Du Parti Socialiste au Parti de Gauche puis France Insoumise

mardi 28 novembre 2023.
 

Introduction

A) L’impasse de notre courant socialiste Trait d’Union au sein du Parti Socialiste

B) Pour envisager l’avenir, partons d’un constat : Depuis 1994, le monde connaît une montée lente de la combativité et de la conscience anticapitalistes

C) Le grand écart entre notre orientation politique et notre présence dans le PS faisait bien trop mal

D) De la Gauche Socialiste à PRS puis au Parti de Gauche, un courant politique majoritairement anticapitaliste depuis 18 ans

E) Le Parti de Gauche est bien parti !

F) Pour que le Parti de Gauche soit utile au peuple français, au salariat, au combat anticapitaliste internationaliste, nous devrons surmonter plusieurs contradictions

Conclusion

Introduction

1) En commençant cet article, je voudrais tout d’abord féliciter tous mes anciens camarades de la Gauche Socialiste et de PRS grâce auxquels notre histoire commune ne se termine pas dans les couloirs d’un congrès socialiste, grâce auxquels nous poursuivons notre combat collectif, drapeaux déployés, contre le capitalisme, pour la République Sociale, pour l’écologie, pour l’émancipation humaine, en résumé pour le socialisme.

Je tiens aussi à dire mon plaisir de militer à nouveau avec d’anciens camarades de la gauche de transformation sociale des années 1968 ; je vis ces retrouvailles comme une seconde jeunesse.

Je tiens enfin à dire mon plaisir de militer à nouveau avec le PCF, parti incontournable en France pour quiconque croit à la lutte de classe et à la perspective de changement social pour en finir avec les dégâts du capitalisme.

Si nous arrivions à intégrer la LCR et les Alternatifs dans ce Front de Gauche, la dynamique ne serait plus du côté d’un quelconque Le Pen, d’un quelconque Sarkozy ou d’une quelconque Ségolène mais de notre côté. Et là, je suis sûr que la perspective de devenir majoritaires à gauche d’où crédibles pour la transformation sociale, serait à l’ordre du jour.

2) Pour nous, adhérents du mouvement Pour la République Sociale, rester collectivement membres du Parti Socialiste :

* nous plaçait au fond d’un cul-de-sac, lieu d’écrasement à l’intérieur et de liens avec l’extérieur déformés, très limités

* était contradictoire avec nos engagements pris devant les Français lors de la campagne du NON en 2005

* était contradictoire avec notre volonté de peser en France, en Europe et dans le monde face au capitalisme financier transnational

* était contradictoire avec notre souhait de contribuer à la refondation et l’unité de la gauche antilibérale dans le but de changer les rapports de force au sein de la gauche puis réaliser une révolution par les urnes et par les luttes pour une république sociale, démocratique et écologiste.

Nous avons choisi de percer le sac pour des lendemains plus utiles et plus enthousiasmants, même s’ils sont imprévisibles.

A) L’impasse de notre courant socialiste Trait d’Union au sein du Parti Socialiste

Depuis 2002, plusieurs évènements ont amplement prouvé l’impasse totale dans laquelle se trouve dans le Parti Socialiste aujourd’hui tout courant resté réellement socialiste.

* l’explosion de la Gauche Socialiste en août 2002 à Nantes, due essentiellement au choix de plusieurs dirigeants de "peser de l’intérieur de la majorité", a impuissanté durablement la gauche du PS.

* Cette scission a laissé place à une concurrence de chefs de file tacticiens nationaux (Peillon, Dray, Montebourg...) et départementaux qui utilisent conjoncturellement un "positionnement gauche" pour constituer leur réseau avant de rejoindre la direction, embrouillant l’identité politique de la gauche du parti de façon inextricable.

* Notre campagne publique contre le TCE "Pour moi, c’est NON" était évidemment justifiée. Elle constituait aussi l’indiscipline de trop pour les dirigeants sociaux-démocrates comme pour leurs clientèles. Le long vacarme qui a empêché Jean Luc Mélenchon d’intervenir au Congrès national du Mans symbolise l’excommunication dont nous avons été frappés à dater de ce printemps 2005 et de la victoire du NON.

* Lors des 2 derniers congrès du Parti Socialiste, ceux du Mans (2005) et de Reims (2008), nous avons réussi à maintenir notre réseau mais, à mon avis, sans progression en nombre, sans progression en homogénéité politique. Le rapport de forces de la gauche du parti a nettement reculé au plan national.

