Vibrant hommage de l’Assemblée nationale à Johnny : Ah que zut !

jeudi 14 décembre 2017.
 

Mercredi 6 décembre 2017, une députée Les Républicains, Brigitte Kustler, a interpellé le premier ministre de la France, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, sur… Johnny Halliday. En quoi consistait exactement la question ? Personne n’a bien compris : « Je souhaite rendre hommage à Johnny Halliday. Johnny Halliday c’est l’homme aux 100 millions d’albums vendus, aux milliers de concerts donnés avec cette générosité. Aucun autre artiste n’a su comme lui établir le lien aussi fusionnel avec son pays ». Et le Premier ministre de répondre sur le même ton dithyrambique en le promouvant au titre de « meilleur ambassadeur de la chanson française ». « Il est naturel que vous évoquiez ici dans cet hémicycle ce décès qui émeut et suscite des réactions de la part de chacun des Français »

Mais de qui parle-t-on exactement ?

Du type qui, de 2006 à 2013, s’est établi à Gstaad six mois par an pour ne pas payer ses impôts en France ? Qui a dû s’acquitter de son redressement fiscal de près de 140 000 € après une condamnation pour son système d’optimisation fiscale illégal - montant qui ne représentait qu’une infime partie des 9 millions d’euros que le fisc a réclamés au chanteur en 2011… Le montage financier pour optimiser son imposition impliquait des holdings au Luxembourg et au Liberia.

De celui qui prit position pour le oui à la Constitution européenne le 2 mai 2005, trois jours avant le scrutin, avec ces grandioses mots : « Si le non gagne, tout le monde va quitter la France ».

Du type qui, en 2014, dans le Point, déclarait : « Ici, on a l’impression d’être assisté : on ne bosse pas, on fait les 35 heures, on fait des manifs, la grève... je trouve ça désolant. »

Qui soutenait Giscard, chantait « on a tous quelque chose en nous de Jacques Chirac » ? Qui est allé diner au Fouquet’s pour fêter la victoire de Sarko en 2007 ? Nicolas Sarkozy, pour sa part, n’a d’ailleurs jamais caché sa proximité avec celui qui lui avait apporté son soutien à de multiples occasions, de l’université d’été des jeunes de l’UMP à Marseille au QG de la rue d’Enghien, jusqu’à l’anniversaire du chef de l’État organisé par Carla Bruni dans son hôtel particulier du XVIe arrondissement.

Du type qui déclarait, faisant part de son homophobie ordinaire, en 2011, sur Canal + : « Alain Delon, c’est un vrai mec de toute façon. Je ne pense pas être un pédé moi non plus, hein, bon. » Qui a une vision des rapports dans le couple hétérosexuel pour le moins pré-gender : « Tout homme a le devoir absolu de tromper de temps en temps sa femme, ne serait-ce que pour lui prouver qu’il l’aime tellement qu’il revient vers elle. Et puis aucun mec ne peut baiser que sa femme… ! »

De celui que son ex-femme accuse de l’avoir violée lorsqu’elle était mineure ?

Voilà la personne à laquelle le président de l’Assemblée nationale puis tous les députés ont rendu ce vibrant hommage, en lui réservant même une standing ovation.

Je finirais ce billet d’humeur en citant quelques lignes de la Chanson de Ferrat :

« Cet air de liberté au-delà des frontières

Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige

Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige

Elle répond toujours du nom de Robespierre

Ma France »

Jeanne Fidaz


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