Jean Ferrat décédé : la gauche et la chanson en deuil. Hommages.

jeudi 14 mars 2024.
 

1) Quelques chansons de Jean Ferrat disponibles sur le net

2) la Gauche est en deuil (Brigitte Blang)

3) Hommages PG, PCF, NPA

4) Jean Ferrat soutenait le Front de gauche pour ces régionales

5) Après Brassens, Brel, Ferré, et Ferrat aujourd’hui, une grande page est tournée..

6) Les chansons censurées de Jean Ferrat

7) Quelques réactions au décès de Jean Ferrat

Introduction (Jacques Serieys)

Dans les années 1960, Jean Ferrat subissait en permanence la censure du gaullisme. Aussi, lors de ses passages à la télévision, par exemple au Palmarès des chansons, toute la France progressiste se retrouvait devant les écrans de télévision. Dans les bourgs ruraux où arrivaient les premiers postes, nous nous retrouvions au café ; au lycée, nous obtenions le droit de regarder l’émission. Lorsque l’orchestre égrainait les premières notes de Nuit et Brouillard ou Que ferais-je sans toi ?, le silence s’imposait, quelque larmes coulaient. Et dans les familles de gauche, le premier disque offert sur le maigre salaire en même temps que le tourne-disque distillait encore la voix chaude de Ferrat.

Chacun avait sa chanson préférée ; mon grand père maternel adorait La montagne, mon père Ma France, ma mère Ma môme et moi Potemkine.

Parmi les témoignages qui affluent depuis son décès, que le lecteur me permette de citer ceux :

- de sa femme Colette "Jean était l’homme intègre, honnête, droit que vous avez connu, qui n’a jamais changé, avec une grande envie de partage, une générosité. Il était toujours à l’écoute des autres."

- de Jack Ralite, député communiste de 1981 1983 "Il était un guetteur à qui rien n’échappe... Il était un manifestant en chanson, en poète, en action. Il a participé des années durant à la bataille pour la culture à travers une militance minutieuse. En politique, Jean Ferrat était un juste. C’était une conscience, un pont, un courageux pour donner un avenir à nos origines."

Dans les années 1980 et 1990 où nos idées paraissaient totalement submergées par le triomphe du capitalisme et de son prétexte le libéralisme individualiste et totalitaire, il sut rester fidèle à ses engagements de jeunesse.

Un jour prochain, je ferai le voyage d’Entraygues sur Truyère à Antraigues sur Volane.

Jacques Serieys

1) Quelques chansons de Jean Ferrat disponibles sur le net

Ma France : http://www.youtube.com/watch?v=guYd...

Nuit et brouillard : http://www.youtube.com/watch?v=3k8V...

Potemkine : http://www.youtube.com/watch?v=mxTC...

La montagne : http://www.youtube.com/watch?v=vBh9...

La Commune : http://www.youtube.com/watch?v=vlcv...

Le chant des partisans : http://www.youtube.com/watch?v=XM9G...

Camarade : http://www.youtube.com/watch?v=mEZV...

Quand Jean Ferrat chantait contre le danger d’extrême droite : J’ai froid

Jean Ferrat - Nul ne guérit de son enfance : https://www.youtube.com/watch?v=-UP...

La paix sur terre : http://www.youtube.com/watch?v=DB6Q...

La porte à droite : http://www.youtube.com/watch?v=5MTp...

Maria (Guerre d’Espagne) : http://www.youtube.com/watch?v=w3B0...

Un jour Un jour : http://www.dailymotion.com/video/x7...

Les nomades : http://www.youtube.com/watch?v=y2Bo...

LE SABRE ET LE GOUPILLON Paroles et musique : Jean Ferrat (reçu par message en forum sur notre site)

Deux enfants au soleil : http://www.youtube.com/watch?v=jXhh...

Que ferais-je sans toi ?

https://www.youtube.com/watch?v=I1l...

La femme est l’avenir de l’homme : http://www.youtube.com/watch?v=kqre...

Aimer à perdre la raison : http://www.youtube.com/watch?v=nQsF...

C’est beau, la vie : http://www.youtube.com/watch?v=0xNa...

Mon amour sauvage : http://www.youtube.com/watch?v=NtST...

