Les oiseaux (récits, poèmes, ornithologie)
Disparition progressive des oiseaux. Constat et analyse des causes.
Faut-il nourrir les oiseaux en hiver ? Pour, contre et précautions
Petits oiseaux : Le massacre invisible
1) La mort des oiseaux - (François Coppée)
2) Un vol passant de hérons lents (Emile Verhaeren)
3) L’albatros - (Charles Baudelaire)
4) La nichée sous le portail - (Victor Hugo)
5) Le cygne - (Sully Prudhomme )
6) Les hiboux - (Charles Baudelaire)
7) Le portrait d’un oiseau - (Jacques Prévert)
8) Le sommeil du Condor - (Leconte de Lisle)
9) Le faisan doré (Auguste ANGELLIER )
10) Le rossignol - (Alphonse Lamartine)
11 Fidèles hirondelles - (Sully Prudhomme)
12) Petite Alouette (André Theuriet)
13) Les mouettes - (Jules Lemaître)
14) Les oies sauvages (Guy de Maupassant)
Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois,
A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois,
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
******
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes.
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Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que " les oiseaux se cachent pour mourir ? "
(Promenades et Intérieurs)
Parabole
Parmi l’étang d’or sombre
Et les nénuphars blancs,
Un vol passant de hérons lents
Laisse tomber des ombres.
*
Elles s’ouvrent et se ferment sur l’eau
Toutes grandes, comme des mantes ;
Et le passage des oiseaux, là-haut,
S’indéfinise, ailes ramantes.
*
Un pêcheur grave et théorique
Tend vers elles son filet clair,
Ne voyant pas qu’elles battent dans l’air
Les larges ailes chimériques,
*
Ni que ce qu’il guette, le jour, la nuit,
Pour le serrer en des mailles d’ennui,
En bas, dans les vases, au fond d’un trou,
Passe dans la lumière, insaisissable et fou.
Emile Verhaeren, Les bords de la route
Souvent pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
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A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons, traîner à côté d’eux.
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Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
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Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
1.
Si tu entres dans l’église
Va, mais regarde doucement
Sous la vieille voûte grise
Ce petit nid innocent.
2.
Aux grands temples où l’on prie
Le martinet, frais et pur,
Suspend la maçonnerie
Qui contient le plus d’azur.
3.
La couvée est dans la mousse
Du portail qui s’attendrit ;
Elle sent sa chaleur douce
Des ailes de Jésus-Christ.
4.
L’église où l’ombre flamboie,
Vibre, émue à ces doux bruits ;
Les oiseaux sont pleins de joie,
La pierre est pleine de nuit.
5.
Les saints, graves personnages,
Sous les porches palpitants
Aiment ces doux voisinages
Du baiser et du printemps
6.
Les vierges et les prophètes
Se penchent dans l’âpre tour
Sur ces ruches d’oiseaux faites
Pour le divin miel : amour
7.
L’oiseau se perche sur l’ange ;
L’apôtre rit sous l’arceau,
Bonjour saint ! dit la mésange
Le saint dit " Bonjour, oiseau "
8.
Les cathédrales sont belles
Et hautes sous le ciel bleu ;
Mais le nid des hirondelles
Est l’édifice de Dieu
(Les contemplations)
Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;
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Mais ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphyr,
Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux.
Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
Il cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
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Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
Il serpente et laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d’une tardive et languissante allure.
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Tantôt il pousse au large et loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
Il choisit pour fêter sa blancheur qu’il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
******
Puis quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
A l’heure où toute forme est un spectre confus,
L’oiseau dans le lac sombre où sous lui se reflète
La splendeur d’une nuit lactée et violette,
Comme un vase d’argent parmi les diamants,
Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.
(Les solitudes)
*** Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur oeil rouge. Ils méditent !
******
Sans remuer, ils se tiendront
Jusqu’à l’heure mélancolique
Où poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s’établiront.
******
Leur attitude au sage enseigne,
Qu’il faut en ce monde qu’il craigne :
Le tumulte et le mouvement.
******
L’homme ivre d’une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D’avoir voulu changer de place.
(Les Fleurs du mal)
Peindre d’abord une cage avec une porte ouverte,
Peindre ensuite quelque chose de joli, de simple et de beau,
Placer ensuite la toile contre un arbre ou dans un jardin.
***
Se cacher derrière l’arbre, silencieusement sans bouger...
Parfois l’oiseau arrive vite, ou bien des années après,
Ne pas se décourager : attendre.
***
Si l’oiseau arrive, attendre que l’oiseau pénètre dans sa cage,
fermer alors tout doucement la porte avec le pinceau,
Puis effacer un à un tous les barreaux... Peindre ensuite le
vert feuillage, la fraîcheur du vent, la poussière du soleil,
le bruit des bêtes, de l’herbe dans la chaleur de l’été.
