Le soft power nord-américain : Son influence internationale et sur la France

mercredi 19 mars 2025.
 

1 – Les associations, les fondations, les think tanks d’influence.

Aux États-Unis, de nombreuses agences, associations, fondations et think tanks jouent un rôle clé dans la promotion de la culture américaine sous ses aspects philosophiques, politiques et artistiques, souvent dans le cadre d’une stratégie de soft power. Ces organisations cherchent à influencer les perceptions internationales, à diffuser des valeurs américaines et à former des leaders capables de porter ces idéaux. Voici une liste non exhaustive, avec des exemples concrets, incluant des entités comme la French-American Foundation et d’autres similaires.

Fondations et associations influentes :

French-American Fondation finance, médias, etc.) pour participer à des séminaires transatlantiques.

Soft Power : En formant des élites influentes (comme Emmanuel Macron ou Bill Clinton), elle diffuse des valeurs libérales tout en consolidant l’influence culturelle et politique américaine en Europe.

Exemple : Les séminaires alternent entre la France et les États-Unis, favorisant une compréhension mutuelle et une coopération durable.

Le Yale University et le Yale World Fellows Program

Yale World Fellows Program. Ce programme, basé à l’université de Yale, sélectionne chaque année des leaders émergents du monde entier pour un séjour de quatre mois visant à développer leurs compétences en leadership et à les exposer aux valeurs américaines.

Soft Power : En attirant des talents internationaux à Yale, ce programme promeut la culture américaine (démocratie, liberté individuelle, innovation) tout en créant un réseau mondial de leaders alignés sur ces idéaux.

Exemple : Les fellows participent à des séminaires, rencontrent des penseurs américains et repartent avec une vision positive de la société américaine. Rappelons que Navalny en 2010 a participé à ce programme.

National Endowment for the Arts (NEA)

Mission : Cette agence fédérale soutient les arts aux États-Unis en finançant des projets artistiques (théâtre, musique, peinture, etc.) qui reflètent la diversité et la créativité américaines.

Soft Power : En exportant ces œuvres à travers des tournées internationales ou des collaborations, la NEA projette une image d’une Amérique culturellement riche et innovante.

Exemple : Soutien à des festivals internationaux où des artistes américains se produisent.

National Endowment for Democracy (NED)

Mission : Créée en 1983, cette fondation financée en partie par le Congrès américain promeut la démocratie à travers le monde en soutenant des ONG, des médias indépendants et des initiatives civiques.

Soft Power : Elle incarne les valeurs philosophiques et politiques américaines (liberté, droits humains) et les diffuse dans des pays en transition ou autoritaires.

Exemple : Financement de programmes éducatifs ou de médias dans des pays post-conflit.

Think tanks influents

Council on Foreign Relations (CFR)

Mission : Basé à New York, ce think tank produit des analyses sur les relations internationales et la politique étrangère américaine, influençant les décideurs et le public.

Soft Power : En publiant des revues comme Foreign Affairs et en organisant des événements, il façonne la perception mondiale des États-Unis comme leader intellectuel et stratégique.

Exemple : Discussions sur la démocratie et le libéralisme économique diffusées globalement.

Heritage Foundation

Mission : Ce think tank conservateur promeut des politiques basées sur le libre marché, la liberté individuelle et une Amérique forte.

Soft Power : Ses idées influencent les administrations américaines et sont exportées via des partenariats internationaux, renforçant une vision particulière de la philosophie américaine.

Exemple : Les Mandate for Leadership, des guides pour les présidents entrants, ont une portée mondiale.

Brookings Institution

Mission : Plus progressiste, ce think tank se concentre sur des solutions politiques et économiques, souvent alignées sur des valeurs démocrates.

Soft Power : Ses recherches et événements attirent des leaders étrangers, diffusant une image d’une Amérique réfléchie et collaborative.

Exemple : Conférences internationales sur le changement climatique ou la gouvernance.