Nous dormirons ensemble : http://www.youtube.com/watch?v=E0ZI...

Pourtant la Vie : http://www.youtube.com/watch?v=O993...

Parle moi de nous : http://www.youtube.com/watch?v=qopR...

Le malheur d’aimer : http://www.youtube.com/watch?v=DJMj...

Les tournesols http://www.youtube.com/watch?v=wO1P...

Chagall : http://www.youtube.com/watch?v=RORw...

Carco : http://www.youtube.com/watch?v=0ETJ...

Complainte de Pablo Neruda : http://www.youtube.com/watch?v=qY-x...

Cuba si : http://www.youtube.com/watch?v=4Njp...

Ma môme : http://www.youtube.com/watch?v=wQIW...

Le grillon : http://www.youtube.com/watch?v=_VMp...

Nul ne guérit de son enfance : http://www.youtube.com/watch?v=XuiE...

Lorsque s’en vient le soir : http://www.youtube.com/watch?v=5b5X...

http://video.muzika.fr/titres/1360/...

2) la Gauche est en deuil (Brigitte Blang)

C’était en 67, et le bac c’était quelques jours plus tard. Ferrat passait à Metz ce samedi et j’avais à prendre à 23 h un train qui me mènerait dans l’Ouest. Le billet dans ma poche, dans l’après-midi, j’ai tenté le truc, et je me suis glissée dans la salle où il chanterait plus tard. Au culot, je lui ai dit que le soir, avec le train, tout ça, je n’aurais pas le temps de me faire signer les 45 tours qui dormaient au fond de mon sac. On a parlé un long moment, de mon papa communiste, de Potemkine qui m’avait appris la juste révolte, de Ma Môme qui jouait pas les starlettes, des Nomades et de la Fête aux copains. Et aussi d’un certain P’tit jardin, bien avant celui de Dutronc, mais qui disait la même chose… Écolo de la première heure ? Eh ! Pourquoi pas ? Il a signé les disques, et je suis restée pour la répét, on ne disait pas la balance, c’était il y a si longtemps…

J’ai su ce jour-là ce qu’était un artiste sans concessions. Mais qui donnait un vrai spectacle, avec plein de monde avant lui. C’était ce qu’on nommait les vedettes anglaises, puis américaines. Ce soir-là, c’était Francesca Solleville, évidemment et aussi Dupont et Pondu (ça ne s’invente pas !), des artistes à qui il offrait une scène, comme ça, pour juste leur faire la courte échelle. Ces instants magiques je les ai gardés comme des cadeaux, bien planqués au fond du cœur. Nos belles histoires, on n’a pas toujours envie de les partager. Quand je suis revenue au lycée, une semaine après et que j’en ai parlé, un peu, seulement un peu, aux copains, ça les a émus moyen, bien sûr. En pleine période yé-yé ou peut-être même pire, Ferrat, ça n’avait pas trop d’échos dans la cour de l’internat. Du coup, ça te filait un coup de marginalité de bon aloi par ces temps de juste avant 68 !

Après, eh bien, je lui ai écrit, ça se faisait, aussi chez les lycéennes, et pas que pour Claude François ! Et il m’a répondu… Même une carte d’anniversaire, en août 98, autant dire un siècle plus tard ! celle que je vous offre là-dessous. Alors, aujourd’hui on se surprend à fredonner « Camarade », ce joli mot qui « marie cerises et grenade aux 100 fleurs du mois de mai ». On se souvient qu’il avait été le premier à oser faire des camps une chanson, et qu’après lui, tout le monde avait su ce que signifiait Nacht und Nebel. Peut-être le premier à célébrer Garcia Lorca, et aussi Van Gogh. Et pareil pour Vian, mais aussi, chose étrange, à écrire un hommage à Brassens avant qu’il ne soit mort ! Il y a peu, je vous annonçais ici qu’il apportait son soutien à la liste emmenée par Élisa. On se dit que décidément, en cette veille de régionales, la France, sa « France », est en deuil. On se dit qu’on a perdu une espèce de grand frère, qu’il faudra un moment avant de s’en remettre, si on s’en remet. Et que demain, ici et là, dans les réunions d’avant et d’après les résultats, on sera quelques-uns à chanter, à célébrer un homme libre, sans compromis, un homme, quoi…

brigitte blang

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3) Hommages PG, GU, PCF, NPA

3a) Hommage à Jean Ferrat

par Elisa Martin, PG,

Tête de liste « Ensemble à Gauche pour des régions solidaires, écologistes et citoyennes » en Rhône Alpes

Je veux vous faire part de ma grande émotion et de ma profonde tristesse, suite à l’annonce du décès de Jean FERRAT.

