2 décembre 1852 : Coup d’état de Napoléon le Petit

mercredi 6 décembre 2023.
 

1) Récit du coup d’état sur Paris

2 décembre 1852 : Au petit matin, l’armée française occupe la France : siège de l’Assemblée Nationale, préfectures, mairies, grands boulevards et axes stratégiques des villes (Champs Elysées, Tuileries...) Pour écraser dans l’oeuf toute opposition, Paris se voit quadrillé par 60000 soldats et une centaine de pièces d’artillerie.

Le courant montagnard et républicain appelle à la résistance. Une soixantaine de députés fomente un Comité de Résistance. Les vrais démocrates du moment (Victor Hugo, Victor Schoelcher...) en appellent au peuple et participent aux barricades qui se forment.

Mais en 1852, l’armée française ne fait pas plus de sentiment pour fusiller un républicain que n’en feront plus tard les nazis pour abattre un juif. Les premiers étudiants trouvés porteurs de tracts sont fusillés et jetés à la Seine. L’arrêté du ministre de la Guerre (général de Saint Arnaud) stipule que toute personne prise à construire ou défendre une barricade sera fusillée. Et les officiers suivent les ordres... et les soldats fusillent. Le commandant militaire de Paris (général Magnan) précise que tout prisonnier sera sommairement fusillé. Et les officiers suivent les ordres... et les soldats fusillent.

Dans un tel contexte, plus d’un républicain convaincu hésiterait à combattre face à la grande muette. Ainsi, le 3 décembre, Jean-Baptiste Baudin, député de l’Ain, médecin, tente de mobiliser les ouvriers du faubourg Saint Antoine et rejoint la barricade de la Rue Sainte Marguerite. Vexé par la remarque « Croyez-vous que nous allons nous faire tuer pour vous conserver vos vingt-cinq francs par jour ! », il monte sur la barricade en affirmant « Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs ! . » Les balles du 19ème de ligne l’abattent aussitôt.

3 décembre 1852, le député Alphonse Baudin est tué par l’armée

Le 4 décembre, sur le Boulevard des Italiens, l’armée tire en l’absence de toute barricade, seulement des cris : 200 à 300 morts dont beaucoup de badauds, de femmes, d’enfants.

Les dernières barricades tombent le 5 décembre avec leurs derniers défenseurs dont Victor Hugo qui réussit à fuir vers la Belgique.

C’est dans une telle ambiance de soldatesque qu’avait fini la Première république (18 brumaire) ; ainsi finit la Deuxième république en 1851 ; ainsi finira la Troisième à Vichy ; ainsi finira la Quatrième (coup d’état militaire de De Gaulle le 1er juin 1958).

2) À propos des valeurs et du programme des Démocrates Socialistes (1849-1851)

3) Le coup d’état du 2 décembre 1852 vu par Victor Hugo (Nox)

Pour accéder au texte intégral, cliquez sur le titre ci-dessus

EXTRAIT 1 :

Debout ! les régiments sont là dans les casernes,

Sac au dos, abrutis de vin et de fureur,

N’attendant qu’un bandit pour faire un empereur.

EXTRAIT 2

Les tribuns pour le droit luttent : qu’on les égorge.

Routiers, condottieri. vendus, prostitués,

Frappez ! tuez Baudin ! tuez Dussoubs ! tuez !

Que fait hors des maisons ce peuple ? Qu’il s’en aille.

Soldats, mitraillez-moi toute cette canaille !

Feu ! feu ! Tu voteras ensuite, ô peuple roi !

Sabrez le droit, sabrez l’honneur, sabrez la loi !

Que sur les boulevards le sang coule en rivières !

Du vin plein les bidons ! des morts plein les civières !

Qui veut de l’eau-de-vie ? En ce temps pluvieux

Il faut boire. Soldats, fusillez-moi ce vieux.

Tuez-moi cet enfant. Qu’est-ce que cette femme ?

C’est la mère ? tuez. Que tout ce peuple infâme

Tremble, et que les pavés rougissent ses talons !

EXTRAIT 3

C’est fini ! Le silence est partout, et l’horreur.

Vive Poulmann César et Soufflard empereur !

C’est fait, reposez-vous ; et l’on entend sonner

Dans les fourreaux le sabre et l’argent dans les poches.

De la banque aux bivouacs on vide les sacoches.

Les vainqueurs en hurlant dansent sur les décombres.

Des tas de corps saignants gisent dans les coins sombres.

Courons féliciter l’Elysée à présent.

Du sang dans les maisons, dans les ruisseaux du sang,

Partout ! Pour enjamber ces effroyables mares,

Les juges lestement retroussent leurs simarres,

Et l’Église joyeuse en emporte un caillot

Tout fumant, pour servir d’écritoire à Veuillot.

4) 3 au 13 décembre 1852 Résistances au coup d’état de Napoléon 3 en province

Jacques Serieys


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