Le français marginalisé par l’anglais dans les institutions de l’Union européenne. À qui la faute ?

jeudi 29 octobre 2020.
 

En refusant de permettre à l’espéranto de devenir la langue auxiliaire internationale pour les échanges linguistiques entre les populations des différents pays de l’Europe et du monde, les responsables politiques français ont permis à l’anglais de remplir cette fonction au détriment de la langue française dans les institutions internationales.

Avertissement : le lecteur peut commencer s’il le désire par la lecture de la partie III du texte.

1–Les illusions de la francophonie et du multilinguisme.

Les partisans d’un républicanisme bas de gamme,d’ un souverainisme étriqué plus ou moins hantés par le spectre d’un nationalisme postcolonial ne veulent pas entendre parler de l’espéranto comme langue auxiliaire universelle internationale pour la communication entre les peuples.

Certains brandissent la francophonie et le multilinguisme comme les solutions miracles pour le franchissement des barrières linguistiques entre nations. Mais force est de constater, notamment depuis la création de l’union européenne, que le miracle ne s’est pas réalisé.

Les limites de la francophonie

La francophonie concerne 30 pays sur 193 dans le monde (ONU) et le nombre de locuteurs de l’aire francophone s’élève à 290 millions sur une population totale de 7 milliards d’habitants.

Multilinguisme ? Quelle réalité ?

a) Le mur du nombre 24 langues sont parlées dans l’union européenne et il en existe au total environ 7000 dans le monde. Il faut pratiquer 12 langues pour être compris de 90 % de la population mondiale.

b) Le mur du temps.

Mais quel temps faut-il en outre pour acquérir et pratiquer correctement une langue naturelle ? Pour l’anglais, on l’évalue entre 1500 et 2000 heures Dans le système scolaire, à raison de 4 heures par semaine réparties sur 36 semaines de cours annuels, on arrive à 144 heures par an, soit pour 7 ans de cours (6ème à terminale) 1008 heures.

À raison de quatre heures par semaine, il faudrait donc 10,42 années de cours pour atteindre les 1500 heures !

Alors soyons optimistes et supposons que l’élève consacre huit heures de cours par semaine à l’apprentissage de l’anglais, c’est-à-dire consacre une heure de travail personnel par heure de cours en classe. Il faudrait alors donc diviser par deux ce temps : on obtient alors 5,21 années de cours. (donc à raison de 8 heures d’apprentissage par semaine).

Mais apprendre une langue, c’est pouvoir la lire, l’écrire et la parler.

Remarquons que l’expression orale des élèves en classe est très limitée. Prenons comme hypothèse d’école que la moitié d’une heure de cours soit consacrée à l’expression orale des élèves pour une classe de 30 élèves. Cela fait une minute d’expression orale par élève pour chaque heure de cours, soit 144 minutes par an, c’est-à-dire 1h24 par an, en arrondissant 1h30. Pour les quatre ans de collège, cela fait 6 heures. Si l’on ajoute les trois années de lycée, soit 4h30, on arrive à un total de 7h30 d’expression orale pour sept ans d’études en classe !

La mise en place de laboratoires de langues a quelque peu amélioré cette situation mais la diminution du nombre d’heures de cours hebdomadaire font que les résultats ne se sont pas améliorés.

On peut ainsi dire dans un article d’un universitaire (avril 2019) rendant compte d’un rapport national sur l’évaluation de l’enseignement des langues vivantes : « Langues étrangères : bilan décevant des élèves français ». https://theconversation.com/langues...

Ce rapport fait remarquer que l’apprentissage de l’anglais est globalement celui qui pose le plus de difficultés pour les élèves. Observons que les calculs précédents se fondent sur des bases horaires passées majorées par rapport à la situation actuelle et que les valeurs données ci-dessus sont très optimistes.

On comprend aisément qu’il faudra utiliser des cours fournis par un humain ou un logiciel en dehors du système scolaire pour atteindre les 1500 heures nécessaires d’apprentissage de l’anglais pour l’expression écrite et orale. Et cela est un minimum : en effet d’autres évaluations indiquent 2000 heures de cours nécessaire.