Je pense, ce soir, à sa famille, ses amis et à mes camarades Ardéchois de notre liste, liste dont il présidait le comité de soutien, riche de plus de 800 signatures. Cela aura été son ultime engagement politique public, ce qui m’avait personnellement beaucoup touchée et encouragée. Il nous laisse des chansons très fortes comme "Ma France" ou encore "la Montagne" bel hommage à cette Ardèche où il avait choisi de vivre.

3b) Hommage à Jean Ferrat par Gauche Unitaire

C’est avec une grande émotion que Gauche Unitaire a appris la mort de Jean Ferrat le samedi 13 mars 2009.

Façonnée et pétrie par l’espoir d’une société meilleure, une société de justice et de fraternité, sa voix chaleureuse a été de celles, rares, qui ont chanté avec un grand talent le peuple luttant pour son émancipation.

L’engagement de Jean Ferrat s’est très tôt heurté à la censure, sans qu’il ne s’en décourage. Son esprit irréductiblement libre lui a permis de ne jamais se départir de l’idéal, d’y rester jusqu’au bout fidèle, sans concéder qu’il soit caricaturé ou aliéné.

Sans céder à un quelconque manichéisme, il a, avec opiniâtreté et poésie, chanté le peuple, la liberté, l’amour, la fraternité.

Nombreux sont ses textes qui longtemps encore seront fredonnés, tant ils font corps avec la mémoire politique du peuple de gauche, tant ils participent de sa culture : de Ma France à Camarade, de Maria à Nuit et Brouillard, de La Commune à Un Air de liberté, de Potemkine à Le bilan, de La montagne à Ma môme…

Avec Jean Ferrat, la gauche populaire perd une expression majeure de sa culture. Souhaitons que de nombreux autres talents prennent la relève, pour poursuivre le chemin qu’il a ouvert.

Gauche Unitaire

3c) Décès de Jean Ferrat : réaction de Marie-George Buffet

Notre ami, notre camarade Jean Tenenbaum dit Jean Ferrat est parti ce samedi rejoindre ses amis les poètes. Je suis bouleversée. Pour moi comme pour des millions de Français, quelque chose de nous s’en va avec lui. Tant de personnes lui sont redevables de tant de souvenirs intimes ou collectifs.

Jean Ferrat, c’est le chanteur dont le sens de l’humanité et de la justice a accompagné l’engagement de générations de militants. Jean Ferrat, c’est la voix qui a transmis, interprété et popularisé les voix d’Aragon, Prévert, Lorca. Jean Ferrat, c’est les valeurs d’amitié, d’amour et de générosité faites de chansons. Il a su lier la poésie, le peuple et ses idéaux.

Je me rappelle cet après-midi passé avec lui à Entraigues au café de la Montagne au cœur de son Ardèche. Il ne chantait pas pour passer le temps ni ne parlait dans le vide. Son compagnonnage critique avec le Parti communiste était utile et exigeant.

Sa disparition est une grande perte. A sa famille, à ses amis, à tous ceux qui ressentent de la peine et de la tristesse, comme moi, je veux leur dire ma certitude que Jean Ferrat, son message, ses chansons ne nous quitteront pas.

Marie-George Buffet, Secrétaire nationale du PCF

Paris, le 13 mars 2010.

3d) COMMUNIQUÉ DU NPA . C’EST UN JOLI NOM, CAMARADE…

C’est avec une grande tristesse que le NPA et Olivier Besancenot ont appris la mort de Jean Ferrat.

Rarement un artiste aura autant été synonyme d’une culture à la fois de grande qualité, populaire et militante. Il a contribué à faire partager le goût de la poésie à grande échelle.