* L’importance donnée à l’élection du premier secrétaire national par les nouveaux statuts structure à présent la vie interne du PS comme la présidentielle structure la vie politique de la 5ème république, avec la même personnalisation et un même rôle des médias. La réflexion politique passe alors largement au second plan. Dans ces conditions, tout courant se voit obligé pour survivre de se rattacher aux hollandistes, aux ségolénistes, aux fabiusiens, aux aubristes... Ce jeu tactique dépolitise encore plus nos réseaux.

* De 1975 à 2008, le Parti Socialiste a beaucoup changé. Ancré en 1981 dans la stratégie d’Union de la Gauche et dans le projet politique du Programme commun, il comprenait beaucoup d’adhérents convaincus de militer pour "changer la vie". Le lien entre ce parti et le salariat, les syndicats, les couches populaires était fort, tant au plan interne que dans l’électorat. Parmi les responsables départementaux, il comptait des cadres de qualité, sincères, formés, expérimentés, conscients de l’importance de faire vivre le Parti (par exemple sur Rodez Ferrand, Raynal, Larrouy, Blaise...). Le PS a, depuis, évolué de façon significative (parti d’élus, autonomie des orientations par région, département et ville, tactique électorale sans principe ni projet politique...) avec en son sein un poids politique des élus carriéristes qui prime sur les objectifs programmatiques socialistes.

* Le Parti Socialiste étant aujourd’hui surdéterminé par ces questions de carrière personnelle des élus, notre courant subissait de plus en plus d’attaques de la part de ceux que nous gênions. Dans une situation française et mondiale d’urgence politique et sociale où le temps presse pour stopper le rouleau compresseur libéral et ouvrir des perspectives progressistes, l’énergie dépensée dans les affrontements internes était vraiment improductive, inutile, décourageante.

* Même par rapport aux années 1994 1997 où Henri Emmanuelli et Lionel Jospin étaient premier secrétaire, le Parti Socialiste n’a pas évolué positivement. En particulier, la réflexion politique, le débat politique interne se sont sclérosés.

Je ne prétends pas du tout que le Parti Socialiste est mort ou qu’il est passé à droite. Pour ce que j’en vois en Aveyron, il reste dans cette organisation des militants sincèrement de gauche et indispensables à la gauche. Je suis seulement certain d’une chose : un courant politique militant pour qu’un autre monde soit possible ne pouvait plus rester aujourd’hui au Parti Socialiste ; nous nous trouvions dans une impasse et il valait mieux construire un autre parti, ouvrir d’autres perspectives.

B) Pour envisager l’avenir, partons d’un constat : Depuis 1994, le monde connaît une montée lente de la combativité et de la conscience anticapitalistes

Après une phase noire de 1978 à 1994, tant du point de vue de la combativité que de la conscience, nous sommes peu à peu entrés dans une nouvelle période de l’histoire humaine, dans laquelle le libéralisme est confronté à une opposition tant sociale qu’idéologique à un moment où son fonctionnement économique connaît des difficultés significatives. Cela a entraîné en particulier les huit phénomènes suivants :

* L’accaparement de toutes les richesses mondiales par une mince couche de profiteurs milliardaires est beaucoup moins facilement acceptée par les populations que dans les années 1978 à 1994. En Amérique latine, des mouvements de masse et des gouvernements portent l’essentiel du rapport de force mondial face aux Etst Unis et au capitalisme financier alors que les partis de l’Internationale Socialiste dans ce sous-continent campent de plus en plus les intérêts des riches, se positionnent de plus en plus comme la droite de leurs pays.

* l’effondrement du mouvement communiste lié à l’URSS et la faiblesse de l’extrême gauche ont laissé place à un mouvement altermondialiste divers mais très utile dans le rapport de force mondial.

* de l’Europe à l’Asie, dans certains pays d’Afrique, et même en Amérique du Nord, nous assistons à un réveil (lent, en dent de scie mais réel) de la classe ouvrière et de ses syndicats comme force active, visible et incontournable.

* En Europe, les politiques social-libérales impulsées par le Parti Socialiste Européen ont provoqué des cassures significatives parmi les militants politiques et syndicaux. De nouvelles organisations apparaissent partout sur une orientation anticapitaliste de transformation sociale. Sans exagérer leur implantation ou leur expérience, il n’empêche qu’il s’agit là d’une donnée extrêmement importante pour quiconque réfléchit à son lieu de militantisme politique pour les années à venir.

* Le capitalisme actuel détruit l’environnement dès que cela peut améliorer ses profits. L’eau, l’air, la faune, la flore sont partout menacés, détériorés. Dans de telles conditions, l’émergence des aspirations écologistes est logique, juste, progressiste, utile.

