La préférence nationale, sauce philosophale de l’extrême droite

mardi 16 novembre 2021.
 

Préférence nationale : une escroquerie démagogique récurrente.

** Le mot d’ordre de la « préférence nationale » fait parti depuis fort longtemps, du fonds de commerce électoral de l’extrême droite. On peut être étonné que malgré son obsolescence, un tel slogan soit encore crédible pour une part de la population. Mais un nouveau thème de remplacement apparaît. La préférence civilisationnelle.

** Petit rappel

Article 1 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789

Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. **

Préférence nationale, un remède de charlatan

Source : Le Monde diplomatique. Novembre 2021

https://www.monde-diplomatique.fr/2...

À six mois de l’élection présidentielle en France, l’extrême droite monopolise la scène médiatique et politique. Ses deux candidats potentiels, Mme Marine Le Pen et l’éditorialiste xénophobe Éric Zemmour, totalisent 35 % des intentions de vote dans les sondages — une situation inédite. Profitant de l’atonie et de la dispersion des forces de gauche, ils imposent leurs thèmes. Parmi ceux-ci, entre le « grand remplacement » et la menace islamiste, la préférence nationale occupe une place de choix.

par Benoît Bréville É

Elle réapparaît subitement sitôt qu’une élection approche. Elle est la clé de voûte de tous les programmes d’extrême droite ; la pierre philosophale qui doit redonner au pays son lustre d’antan ; la mesure supposée tout résoudre, du chômage au déficit public, du mal-logement à la crise migratoire, de la délinquance au problème des retraites. Cette solution miraculeuse tient en deux mots : « préférence nationale ».

Outre sa concision, le concept présente l’avantage de se décliner à toutes les sauces sans nécessiter de trésors argumentatifs, en jouant sur le réflexe chauvin qui se développe en temps de crise, quand les ressources se raréfient. Le logement social ? « Étant financé par les Français, il est logique qu’il soit attribué prioritairement aux Français », énonce ainsi Mme Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national (RN) au scrutin présidentiel de 2022 (1). Les allocations familiales ? « 43 % des allocataires de la CAF — allocations familiales et allocations logement — sont nés à l’étranger », s’étrangle l’éditorialiste Éric Zemmour, qui prône donc la « préférence nationale » afin de mettre fin à cette « folie française » (2). L’emploi ? Il faut « faire travailler en France des Français pour produire français », professe encore M. Florian Philippot, le chef du parti Les Patriotes (3). Grâce à sa plasticité et à son aspect rudimentaire, la mesure se convertit aisément pour le Front national (FN, devenu Rassemblement national) en slogans de campagne. Présidentielle : « Défendre les Français » (1974). Législative : « Les Français d’abord. Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop » (1978). Référendaire : « Produisons français avec des Français » (1992). Européenne : « Formation, boulot, logement : priorité pour toi chez toi » (2009). Municipale : « Les Français premiers servis » (2010)…

Panacée pour l’extrême droite, la préférence nationale fait l’objet d’un vif rejet sur le reste de l’échiquier politique, où beaucoup l’érigent même en repoussoir absolu, en ligne rouge qui séparerait le « camp républicain » et les ennemis de la démocratie, les défenseurs des droits humains et les nostalgiques des « heures sombres de l’histoire ». La Constitution ne garantit-elle pas l’égalité des droits et de l’accès à l’emploi sans distinction d’origine ? La France, qui prohibe toute discrimination et défend l’universalité du service public, ne saurait admettre la préférence nationale. Au passage, cette frontière permet d’absoudre tous ceux qui sont du bon côté : ils peuvent s’en donner à cœur joie sur l’immigration, ils restent dans le camp des gentils humanistes du moment qu’ils refusent la préférence nationale. Ainsi, Mme Valérie Pécresse (Les Républicains) promet d’instaurer des quotas de migrants, d’affréter des « charters d’éloignement », de placer les demandeurs d’asile dans des « centres dédiés », de restreindre l’aide médicale d’État aux seuls soins urgents et maladies contagieuses… Mais, quand on lui demande ce qui distingue son projet et celui de Mme Le Pen, elle s’offusque : « Elle, elle dit “préférence nationale”. Moi, je ne ferai jamais ça (4). » Après la « savonnette à vilain » de l’Ancien Régime, sobriquet donné aux charges que les roturiers achetaient pour s’anoblir, voici la « savonnette républicaine », qui lave les soupçons de dérive xénophobe.