Parmi bien d’autres œuvres, « Le sabre et le goupillon », « Nuit et brouillard », « La Montagne », « Je ne chante pas pour passer le temps », « Heureux celui qui meurt d’aimer », « La femme est l’avenir de l’homme » et, bien sûr, « Ma France », ont rythmé, de manifestations en fêtes populaires, les activités de générations entières de militants. Et d’enfants de militants !

Des années soixante à cette première décennie du XXI° siècle, Jean Ferrat aura chanté toutes les luttes du mouvement ouvrier et progressiste, de la lutte contre le nazisme et les guerres coloniales à la solidarité avec le peuple chilien victime de Pinochet, des marins du Potemkine aux combats féministes, des grèves ouvrières à la critique du stalinisme.

Avec une grande émotion, nous nous rendons hommage à celui qui a su si bien incarner la fraternité militante du peuple de gauche et, au-delà des affiliations ou des sympathies particulières, l’espérance communiste.

Montreuil, le 13 mars 2010

4) Jean Ferrat soutient le Front de gauche pour ces régionales AFP

Jean Ferrat revient sur le terrain politique.

Ancien militant communiste, le chanteur, qui s’est installé depuis quelques années en Ardèche, vole au secours du Front de gauche pour les régionales de mars prochain. Le mouvement mené par Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) et Marie-Georges Buffet (PCF), présente dans ses listes plusieurs leaders syndicaux, dont Pierre Piccarreta, fer de lance de la fronde des Caterpillar, bête noire des négociateurs du plan social à Grenoble.

La liste, menée par la conseillère régionale sortante Elisa Martin (Parti de gauche), compte parmi ses têtes de liste un délégué syndical CGT, Antoine Fatiga (Savoie), et parmi ses candidats des meneurs de la lutte contre la privatisation de La Poste ou pour le soutien aux sans-papiers, non encartés.

Colette Ferrat a indiqué à l’AFP que son mari soutenait le Front de gauche, qui vise « un score à deux chiffres » au premier tour. Agé de 79 ans, l’artiste, qui réside à Antraigues, avait soutenu en 2007 la candidature de José Bové à l’élection présidentielle.

5) Après Brassens, Brel, Ferré, et Ferrat aujourd’hui, une grande page est tournée...

La chanson française a perdu l’un de ses plus grands maîtres. Jean Ferrat est décédé samedi à l’âge de 79 ans des suites d’une longue maladie. L’information a été confirmée ce samedi par la gendarmerie d’Aubenas en Ardèche, département où résidait le chanteur, à Antraigues. Chanteur et parolier engagé, Jean Ferrat est mort à l’hôpital d’Aubenas où il était hospitalisé depuis quelques jours.

Jean Ferrat a commencé sa carrière musicale au milieu des années 1950. Auteur de chansons inoubliables comme « La montagne », « Que serais-je sans toi ? » ou « La femme est l’avenir de l’homme », Ferrat s’était rendu célèbre notamment par l’interprétation de poèmes d’Aragon qu’il avait à nouveau adaptés en 1995.

Un chanteur engagé qui chantait comme on s’insurge

Né Jean Tenenbaum le 26 décembre 1930 à Vaucresson, le petit Jean s’est d’abord appelé Laroche puis Jean Ferrat. Il perd son père à 11 ans, déporté à Auschwitz. Enfant, il est sauvé grâce à des militants communistes, ce qu’il n’oubliera jamais. Elève au Collège Jules Ferry de Versailles, il fut contraint d’interrompre ses études et entre dans un laboratoire de chimie du bâtiment. Tout en faisant du théâtre amateur et de la guitare de jazz, il a commencé sa carrière en chantant pour ses amis les chansons de Prévert et le répertoire de Montand. C’est alors qu’il compose ses premières mélodies.

En 1963, il avait composé une chanson sur la déportation intitulée « Nuit et brouillard » qui fut, un temps, « déconseillée » par les radios, mais pas par le public. Un soir sur Europe 1, la chanson était devenu « Chanson plébiscitée par les auditeurs ». Un épisode de sa carrière à l’image de toute une vie d’artiste, engagé et humaniste, célèbre pour ses mélodies, mais aussi ses coups de gueule notamment contre l’industrie du disque. Il critiquait tout particulièrement le faible nombre d’artistes francophones diffusés sur les radios et ce malgré les quotas. « Oui, je suis un peu le José Bové de la variété », expliquait-il dans une interview à l’Express en 2003.