* Depuis une douzaine d’années, les nouvelles forces militantes opposées à "l’état de choses actuel" se retrouvent lors de forums sociaux locaux, européens, mondiaux...

* La domination idéologique mondiale du libéralisme, évidente de 1978 à 1994, se voit de plus en plus confrontée à un retour de la réflexion critique dans tous les domaines.

* Tout cela s’est confirmé en France : grèves de 1995 et 2003, victoire contre le CPE, nombreuses victoires électorales locales de la gauche ... Une question s’est posée après la victoire du non en 2005.

Cette mobilisation avait-elle généré, dans le contexte européen et mondial actuel, des forces militantes suffisantes pour peser au profit du socialisme de transformation sociale dans une recomposition de la gauche.

Les collectifs unitaires comme différents "appels" avaient répondu Oui, avançant la perspective d’une nouvelle force politique.

Le mouvement PRS avait répondu Oui avançant la perspective d’une nouvelle force politique.

J’avais également répondu Oui.

C) Le grand écart entre notre orientation politique et notre présence dans le PS faisait bien trop mal

En mai 2004, nous avions créé le mouvement d’éducation populaire Pour la République Sociale afin de porter une action politique autonome vis à vis du PS lorsque ce serait nécessaire.

Le fait que tous ses cadres étaient membres du PS a empêché PRS d’agir efficacement dans la période politique caractérisée par les huit phénomènes ci-dessus.

C1) Apparition publique autonome et présence dans le PS

Plus les groupes départementaux de PRS étaient forts, plus ils étaient liés aux nouvelles formes d’activité militante anticapitaliste, plus ils avaient besoin de défendre leurs propres convictions de façon autonome, au moins lors de moments politiques forts. Hors, le Parti Socialiste a besoin de courants gauche, à une condition : qu’ils apparaissent le moins possible de façon autonome. En Aveyron, notre groupe PRS a subi une véritable volonté d’écrasement au sein du PS dans les années 1998 à 2003. L’énergie déployée dans les instances du parti pour ne pas être éliminés devint tellement importante que nos liens militants hors parti diminuèrent considérablement.

C2) Présence dans les Collectifs Unitaires Antilibéraux et responsabilités au sein du Parti Socialiste

Dans les fédérations socialistes comme l’Aveyron où nous étions le courant socialiste le plus fort mais où d’autres surveillaient nos faits et gestes pour nous enfoncer, notre présence maintenue dans les Collectifs du 19 mai puis dans les CUAL occasionnait un écartèlement dont nous pouvions tirer pour bilan qu’un choix allait devoir être fait entre le PS et la gauche antilibérale. Nous n’avons pas été les seuls dans ce cas ; la procédure d’exclusion engagée par la fédération de l’Hérault contre René Revol, membre du Collectif national Unitaire antilibéral en est un exemple éclairant.

C3) Congrès du Mans et candidature unitaire antilibérale

Le congrès du Mans a caricaturé à l’extrême cette impossibilité d’être à la fois un courant interne du Parti Socialiste et une composante de la gauche antilibérale.

Au sein même de PRS, lorsque nous comptions un pourcentage significatif de militants non membres du PS, l’alliance fabiusienne pour le congrès du Mans puis le soutien à Fabius pour la désignation du candidat 2007 n’ont pas été acceptés et ont créé une coupure entre encartés et non encartés au PS.

Cette coupure a été encore plus forte avec le réseau large ayant participé à la campagne pour le non au TCE.

Plus problématique encore : notre participation durant l’automne 2006, à la fois au débat d’investiture du PS (soutien à Fabius) et au débat pour une candidature unitaire antilibérale (mise en avant de Jean-Luc Mélenchon).

En écrivant cela, je ne critique pas les dirigeants nationaux de Trait d’Union et de PRS, je constate seulement. Pour l’essentiel, je crois qu’ils ont suivi la seule tactique possible en attendant mieux.

C4) L’élection présidentielle

Nouvel écartèlement : entre le soutien inévitable à Ségolène Royal en tant qu’adhérents socialistes de Trait d’Union (courant interne du PS) et le choix d’appel à voter à gauche assumé par PRS (certains faisant campagne pour Royal, d’autres pour Buffet, d’autres encore pour Besancenot) .

Cette élection présidentielle constitue, de toute façon, un tournant droitier dans l’histoire du Parti Socialiste et je ne regrette ni l’article que j’avais mis en ligne lors de la venue de Ségolène Royal à Rodez ni celui au soir du vote socialiste l’investissant pour 2007.