Agences gouvernementales et initiatives culturelles

United States Agency for International Development (USAID)

Mission : Bien que principalement axée sur l’aide au développement, USAID intègre des programmes culturels et éducatifs pour promouvoir les valeurs américaines.

Soft Power : En finançant des échanges éducatifs ou des projets artistiques, elle renforce l’attrait de la culture américaine dans les pays bénéficiaires.

Exemple : Programmes d’éducation civique dans des pays en développement.

Voice of America (VOA) et Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL)

Mission : Ces médias financés par le gouvernement diffusent des informations et des contenus culturels américains dans le monde entier.

Soft Power : Ils projettent une image de transparence et de liberté d’expression, tout en mettant en avant la musique, le cinéma et les idées américaines.

Exemple : Émissions en langues locales avec des segments sur le jazz ou Hollywood.

Fulbright Program

Mission : Géré par le Département d’État, ce programme d’échange académique envoie des étudiants et professeurs américains à l’étranger tout en accueillant des internationaux aux États-Unis.

Soft Power : Il expose les participants à la culture, à la philosophie et au mode de vie américains, créant des ambassadeurs informels.

Exemple : Plus de 400 000 participants depuis 1946, dont de nombreux leaders mondiaux.

Organisations artistiques et philosophiques

Asia Society et Americas Society

Mission : Ces organisations promeuvent les échanges culturels entre les États-Unis et d’autres régions via l’art, la musique et la littérature.

Soft Power : Elles diffusent la diversité culturelle américaine tout en établissant des ponts avec d’autres cultures.

Exemple : Expositions d’artistes américains en Asie ou en Amérique latine.

Rockefeller Foundation

Mission : Historiquement impliquée dans la santé et l’éducation, elle soutient aussi des initiatives culturelles et philosophiques.

Soft Power : En finançant des projets artistiques ou des think tanks, elle renforce l’image des États-Unis comme centre de pensée innovante.

Exemple : Soutien à des résidences d’artistes internationaux aux États-Unis.

Nous avons mentionné ici des organisations de niveau fédéral et ayant une influence internationale, mais il existe aux États-Unis une multitude d’organisations ayant une influence dans chaque État des USA. Prenons l’exemple :

Adam Smith Foundation

basée à Jefferson City, Missouri. Fondée le 21 février 2007, il s’agit d’une organisation de défense conservatrice de type 501(c)(4). La fondation a été créée pour promouvoir des principes conservateurs et les libertés individuelles en utilisant la communication publique et la mobilisation populaire.

La fondation s’engage dans diverses initiatives, notamment :

Réforme judiciaire : Elle s’oppose au processus par lequel les juges d’appel du Missouri sont nommés, estimant que cela donne trop d’influence aux avocats des plaignants. EN.WIKIPEDIA.ORG

Droit au travail : La fondation soutient le principe selon lequel les employés ne devraient pas être contraints de rejoindre des syndicats ou de payer des cotisations syndicales.

Réforme fiscale : Elle prône des impôts bas et veille à ce que le gouvernement vive selon ses moyens. Par exemple, elle a suggéré que les excédents budgétaires de l’État soient restitués au public par des réductions d’impôts ou des remboursements importants. EN.WIKIPEDIA.ORG

Gouvernement limité : La fondation vise à promouvoir un gouvernement plus restreint, s’opposant à la croissance réglementaire et aux excès du gouvernement. Elle a notamment pris position contre l’Affordable Care Act en 2009, préconisant une approche du système de santé basée sur le marché.

Il est important de noter que cette Adam Smith Foundation est distincte de l’Adam Smith Institute, un think tank libéral britannique fondé en 1977 et basé à Londres. L’Adam Smith Institute est reconnu pour son rôle dans la promotion des politiques de libre marché et a été classé parmi les principaux think tanks économiques mondiaux.

Un cas particulier important : la CIA

voir l’article de Wikipédia : l’activité de la CIA en France. https://fr.wikipedia.org/wiki/Activ...

