Retour détaillé sur les résultats du premier tour des législatives

jeudi 21 juin 2007.
 

RESULTATS Inscrits : 43 888 651

- Abstentions : 17 352 386 - 39,54%

Votants : 26 536 265 60,46 %

Exprimés : 26 032 902 59,31 %

Ex. Droite : 6,00 % dont FN : 4,68 %

DROITE : 53,4 %

UMP et alliés : 42,32 %

Le Nouveau Centre : 2,00 %

MPF (De Villiers) : 1,20 dont

CPNT : 0,90 Modem : 7,61

GAUCHE : 39 %

PS et alliés : 28,02 %

Verts : 3,25

Gauche antilibérale : 8,81 dont

PCF : 4,69

E. Gauche : 3,41

La Droite avec 45.5 % recueille deux points de plus qu’en 2002.

l’UMP fait le plein et progresse partout, même ses candidats les plus controversés comme Carignon ou nouvellement promu comme Arno Klarsfeld.

Le FN a recueilli moins de 4 % des suffrages contre 12,7 % en 2002 ; 4 % des électeurs de Le Pen déclarent s’être abstenus et moins d’un sur deux a voté pour les candidats du FN. C’est l’UMP qui bénéficie de cet effondrement. Seule Marine Le Pen peut se présenter au 2° tour. Le FN ne pourra pas tirer partie, par des triangulaires au second tour, d’une influence réduite aux acquêts.

La Gauche améliore légèrement son score de 3 points sur le premier tour de la présidentielle en recueillant 39 % des voix, un point de moins sur les résultats de 2002.

Les candidats du PS font un meilleur résultat que Ségolène avec 26,79 %, au lieu de 25,87 %.

Le PCF, seul ou dans le cadre de candidatures unitaires de la gauche antilibérale, au contraire du FN, maintient à peu près son résultat de 2002 (un recul de 0,25 %). Il fait mieux que résister dans les bastions de ses députés sortants : M.G Buffet qui gagne 3 %, André Chassaigne dans le 61 qui progresse de 11 %, Alain Bocquet dans le Nord de 7 %. En 2002, 37 candidats s’étaient qualifiés pour le second tour dont 21 ont été élus ; ils ne sont plus que 28 dont 8 arrivés en tête.

La LCR, avec plus de 2 %, contre 1.28 % en 2002 est la seule force de gauche qui progresse.

Certains de ses candidats représentaient aussi la gauche antilibérale et ont obtenu à ce titre de bons résultats au-dessus des 5 %. Cela ne lui permettra pas pour autant d’obtenir des sièges à L’assemblée nationale.

La gauche Alternative 2007 qui présentait 80 candidats de divers courants de pensée rassemblés sous ce sigle, rescapés des collectifs unitaires, a dépassé les 1 % pour 60 d’entre-eux. Ce qui leur permet d’obtenir un financement. Certains candidats comme J.C. Eyraud à Gap avec 9.28 %, F.Simon avec 6,61 % à Toulouse, Y.Garcia dans l’Hérault (6,49 %) ont obtenu d’assez bons résultats. Ils démontrent ce qu’auraient pu obtenir, avec des résultats encore plus importants, des candidatures uniques soutenus par le PCF, la LCR, les Alternatifs, les Altermondialistes, la gauche républicaine et socialiste dans tout le pays ...

Les Verts, avec 3,25 % se rapprochent de leur niveau de 2002 (4,43 %), avec la différence sur 2007 qu’ils étaient liés au PS par un accord électoral qui leur avait laissé le champ libre dans 60 circonscriptions. Le PS cette fois s’est contenté de ne pas leur opposer de candidats dans les trois circonscriptions de leurs députés sortants ainsi qu’à Nantes. Tous quatre peuvent l’emporter au second tour.

Mais comme pour l’ensemble de la gauche, la crise est profonde et tout est à refaire.

Le MoDem réduit à 7,86 % est loin de son score présidentiel de 18, 57 %. Il a vu 29 de ses députés sortants sur 32 rejoindre le camp de l’UMP. Le Centre retrouve son étiage habituel. Les électeurs de Bayrou se sont abstenus largement ou ont voté plus pour l’UMP que pour le PS. Selon les sondages, le report au second tour se ferait équitablement entre la droite et le PS.

Contrairement à ce que pense Ségolène Royal, le principal appoint dont pourraient bénéficier les candidats socialistes est à gauche car l’extrême gauche se reporterait à 70 % sur les candidats de gauche : les électeurs du PCF à 89 %, les Verts à 98 %, pour seulement 42 % pour le MoDem...

Qui sont-ils ?

Ce sont des jeunes, en majorité de moins de 24 ans (51 %) mais aussi beaucoup de la tranche d’âge de 24 à 35 ans, un peu plus souvent des femmes que des hommes. Ce sont en majorité des ouvriers (49 %), des employés, mais aussi des agriculteurs et des commerçants.

Se sont abstenus les électeurs de :

- Le Pen à 44 % ; l’extrême gauche à 40 % ; De Villiers à 39 % ; Buffet à 33 % ; Bayrou à 33 % Voynet à 30 % ; Ségolène à 27 %. Soit 34 % de la gauche, pour 26 % de la droite.

L’étude des résultats dans les cités populaires d’île de France montre que l’UMP n’a pratiquement pas pâti de la baisse de la participation alors que les scores du PS se sont effondrés. (le Monde - Luc Bronner - 12.06.07). Pour la présidentielle, on avait beaucoup de jeunes, souvent récemment inscrits. Ils ne sont pas revenus pour les législatives.

