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Tout citoyen de droite comme de gauche ne peut considérer que comme scandaleux et inadmissible qu’un gouvernement, quel que soit sa couleur, puisse par sa politique criminelle provoquer la mort de centaines de personnes en ne permettant pas au système hospitalier et notamment aux urgences de fonctionner normalement pour soigner les malades dont la vie est en danger.
Une telle carence devrait à elle seule suffire pour faire sauter un gouvernement puisqu’il s’agit en réalité, si l’on prend de la distance, d’un crime contre une partie de la population.
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Urgences : Crise structurelle et meurtrière.
Source :L’Insoumission. Dimanche 30 mars 2025
https://linsoumission.fr/2025/03/27...
La Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques (Dress) du Ministère de la santé s’alarme d’un temps moyen aux urgences passant de 2 heures 15 d’attente en 2013 à 3 heures en 2023. Une situation aggravée par la casse structurelle du système de santé français.
L’Insoumission revient sur les causes d’une telle catastrophe, amplifiée par les politiques macronistes. Notre article.
Lors d’un entretien à la matinale de RTL (RTL, 20/03/2025), Pierre Schwob, infirmier aux urgences à Clichy, fait état d’un « système de santé à la dérive ». Selon lui, le nombre de patients a été doublé par deux en l’espace de douze ans, et le nombre de lits n’a pas cessé de baisser. Le taux d’occupation aux urgences est passé de « 80 % à plus de 200 % ». La crise des urgences est symptomatique de la défaillance du système. Près d’un quart des patients mentionnent en effet un problème pour obtenir un rendez-vous médical par ailleurs, et vont ainsi aux urgences selon la Dress.
Les urgences sont vite débordées en raison du manque chronique de personnels dans les services. Une situation particulièrement importante en Seine-Saint-Denis, premier désert médical de France où 92,8 % du département est considéré désert médical avancé par l’Agence régionale de santé (ARS) (Les Échos, 22/07/2022). Une autre enquête de la Dress datant de juillet 2024 faisait état de 8 % des services d’urgences ayant dû fermer complètement dans les trois mois précédant l’enquête, 23 % ayant dû réguler leur accès, 19 % déclaraient alors un manque de médecins. Enfin, entre 2013 et 2023, l’affluence dans les services a augmenté de 13 % (Le Monde, 12/07/2024).
Le travail des médecins urgentistes est ainsi de plus en plus difficile, voire impossible et la désorganisation des services les pousse progressivement à démissionner, aggravant encore le problème. En effet, selon une mission Flash commandée par le Ministère de la Santé, « La pénibilité de la permanence des soins entraînerait près de trois quarts des médecins à considérer l’hypothèse d’un départ de l’hôpital public dans les 5 ans » (Mission Flash, juin 2022). Ainsi un homme de 80 ans est décédé après 10 heures d’attente sur un brancard aux urgences du CHU de Nantes (L’Insoumission, 24/01/2025). Plus de 150 personnes ont été tuées à l’hôpital en un mois faute de moyens (L’Insoumission, 21/03/2024).
Pour aller plus loin : Macron et l’hôpital en 10 chiffres : pourquoi plus de 150 personnes ont été tuées en un mois faute de moyens ?
Ainsi, les urgences sont le réceptacle de tous les maux touchant au système de santé. Lors d’une allocution, Emmanuel Macron s’engageait devant les Français d’un désengorgement des services d’urgence d’ici à la fin de l’année 2024. Il promettait également des « solutions concrètes pour améliorer la vie quotidienne » des 10 millions de Français vivant dans les quartiers défavorisés, les zones rurales, les territoires d’outre-mer.
Deux ans plus tard, il n’en est rien. Les morts par inaction politique et par désengagement progressif en termes matériels et financiers dans l’hôpital public ne cessent d’augmenter chaque année. À la fin de l’année 2024, les urgentistes constataient la suppression de plus de 10 000 lits lors des deux années précédentes (Franceinfo, 31/12/2024).
À cela s’ajoutent des politiques structurelles aggravant la crise des hôpitaux publics. La réforme des retraites d’abord. En effet, en passant l’âge de départ légal de 62 à 64 ans, les travailleurs et travailleuses devront recourir davantage aux soins et pourraient participer à l’engorgement des systèmes de santé. Le projet de loi de finance de la Sécurité sociale passé en février 2025 devrait également coûter plus d’1 milliards d’euros aux hôpitaux publics, le Gouvernement leur ayant demandé de cotiser davantage à la caisse de retraite des agents hospitaliers et territoriaux (CNRACL).