La cia et les intellectuels

Une histoire souterraine des idées. de l’école de francfort aux "nouveaux philosophes"

Résumé de l’ouvrage avec le lien :

https://www.eyrolles.com/Loisirs/Li...

La CIA en France : 60 ans d’ingérence de Frédéric Chartier (Éditions du seuil) ouvrage fondamental sur la question.

https://www.seuil.com/ouvrage/la-ci...

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2 – L’importation des produits culturels américains : cinéma, musique,

Après la Seconde Guerre mondiale, le Plan Marshall (1948-1952) a été mis en place par les États-Unis pour aider à la reconstruction économique de l’Europe. En échange de cette aide financière massive, les États-Unis ont effectivement encouragé, voire imposé, certaines conditions aux pays bénéficiaires, dont l’ouverture de leurs marchés aux produits américains, y compris culturels. Cela s’inscrivait dans une stratégie plus large de "soft power" visant à diffuser l’influence américaine et à contrer l’expansion du communisme en Europe pendant la Guerre froide.

Contexte historique : les accords Blum-Byrnes (1946)

En France, un moment clé a été la signature des accords Blum-Byrnes en mai 1946, avant même le lancement officiel du Plan Marshall. Ces accords, négociés entre le diplomate français Léon Blum et le secrétaire d’État américain James Byrnes, prévoyaient l’effacement partiel de la dette française envers les États-Unis en échange de concessions économiques. Parmi celles-ci, la France a dû assouplir ses quotas de diffusion de films nationaux dans les cinémas, qui limitaient jusque-là l’importation de films étrangers, notamment américains.

vant la guerre, ces quotas protégeaient l’industrie cinématographique française, mais après 1946, les films hollywoodiens ont inondé le marché français. Par exemple, les salles françaises devaient désormais réserver une large part de leur programmation aux productions américaines, ce qui a suscité des inquiétudes parmi les cinéastes et intellectuels français, craignant une "américanisation" de la culture.

Cet afflux de films américains (westerns, comédies, films noirs) a permis à Hollywood de dominer le box-office européen dans les années 1950 etbeyond, tout en influençant les goûts du public et les styles cinématographiques locaux. Cela dit, la France a rapidement cherché à contrebalancer cette influence en renforçant son propre cinéma via des subventions et des politiques culturelles, notamment avec la création du Centre National du Cinéma (CNC) en 1946.

Période récente et actuelle

Dans les décennies suivantes, l’importation de produits culturels américains en France et en Europe n’a jamais cessé, mais elle a évolué avec les technologies et les contextes géopolitiques. Voici quelques points saillants :

Cinéma et télévision : Hollywood reste dominant. En 2022, par exemple, les films américains représentaient encore environ 40 à 50 % des entrées en salles en France, selon les rapports annuels du CNC, bien que les productions françaises conservent une part significative grâce aux aides publiques. Des séries télévisées comme Friends, Game of Thrones ou Stranger Things ont également conquis le public français via les chaînes traditionnelles puis les plateformes de streaming.

Plateformes de streaming : Depuis les années 2010, Netflix, Amazon Prime et Disney+ ont amplifié l’accès aux contenus américains. En France, Netflix a investi dans des productions locales (comme Lupin) pour répondre aux exigences européennes de quotas de contenu local (30 % minimum selon la directive européenne sur les services de médias audiovisuels de 2018), mais la majorité de son catalogue reste anglo-saxon, principalement américain.

Musique et culture pop : La musique américaine (pop, hip-hop, rock) domine les classements mondiaux, y compris en France, via des artistes comme Beyoncé, Taylor Swift ou Drake. Les plateformes comme Spotify ou YouTube renforcent cette tendance.

Réactions et politiques culturelles : La France a maintenu une politique d’"exception culturelle", défendue notamment lors des négociations du GATT (1993) et de l’ALENA, pour protéger son industrie culturelle. Cela inclut des subventions au cinéma, des quotas de diffusion radio (40 % de chansons francophones), et des taxes sur les services numériques pour financer la création locale. Ces mesures limitent l’hégémonie américaine sans l’éliminer.