On comprend ainsi rapidement que l’apprentissage d’une langue étrangère dans le système scolaire désavantage des enfants des classes populaires qui n’ont pas forcément les moyens de voyager à l’étranger et de suivre des stages de formation pendant les vacances scolaires, ou encore de se payer des cours particuliers.

L’utilisation de CD audio ou de DVD interactifs pour l’apprentissage des langues étrangères peut être relativement coûteuse et nécessite une forte motivation pour se maintenir dans la durée.

Les calculs élémentaires précédents expliquent en partie pourquoi la maîtrise des langues étrangères en France par les élèves est problématique..

Préconiser le multilinguisme pour faire communiquer les peuples du monde entier est donc une escroquerie intellectuelle pour deux raisons : la multiplicité des langues et le temps nécessaire pour acquérir correctement la maîtrise d’une langue naturelle.

Les tenants du multilinguisme comme solution d’une communication universelle internationale sont donc hors sol et je qualifierais cette manière de voir de « petite bourgeoise » ou stratosphérique.

La défense de l’espéranto comme langue internationale auxiliaire est beaucoup plus réaliste et démocratique : il faut 150 à 200 heures pour maîtriser cette langue, c’est-à-dire 10 fois moins de temps que pour la maîtrise de l’anglais.

Nous avons expliqué dans un autre article les raisons de cette performance. Remarquons que les élites dirigeantes des entreprises financières et non financières ayant suivi le cursus d’une grande école d’ingénieurs de commerce sont obligés de valider des diplômes spécifiques pour attester de leur compétence en anglais : le TOEFL , le TOEIC, leBULAT. En réalité, l’anglais constitue aussi un moyen de sélection dans certains cursus d’études supérieures.

On comprend ainsi,, du point de vue psychologique, que bon nombre de ces élites qui ont sué sang et eau pour acquérir un bon niveau en anglais voient d’un mauvais œil l’apprentissage d’une langue extrêmement efficace demandant 10 fois moins de temps d’étude !

En outre, les dirigeants économiques et politiques ne peuvent que craindre l’existence d’une langue universelle facile à apprendre accessible à toutes les « petites gens » peuplant la planète !

L’idéologie atlantiste qui imprègne l’esprit des libéraux de droite et de gauche en France considère comme naturel que l’anglais soit la lang de référence comme le dollar est la monnaie de référence universelle. Mais qui paie la note ?

Certes, l’apprentissage d’une langue étrangère permet une meilleure connaissance de la culture d’un pays étranger, et cela est évidemment positif. De même défendre la francophonie pour faire connaître et partager la culture française (en supposant que la notion de culture nationale est un sens) est tout à fait légitime.

II–Ne pas adopter l’espéranto : une erreur stratégique

Les opposants à l’enseignement de l’espéranto dans le système scolaire et universitaire sont non seulement irréalistes et élitistes mais commettent une erreur stratégique d’envergure qui est responsable du recul sans précédent du français dans les institutions européennes. C’est en fait l’anglais ou l’anglo-américain qui devient langue auxiliaire internationale et qui provoque un déclin du français et même d’autres langues au sein des institutions internationales.

Les trois documents suivants en font la démonstration.

Alors à qui la faute ? Aux partis politiques de droite comme de gauche ignorant comment fonctionne cette langue, prisonniers de leurs préjugés teintés de nationalisme qui ne dit pas son nom.

Rappelons tout de même que les personnages célèbres n’ont pas été prisonniers de cette étroitesse de vue : Louis Lumière (inventeur du cinématographe), Gustave Eiffel , les 42 membres de l’Académie des sciences après la première guerre mondiale, Jean Jaurès, Léon Blum, Gandhi, la SDN après la première guerre mondiale, l’Unesco après la seconde guerre mondiale, le linguiste Claude Hagège, etc. étaient et sont partisants de l’adoption de l’espéranto comme langue internationale.

Pour avoir une connaissance plus étendue des personnalités du monde artistique, scientifique et politique ayant défendu l’espéranto on peut se reporter à l’article de Wikipédia : les espérantistes https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C...