Compagnon de route du parti communiste, mais jamais encarté

Compagnon de route du parti communiste - sans pour autant avoir eu sa carte au PCF - il n’a pas hésité à critiqué l’URSS mais est toujours resté fidèle à son engagement à gauche. Lauréat du prix de l’académie Charles Cros en 1963 et du grand prix de la chanson de la SACEM en 1994, Ferrat avait apporté son soutien à la liste présentée aux élections régionales par le Front de Gauche en Ardèche.

Dans une interview à notre journal en 2007, il expliquait ses rapports au communisme : « J’ai toujours eu des rapports d’amitié avec les communistes, c’est vrai. Mais je ne me suis jamais empêché de les critiquer, y compris dans mes chansons. Je regrette que le Parti se soit replié sur lui et n’ait pas été capable de dépasser l’attachement, que je comprends, à la candidature Buffet. Elle a de grandes qualités, mais il aurait fallu jouer l’ouverture jusqu’au bout et sortir de la défense stricte de l’appareil. L’éparpillement est détestable. Pour pouvoir peser au cours de cette élection, un grand mouvement qui dépasse les partis est nécessaire. Parce que Sarkozy et Royal du matin au soir, ras-le-bol ! »

Source : http://www.leparisien.fr/musique/le...

6) Les chansons censurées de Jean Ferrat

"Nuit et brouillard" (1963)

"Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, Nus et maigres tremblants dans leurs wagons plombés ...". Déconseillée par le directeur de l’ORTF, la chanson passera en contrebande, un dimanche à midi, dans le "Discorama" de Denise Glaser. Le disque se vend à plus de 300.000 exemplaires, en pleine vague florissante des "yéyés".

"Potemkine" (1965)

Jean Ferrat, qui n’a jamais chanté dans les pays de l’ex-bloc communiste, vient d’écrire cette chanson à la gloire des marins du cuirassé de la mer Noire, dont la mutinerie fut le prélude de la révolution russe de 1905. Elle est interdite lors d’une émission en direct. "Chantez autre chose", lui dit-on à l’ORTF. Le chanteur reste en coulisses, refusant de paraître sans sa chanson.

"Ma France" (1968)

Cette chanson dans laquelle il s’attaque aux gouvernants ("Cet air de liberté dont vous usurpez aujourd’hui le prestige") est interdite d’antenne. Ferrat refuse de passer à la télé sans elle et patientera deux ans avant d’être à nouveau invité sur un plateau. En 1971, Yves Mourousi rompt la censure en diffusant un extrait de la chanson.

"Au printemps de quoi rêvais-tu ?" (1969)

Avec cette chanson inspirée de mai 68, Ferrat est à nouveau censuré à la télévision.

"Un air de liberté" (1975)

Sur Antenne 2, le chanteur a enregistré avec Jacques Chancel "Jean Ferrat pour un soir". A la diffusion, "Un air de liberté", chanson sur la fin de la guerre du Vietnam a disparu de l’émission. "Ah !, monsieur d’Ormesson, vous osiez déclarer qu’un air de liberté flottait sur Saïgon, avant que cette ville s’appelle ville Ho Chi Minh", dit-elle.

La direction de la chaîne a cédé à Jean d’Ormesson, alors directeur du Figaro, qui s’estime diffamé. Ferrat s’explique : "Je n’ai rien contre lui, contre l’homme privé. Mais c’est ce qu’il représente, (...) la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales, que je vise à travers M. d’Ormesson".

Finalement le chanteur obtient de lire une déclaration préalable expliquant pourquoi l’émission est tronquée. Le disque éponyme sort avec les dix chansons.

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

7) Quelques réactions au décès de Jean Ferrat

* Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, sur France-Info : "C’était un compagnon, mais un compagnon qui restait très libre, qui avait un esprit critique, qui était très exigeant par rapport à ses compagnons communistes. C’est pour cela aussi que nous l’admirions tant, que nous avions tant d’amitié, de tendresse pour lui".