L’exécutif avait par ailleurs prévu de soustraire 700 millions d’euros de dépense via des « optimisations d’achat à l’hôpital ». Un travail administratif d’analyse de la performance lourd pour les hôpitaux et une recherche de la performance au service non pas de la santé des patients, mais des économies supposées seulement. Certains arrêts de travail ont également vu leur couverture limitée par le PLFSS (Les Échos, 10/10/2024), l’exécutif espérant faire quelque 600 millions d’euros d’économie sur la santé des travailleurs et travailleuses.
En tout, ce sont près de 4 milliards d’économies annoncées par le Gouvernement. Une politique destructrice des services de santé français qui tue en conscience, et en silence.
Face à la crise, la France Insoumise propose de reconstruire durablement le service public hospitalier, de réouvrir des services d’urgences, d’engager un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social, de revaloriser les métiers et les revenus ou encore d’augmenter les capacités d’accueil des établissements de santé publics.
Une lutte efficace contre les déserts médicaux permettra de désengorger progressivement les urgences des hôpitaux publics via le recrutement de médecins publics, l’augmentation des moyens des facultés de médecine, la mobilisation de la médecine libérale et hospitalière. Ces mesures doivent passer par une revalorisation des métiers et des revenus des systèmes de santé.
Alors qu’aucune leçon n’a été prise depuis la crise de la Covid-19 par le Gouvernement macroniste et que des milliers de lits sont supprimés chaque année dans les hôpitaux publics, que rien n’est fait pour lutter efficacement contre les déserts médicaux en zones rurales ou dans les quartiers défavorisés, sans parler de la situation alarmante dans les territoires d’Outre-mer, l’alternative au système libéral est nécessaire à la survie des systèmes de soin français, et ainsi de leurs patients.
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COMPLEMENTS
Nous complétons l’information précédente sur certains points et étendons le diagnostic.
L’état des urgences hospitalières en France ces dernières années est effectivement préoccupant, avec une situation qualifiée de critique par de nombreux observateurs, professionnels de santé et rapports officiels. Voici un aperçu basé sur les informations disponibles, suivi d’une analyse spécifique pour 2023 et août 2024.
État général des urgences hospitalières ces dernières années
Depuis plusieurs années, les urgences françaises font face à une crise structurelle marquée par :
Surcharge des services : Le nombre de passages aux urgences a augmenté, passant de 18,7 millions en 2012 à environ 20,8 millions en 2022 (selon la DREES). Cette hausse s’explique en partie par un recours accru aux urgences faute d’accès rapide aux soins de ville.
Manque de personnel : La pénurie de médecins urgentistes et d’infirmiers est chronique, aggravée par des conditions de travail difficiles et des démissions. Par exemple, en 2023, 19 % des services d’urgences signalaient un manque de médecins, selon une enquête de la DREES.
Réduction des lits d’hospitalisation : Entre 2013 et 2023, le nombre de lits d’hospitalisation complète a diminué de 11 %, entraînant des engorgements puisque les patients ne peuvent pas être transférés rapidement des urgences vers d’autres services.
Temps d’attente en hausse : En 2023, la moitié des patients passaient plus de 3 heures aux urgences, contre 2h15 en 2013. Pour 10 % d’entre eux, ce délai dépassait 6 heures (DREES, 2024).
Cette situation a été particulièrement tendue en 2024, avec des fermetures temporaires de services (8 % des urgences ont fermé complètement sur une période de trois mois en 2024) et une dégradation signalée par 39 % des hôpitaux publics cet été-là, selon la Fédération Hospitalière de France (FHF). Focus sur 2023 et août 2024 : les décès liés à l’attente excessive
Quantifier précisément le nombre de morts consécutives à une attente excessive aux urgences est complexe, car il n’existe pas de données officielles systématiques et exhaustives sur ce sujet en France. Cependant, des estimations et des signalements permettent d’approcher la réalité. 2023
Le syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) a lancé en décembre 2022 l’opération « No Dead » pour recenser les « décès inattendus » (patients décédés faute de prise en charge rapide alors qu’ils ne présentaient pas initialement de signes de gravité critique). Entre décembre 2022 et janvier 2023, 43 décès ont été signalés dans 22 départements, sur la base de déclarations volontaires de médecins. Si l’on extrapole à l’échelle nationale (101 départements), ce chiffre pourrait être largement sous-estimé.