Les trois premiers congrès de la CGT (à partir de 1906) avaient préconisé l’espéranto comme langue de communication entre les travailleurs du monde. Le PCF a déposé plusieurs projets de loi pour l’enseignement de l’espéranto. Actuellement la fédération nationale anarchiste, le NPA avec Pouttou, sont favorables à l’enseignement de l’espéranto comme langue auxiliaire internationale. Le parti écologiste EELV dispose d’une commission espéranto. Abonné absente ? La France Insoumise : c’est regrettable pour ne pas dire lamentable !

Nous avons reproduit dans notre article : Francophonie espéranto ? Un faux débat, la réponse de Charlotte Girard au président de l’association française d’espéranto : complètement « à côté de la plaque » qui semble témoigner d’une ignorance totale de la nature de l’espéranto et de l’enjeu politique de l’existence d’une langue auxiliaire neutre internationale sur le plan politique. Je dois dire que cette attitude méprisante m’a considérablement surpris. Sur ce sujet, LFI se range donc sur la même position que les forces les plus conservatrices et réactionnaires de notre pays sur cette question. Pourtant en 2012, Jean-Luc Mélenchon avait signé une pétition en faveur de l’enseignement de l’espéranto.

L’internationalisation des échanges économiques et financiers, la puissance accrue des multinationales nécessitent des organisations internationales de salariés ayant la possibilité de pouvoir communiquer entre elles d’une manière aisée sans que cette possibilité soit réservée aux dirigeants. La multiplication des résistances politiques au néolibéralisme planétaire implique aussi une coordination politique au niveau mondial.

Cela nécessite d’existence d’une langue internationale neutre pour pouvoir partager des expériences et pour pouvoir organiser des actions communes au niveau d’un continent ou au niveau mondial.

LFI dispose désormais de six députés au Parlement européen et d’une vice-présidente avec Manon Aubry du Parti de la gauche européenne ; d’autre part a été créée un nouvel espace : « le monde en commun » pour faire coopérer des organisations politiques au niveau international proche de LFI.

Cette nouvelle situation politique implique une réflexion approfondie pour envisager l’enseignement et l’usage de l’espéranto comme langue auxiliaire internationale, non seulement pour les échanges culturels mais aussi pour l’émancipation des peuples.

Les espérantistes ont une idéologie commune avec la philosophie politique de La France Insoumise : l’universalisme, l’humanisme, l’internationalisme, la fraternité et le pacifisme. Bon nombre d’entre eux ont payé de leur vie pour défendre ces valeurs.

Je ne répéterai pas ici les arguments développés dans mes articles précédents pour contrecarrer tous les arguments ou pseudo arguments avancés par les opposants à la diffusion de l’espéranto.

Je me contenterai seulement de répondre à l’un d’entre eux : l’espéranto serait une langue simpliste ne permettant pas d’exprimer toutes les nuances de la pensée.

Maurice Genevoix (1890-1980), écrivain français et membre de l’académie française (1946) précisa lors d’une interview radiophonique réalisée par Pierre Delaire le 18 février 1955 :

_L’espéranto n’est pas du tout une langue uniforme, une langue robot, mais, au contraire, une langue naturelle et souple… Pierre Delaire répondit :

_Je sais qui est Zamenhof, je sais que vous avez traduit des œuvres qui appartiennent au patrimoine de la littérature universelle et d’ailleurs vous devriez continuer dans cette voie…L’espéranto est en mesure d’exprimer les nuances les plus subtiles de la pensée et du sentiment, elle est propre à permettre, par conséquent, l’expression la plus juste, la plus littéraire, la plus esthétique et de nature à satisfaire les esprits les plus ombrageux et les plus particularistes, et il ne peut pas porter ombrage aux fidèles des langues nationales…

(Source Internet : http://www.teheran.ir/spip.php?arti... )

III–Le déclin de la langue française dans les institutions européennes.

Abordons maintenant la situation catastrophique du français dans les institutions européennes.

Premier document : L’usage du français dans l’Union européenne à l’heure du Brexit

Source : Vie publique. 19/12/2019

https://www.vie-publique.fr/en-bref...

Alors que le respect de la diversité culturelle et linguistique est l’un des principes fondateurs de l’UE, 70% des textes produits ne feraient jamais l’objet d’une traduction. Serait-ce le signe de la marginalisation du français et des autres langues européennes ?