...ceux qui se démobilisent le plus vite sont les plus jeunes, les moins diplômés, les plus précaires...(J.Y. Dormagen)

La carte de l’abstention montre qu’elle se situe principalement dans toute la partie Est de la France, du Nord au Sud, marquée dans les anciens secteurs industriels, et dans l’ex-banlieue rouge de Paris.

Une de ses caractéristiques remarquables, c’est la différence entre son caractère massif émanant des personnes sans proximité partisane (70 %), des sympathisants du FN (58 %) et du MoDem (41 %).

- et une moindre abstention des sympathisants engagés idéologiquement et sentis concernés par le vote utile : pour le PS (29%) ou l’UMP (30 %).

Pourquoi cette faible participation de l’électorat de gauche après la présidentielle ?

Si la gauche parlementaire améliore de 7 points le résultat de Ségolène Royal, les 36 % obtenus sont à un niveau très faible pour des législatives. La campagne électorale a été particulièrement atone, peu mobilisatrice. La proposition faite aux Français de voter socialiste pour ne pas perdre trop de députés intégrait une défaite annoncée comme acquise. La division, l’absence d’un projet identifié, ont concouru pour décourager : la partie de l’électorat de gauche la plus fragile, des Verts déçus et les centristes désappointés par l’élimination de Bayrou.

Ce n’est pas parce que les électeurs ont choisi d’accorder leur confiance au Président qu’un grand nombre se sont abstenus, 47 % n’avaient pas voté pour lui. Mais une partie de ceux-là ne sont pas allés voter le 10 juin, faute de projet mobilisateur, en l’absence d’une alternative claire et crédible. On ne peut pas sensibiliser les gens en leur disant que de toute façon on va perdre ! L’UMP a mobilisé un électorat porté par la victoire de son héros (72 %). De plus la moitié des sympathisants du FN qui ont voté se sont portés sur les candidats de l’UMP.

Il est inquiétant que peu de commentateurs et de responsables politiques de gauche n’ont pas fait observer que, selon la constitution, c’est au gouvernement issu de la majorité des députés élus à l’Assemblée nationale de gouverner et d’appliquer son programme et non au Président de la République de prendre des décisions non débattues par le parlement. Mais avec la réforme du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, les élections législatives sont considérées acquises, comme une formalité au service de la majorité présidentielle. Cette modification des institutions sans établir les contre-pouvoirs indispensables à tout système présidentiel a accentué le caractère de « dictature démocratique » de cette monarchie élective à la française, véritable régime de pouvoir personnel contraire aux principes démocratiques et républicains.

C’est la très large confiance accordée à Sarkozy par les électeurs de droite qui a conduit à l’ampleur du vote en faveur de l’UMP. De plus avec le mode de scrutin majoritaire, sans sursaut de la gauche, le risque est grand de voir élire une majorité de 80 % des députés par un effet mécanique. Ils ne représenteront environ que le tiers des inscrits...

Cependant les Français ont une image très ambivalente et contrastée de l’avenir sarkoziste.

S’ils pensent que la politique de Nicolas Sarkozy sera efficace (69 %), capable de répondre aux vrais problèmes (59 %), ils pensent aussi qu’il concentre trop tous les pouvoirs (56 %), qu’il est trop sûr de lui-même et porté sur la communication.

A l’épreuve des mesures législatives d’ores et déjà mises en oeuvre par le gouvernement Fillon, la désillusion risque d’être d’autant plus grande et violente que les besoins quotidiens d’une partie grandissante des Français, des moins favorisés aux fameuses classes moyennes, ne seront pas satisfaits par :

- La hausse de la TVA qui est destinée à financer les cadeaux fiscaux consentis aux plus riches contribuables. Cette réforme de la fiscalité touchera essentiellement les consommateurs sur lesquels repose la croissance économique en France. Supprimer les cotisations sociales c’est verser une partie du salaire différé des salariés aux entreprises capitalistes qui bénéficient déjà de milliards d’euros de dégrèvements sans autre effet sur l’emploi que l’aubaine de ces cadeaux.

- les franchises médicales particulièrement inégalitaires, injustes pour les bas salaires qui feront baisser le niveau de protection sanitaire des travailleurs.

La remise en cause :

- du droit du travail, par un nouveau CNE augmentant la précarité des emplois

- des 35 heures par la défiscalisation des heures supplémentaires qui favorisera l’emploi existant plutôt que l’embauche.

- du droit de grève par la création d’un service minimum contraignant et inefficace.

Avec la mise en œuvre d’une quatrième loi en quatre ans sur l’immigration, on intensifie déjà la poursuite de la chasse aux enfants d’immigrés dans les écoles, on sépare des couples, on empêche le regroupement familial au mépris des droits humains.

Faute d’être représentés à l’Assemblée Nationale, les contestataires de cette politique seront portés à s’exprimer dans la rue, par des manifestations et des mouvements plus ou moins violents selon qu’ils auront le sentiment ou la conscience de pouvoir obtenir satisfaction, plus par la lutte active que par des voies plus conformes à l’exercice démocratique qui leurs sont refusées.

POUR UN AVENIR A GAUCHE

L’idéal des valeurs de la gauche doit être redéfini et affirmé en tenant compte des évolutions et des fractures de la société, économiques et sociales, démographiques, des nouveaux enjeux environnementaux, du développement, du défi écologique et des menaces contre la paix et la sécurité dans le monde. L’ensemble des courants de la gauche authentique, rassemblés dans une Force nouvelle aux contours et aux formes qui restent à définir, sans nier les identités de chacun mais avec une volonté commune de dépassement doivent s’atteler sérieusement aux défis de notre temps.

Allain GRAUX - Le 16 juin 2007-

Président de PRS 21

Ref : sondages ipsos /dell


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