La notion fut pourtant théorisée au milieu des années 1980 par un haut fonctionnaire que le très respecté Institut d’études politiques de Paris n’avait pas hésité à embaucher comme maître de conférences. Inspecteur général de l’administration, cofondateur du Club de l’Horloge — un cercle de réflexion fondé en 1974 par de jeunes élèves de l’École nationale d’administration (ENA), dont beaucoup passeront au FN dans les années 1980 et qui se réclame du national-libéralisme —, M. Jean-Yves Le Gallou est encore membre de l’Union pour la démocratie française (UDF) quand il publie en 1985 La Préférence nationale : réponse à l’immigration (Albin Michel), en réaction à l’ouvrage du député Bernard Stasi L’Immigration, une chance pour la France (Robert Laffont, 1984) — il ne prend sa carte au FN que quelques mois plus tard. Son livre, construit comme un rapport d’énarque, avec statistiques et références législatives à en donner le tournis, dresse un tableau apocalyptique de la France, tout à la fois menacée par l’islam, l’invasion migratoire, l’insécurité, la banqueroute. Seule la préférence nationale peut sortir le pays de l’ornière. Car, en excluant les étrangers des aides sociales et des logements publics, explique M. Le Gallou, l’État fera des économies considérables, ce qui réduira son déficit. Du même coup, la France perdra de son attrait pour les migrants, qui resteront chez eux ou choisiront une autre destination, débarrassant ainsi le pays de potentiels fauteurs de troubles. Et ceux qui sont déjà là, désormais dépourvus d’emplois car frappés par la préférence nationale, seront poussés à quitter l’Hexagone. Voilà pour la théorie.

Un principe déjà appliqué Faute d’accéder au pouvoir, le FN n’a heureusement jamais pu appliquer ce programme. Il a bien tenté de trouver une autre voie, en passant par ses mairies, mais il s’est alors heurté à des obstacles juridiques. Comme à Vitrolles en 1998, quand la maire Catherine Mégret a voulu créer une « allocation municipale de naissance » réservée aux familles françaises : la mesure fut retoquée trois mois plus tard par le tribunal administratif de Marseille.

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Pourtant, à y regarder de plus près, ce principe s’applique déjà dans de nombreux domaines. Les étrangers extracommunautaires ne peuvent être recrutés dans la fonction publique — sauf en cas de pénurie, auquel cas un anesthésiste tunisien fait très bien l’affaire —, tandis que les postes dits « de souveraineté » (police, justice, défense, diplomatie…) sont strictement réservés aux titulaires de la nationalité française. Au total, selon l’Observatoire des inégalités, plus de cinq millions d’emplois demeurent inaccessibles aux étrangers non européens, soit plus d’un emploi sur cinq (5), y compris dans le secteur privé, où perdurent une cinquantaine de restrictions, en particulier pour les professions libérales, cadenassées depuis les années 1930.

À l’époque, l’afflux de réfugiés issus de milieux intellectuels inquiète les classes supérieures, qui craignent une concurrence étrangère dont elles étaient jusque-là protégées. Avocats, médecins, notaires, experts-comptables, architectes, pharmaciens, vétérinaires, huissiers, commissaires-priseurs, géomètres experts…, tous se mobilisent pour obtenir la sanctuarisation de leur métier. Les parlementaires se montrent très réceptifs : en plus de la nationalité française, un diplôme hexagonal sera exigé, excluant de fait de nombreux Français naturalisés. Si les conditions ont été légèrement assouplies depuis, ces professions demeurent soumises à d’importantes restrictions pour les étrangers. Héritage du corporatisme des années 1930, ces discriminations ne répondent généralement à aucun impératif particulier. La France ne fut pas déstabilisée en 1971 par la suppression de la condition de nationalité encadrant la fonction d’expert auprès des tribunaux ; ni, en 1985, quand le métier de masseur-kinésithérapeute s’ouvrit aux étrangers (6). Mais, quand il s’agit de protéger leurs emplois, les classes supérieures s’accommodent très bien de la préférence nationale.