Situation actuelle (2025)

En mars 2025, l’influence culturelle américaine reste forte, mais elle coexiste avec une montée en puissance des cultures numériques globalisées (K-pop, séries espagnoles comme La Casa de Papel, etc.). Les importations culturelles des États-Unis ne sont plus directement liées au Plan Marshall ou à des accords explicites, mais elles s’inscrivent dans une logique de marché mondialisé. Les Français consomment massivement des contenus américains, tout en valorisant leur propre production culturelle, souvent perçue comme un rempart identitaire. Par exemple, les succès récents de films français comme Anatomie d’une chute (Palme d’or 2023) montrent que la création locale reste compétitive.

La consommation de produits culturels nord-américains dépend plus d’un processus de globalisation et des choix des consommateurs que d’une imposition politique directe.

La part de marché des films d’animation nord américain dans la diffusion en France est comprise entre 40 et 60 pour cent tous supports confondus. La part des films d’animation long-métrage dans les salles de cinéma et de 80 % pour les films américains.

Les codes culturels existants aux États-Unis sont donc bien diffusés auprès des jeunes enfants et adolescents.

La France reste néanmoins le quatrième producteur de films d’animation dans le monde après les États-Unis, le Japon et le Royaume-Uni.

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3 – Coopération entre systèmes universitaires français et nord-américains

Les contrats d’association et de coopération entre les universités et instituts universitaires français et américains prennent diverses formes et visent à favoriser les échanges académiques, la recherche collaborative, et la mobilité des étudiants, enseignants et chercheurs. Voici une synthèse des principaux types de contrats et exemples concrets basés sur les pratiques courantes :

1. Accords bilatéraux de coopération universitaire

Ces accords sont conclus directement entre une université française et une université américaine pour établir des partenariats spécifiques. Ils incluent souvent :

Échanges d’étudiants : Les étudiants passent un semestre ou une année dans l’établissement partenaire sans frais d’inscription supplémentaires.

Échanges de professeurs et chercheurs : Pour des conférences, des cours ou des projets de recherche conjoints.

Exemple : L’Université Paris Cité a signé un protocole d’accord avec la National University of Singapore (NUS), mais des partenariats similaires existent avec des universités américaines comme l’Université de Californie (UCSD) pour des collaborations en recherche et formation.

2. Programmes de doubles diplômes

Ces contrats permettent aux étudiants d’obtenir deux diplômes (un français et un américain) en suivant un cursus intégré partagé entre les deux institutions. Exemple : Le programme Alliance entre Columbia University (New York) et trois institutions françaises (École Polytechnique, Sciences Po, et Paris 1 Panthéon-Sorbonne) a délivré plus de 700 doubles diplômes en dix ans. Les étudiants passent la moitié de leur temps à Paris et l’autre à New York.

Objectif : Offrir une formation biculturelle et renforcer l’employabilité internationale.

3. Programmes d’échanges internationaux

Ces programmes structurés facilitent la mobilité étudiante à moindre coût : MICEFA : Regroupe la majorité des universités parisiennes et plus de 60 universités américaines, permettant aux étudiants d’étudier aux États-Unis pour un semestre ou une année.

Fulbright : Encourage la compréhension mutuelle entre la France et les États-Unis via des bourses pour étudiants, chercheurs et professeurs. Plus de 20 000 étudiants bénéficient chaque année de ce type d’échange.

American Field Service (AFS) : Historiquement l’un des plus anciens (depuis 1914), il favorise les échanges culturels et éducatifs.

4. Contrats de recherche collaborative

Ces partenariats impliquent des laboratoires ou unités de recherche mixtes entre institutions françaises et américaines :

Unités Mixtes Internationales (UMI) : Le CNRS, par exemple, a établi des UMI avec des universités américaines, comme celle avec l’Université de Chicago pour les sciences humaines et sociales.

