10 mai 1981 François Mitterrand élu Le peuple de gauche explose de joie

mardi 6 juin 2023.
 

10 mai 1981 20 heures. Le visage de François Mitterrand apparaît sur les écrans. Pour la première fois, la France a élu un président de la république, socialiste. Pour la première fois depuis 25 ans, la gauche vient de remporter une élection.

Le 10 mai 1981 vu par Jean-Luc Mélenchon

10 Mai, ça vous dit quelque chose (Brigitte Blang) ?

L’immense aspiration sociale et démocratique des années 1968 paraît avoir trouvé un débouché politique.

22 mars 1972 Ouverture des discussions PS PCF pour élaborer un programme social à la hauteur des aspirations de 1968

27 juin 1972 : Signature du Programme Commun par le Parti Socialiste

27 juin 1972 De la division de la gauche au Programme commun

Lionel Jospin intervient pour appeler les Parisiens à fêter ce succès Place de la Bastille où Bernard Lalanne entonne La Carmagnole. Pierre Mauroy rappelle le slogan inscrit sur des wagons par des ouvriers pour saluer l’avènement du Front populaire : Vive la vie !

Le nouveau président déclare : "Cette victoire est d’abord celle des forces de la jeunesse, des forces du travail, des forces de création... Elle est aussi celle de ces femmes, de ces hommes humbles militants pénétrés d’idéal, qui, dans chaque commune de France, dans chaque ville, chaque village, toute leur vie, ont espéré ce jour où le pays viendrait enfin à leur rencontre... Des centaines de millions d’hommes sur la terre sauront ce soir que la France est prête à leur parler le langage qu’ils ont appris à aimer d’elle..."

Dans beaucoup de maisons, l’émotion est trop forte pour parler ou bouger pendant dix minutes. Puis, c’est l’explosion de joie. Des défilés de voitures envahissent les rues : On a gagné ! Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! Dans les cafés, le champagne coule à flots. Dans la rue, les gens s’embrassent, essuient leurs larmes, entament des sarabandes.

J’entends, ému, quelques phrases qui resteront gravées dans ma mémoire : "J’aurai au moins vu ça avant de mourir".

1) Quelles mesures immédiates ?

Les sections du Parti socialiste reçoivent un journal intitulé "La Victoire", à distribuer dans les boîtes aux lettres.

" Voici qu’on va se mettre à réciter autrement le verbe vivre. Avec le temps futur, désormais tout proche viendra le temps de vivre... Ce changement ne se fera pas bien sûr en trois jours. Mais tout va commencer à changer dès demain. Dans l’immédiat, voici quelques-unes des choses que nous allons faire ensemble :

* Relancer l’économie, en particulier dans certains secteurs essentiels

* Mettre en oeuvre un programme de grands travaux publics de logements sociaux

* Créer 210000 emplois dans les services publics et sociaux ( santé, enseignement, postes...)

* Réduire à 35 heures la durée hebdomadaire du travail par la négociation

* Développer l’activité de l’artisanat et du petit commerce.

* Généraliser la cinquième semaine de congés payés

* Revaloriser immédiatement de 25% les allocations familiales

* Alléger l’impôt direct pour les petits contribuables

* Supprimer la TVA sur les produits de première nécessité

* Instituer un impôt sur les grandes fortunes

* Accroître les possibilités d’action des syndicats dans les entreprises

* Augmenter progressivement les retraites jusqu’à 75% du salaire

* Permettre à ceux qui le veulent de demander la pension vieillesse à 60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes

* Supprimer la cotisation de sécurité sociale prélevée sur les retraites

* Porter les pensions de reversion à 60% des retraites

* Créer 20000 postes d’aides ménagères...

2) Des lendemains plus difficiles

Parmi les mesures ci-dessus, un certain nombre va passer dans la réalité entre 1981 et 2002.

La sincérité de beaucoup de dirigeants politiques affirmant que l’heure du socialisme avait sonné ne fait pas de doute.

Ceci dit, les salaires sont restés hauts en France par rapport aux profits de 1968 à 1982. A partir de 1983, ce sont les profits qui écrasent de plus en plus en plus les salaires.

Sur une question déterminante comme le respect des droits syndicaux dans l’entreprise et le respect des droits des travailleurs, la même courbe peut être tracée. Les lois Auroux n’ont été que poudre aux yeux par rapport à cette évolution générale

8 octobre 1981 Publication du rapport de Jean Auroux sur les nouveaux droits des travailleurs

Pour beaucoup de gens du milieu populaire, cette période 1983 2002 a été particulièrement difficile quant à leurs conditions de vie.

Il est évident que le contexte international défavorable (reaganisme, thatchérisme...) a joué un rôle majeur dans cette évolution.

Ceci dit, aucun des dirigeants socialistes de l’époque n’a jusqu’à présent, à ma connaissance, tiré un bilan sérieux des objectifs de 1981, de la politique suivie et de la "pause transitoire" commencée à l’été 1982 et surtout à partir de 1983.

Ce bilan par les acteurs eux-mêmes est pourtant indispensable. Nous ne pouvons l’aborder dans ce petit article mais nous ouvrons une petite rubrique sur le sujet avec quelques premiers articles :

* Mai 81, Nicaragua, Cuba, Bicentenaire de la Révolution, possibilité de réformes, raison d’Etat, "France-Libertés", rôle des Etats-Unis : Danielle Mitterand revient sur le bilan des 25 dernières années

Lien vers l’article

* Front populaire, CNR, Programme commun, Gauche plurielle, Front de gauche : quel dénominateur commun, quelles différences ? Table ronde Corbière (PG) Malaisé (GU) Dauliac (PCF)

* L’Union de la gauche et le programme commun dans les années 1970

* 8 juillet 1981 : Pierre Mauroy présente à l’Assemblée nationale la politique générale que va mener la gauche

* LES 110 PROPOSITIONS DU CANDIDAT MITTERRAND EN 1981

* 21 mars 1983 : Mitterrand, Delors et Mauroy décident une "pause" des réformes de gauche

* La gauche et le Parti Socialiste de 1981 à 2005 (texte du Parti Socialiste)

* Crise financière : l’encombrant héritage de la gauche (par Laurent Mauduit)

Jacques Serieys

JPEG - 13.5 ko

Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message