***
Si l’oiseau chante c’est bon signe, vous pouvez alors signer le tableau en arrachant tout doucement une des plumes de l’oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
(Paroles - Lettres à Elsa Henriquez)
Par delà l’escalier des raides Cordillères,
Par delà les brouillards hantés des aigles noirs,
Plus haut que les sommets creusés en entonnoirs
Où bout le flux sanglant des laves familières,
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L’envergure pendante et rouge par endroits,
Le vaste Oiseau, tout plein d’une morne indolence,
Regarde l’Amérique et l’espace en silence,
Et le sombre soleil qui meurt dans ses yeux froids.
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Du continent muet, elle s’est emparée :
Des sables aux coteaux, des gorges aux versants,
De cime en cime, elle enfle en tourbillons croissants,
Le lourd débordement de sa haute marée.
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Lui, comme un spectre, seul au front du pic altier,
Baigné d’une lueur qui saigne sur la neige
Il attend cette mer sinistre qui l’assiège :
Elle arrive, elle déferle et le couvre en entier.
******
Dans l’abîme sans fond la Croix Australe allume
Sur les côtes du ciel son phare constellé.
Il râle de plaisir, il agite sa plume,
Il érige son cou musculeux et pelé,
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Il s’enlève en fouettant l’âpre neige des Andes,
Dans un cri rauque, il monte où n’atteint pas le vent,
Et loin du globe noir, loin de l’astre vivant,
Il dort dans l’air glacé, les ailes toutes grandes.
(Poèmes barbares)
Quand le Faisan doré courtise sa femelle,
Et fait, pour l’éblouir, la roue, il étincelle
De feux plus chatoyants qu’un oiseau de vitrail.
Dressant sa huppe d’or, hérissant son camail
Couleur d’aube et zébré de rayures d’ébène,
Gonflant suri plastron rouge ardent, il se promène,
Chaque aile soulevée, en hautaines allures ;
Son plumage s’emplit de lueurs, les marbrures
De son col vert bronzé, l’ourlet d’or de ses pennes,
L’incarnat de son dos, les splendeurs incertaines
De sa queue où des grains serrés de vermillon
Sont alternés avec des traits noirs sur un fond
De riche, somptueuse et lucide améthyste,
Tout s’allume, tout luit...
******
... Et, sur ces yeux muants de claires pierreries
S’unissant, se brisant en des joailleries
Que sertissent le bronze et l’acier, et l’argent,
Court encore un frisson d’or mobile et changeant,
Qui naît, s’étale, fuit, se rétrécit, tressaille,
Éclate, glisse, meurt, coule, ondule, s’écaille,
S’écarte en lacis d’or, en plaques d’or s’éploie,
Palpite, s’alanguit, se disperse, poudroie,
Et d’un insaisissable et féerique réseau
Enveloppe le corps enflammé de l’oiseau.
1.
Quant ta voix, céleste prélude
Aux silences des belles nuits,
Barde ailé de ma solitude
Tu ne sais pas que je te suis !
2.
Même si l’astre des nuits se penche
Aux bords des monts pour t’écouter,
Tu te caches de branche en branche,
Comme si tu voulais l’imiter.
3.
Ah ! ta voix touchante ou sublime
Est trop pure pour ce bas milieu
Cette musique qui t’anime
Est un instinct qui monte à Dieu,
4.
Tes gazouillements, ton murmure,
Sont un mélange harmonieux
Des plus doux bruits de la nature
Du plus beau chant des cieux.
5.
Tu prends les sons que tu recueilles
Dans les cris que répète l’écho,
Dans les frémissements des feuilles,
Dans les gazouillements des flots,
6.
Dans les feuilles où tremblent des larmes,
Ces fraîches haleines des bois,
O nature ! elles ont trop de charmes
Pour n’avoir pas aussi ta voix.
7.
Dans les chuchotements et plaintes
Qui sortent la nuit des rameaux,
Dans les voix des vagues éteintes
Sur le sable ou dans les roseaux !
8.
Alors, cette voix mystérieuse
Va charmer les oreilles des anges,
Quand leurs soupirs dans la nuit pieuse
Monte vers Dieu comme une louange
9.
Elle est la voix d’une nature
Qui n’est qu’amour et pureté
Un brûlant et divin murmure :
L’hymne flottant des nuits d’été.
1.
Toi qui peux monter solitaire
Au ciel, sans gravir les sommets,
Et dans les vallons de la terre
Descendre et planer dans l’air,
2.
Toi qui, sans te pencher au fleuve
Où nous ne puisons qu’à genoux
Peux aller boire, avant qu’il ne pleuve
Au nuage trop haut pour nous ;
3.