Programmes Hubert Curien (PHC) : Financés par les ministères français et leurs homologues américains, ces programmes soutiennent des projets de recherche conjoints sélectionnés annuellement.

5. Programmes institutionnels et consortiums

Certaines universités participent à des alliances ou réseaux internationaux incluant des partenaires américains :

Circle U. : Rassemble des universités européennes (comme Paris Cité) et envisage des coopérations avec des institutions américaines via des projets interdisciplinaires.

CONAHEC : Consortium nord-américain qui inclut des universités françaises pour des échanges à court terme.

6. Coopérations via des fondations ou financements publics

Fondations de coopération scientifique (FCS) : Certaines universités françaises utilisent ce statut pour structurer leurs partenariats internationaux, parfois avec des financements publics ou privés américains.

Partenariats Smithsonian : En 2021, un programme en ligne sur la diversité et la durabilité a été lancé avec le ministère français de l’Éducation nationale, l’Ambassade des États-Unis, et la Smithsonian Institution, impliquant des lycées français et américains.

7. Campus délocalisés et instituts conjoints

Certaines grandes écoles françaises exportent leur modèle aux États-Unis ou créent des structures conjointes :

Exemple : L’INSEAD, bien que principalement implanté à Singapour, collabore avec des universités américaines comme Wharton pour des programmes exécutifs.

Modalités pratiques

Signature et durée : Ces accords sont généralement formalisés par des conventions ou mémorandums d’accord (MoU), avec une durée de 3 à 5 ans renouvelable.

Financement : Soutenu par des fonds publics (Campus France, AFD, ministères), des bourses (Fulbright), ou des contributions des établissements.

Objectifs : Renforcer la mobilité, la recherche interdisciplinaire, et l’attractivité internationale des institutions.

Exemples concrets supplémentaires

Sorbonne Université et McGill (Canada, mais modèle similaire aux États-Unis) : Échanges d’étudiants et recherches en lettres et sciences humaines.

Université Grenoble Alpes : Possède 406 accords avec 235 établissements dans 48 pays, dont plusieurs universités américaines comme celles du réseau UC.

Ces partenariats reflètent une volonté de construire des ponts académiques transatlantiques, adaptés aux besoins éducatifs et scientifiques des deux pays. Remarquons un cas particulier intéressant : Siences Po Paris a mis en place des programmes d’échanges et de mobilité avec plusieurs institutions nord-américaines prestigieuses, notamment :

Harvard University

Princeton University

Northwestern University

Columbia University

University of Chicago

Yale University

Ces partenariats facilitent les échanges académiques et les collaborations de recherche entre les deux institutions.

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4 – Divers appareils pour agir sur les médias.

Aux États-Unis, plusieurs fondations, agences et organismes exercent une influence financière, culturelle et politique significative sur les médias, tant sur le plan national qu’international, y compris en Europe. Ces entités opèrent souvent à travers des financements, des partenariats, des programmes de formation ou des initiatives de soft power. Voici une analyse des principaux acteurs impliqués, basée sur leur rôle historique et actuel :

Fondations privées influentes

Fondation Ford

Rôle : Créée en 1936 par Henry Ford, cette fondation a joué un rôle majeur dans le financement de projets culturels et intellectuels, notamment pendant la guerre froide avec son "Plan Marshall intellectuel" visant à contrer l’influence communiste. Elle a soutenu des institutions académiques, des centres de recherche en sciences sociales et des organisations comme le Congrès pour la liberté de la culture.

Influence sur les médias : En Europe, elle a financé des initiatives favorisant les valeurs libérales et démocratiques, influençant indirectement les contenus médiatiques par le biais de think tanks et d’universités. Aux États-Unis, elle soutient des projets liés à la justice sociale qui se répercutent dans les narratifs médiatiques progressistes.

Fondation Rockefeller

Rôle : Fondée par John D. Rockefeller, elle a historiquement investi dans la recherche scientifique, l’éducation et la culture, notamment via le MoMA à New York, qui a promu l’expressionnisme abstrait comme outil de diplomatie culturelle pendant la guerre froide.

