LE NON DE GAUCHE MAINTIENT LA PRESSION EN IRLANDE D’OU REVIENT FRANCOIS DELAPIERRE

lundi 28 juillet 2008.
 

Pur hasard de calendrier, la campagne irlandaise du « non » de gauche réunissait ses correspondants à l’échelle nationale la veille du déplacement de Nicolas Sarkozy à Dublin. Cela tombait plutôt bien sur un plan pratique puisque les amis irlandais du « non » de gauche tenaient beaucoup à ce que je participe à ces deux événements. Je n’aurais donc pas à choisir. Mais cela tombait surtout politiquement à pic. La volonté affichée par Sarkozy de refaire voter les Irlandais soulignait en effet l’importance de la campagne pour le respect du « non » irlandais préparée par les responsables du CAEUC (Campaign Against the EU Constitution).

La réunion se tenait dimanche 20 juillet (si !) au « Teacher’s Club » de Dublin. C’était la première fois que le réseau du CAEUC se réunissait au plan national. Les intervenants étrangers parlaient l’après-midi. J’étais en bonne compagnie : Tobias Pflüger, député européen membre de Die Linke, et deux représentants d’Attac, l’autrichien Siegfried Bernhauser et le français Thomas Herreng.

Que pouvais-je apporter à la réflexion des amis irlandais ? D’abord l’expérience du « non » français. Pour les aider à éviter nos erreurs. Le « non » de gauche français a trop négligé le « service après-vente » du 29 mai 2005. La plupart de ses composantes sont rapidement passées à autre chose alors qu’il restait à obtenir le retrait de la signature de la France et l’enterrement définitif du projet de Constitution européenne. Bien sûr il y avait l’élection présidentielle à préparer. Et celle-ci déterminait pour une bonne part la suite : seule la victoire d’un partisan du « non » nous aurait mis en situation d’enclencher un « plan B ». Toujours est-il qu’une fois la présidentielle perdue par la gauche, Sarkozy n’a eu qu’à tirer la Constitution européenne de son coma pour la bonne raison qu’elle n’avait jamais été déclarée morte. Or c’est la même stratégie qui se met en place après le « non » irlandais : la poursuite des ratifications en attendant que le « pays récalcitrant » ait trouvé une « solution ». Fort heureusement les camarades irlandais n’ont pas attendu mes conseils pour préparer l’étape suivante. Il faut dire que la perspective d’un second référendum suffit à maintenir le réseau en éveil. Une campagne « no means no » pour le respect du vote est déjà lancée. Et le CAEUC cherche dès à présent à renforcer son réseau militant, en développant les adhésions individuelles, pour être en mesure de faire face à cette nouvelle étape. Tous disent avec beaucoup de maturité « les choses sérieuses commencent maintenant ».

En revanche, il m’a fallu aider les militants irlandais à comprendre que l’avenir du traité de Lisbonne se jouait pour l’essentiel dans leur pays. Ainsi vont les hasards de l’histoire ! Beaucoup espéraient que désormais le « non » irlandais rebondirait à Berlin ou à Paris. J’ai dû doucher leur enthousiasme en leur expliquant que nous Français n’avions guère de moyens d’agir, et qu’en définitive le verrou irlandais concentrait les espoirs des millions de citoyens européens hostiles à ce traité. Je crois qu’ils avaient encore du mal à concevoir que l’avenir de l’Union européenne puisse se dessiner dans leur Ile de 4 millions d’habitants aux confins de l’Europe. Je repartais néanmoins en leur promettant de proposer aux personnalités et organisations qui s’étaient mobilisés au sein du CNR (comité national pour un référendum) afin de faire respecter le « non » français l’organisation d’un meeting pendant la présidence française avec des représentants du « non » irlandais pour aider à rompre l’isolement des Irlandais.


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