Les institutions européennes seraient-elles en train d’abandonner le principe de la non-discrimination d’où découle le respect du multilinguisme ? Un rapport sur l’usage du français et la promotion du multilinguisme dans les institutions européennes a été publié les 14 et 15 novembre 2019 par l’Assemblée parlementaire de la francophonie, avec des recommandations.

L’Union européenne, un espace unilingue anglophone ?

Le traité de Rome de 1957 a été rédigé en français, en italien, en néerlandais et en allemand. En 2017, 84,4% des textes pour lesquels une traduction est demandée à la Commission européenne étaient en anglais, 2,6% en français, 2% en allemand.

Selon le rapport, les pratiques linguistiques ne se ressemblent pas d’une institution à l’autre. Il constate une "forte tendance à privilégier l’anglais par la Commission et par le Conseil, l’information étant souvent uniquement disponible en anglais." Le Comité des représentants permanents des gouvernements des États membres de l’Union européenne (COREPER) qui prépare les travaux de six formations du Conseil, ne pratiquent souvent que l’anglais. L’usage des langues serait par ailleurs souvent lié à la nationalité des responsables, référents linguistiques.

Le Parlement pour sa part a adopté un "multilinguisme maîtrisé" avec l’usage de toutes les langues officielles. Lors des sessions plénières les documents et les textes adoptés sont disponibles dans les 24 langues officielles.

La Cour de justice de l’Union européenne est, quant à elle, une institution multilingue avec une place particulière pour le français, la langue des délibérés.

Enfin, en matière de communication extérieure, le rapport souligne l’omniprésence de l’anglais (sites Internet, communication avec les médias, consultations publiques ...).

Les textes sont favorables au multilinguisme

L’Union européenne reconnaît 24 langues officielles (allemand, anglais, bulgare, croate, danois, espagnol, estonien, finnois, français, grec, hongrois, gaélique irlandais, italien, letton, lituanien, maltais, néerlandais, polonais, portugais, roumain, slovaque, slovène, suédois, tchèque). Le Brexit n’aura pas d’impact juridique sur ce régime linguistique.

Selon les textes fondateurs, les citoyens européens doivent pouvoir s’informer sur les activités de l’Union, participer au processus législatif et être en mesure de lire et de comprendre la législation européenne. Ces textes généraux et ceux propres à chaque institution posent un cadre juridique favorable à un régime linguistique multilingue. C’est à ce titre que le français, l’allemand et l’anglais, depuis 1958, occupent, en tant que langues de travail, une place particulière dans les institutions européennes.

Le rapport préconise, entre autres, d’exiger avant tout le respect du droit pour un rééquilibrage de l’usage des langues au sein des institutions européennes. Il recommande également de définir une stratégie européenne du multilinguisme et de mobiliser l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) pour organiser le retour du français dans les institutions européennes.

Deuxième document ; Comment se porte le français dans les institutions européennes ?

Source : France Culture. Chronique : Le monde selon Noëlle Lenoir . Mars 2013

http://www.ceuropeens.org/article/c...

Pour sa chronique "Le Monde selon Noëlle Lenoir", la présidente du Cercle revient sur l’état de l’utilisation du français dans les institutions européennes sur les ondes de France Culture.

En ce jour de la Francophonie – dont la notion même se veut un acte de foi dans la dimension à la fois communautaire et universelle de notre langue – faisons le bilan de la politique de promotion du Français dans les institutions européennes. Comment se porte la langue française au Parlement européen, à la Commission ou au Conseil européen ?

Eh bien ! Cela ne va pas très fort. La grande césure a été l’entrée en 2004 et en 2007 de dix nouveaux Etats d’Europe centrale et orientale, de la Pologne à la Lituanie en passant par la Slovaquie et la Slovénie. On aurait pu imaginer que leur arrivée dans l’UE contribuerait à « booster » l’usage du Français dans les institutions européennes. Leurs élites, d’une certaine génération, sont pétries de culture française. En Roumanie et en Bulgarie, le Français est en outre sinon parlé couramment, au moins lu et compris par un pourcentage non négligeable d’habitants.