Influence sur les médias : Elle a contribué à façonner des courants culturels exportés via les médias américains (cinéma, art), influençant les perceptions européennes. Ses financements soutiennent aussi des ONG et des médias indépendants aux États-Unis, qui peuvent relayer ses priorités.

Fondation Carnegie

Rôle : Initiée par Andrew Carnegie, elle se concentre sur l’éducation, la paix internationale et la recherche. Elle a joué un rôle clé dans les relations transatlantiques avant et après les deux guerres mondiales.

Influence sur les médias : En finançant des institutions éducatives et des think tanks, elle oriente les débats publics repris par les médias américains et européens, notamment sur des questions comme la gouvernance mondiale.

Open Society Foundations (OSF)

Rôle : Fondées par George Soros en 1984, elles visent à promouvoir la démocratie et les droits humains, particulièrement en Europe de l’Est après la chute du communisme.

Influence sur les médias : L’OSF finance directement des médias indépendants, des journalistes et des ONG en Europe (par exemple, Radio Free Europe/Radio Liberty) et aux États-Unis, influençant les récits sur la démocratie et les droits de l’homme. Elle est souvent accusée par ses détracteurs de pousser un agenda libéral.

Agences gouvernementales

National Endowment for Democracy (NED)

Rôle : Créée en 1983 avec un financement du Congrès américain, cette agence semi-publique promeut la démocratie à l’étranger, souvent en collaboration avec l’USAID.

Influence sur les médias : La NED finance des médias, des formations journalistiques et des ONG en Europe et ailleurs, soutenant des narratifs pro-démocratiques alignés sur les intérêts américains. Elle a été critiquée comme un outil déguisé de la CIA pour influencer les politiques étrangères.

United States Agency for International Development (USAID)

Rôle : Agence fédérale d’aide au développement, elle intègre souvent des objectifs culturels et politiques dans ses programmes.

Influence sur les médias : Elle a financé des initiatives médiatiques mondiales, comme Internews Network, qui a reçu des centaines de millions de dollars pour façonner l’information dans des pays cibles, y compris en Europe. Des révélations récentes (via X et Wikileaks) suggèrent que des médias comme la BBC et Politico ont bénéficié de ses fonds.

National Endowment for the Arts (NEA)

Rôle : Créée en 1964, cette agence fédérale subventionne les arts et la culture aux États-Unis.

Influence sur les médias : Bien que son action soit principalement nationale, elle soutient des projets artistiques qui influencent la culture populaire américaine, exportée ensuite via Hollywood et les médias numériques, impactant les tendances culturelles européennes.

Mais l’influence de cet organisme géant est beaucoup plus grande. Voici quelques études le concernant.

L’Agence France-Presse (AFP) a reçu des financements de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) par l’intermédiaire d’Internews Network, une organisation intermédiaire. Internews Network a collaboré avec 4 291 médias à travers le monde et, rien qu’en 2023, a formé neuf mille journalistes.

Entre 2009 et 2025, l’AFP a perçu un total de 279 255 dollars de l’USAID pour sept commandes. Pour la période de 2023 à août 2024, les montants précis des financements de l’USAID à l’AFP ne sont pas détaillés dans les sources disponibles. Cependant, il est mentionné que l’AFP a reçu 447 000 dollars des agences américaines au cours des douze derniers mois, dont 22 730 dollars de l’USAID pour un abonnement au fil photo de l’agence.

Présentation de l’USAID par Alexis Poulin (Le Monde moderne)

Présentation claire, précise, concise.

https://www.youtube.com/watch?v=XoE...

article complet sur l’USAID sur le site of investigation aspect humanitaire et connexion active avec la CIA.

https://www.off-investigation.fr/hu...

Article de Wikipédia sur l’USAID https://fr.wikipedia.org/wiki/Agenc... *

https://odysee.com/@JeanDominiqueMi...’elys%C3%A9e:6

Sur AgoraVox :

https://www.agoravox.tv/tribune-lib...