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L’accès aux aides sociales connaît lui aussi diverses limitations. N’en déplaise à Mme Le Pen et à Éric Zemmour, il ne suffit pas de poser le pied en France pour y toucher le minimum vieillesse, les allocations familiales ou le revenu de solidarité active (RSA). L’obtention de ces prestations, un chemin de croix, nécessite de répondre à plusieurs critères qui sont autant de manières d’exclure certains étrangers. La « régularité du séjour », par exemple, une condition que la loi Pasqua de 1993 a généralisée à l’ensemble de la protection sociale : pour bénéficier d’une aide de l’État, un étranger doit disposer de papiers en règle. Cela semble couler de source. Pourtant, comme le souligne l’économiste Antoine Math, « il existe autant de définitions de la régularité de séjour et de listes différentes de titres de séjour que de prestations sociales. Et plus la condition de régularité de séjour pour l’accès à une prestation est délimitée de façon étroite, plus le nombre d’étrangers en situation régulière n’ayant pas le “bon” titre pour être éligible à la prestation sera important (7) ».

Autre critère d’exclusion particulièrement efficace, la condition d’« ancienneté de résidence » impose d’habiter en France depuis un certain temps pour bénéficier d’une allocation. Là encore, rien d’illogique. Sauf que le « certain temps » est totalement arbitraire, que les législateurs peuvent l’allonger à discrétion, et qu’ils ne s’en privent pas. Alors qu’il fallait jadis résider en France depuis trois ans pour toucher le revenu minimum d’insertion (RMI), il faut justifier de cinq ans pour prétendre au RSA, son équivalent moderne. Il fut un temps où un étranger pouvait toucher l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA, ou minimum vieillesse) sitôt qu’il vivait en France depuis un an. La barre est passée à trois ans en 2006, puis à dix ans en 2011. Et rien n’empêchera un jour de la placer à vingt ans, ou trente ans. De la préférence nationale ? Pensez-vous !

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Mais puisque la France connaît ainsi des formes déguisées de « patriotisme social », selon la formule euphémisée qu’affectionne Mme Le Pen, un constat pourrait s’imposer : l’idée n’a rien du remède miracle vanté par ses promoteurs. Le durcissement continu de l’accès aux prestations sociales n’a eu aucun effet sur le volume des flux migratoires car, comme le savent les spécialistes des migrations, les déplacements de population sont essentiellement déterminés par les raisons de partir de chez soi (facteurs de push), tandis que celles d’aller vers une destination (facteurs de pull) jouent surtout pour les migrants très qualifiés, qui font le voyage pour un poste précis ou pour une place dans une université — les médias parlent alors d’« expatriés ». Ainsi, un pays au système social peu généreux comme les États-Unis n’en voit pas moins arriver chaque année des centaines de milliers d’étrangers ; et personne ne quitte famille et amis pour s’installer en France dans l’espoir de toucher l’aide personnalisée au logement (APL). Reposant sur un mythe — l’étranger chasseur d’allocations —, la préférence nationale ne saurait déterminer les flux migratoires.

« Respecter notre civilisation » Jouant quant à elle sur le stéréotype du voleur d’emploi, la priorité à l’embauche peut même avoir des effets contre-productifs. Si la France s’y est timidement essayée à la fin du XIXe siècle, avec les décrets Millerand d’août 1899 réglementant le recrutement des étrangers employés dans les entreprises de travaux publics, c’est avec la crise des années 1930 que s’imposent des formes officielles de préférence nationale pour l’emploi. Tandis que le chômage augmente, de nombreux ouvriers autochtones « ressentent comme une injustice impardonnable le fait que les Français soient au chômage alors que des étrangers travaillent », écrit l’historienne Claudine Pierre (8). Des rixes éclatent dans les usines, des lettres et des pétitions sont envoyées aux élus pour réclamer le renvoi des étrangers. En réponse, le 10 août 1932, le gouvernement radical d’Édouard Herriot fait passer une loi « protégeant la main-d’œuvre nationale », qui ouvre la voie à des quotas d’étrangers par entreprise ou par secteur. Dans les secteurs frappés par la crise, les patrons licencient prioritairement les étrangers. En cinq ans, des centaines de milliers de Polonais, d’Italiens, de Belges, désormais dépourvus de contrat de travail, doivent rentrer au pays.

