Guerre et Paix

samedi 17 novembre 2018.
 

En se référant aux événements historiques des années trente, Emmanuel Macron transforme la commémoration de l’armistice de la première guerre mondiale et utilise la mémoire de la grande guerre, qui a si profondément marqué le XX° siècle.

La première guerre, c’est d’abord dix millions de morts et environ huit millions d’invalides, des millions de déplacés. Avec elle l’Europe a aussi connu l’un des premiers génocides reconnus : le massacre des Arméniens. Voilà pourquoi les années trente ont été celles de la recherche de la paix.

Cette paix n’aurait pas été possible sans la Révolution des soviets, elle en a été un déterminant essentiel dans un conflit opposant à l’Est deux régimes anti-démocratiques. Elle donnera lieu à l’un des principaux slogans du Front Populaire : Pain, Paix, Liberté ! La civilisation européenne a connu là une profonde remise en cause. Les espoirs issus des Lumières, liant le progrès des sciences et techniques, se sont heurtés à l’utilisation politique et guerrière de la connaissance, l’industrie étant mise au profit de la seule destruction de l’ennemi. Même le paysage culturel en subira les contrecoups, du dadaïsme au constructivisme, l’art ne peut plus en rester aux canons classiques.

La première guerre mondiale est née du terreau des revendications nationales, mais a aussi constitué l’une des phases du développement de la mondialisation capitaliste. Ce dernier s’est toujours accompagné de violence, comme l’ont montré la colonisation, l’esclavage, ou encore les guerres de l’opium au XIX° siècle où les puissances capitalistes de l’époque ont imposé à la Chine la libéralisation du commerce de la drogue sur son territoire, notamment à l’instigation de la banque HSBC. Voilà pourquoi Jean Jaurès disait qu’ « il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est abolir la guerre économique, le désordre de la société présente. »

Aujourd’hui les sources de conflits ne sont pas éteintes, tant la perspective du bouleversement climatique engendre de nouvelles concurrences dans l’accès à l’énergie et aux ressources. Les guerres de la fin du XX° siècle ont souvent été des guerres du pétrole. Demain, si la prédation écologique prévaut, ce seront des guerres de l’eau, de la nourriture. L’heure est à la coopération et à la solidarité internationale. Ce n’est pas le chemin pris par Emmanuel Macron. Garantir la paix ne peut se préparer en renforçant la subordination de l’Europe et de la France à logique belliciste de l’OTAN et de Donald Trump. Garantir la paix passe encore par une politique volontariste de désarmement, et non en se félicitant d’armer l’Arabie Saoudite en guerre au Yémen.

Benoît Schneckenburger


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