André Berkoff sur Sud radio énumère une multitude d’aides attribuées aux grands médias par l’USAID

https://yandex.com/video/preview/10... @+ *

Remarquons que la CIA qui a été en relation avec cet organisme réoriente sa stratégie avec la nouvelle direction.

John Ratcliffe, nommé directeur de la CIA en 2025 par Trump à des préoccupations plutôt axées sur la sécurité intérieure et sur l’influence de la Chine. Il ne peut pas être considéré comme un néo conservateur interventionniste.

Autres organismes et initiatives

Council on Foreign Relations (CFR)

Rôle : Think tank influent regroupant élites politiques, économiques et médiatiques, il façonne les politiques étrangères américaines.

Influence sur les médias : Ses membres incluent des patrons de grands médias (CNN, NY Times), et ses rapports orientent les lignes éditoriales des principaux outlets américains, qui influencent à leur tour les médias européens via des partenariats ou des reprises.

Big Tech et fondations associées (ex. : Google.org, Facebook Journalism Project)

Rôle : Les géants technologiques américains financent des initiatives journalistiques et des outils numériques.

Influence sur les médias : Google.org et le Facebook Journalism Project soutiennent des médias locaux et internationaux, souvent en alignement avec des valeurs technolibérales, affectant la production de contenu en Europe via des algorithmes et des subventions.

Central Intelligence Agency (CIA)

Rôle : Bien que clandestine, la CIA a historiquement influencé les médias dans le cadre de la guerre froide (ex. : financement de Radio Free Europe).

Influence sur les médias : Son rôle est moins direct aujourd’hui, mais elle est soupçonnée de collaborer avec des entités comme la NED pour financer des opérations d’influence médiatique en Europe et aux États-Unis. Voir le livre précédemment cité de Frédéric Chartier.

Mécanismes d’influence

Financement direct : Subventions à des médias indépendants ou publics (ex. : NPR aux États-Unis, qui reçoit des fonds privés et publics).

Soft power culturel : Exportation de films, séries et musiques financés par ces entités, qui façonnent les imaginaires européens.

Réseaux transatlantiques : Partenariats avec des universités, think tanks et ONG européennes relayant les priorités américaines.

Contrôle narratif : Soutien à des journalistes et éditeurs via des bourses ou des programmes comme le Foreign Leader Program de l’USIS.

Exemples concrets

La Fondation Ford et la Rockefeller ont financé la London School of Economics, influençant les élites européennes formées là-bas, qui alimentent ensuite les médias.

L’OSF a investi dans des médias comme The Guardian (via des projets spécifiques) et soutient des initiatives contre la désinformation en Europe.

La NED et l’USAID ont été liées à des financements de médias en Ukraine et dans les Balkans, régions stratégiques pour l’influence occidentale.

Analyse critique

Ces entités ne sont pas monolithiques : leurs agendas varient entre philanthropie sincère, promotion d’intérêts nationaux et influence idéologique.

Leur impact sur les médias européens dépend aussi des résistances locales (ex. : politiques culturelles françaises). Cependant, leur puissance financière et leur accès aux réseaux mondiaux leur confèrent un levier incontestable, souvent perçu comme une forme d’"américanisation" culturelle et politique.

5 – l’emprise du soft power américain et l’américanisation des esprits en Europe et en France.

L’étude précédente montre l’existence d’un méga réseau d’appareils idéologiques d’influence d’une puissance inégalée au niveau planétaire. Ces appareils structurent les esprits et des systèmes de valeurs européens et français y compris dans leur dimension affective.

L’alignement idéologique des dirigeants européens et en particulier français sur la géopolitique nord-américaine s’explique donc très simplement. À quelques exceptions près, c’est alignement s’est réalisé sur la politique démocrate et néo conservatrice.

