12 au 16 février 1934 : L’alliance police, hitlériens, droite, Eglise catholique, armée impose le fascisme en Autriche

jeudi 23 février 2023.
 

La "guerre civile autrichienne" désigne les quelques jours (du 12 au 16 février 1934) durant lesquels le mouvement ouvrier et social-démocrate autrichien a été écrasé par les forces paramilitaires conservatrices-fascistes alliées à l’armée et à la police

Après la désintégration de l’Empire austro-hongrois à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918 et le traité de Saint-Germain-en-Laye, l’Autriche devient une république parlementaire indépendante.

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Deux principales forces dominent alors la vie politique de la nouvelle nation :

- la gauche (Parti social-démocrate). Ces socialistes s’appuient sur des bastions dans les quartiers populaires des villes, tandis que les conservateurs peuvent compter sur le soutien de la population rurale et de la plupart des classes supérieures.

- et la droite (Parti chrétien-social qui peut déjà être classé comme pré-fasciste avant 1914).

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Le pré-fascisme (1880 - 1918)

Ces conservateurs ont aussi maintenu des alliances étroites avec l’Église catholique romaine et peuvent compter parmi leurs rangs des religieux influents. Ils développent une force paramilitaire nommée l’Heimwehr dès 1921-1923.

Les sociaux-démocrates créent la ligue de défense républicaine (Republikanischer Schutzbund) pour protéger leurs réunions publiques et manifestations.. Les altercations et les affrontements (notamment lors de rassemblements politiques) sont ainsi fréquents. La révolte de juillet 1927 est le point culminant de cette confrontation.

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À cela s’ajoutent les affres de la Première République d’Autriche qui n’ont fait qu’empirer dans les années suivantes. La Grande Dépression a également montré ses effets en Autriche, entraînant un chômage élevé et une inflation massive. En janvier 1933, l’élection d’Adolf Hitler au poste de chancelier en Allemagne menace l’État autrichien. Le 4 mars 1933, le chancelier Engelbert Dollfuss (appartenant au Parti chrétien-social) dissout le Parlement autrichien. Dans un vote serré (concernant les salaires des travailleurs des chemins de fer) au Conseil national, chacun des trois présidents du parlement ont démissionné de leur poste afin de voter, ne laissant personne pour présider la réunion.

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Même si les statuts aurait pu résoudre cette situation, Dollfuss saisit cette occasion pour déclarer que le parlement avait cessé de fonctionner, et bloque toutes les tentatives de le convoquer à nouveau. Le Parti social-démocrate perd ainsi sa plate-forme d’action politique. Les conservateurs gouvernent par décrets, sur la base d’une loi d’urgence de 1917. Les libertés civiles sont alors suspendues et le Parti social-démocrate interdit, plusieurs de ses membres étant par ailleurs arrêtés.

Le 12 février 1934, l’Heimwehr commandée par Emil Fey, entreprend une marche sur l’hôtel Schiff à Linz, une propriété du Parti social-démocrate (dirigé Richard Bernaschek), marche qui dégénère en affrontements. La police, la gendarmerie et l’armée fédérale (Bundesheer) viennent épauler l’Heimwehr. Après de brefs combats, le bâtiment est investi par les conservateurs.

De nombreuses escarmouches ont alors lieu dans toute l’Autriche entre socialistes et conservateurs. Les socialistes se barricadent dans les zones urbaines (Gemeindebauten) formant les bastions du mouvement socialiste en Autriche, comme par exemple Karl-Marx-Hof. La police et les paramilitaires ont pris position en dehors de ces ensembles fortifiés avant d’échanger des tirs avec ces derniers à l’arme légère. Des combats ont également lieu dans les villes industrielles telles que Steyr, Sankt Pölten, Weiz, Eggenberg bei Graz, Kapfenberg, Bruck an der Mur, Graz, Ebensee et Wörgl.

L’intervention de l’armée autrichienne marque le tournant du conflit. Le chancelier Dollfuss ordonne le bombardement du Karl-Marx-Hof, mettant en danger la vie de milliers de civils et détruisant de nombreux appartements avant de forcer les combattants socialistes à se rendre. Les combats dans la capitale prennent fin le 13 février mais perdurent dans les villes de Styrie, en particulier dans Bruck an der Mur et dans Judenburg, jusqu’au 14 ou 15 février.

Après cette date, il ne reste alors plus quelques groupes socialistes qui combattent encore contre l’armée, ou sont en pleine déroute. La guerre civile autrichienne prend fin le 16 février.

Plusieurs centaines de personnes sont mortes durant le conflit, auxquelles s’ajoutent plusieurs centaines de blessés.

Les autorités arrêtent et exécutent neuf dirigeants du Parti social-démocrate en vertu des dispositions de la loi martiale. On dénombre en outre plus de 1 500 arrestations et les principaux socialistes, comme Otto Bauer, sont contraints à l’exil.

Une fois éliminée la principale force d’opposition, le pays connaît l’instauration de l’austrofascisme. Le Front patriotique, résultat de la fusion de l’Heimwehr et du Parti chrétien-social, devient le seul parti politique légal (parti unique) sous le nouveau régime autoritaire, le Ständestaat.


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