Toi qui pars au déclin des roses
Et reviens au nid printanier,
Fidèle aux deux meilleures choses :
L’indépendance et le foyer.
4.
Comme toi, mon âme s’élève
Et tout à coup rase le sol
Elle suit avec l’aile du rêve
Les beaux méandres de ton vol.
5.
S’il lui faut aussi des voyages,
Il lui faut son nid chaque jour,
Elle a tes deux besoins sauvages :
Vivre libre dans l’intense amour.
(Stances : la vie intérieure)
Le jour commence à peine à blanchir les collines,
Dans la plaine qui dort encore,
Au long des prés bordés de sureau et d’épines,
Le soleil aux traits d’or
N’a pas encore changé la brume en perles fines.
***
Et déjà, secouant dans les sillons de blé
Tes ailes engourdies,
Alouette, tu pars, le gosier tout gonflé
De jeunes mélodies,
Et tu vas saluer le jour renouvelé.
***
Dans l’air te balançant, tu montes et tu chantes,
Et tu montes toujours.
Le soleil luit, les eaux frissonnent blanchissantes ;
Il semble qu’aux alentours
Ton chant ajoute encor(e) des clartés plus puissantes.
***
Plus haut, toujours plus haut, dans le bleu calme et pur,
Tu fuis allègre et libre,
Tu n’es plus pour mes yeux déjà qu’un point obscur,
Mais toujours ta voix vibre ;
On dirait la chanson lointaine de l’azur...
***
O charme aérien !... Alouette, alouette,
Est-ce du souffle heureux
Qui remue en Avril les fleurs de violettes
Ou du rythme amoureux
Des mondes étoilés, que ta musique est faite ?
***
Tout s’éveille à ta voix : le rude laboureur
Qui pousse sa charrue,
Le vieux berger courbé qui traverse rêveur
La grande friche nue,
Se sentent rajeunis et retrouvent du coeur.
***
Sur tes ailes tu prends les larmes de la terre
A chaque aube du jour,
Et des hauteurs du ciel par un joyeux mystère,
Tu nous rends en retour
Des perles de gaieté pleuvant dans ta lumière.
(La chanson des bois)
Par les couchants sereins et calmes, les mouettes
Vont mêlant sur la mer leur vol entrecroisé,
Tels des gris souvenirs pleines de douceurs secrètes
Voltigeant dans un coeur souffrant, mais apaisé.
***
L’une, dans les clartés rouges et violettes,
D’un coucher de soleil, fend le ciel embrasé,
Une autre comme un trait, plonge dans les eaux muettes
Ou se suspend au flot lentement balancé.
***
Nul oiseau vagabond n’a de plus longues ailes
De plus libres destins, ni d’amours plus fidèles
Pour le pays des flots noirs, cuivrés, bleus ou verts
***
Et j’aime leurs ébats, car les mouettes grises
Que berce la marée et qu’enivrent les brises
Sont les grands papillons qui butinent les mers.
Tout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris.
La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris.
Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant
Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur.
***
Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur !
Elle approche, elle vient : c’est la tribu des oies.
Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu,
Allant toujours plus vite, en leur vol éperdu,
Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante.
***
Le guide qui conduit ces pèlerins des airs
Delà les océans, les bois et les déserts,
Comme pour exciter leur allure trop lente,
De moment en moment jette son cri perçant.
***
Comme un double ruban la caravane ondoie,
Bruit étrangement, et par le ciel déploie
Son grand triangle ailé qui va s’élargissant.
***
Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine,
Engourdis par le froid, cheminent gravement.
Un enfant en haillons en sifflant les promène,
Comme de lourds vaisseaux balancés lentement.
***
Ils entendent le cri de la tribu qui passe,
Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir
Les libres voyageurs au travers de l’espace,
Les captifs tout à coup se lèvent pour partir.
***
Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes,
Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément,
A cet appel errant se lever grandissantes
La liberté première au fond du coeur dormant,
***
La fièvre de l’espace et des tièdes rivages.
Dans les champs pleins de neige ils courent effarés,
Et jetant par le ciel des cris désespérés
Ils répondent longtemps à leurs frères sauvages.
(Des Vers)
Joli Chardonneret tu es sorti de l’ombre
Posé sur la rambarde pour venir me chanter
Une ode à la Nature, au Soleil, au Printemps
Tu es venu me dire que l’Amour est devant
*
Saute, vrille, vole
Et mange toutes les graines que je t’ai données
Reviens sur mon balcon, recommence ton chant
Qui m’envahit toute entière
Ces matins des beaux jours
*
Joli Chardonneret je te veux sur ma route
dans ma jolie campagne
au pied de mon balcon
Elodie Santos, 2009
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