Les sociaux-démocrates et les écologistes sont particulièrement vulnérables à cette emprise . Pour échapper à cette emprise hybride : mondialisme – néo conservatisme véhiculé par tous les médias Atlantistes en France et en Europe, il faut varier ses sources d’information et se référer à des sources non alignées .

Il existe différents ouvrages ayant traité de l’américanisation des esprits. En voici quelques exemples.

L’américanisation des esprits, en particulier en France, a été analysée par plusieurs auteurs et chercheurs. Voici une sélection d’études et d’ouvrages pertinents sur le sujet :

Ludovic Tournès

Historien spécialiste des relations transatlantiques, il a publié Américanisation : une histoire mondiale, XVIIIe-XXIe siècle en 2020, offrant une analyse approfondie de l’influence américaine à l’échelle mondiale. TRANSATLANTIC-CULTURES.ORG

Marianne Debouzy

Sociologue française, elle a étudié l’impact de la culture américaine sur la société française, notamment à travers des travaux sur l’américanisation du travail et des modes de vie en France.

Philippe Roger

Auteur de L’ennemi américain : généalogie de l’antiaméricanisme français (2002), il explore les racines de l’antiaméricanisme en France et comment cette perception a influencé la réception de la culture américaine. TRANSATLANTIC-CULTURES.ORG

Richard F. Kuiselen

Dans Le miroir américain : 50 ans de regard français sur l’Amérique (1993), il analyse la perception française de l’Amérique et comment celle-ci a évolué au fil du temps.

En voici quelques autres :

Denis Lacorne, Jacques Rupnik et Marie-France Toinet (dir.) - L’Amérique dans les têtes : Un siècle de fascinations et d’aversions (1986)

Cet ouvrage collectif explore les attitudes ambivalentes des Européens, et notamment des Français, envers les États-Unis au XXe siècle. Il traite des imaginaires, des stéréotypes et des influences culturelles qui ont façonné les esprits, entre admiration pour le "rêve américain" et critique de l’impérialisme.

Victoria de Grazia - Irrésistible Empire : America’s Advance Through Twentieth-Century Europe (2005)

Cet ouvrage examine l’expansion de la culture de consommation américaine en Europe au XXe siècle. De Grazia explore comment les produits, les films et les pratiques commerciales ont transformé les modes de pensée et les comportements, avec des exemples concrets en France et ailleurs.

Ludovic Tournès - Sciences de l’homme et politique : Les fondations philanthropiques américaines en France au XXe siècle (2011)

Ici, Tournès se penche sur l’influence des fondations américaines (comme la Fondation Rockefeller) sur le développement des sciences sociales en France. Il montre comment ces initiatives ont contribué à modeler les esprits académiques et politiques français selon des paradigmes américains.

Sophie Meunier et Philip Gordon - The French Challenge : Adapting to Globalization (2001)

Ce livre traite de la manière dont la France a réagi à la globalisation, souvent perçue comme une américanisation des modes de vie et des esprits. Les auteurs analysent les tensions entre résistance culturelle et adoption de modèles économiques et sociaux américains.

Articles et travaux universitaires divers

Des revues comme Les Cahiers du CRH (Centre de Recherches Historiques) ont publié des études spécifiques, comme celle de Richard Kuisel sur "L’américanisation de la France (1945-1970)" (2009), disponible sur journals.openedition.org. Ces travaux s’appuient sur des archives (ex. Plan Marshall) et des analyses de la presse (Le Monde, Esprit) pour documenter l’évolution des mentalités.

Sylvie Mathé

Son ouvrage L’antiméricanisme, Antiamericanism at Home and Abroad (2000) offre une perspective sur les sentiments anti-américains en France et ailleurs, et leur impact sur la culture et la société.

Ces ouvrages fournissent des perspectives variées sur l’influence de la culture américaine en France et les réactions qu’elle a suscitées.

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Voir article entre parenthèses universitaires) l’américanisation de l’Europe

https://shs.hal.science/halshs-0114...’,%C3%A0%20parler%20de%20civilisation%20am%C3%A9ricaine.

Hervé Debonrivage


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