Pourtant, le chômage continue d’augmenter, et la fièvre nationaliste ne s’estompe pas. Privées de leurs travailleurs étrangers corvéables à merci, certaines entreprises voient leurs coûts augmenter et plongent encore davantage dans la crise. « Avec le chômage, alors même que leurs bénéfices s’effondrent, les maîtres des forges doivent donc faire face à des dépenses d’entretien de la force de travail plus lourdes, constate l’historien Gérard Noiriel dans son étude sur Longwy (9). La “solution” consistant à renvoyer les immigrés célibataires aggrave le problème, car les patrons se privent ainsi des avantages que représentait la mobilité d’une partie importante de la main-d’œuvre. » De plus, une fois les étrangers partis, les nationaux ne se sont pas pressés pour se faire embaucher dans les hauts-fourneaux, des emplois dangereux, mal payés, éreintants. Dans la Lorraine des années 1930 comme dans la France contemporaine, la main-d’œuvre immigrée ne vient pas remplacer les travailleurs nationaux ; elle occupe les emplois que ces derniers délaissent, parce que trop peu attractifs. Hier dans les mines ou la sidérurgie ; aujourd’hui dans la restauration, le nettoyage, les services à la personne ou le bâtiment, des secteurs qui manquent de personnel et doivent recourir à une main-d’œuvre étrangère. Quand, durant le confinement du printemps 2020, les saisonniers marocains et roumains n’ont pu se rendre en France pour participer aux récoltes (10), les nationaux ne se sont pas bousculés pour venir les remplacer, malgré les appels répétés du gouvernement.

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Le théoricien de la préférence nationale, M. Le Gallou, a lui-même abandonné son concept au profit d’une nouvelle idée : la préférence de civilisation, ou préférence européenne (11). « La préférence nationale était nécessaire il y a trente ans, la préférence de civilisation est une exigence absolue aujourd’hui », concluait-il, dès 2016 (12). Car la guerre ne serait plus tant économique que culturelle, et l’ennemi peut parfaitement posséder un passeport français : « Nous sommes du côté des bâtisseurs des cercles mégalithiques, des temples grecs, des oppida celtes, des églises romanes, des cathédrales gothiques, des palais Renaissance, des châteaux classiques, des édifices Art nouveau, poursuit M. Le Gallou. (…) Il s’agit d’affirmer notre volonté de respecter notre civilisation, d’en reprendre et d’en enrichir les traditions et de les transmettre à nos descendants. Bref de refuser la table rase et le grand remplacement génocidaire. » Éric Zemmour a trouvé son premier ministre…

Benoît Bréville

Notes

** (1) Agence France-Presse, 23 septembre 2021.

(2) CNews, 23 octobre 2020.

(3) Pauline Moullot, « Taxe des emplois étrangers : une arme de dissuasion massive », Libération, Paris, 2 février 2017.

(4) Conférence de presse du 5 octobre 2021.

(5) « Cinq millions d’emplois demeurent fermés aux étrangers non européens », Observatoire des inégalités, Paris, 19 août 2019.

(6) Antoine Math et Alexis Spire, « Des emplois réservés aux nationaux ? Dispositions légales et discriminations dans l’accès à l’emploi », Informations sociales, n° 78, Paris, 1999.

(7) Antoine Math, « Minima sociaux : nouvelle préférence nationale ? », Plein Droit, n° 90, Paris, octobre 2011.

(8) Claudine Pierre, « Les socialistes, les communistes et la protection de la main-d’œuvre française (1931-1932) », Revue européenne des migrations internationales, vol. 15, n° 3, Poitiers, 1999.