Pourtant, c’est à un déclin de l’usage du Français auquel on assiste :

- Le Français comme langue source des documents produits par les institutions européennes est passé de 40% en 1990 à moins de 6% aujourd’hui. Tandis que les documents initialement rédigés en anglais passaient quant à eux de 45 à 80%.

- Les conférences de presse de la Commission, traditionnellement en français, se font maintenant en anglais. C’est d’ailleurs dommage que JM Barroso, Président de la Commission européenne et parfait francophone, estime devoir s’exprimer à présent dans un anglais qu’il maitrise moins bien !

- Last but not least, la place du Français dans le Service européen d’action extérieure commune dirigé par la Britannique Catherine Ashton, est réduite à la portion congrue, alors que le Français est en principe l’une des deux langues de travail de la Politique étrangère européenne.

C’est qu’il y a 23 langues officielles au sein de l’Europe des 27 et que la lingua franca est devenue l’anglais pour des raisons bien connues. Umberto Eco a écrit « la langue de l’Europe, c’est la traduction »… C’est à moitié vrai. Certes dans les réunions officielles et au Parlement européen – là où le multilinguisme est respecté- les responsables européens peuvent s’exprimer dans leurs langues, via le service de traduction. Mais dans les réunions de ministres, par commodité, on parle en fait souvent anglais.

Aussi, au-delà de la Francophonie, nous nous sommes « résignés » à défendre le plurilinguisme, avec un certain succès d’ailleurs. Par exemple, nous proposons aux responsables politiques et fonctionnaires européens des programmes linguistiques. Nous encourageons des réseaux francophones, comme celui des ambassadeurs francophones à Bruxelles. Nous veillons enfin à imposer le plurilinguisme comme critère majeur d’évaluation aux concours d’accès à la fonction publique européenne.

N’est-ce pas un peu tard ? Car nous avons commis plusieurs péchés originels :

- D’abord, nous avons absurdement refusé que le siège de la Commission européenne soit à Paris, simplement que Pierre Pflimlin, maire de Strasbourg – et dernier Président du Conseil de la IVème République – s’opposait à ce choix au profit de sa ville !

- Le deuxième rendez-vous manqué tient au fait que nous n’avons pas assez resserré nos liens avec nos nouveaux partenaires d’Europe centrale et orientale. Résultat : en Pologne par exemple, l’enseignement du français touche 175 000 personnes, loin derrière l’apprentissage de l’anglais et de l’allemand qui chacun concerne plusieurs millions de personnes. L’Allemagne a été notamment infiniment plus attentive que nous aux relations économiques et politiques avec ces pays.

- Enfin, j’espère que nous n’allons pas manquer un troisième rendez-vous concernant Strasbourg où siège le Parlement européen. Déjà je regrette que Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, lorsqu’ils ont promu la création du Conseil européen en 1974, n’aient pas pensé à l’installer à Strasbourg, ville frontière entre l’Allemagne et la France. Mais je trouverais encore plus désolant que la France renonce au siège du Parlement. Le Luxembourg accueille, comme Bruxelles, plusieurs institutions européennes et jamais ce petit pays n’a songé à y renoncer !

Tout n’est pas négatif. La Francophonie, même en Europe et à travers Erasmus par exemple, reste une valeur sûre. Comme plus largement la culture française. Mais il faut se ressaisir et faire en sorte que nos universités soient des lieux d’excellence et d’accueil des meilleurs étudiants étrangers et que les lycées français, ces trésors de la Francophonie, aient les moyens de prospérer.

Soyons malgré tout réalistes et à ceux qui pensent que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne permettra au français de remplacer l’anglais au sein des institutions européennes, je dirais : forget it !

Commentaire HD Il est très probable que Noëlle Lenoir francocentriste n’établit aucune corrélation, comme beaucoup de francophoniistes entre le recul du français et la mise à l’écart de l’espéranto.

Troisième document ; Le français en retrait dans les institutions européennes

Source : Cultures connection. https://culturesconnection.com/fr/f...

Le français est en déclin dans les institutions européennes au profit d’autres langues et notamment de l’anglais.