Sur l’ensemble de 2023, SUdF a évoqué plus de 150 décès inattendus pour le seul mois de décembre 2022, suggérant une tendance annuelle potentiellement plus élevée. Marc Noizet, président de SUdF, a qualifié ces chiffres de « sans doute sous-estimés » en 2024, estimant qu’ils reflètent une « surmortalité » liée à l’engorgement des urgences.
Pour août 2024 spécifiquement, les données précises manquent dans les sources officielles. Cependant, des témoignages et posts sur X mentionnent des incidents graves, comme à Nantes où « 4 morts » auraient été signalés dans les couloirs des urgences, attribués à des délais d’attente pouvant atteindre 50 à 70 heures. Ces chiffres, bien que non vérifiés officiellement, coïncident avec des alertes relayées par les soignants sur la saturation des services dans le Grand Ouest cet été-là.
À l’échelle nationale, en l’absence de statistiques officielles pour août 2024, on peut estimer le nombre de décès en se basant sur les tendances antérieures et les signalements ponctuels. Si l’on considère que 2023 a vu des centaines de cas sur l’année (hypothèse basse de 300-500 décès basée sur les extrapolations de SUdF), août 2024, mois traditionnellement tendu en raison des vacances et des fermetures partielles, pourrait représenter une fraction significative, potentiellement entre 30 et 50 décès inattendus liés à l’attente excessive. Cette estimation reste spéculative faute de données consolidées.
Manque de données systématiques : Contrairement au Royaume-Uni, où le Royal College of Emergency Medicine a estimé 23 000 décès excédentaires en 2022 liés aux délais, la France ne dispose pas d’un suivi officiel comparable. Les chiffres disponibles proviennent principalement de signalements syndicaux ou médiatiques, donc partiels.
Causes multiples : Les décès aux urgences ne sont pas tous attribuables à l’attente seule. Certains patients arrivent dans un état déjà critique, d’autres sont en soins palliatifs. Cependant, des études montrent une surmortalité de 30 à 40 % pour les patients âgés passant trop de temps sur un brancard.
Contexte 2024 : La situation semble s’être aggravée avec la fermeture de services et une tension accrue sur les effectifs, mais sans recensement national récent, il est impossible de donner un chiffre exact pour août 2024.
L’état des urgences hospitalières en France ces dernières années, et particulièrement en 2024, est marqué par une crise profonde : surcharge, manque de moyens et délais prolongés. Pour 2023, les estimations oscillent entre plusieurs centaines de décès inattendus sur l’année, avec au moins 150 signalés pour décembre. Pour août 2024, les indications fragmentaires (comme les 4 morts à Nantes) suggèrent une persistance du problème, avec une estimation nationale hypothétique de quelques dizaines de cas pour ce mois. Pour une évaluation précise, un recensement officiel serait nécessaire, ce que réclament d’ailleurs les professionnels de santé.
Non seulement le gouvernement et les élus politiques qui le soutiennent ne donnent pas les moyens financiers pour faire face correctement à l’urgence et à la qualité des soins en milieu hospitalier, ce qui est criminel puisque cela engendre des centaines et peut-être même des milliers de décès par an, mais met tout en œuvre avec ces médias complices pour dissimuler la réalité des faits pour un domaine particulièrement sensible puisque vital : il s’agit de la vie et de la survie de nos concitoyens au sens biologique.
Il n’y aurait pas d’argent disponible pour faire fonctionner correctement les urgences et sauver ainsi des centaines de vies humaines dans notre pays ? Mensonge, puisque ce même gouvernement a été capable d’attribuer 17,9 milliards d’euros d’aide militaire et financière à l’Ukraine depuis février 2022. Mais ce chiffre, lui aussi, évidemment, est bien dissimulé pour des raisons que le lecteur peut aisément imaginer. On aura compris que la vie de nos concitoyens n’est pas prioritaire pour le gouvernement en place. Mais n’oublions pas non plus la vie de nos soignants dont certains se suicident ou sombrent dans le burnout ou évitent cela en démissionnant.
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Hervé Debonrivage
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