Rassemblement National et retraites : retraite à 65 ans, capitalisation, sacrifices, suppression des régimes spéciaux...

vendredi 7 avril 2023.
 

La ligne historique du Front National a toujours été un allongement de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Cette position était défendue par Jean-Marie Le Pen, sa fille Marine et même beaucoup plus tard par des dirigeants du RN comme Wallerand de Saint Just. A l’époque, seul le RN et les courants politiques libéraux mondialistes argumentait cette position au nom de l’intérêt général, en fait de l’intérêt des capitalistes qui ont toujours pesé lourd dans ce courant d’extrême droite.

Nous écrivions alors "Les propositions du F-Haine concernant les retraites conduiraient à un effondrement du revenu des retraités français de milieu populaire et des "classes moyennes" encore plus que les gouvernements passés de Juppé, Fillon, Sarkozy . C’est peu dire !"

Durant quelques années Marine Le Pen a modifié cette orientation pour gagner des voix populaires. Puis, elle est revenue en 2023 à une position intermédiaire, proche de Macron, afin de ne pas fâcher la partie du RN qui n’en a rien à faire du sort des salariés.

A) Le programme du Front National dans les années 2000 : âge légal à 65 ans, capitalisation, suppression des régimes spéciaux

Copier coller complet du site du FN sur le sujet des retraites

CONSTAT

Le système de retraite par répartition auquel les Français sont attachés connaît un déséquilibre financier qui ne fera que s’aggraver, malgré les deux réformes (1993 et 2003) que le régime général et le régime de la fonction publique ont connues. Il faut d’ailleurs noter que la France est l’un des derniers pays développés à réformer, et encore partiellement, son système de retraites et à prendre en compte un problème démographique pourtant prévisible et prévu, depuis des décennies.

Car les causes réelles du déficit des retraites, qui mettent en danger le principe même de la répartition, sont :

La croissance économique faible et le chômage (le taux d’emploi des Français est parmi les plus faibles des pays industrialisés).

Les données démographiques : natalité insuffisante, vieillissement de la population, allongement de la durée de vie. Il n’y a plus aujourd’hui qu’un peu plus de 2 cotisants pour un retraité, contre 4 il y a 25 ans. En 2050, il n’y aura plus que 1,3 à 1,4 actif pour un retraité.

Le mode de financement de la protection sociale, qui pèse essentiellement sur le travail, avec ses implications en termes d’emploi.

MESURES

Pour sauver notre système de retraite par répartition, il faut d’abord et avant tout engager une véritable politique :

* de retour au plein emploi pour les Français ;

* d’encouragement de la famille et de la natalité.

Il faut également en finir avec les inégalités et les injustices, en proposant aux Français :

* Le retour à 65 ans de l’âge légal de la retraite, pour tenir compte de la réalité des parcours (entrées tardives sur le marché du travail, périodes de chômage…) après 40 annuités de cotisation.

* Le développement de régimes de retraite complémentaire par capitalisation ouvert à tous et dont les versements, auprès d’organismes agréés par l’Etat, seront déductibles des revenus imposables.

* La proportionnalité de la retraite par rapport à la période effective de cotisation

* Incitation à prendre leur retraite dans leur pays d’origine pour les travailleurs étrangers.

* Une harmonisation des régimes de retraite (entamée partiellement par la réforme de 2003), en regroupant les différents régimes de base en un seul régime national, géré directement par l’Etat et sous contrôle du Parlement. Le choix laissé aux régimes spéciaux qui n’ont été affectés par aucune des réformes de 1993 ou 2003 : soit ils s’incluent avec les mêmes obligations et prestations dans le régime national et bénéficient de la solidarité nationale, soit ils prévoient un financement spécial, hors fonds publics, pour maintenir leurs spécificités...

B) Rassemblement National et retraites en 2017 : valse hésitation entre démagogie électoraliste et intérêts du grand capital

Il serait erroné de se baser sur le seul programme du Front National pour savoir quelle est sa position.

Pour le comprendre, il est nécessaire de différencier d’une part son intérêt électoral à court terme pour prendre des voix en milieu populaire, d’autre part son lien aux intérêts du grand capital. Il s’agit là d’une caractéristique commune à tous les partis d’extrême droite et fasciste, Hitler d’avant la prise de pouvoir constituant un archétype.

L’exemple des retraites est extrêmement révélateur avec une valse hésitation permanente entre retraite à points, retraite par répartition avec âge légal de départ à 60 ans mais augmentation du nombre d’annuités, retraite à 65 ans, prime aux retraites par capitalisation...

Prenons un seul point : celui de la retraite à 60 ans. Des interviews d’électeurs FN montrent leur conviction que Marine Le Pen fait de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans avec quarante annuités une priorité de son projet politique.

Son interview ce mardi soir sur LCI mérite notre attention.

La question posée par le journaliste, suite à une demande d’internaute était simple « La retraite à 60 ans sera-t-elle effective en 2018 si vous êtes élue ? »

La candidate d’extrême droite s’est embourbée dans des salmigondis prouvant qu’elle ne voulait pas répondre précisément

« Non, elle sera effective, à la…, probablement, euh… à la fin du quinquennat, parce que, euh… nous devons, euh… effectivement mettre en œuvre […] le retour à l’emploi. Vous comprenez bien que cette retraite à 60 ans, il faut qu’on la finance, par évidemment l’emploi, et moi j’essaie, j’essayerai, qu’à la mi-quinquennat, on puisse arriver à cela, mais euh… Voilà. » Et d’ajouter prestement : « En tout cas, à la fin du quinquennat, c’est sûr ! » passant ainsi, en une minute, de « probablement » à « c’est sûr ». Avant finalement de conditionner, de fait, cette mesure à la baisse du chômage, parlant même d’une diminution de trois points. Rien de moins.