(9) Gérard Noiriel, Immigrés et prolétaires. Longwy, 1880-1980, Agone, Marseille, 2019 (1re éd. :1984).

(10) Lire Philippe Baqué, « “On veut des Polonais et des Marocains !” », Le Monde diplomatique, septembre 2014.

(11) Cf. notamment Jean-Yves Le Gallou, Européen d’abord. Essai sur la préférence européenne, Via Romana, Versailles, 2018.

(12) Conclusion du colloque « Face à l’assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne », Iliade-Institut pour la longue mémoire européenne, Paris, 9 avril 2016.

(10) Lire Philippe Baqué, « “On veut des Polonais et des Marocains !” », Le Monde diplomatique, septembre 2014.

(11) Cf. notamment Jean-Yves Le Gallou, Européen d’abord. Essai sur la préférence européenne, Via Romana, Versailles, 2018.

(12) Conclusion du colloque « Face à l’assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne », Iliade-Institut pour la longue mémoire européenne, Paris, 9 avril 2016.

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Texte connexe

Faire dire aux chiffres ce qu’ils ne disent pas Source : le Monde diplomatique. Même auteur https://www.monde-diplomatique.fr/2...

L’ouvrage de Charles Prats Cartel des fraudes (1) sert de Bible à Éric Zemmour et à Mme Marine Le Pen, qui y trouvent les chiffres propres à alimenter leur discours sur la préférence nationale. C’est là, par exemple, que l’éditorialiste a repéré son leitmotiv : « 43 % des allocataires de la Caisse d’allocations familiales sont nés à l’étranger. » Une statistique trompeuse, puisqu’elle rapporte le nombre d’individus nés à l’étranger ayant des droits ouverts aux prestations familiales (5,3 millions) au nombre de foyers allocataires (12,7 millions), lesquels comptent souvent plusieurs individus.

Les « décodeurs » et « fact-checkeurs » peuvent bien démonter la supercherie, l’important est d’empiler toujours plus de chiffres en les enrobant de propos alarmistes. À cause de l’aide médicale d’État (AME), accordée aux étrangers en situation irrégulière, « l’hôpital est assiégé par une population venue du monde entier », explique ainsi M. Zemmour. L’AME représente 990 millions d’euros par an, 0,5 % des dépenses de l’assurance-maladie. En 2019, les hôpitaux de Marseille ont accueilli 2 513 bénéficiaires de cette aide et les hospices civils de Lyon, 905 (2), soit une moyenne d’un tous les cinq jours dans chacun des treize établissements. Pas vraiment un état de siège.

Autre exemple : selon Mme Le Pen, les logements sociaux seraient « massivement » attribués aux étrangers ; il y aurait même en ce domaine une « préférence étrangère ». « Les ménages immigrés sont deux fois plus souvent locataires de HLM [habitations à loyer modéré] que les autres », affirme-t-elle encore. En 2015 (3), les étrangers constituaient 22,3 % des demandes de logements sociaux, mais seulement 16,8 % de ceux qui avaient reçu une réponse positive. Et, si 34 % des ménages dont la personne de référence est née à l’étranger vivaient alors dans un logement social (contre 16 % pour celles nées en France), c’est tout simplement parce qu’ils répondent fort bien aux critères d’attribution : les immigrés v ivent davantage dans des logements insalubres, surpeuplés, ils sont plus souvent expulsés sans solution de relogement, ils disposent de plus faibles revenus que les autres… Insalubrité de l’habitat, expulsion des locataires, pauvreté des habitants : trois domaines où règne une « préférence étrangère »

Benoît Bréville

** Notes

(1) Ring, Paris, deux tomes, parus respectivement en 2020 et en 2021.

(2) « Les hôpitaux “assiégés” par les étrangers bénéficiant de l’AME ? », Le Quotidien du médecin, 18 octobre 2021.

(3) Derniers chiffres disponibles. La dernière « Enquête logement » de l’Insee (2017) repose sur des données de 2013. La prochaine est annoncée en 2022 ou 2023. Cf. Le Figaro Immobilier (25 septembre 2021), et Le Monde, 2 mai 2017.

Benoît Bréville

** HD


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