaux et sites Internet (L’Insoumission, Action populaire, diverses chaînes YouTube) sont utiles mais loin d’être suffisantes pour neutraliser le feu dévastateur de l’armée médiatique au service de l’oligarchie.

C’est essentiellement par la distribution de tracts en porte-à-porte que la diffusion de notre programme de nos analyses peut-être efficace. Le rôle des groupes d’actions est essentiel pour faire ce travail et pour réaliser des réunions publiques d’information.

Les élus parlementaires ou autres doivent participer à cette action de diffusion de terrain que ce soit dans les villes ou dans les villages. Pour ce faire, le budget – temps des députés doit être divisé en deux ou trois : la moitié du temps où le tiers du temps pour les actions de terrain et l’autre moitié ou les deux tiers pour le travail dans l’hémicycle. Cela a un autre avantage : on évite un éloignement des élus des groupes d’actions et du fonctionnement réel du mouvement. En d’autres termes, on évite une bureaucratisation de la fonction d’élu le contenu de la diffusion de cette information de terrain s’exerce sur plusieurs axes :

1) faire connaître le contenu du programme et la possibilité de pouvoir l’appliquer

2) faire connaître les propositions de loi du NFP et, d’une manière précise, les éventuelles oppositions à leur vote par la droite, le centre, l’extrême droite et les macroniens.

On démasque du même coup les impostures sociales du RN. La présence de députés dans ce travail d’information est donc tout à fait adaptée.

Cette action d’information législative pour être facilement accessible aux militants des groupes d’actions implique l’existence d’un répertoire en ligne sur le site Action populaire par exemple indiquant pour les principales lois le vote des Insoumis et du NFP mais aussi le vote du RN notamment.

3) Le troisième axe est de démonter les censures, les falsifications des médias dominants à partir de faits concrets incontestables. Tout cela implique un dialogue et la capacité de répondre aux questions des personnes contactées.

Mais cela implique une formation des représentants et des militants du mouvement.

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3 – La formation.

Les militants ont tout intérêt à connaître le contenu des programmes et avoir la capacité de répondre aux différents arguments classiques avancés par la droite libérale mais aussi par l’extrême droite et l’extrême gauche. La constitution d’un argumentaire thématique facile d’accès est donc nécessaire.

L’Institut la Boétie peut continuer à jouer son rôle moteur dans ce domaine. Les représentants du mouvement invités par les médias doivent bénéficier d’un haut niveau de formation en communication et notamment en rhétorique.

Les interventions intempestives par tweets notamment devraient être bannies.

De notre point de vue, les niveaux d’analyse sont insuffisants dans les domaines suivants :

1) la géostratégie, en particulier, à l’égard de la Russie et des États-Unis

2 la connaissance des techniques de manipulation et d’ingénierie sociale utilisée par les groupes d’influences nord américains et par les grands médias.

3) la connaissance de l’hétérogénéité idéologique de l’extrême droite ce qui affaiblit sa capacité de la combattre.

4) la circulation de l’information au sein du mouvement et sa structure organisationnelle..

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4 – l’organisation.

L’organisation du mouvement France Insoumise et relativement complexe : des milliers de groupes d’actions, une assemblée représentative, des espaces, des comités, une coordination, un conseil politique et voir même une convention.

Cette structure est insuffisamment connue et comprise y compris par des adhérents et encore moins par quelconque journaliste.

Un bilan de son fonctionnement ou de son dysfonctionnement devrait être établi à partir non seulement de l’expérience des militants mais aussi à partir des analyses de spécialistes en théorie des organisations.

Raison pour laquelle il me semblerait utile que la théorie des organisations soit une thématique abordée par l’Institut la Boétie.

Sans une bonne organisation, il est difficile de mener un combat efficace pour améliorer l’audience et conserver l’unité du mouvement. *

5 – L’unité

Le retrait d’un certain nombre de personnalités de France Insoumise, certaines pétition internes montrent que la question de l’unité du mouvement reste d’actualité.

Par ailleurs, en externe, l’unité de la NUPES puis maintenant du NFP reste problématique.

Il convient donc d’analyser froidement les causes qui font obstacle à l’unité. Des divergences idéologiques ? Des comportements mal perçus ou compris ? Des intérêts de partis ? Des intérêts personnels de carrière et de prestige ? Des divergences dans l’action stratégique ? Des différences concernant le niveau du partage des richesses produites par les travailleurs entre salaires et profits ?

Une question qui n’est jamais posée : en quoi les différents responsables politiques des différentes composantes de la gauche peuvent-ils être influencés par les médias dominants ? Notamment par leur position à l’égard des USA et de la fédération de Russie ? Leur niveau de formation en économie notamment est-il suffisant pour résister au rouleau compresseur idéologique des médias oligarchiques ?

De mon point de vue, la question de l’unité est étroitement liée à la question de la formation et à la capacité de résister à la puissance de l’idéologie dominante.

On a donc retrouvé ici ce que j’ai appelé le système PAFOu (Programme – Audience – Formation – Organisation – Unité) dont chaque élément est dialectiquement relié aux autres. Très utile dans un environnement devenu fou.

Annexe

Les organisations politiques face au problème central du partage des richesses produites par la population active. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Le systèmePAFOU clé de la victoire de La France Insoumise. https://www.gauchemip.org/spip.php?... cet article a été rédigé en 2017 et certaines références (programme notamment) doivent être actualisées.

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Dernières informations à jour du 24 juillet 2024 sur le groupe NFP à l’Assemblée nationale.

Nombre de députés du groupe NFP : 193 (soit 33 % des sièges)

LFI : 72

PS : 66

Écologistes : 38

GDR : 17

** Hervé Debonrivage