Cette prise de position est en contradiction flagrante avec sa vidéo de campagne postée le 11 avril intitulée « Mes 10 mesures immédiates » : « Dans les deux premiers mois de mon mandat, je prendrai tout de suite 10 mesures concrètes », dont la mesure numéro 6, à savoir le « rétablissement de la retraite à 60 ans avec quarante annuités de cotisations ».

Ces zigzags entre démagogie et vrais objectifs ne sont pas nouveaux.

La vraie position du FN a été donnée par exemple par Nicolas Bay, secrétaire général du Front national, interviewé par Boursorama « Nous n’avons jamais défendu la retraite à 60 ans. Nous avons défendu le principe des quarante annuités, ce qui est un peu différent. » C’est surtout si on les compare au programme de 2012 du Front national que les propos de Bay sont « un peu différents ». La feuille de route de la candidate FN affirmait alors : « L’objectif doit être fixé de revenir le plus rapidement possible au principe de quarante annuités de cotisation pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. L’âge légal sera progressivement ramené à 60 ans. »

En janvier 2015, à la question d’Europe 1 qui lui demandait si elle maintenait la retraite à 60 ans, Marine Le Pen répondait : « Moi, je pense que la retraite à 60 ans est viable sur le plan économique. Lorsque nous aurons fait toutes les économies nécessaires sur les gabegies de l’Etat, nous reverrons la situation, si nous nous rendons compte qu’il faut travailler plus longtemps, alors nous vous dirons précisément les raisons pour lesquelles il faut le faire. » Comprendra qui pourra.

C) Le double discours du RN pour 2017

Pour la campagne présidentielle 2017, le Front national tient un double discours :

-> des titres sur papier glacé pour les couillons qui veulent bien les croire comme "RETRAITE à 60 ans pour 40 ans de cotisation"

-> des explications pour les richissimes qui manipulent le FN " Ne vous en faites pas, nos slogans ne servent qu’à gagner des voix ; notre objectif réel est exactement inverse"

- le maintien par Marine Le Pen de sa position donnée plusieurs fois publiquement depuis 2012 : IL FAUDRA FAIRE DES SACRIFICES. « Si il apparaît qu’on ne peut pas maintenir notre système de retraite, alors nous nous tournerons vers les Français pour leur dire que ce n’est pas possible. Et je crois que, alors, les Français seront d’accord pour les sacrifices nécessaires. »

http://www.francetvinfo.fr/replay-r...

- le maintien par le Front national de sa position pour l’allongement au-delà de 40 ans de cotisation pour ouvrir les droits à la retraite. Parmi les déclarations récentes, voici celle de sa responsable du programme (Madame Joëlle MELIN ) : « Nous aurons du mal à rester sur les 40 ans de cotisation car il faut tenir compte de l’allongement de la vie ».

Pour prouver que sa véritable position, c’est bien de faire de la surenchère sur les réformes de 2003 et 2010 en faisant plus payer les Français pour une retraite de plus en plus tard, le Front national s’est fendu d’un communiqué officiel de son bureau national.

D) 2022 Retraites : Le Pen d’accord avec Macron

Retraites. Marine Le Pen est finalement d’accord avec Emmanuel Macron. Après avoir milité pour la retraite à 60 ans, la candidate du Rassemblement National (RN) retourne sa veste moins de deux mois avant l’élection présidentielle, sans même prévenir ses équipes. Elle est désormais pour un système progressif de départ à la retraite, entre « 60,75 et 62 ans ». Notre article.

Marine Le Pen essaye de faire un important travail sur sa crédibilité. Elle redoute la critique de l’électorat de droite. D’où son revirement. Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ! Candidate de l’extrême-droite pour la troisième fois, la retraite à 60 ans devait lui donner l’image d’une candidate aux côtés du peuple… Pour que finalement, elle finisse d’accord avec Emmanuel Macron.

Comme lui, et comme Valérie Pécresse ou Eric Zemmour, Marine Le Pen souhaite nous faire travailler plus longtemps. Interrogé le 15 décembre 2021 sur la réforme avortée des retraites à la suite d’un mouvement social historique soutenu par la majorité de la population, Emmanuel Macron a répété 5 fois : « Il faudra travailler plus longtemps”. Un projet de réforme qui ne manquera pas de re-mobilier les Français. En effet, 71% d’entre eux sont pour un retour à la retraite à 60 ans selon un sondage Ifop.

Un sujet sur lequel Jean-Luc Mélenchon est l’un des rares candidats à avoir une position claire : le retour à la retraite à 60 ans pour 40 annuités de cotisation. Il avait eu l’occasion de mettre KO l’ultralibéral Zemmour dans l’émission Face à Baba, qui prône lui au-dessus un allongement de l’âge de départ à la retraite jusqu’à au moins… 64 ans !

E) Articles précisant la position du Parti de Gauche et de France Insoumise

Retraites : Toujours moins ! Toujours plus tard ! ça suffit ! (81 articles)


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