* Isabelle Aubret, très proche de Jean ferrat et dont le répertoire compte nombre de ses chansons, lui a rendu un émouvant hommage sur scène samedi en fin d’après-midi à Tours en interprétant son titre fétiche « C’est beau la vie ! ». « Je perds un ami. Je perds l’ami. Le public aussi a perdu un ami. C’est une déchirure après tant d’années, de bons temps et de belles chansons », a-t-elle dit à l’AFP.

* George Moustaki : « C’était quelqu’un d’exemplaire, il n’a rien sacrifié de ce qui lui tenait à coeur », a réagi le chanteur, ajoutant : « On avait la même philosophie, le même regard ».

* Pierre Perret : « Jean Ferrat était l’un des grands de la chanson. Son oeuvre magnifique était en symbiose totale avec ce qu’il était. Il aimait les chansons frondeuses. Nos liens affectifs étaient très forts depuis tant d’années : on a galéré ensemble ».

* Roland Leroy, l’ancien directeur du journal l’Humanité, très ému, a fait part à Europe 1 de "son immense tristesse et de son déchirement" après l’annonce de la mort de Jean Ferrat." J’aimais toutes ses chansons" a-t-il confié.

* Pour le chanteur Daniel Guichard, à qui Jean Ferrat avait écrit Mon vieux (1974), "Jean Ferrat, c’était avant tout le respect". "Le respect des gens, une façon discrète d’être là "explique l’artiste.

* Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste, dans un communiqué : "Cet artiste passionné incarnait la difficile synthèse entre la révolte et l’idéal. Il était profondément engagé et aura tenté, sans jamais se lasser, de lutter contre toutes les formes de servitude (...) Il restera comme un militant infatigable de la justice sociale, qui n’a jamais renoncé à porter les valeurs de la gauche et à mener des combats émancipateurs (...) Chacune de ses chansons était un hymne à la résistance. Elles resteront longtemps dans nos mémoires".

* Claude Lemesle, président de la Sacem à l’Associated Press : "Jean Ferrat était l’une des incarnations majeures de la chanson française de la deuxième partie du XXe siècle. Il était aussi l’un des mélodistes les plus accomplis de sa génération, qui a mis en musique parmi les plus beaux textes de la langue française, dont ceux d’Aragon, qui fut enchanté du résultat"

"Il faudra aussi se souvenir de l’interprète unique qu’était Jean Ferrat, artiste à la voix chaude et enveloppante". "Je l’avais régulièrement au téléphone, mais depuis près d’une année, son état de santé s’était dégradé, de même que son moral".

* Pascal Nègre, président d’Universal Music France, à l’Associated Press : "Avec la disparition de Jean Ferrat, c’est un pan entier de la musique française qui disparaît. Je salue l’artiste, l’humaniste et le militant".

* Michel Drucker, sur France-Info : "C’est une partie de la France, c’est toute une génération qui doit avoir beaucoup de chagrin aujourd’hui parce que c’est un des derniers géants qui disparaît. Il y avait Brel, il y avait Brassens, il y avait Ferré et il y a Jean qui était le dernier des Mohicans. C’est toute une page de la chanson française qui se tourne... Il y a des millions de gens très tristes ce soir : ceux qui sont engagés comme lui, ceux qui aiment la montagne, ceux qui aiment à perdre la raison, l’une des plus belles chansons d’amour. Jean Ferrat a quitté ce métier très tôt, dès 1975, dès qu’il a constaté qu’il devenait une industrie. Il a fait de l’Ardèche son nid », a dit encore Michel Drucker avant d’ajouter : « Il a marqué son époque. J’espère que les jeunes écouteront Ferrat ».

* Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) : salue "ce grand poète, qui a été membre du comité d’honneur du MRAP, militant infatigable contre toutes les formes de racisme et pour les droits de l’Homme". "Aujourd’hui, à l’heure où la parole raciste se libère jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, la voix de Jean Ferrat continuera de raisonner pour interpeller les consciences".

* Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français : "Jean Ferrat était synonyme de générosité, d’homme passionné par les causes humanitaires. Dans toutes les occasions qui s’offraient à lui, il témoignait, plaidait pour la solidarité". "Merci Jean pour ton parcours, ton engagement sans faille, les précieux coups de main que tu nous as apportés pour la solidarité populaire". AP


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