Depuis le 1er juillet 2013, L’Union européenne doit gérer 24 langues officielles dont l’allemand, l’anglais, le bulgare, le danois, l’espagnol, l’estonien, le finnois, le français, le grec, le hongrois, l’irlandais, l’italien, le letton, le lituanien, le maltais, le néerlandais, le polonais, le portugais, le roumain, le slovaque, le slovène, le suédois, le tchèque et enfin le croate. Dans ce contexte plurilingue, quelle est la place accordée à la langue française ?

L’anglais prend une place de plus en plus importante

L’anglais, le français et l’allemand sont les principales langues de travail même si au cours des années l’anglais a pris une place prépondérante au point de devenir la « lingua franca »[1] de l’UE sous le format particulier d’un jargon interne. Le français occupe désormais une position de faiblesse après avoir été pendant des siècles la langue des grandes cours, des salons, des intellectuels, des scientifiques et de la diplomatie de l’Europe. En effet la richesse de son vocabulaire et sa précision en faisait une langue parfaite pour servir la diplomatie tandis que la concision et la vulgarisation actuelle de l’anglais peuvent générer des interprétations et des traductions erronées.

Le long déclin de l’utilisation du français

En 2012, la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication a remis un rapport au Parlement français sur « L’emploi de la langue française au sein des institutions européennes »[2]. Si l’on se limite au seul cas de la Commission, La classification par « langue source » des documents traduits en 2011 par la direction générale de la traduction de la Commission européenne souligne la quasi disparition du français au profit de l’anglais et des autres langues. En 1996, environ 40 % des documents avaient pour langue source le français. En 2011, moins de 6 %. Dans toutes ses institutions sises à Bruxelles et Luxembourg, la pratique du français reste assez fréquente à l’oral, même si la participation aux réunions de ressortissants des nouveaux États membres incorporés provoque souvent un basculement vers l’anglais. Lorsque les projets de texte législatifs sont transmis par la Commission au Conseil, ils le sont dans toutes les langues officielles. En revanche, les premières versions de ces textes établies au sein de la Commission sont beaucoup plus souvent rédigées en anglais qu’en français.

Le rapport réalisé par la Délégation passe aussi en revue la situation de la langue française et du plurilinguisme dans le reste des institutions européennes -au Conseil, au Parlement, à la Cour de justice, au Service européen pour l’action extérieure, dans la salle de presse, les sites Internet, les appels d’offres et les bâtiments- et constate la même position de retrait accéléré. Le document présente les actions mises en œuvre pour la promotion du français et du plurilinguisme tout en constatant leur manque d’efficacité et propose une refonte en profondeur du plan d’action mené par l’OIF (Organisation internationale de la francophonie).

Note :

[1] La lingua franca, ou langue franque, est une langue véhiculaire composite parlée du Moyen Âge au xixe siècle dans l’ensemble du bassin méditerranéen, principalement par les marins et les marchands, mais aussi par les bagnards, prisonniers, esclaves et populations déplacées de toutes origines. De nos jours, par extension, le terme de lingua franca désigne une langue véhiculaire utilisée par une population donnée pour communiquer. Exemple :l’anglais (ou l’anglais simplifié), dans une grande partie du monde, notamment au sein des institutions internationales ou de la communauté scientifique mondiale. Source : wikipedia

[2] http://www.langue-francaise.org/rap...

Sur l’auteure de ce texte : Cet article a été écrit par Laurence le 31/10/2013

Diplômée de Sciences Po Paris, licenciée en littérature comparée Sorbonne IV, DEUG de chinois à l’INALCO. Laurence vit en Argentine où elle a fondé la version argentine des Inrockuptibles.

Annexe

Espéranto : la raison commande de l’adopter l’espéranto comme langue auxiliaire européenne et planétaire. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Espéranto II : langue d’avenir. L’espéranto survit et survivra aux persécutions et crimes de guerre dont ont été victimes ses locuteurs et ses défenseurs http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Espéranto francophonie ou francophonie ? Un faux débat. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Une prés en entation intéressant de l’espéranto https://www.youtube.com/watch?v=As_...

Hervé Debonrivage


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