Aujourd’hui, 16 novembre 2006, le parti socialiste s’est éloigné de ses racines de 1905 et 1981 (article rédigé au soir de l’élection de Ségolène Royal comme candidate pour la présidentielle 2007)

C5) Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy

Je me limiterai ici à un seul exemple de notre difficulté à rester membres du Parti Socialiste : la trahison de Kouchner, Besson, Bockel... Cet évènement peut être traité en chargeant les individus. Il doit aussi être compris comme significatif de la nature d’une partie des grands élus du PS dont on peut tout craindre tant leur appétit de pouvoir prime sur leur solidarité de parti, prime sur leur solidarité avec le camp social des salariés et des couches populaires.

Pour un mouvement politique comme nous qui nous reconnaissons dans le slogan "Un autre monde est possible", le travail militant pour de tels élus devenait incompréhensible par ceux qui nous appréciaient, devenait la preuve de notre pratique politicienne intéressée pour ceux qui avaient intérêt à nous dénoncer.

C6) Comment lutter contre Sarkozy ? Comment affronter le capitalisme financier transnational ? Comment soutenir les combats et expériences progressistes d’Amérique latine et d’ailleurs ? Quelle références idéologiques ? quelle stratégie politique ? quel parti ? quelle tactique électorale ?

Ces questions sont les plus importantes à se poser aujourd’hui pour le peuple français comme devant l’histoire. Or, en étant membre du PS, nous n’avons même pas pu peser dans le débat au sein de la gauche antilibérale française et européenne. Le bilan à tirer du réseau République Sociale Européenne intégré dans la social-démocratie européenne me paraît, de toute évidence, négatif ; à force de jouer tactique vis à vis de directions pourries, les dirigeants se sont pourris et les meilleurs militants sont partis. Il est évident que nous pourrons mieux assumer nos responsabilités politiques, mieux peser dans les débats et choix au sein de la gauche antilibérale en tant que Parti de gauche qu’en restant un courant interne du Parti Socialiste.

D) De la Gauche Socialiste à PRS puis au Parti de Gauche, un courant politique majoritairement anticapitaliste depuis 18 ans

Les scissions de gauche au sein des partis socialistes sont rares. Généralement, les nouveaux partis ainsi créés n’arrivent pas à élargir ensuite leur base militante, n’arrivent pas à s’imposer sur le champ politique puis disparaissent ou reviennent au PS.

A mon avis, la scission ayant donné naissance au Parti de Gauche bénéficie de quelques atouts pour ne pas subir inévitablement ce chemin de croix.

L’analyse de la nature des organisations fait partie des outils, des repères indispensables pour définir au mieux une stratégie et une tactique politique. Resté "Hors courant" au Parti Socialiste pendant 12 ans, j’ai rejoint la Gauche Socialiste en 1993 en l’analysant comme un courant majoritairement "centriste" au sens marxiste du terme, c’est à dire réformiste révolutionnaire, pouvant osciller entre ces deux bornes selon la conjoncture politique.

De l’Aveyron, je n’avais pas vu la Gauche Socialiste ainsi. Par contre, en allant jeter un coup d’oeil dans ses réunions lors des Etats Généraux de Lyon (1993), en écoutant les interventions, en discutant individuellement, en suivant attentivement la formation dispensée lors de l’Université d’été cette année-là, en participant à gorge déployée aux chants révolutionnaires qui servaient de ciment psychologique au groupe au sein du PS, je n’ai plus eu de doute sur la nature majoritairement socialiste anticapitaliste de ce courant politique, même s’il était marqué par des caractéristiques du PS lui-même. A ce moment-là, un bon tiers des cadres départementaux de la Gauche Socialiste venaient des organisations d’extrême gauche, particulièrement trotskistes.

Dans les années 1994 1995, l’adhésion à la GS du groupe Filoche ainsi que de cadres comme René Revol a renforcé l’assise anticapitaliste du courant.

D1) Un départ du PS en cohérence avec notre orientation politique depuis 18 ans : la Gauche socialiste

Pour les lecteurs intéressés, voici des liens vers quelques textes de ces 18 ans :

Un cours nouveau pour l’action socialiste (texte de la Gauche socialiste pour le Congrès de Rennes en novembre 1990)

Pour un nouveau traité européen ( texte Gauche socialiste pour la Convention nationale PS de L’Haÿ-les-roses les 30-31 mars 1996 sur la "mondialisation, l’Europe et la France")

ETAT D’URGENCE SOCIALE - POUR UNE AUTRE COHERENCE (motion de la Gauche Socialiste pour le Congrès de Brest 23 novembre 1997)

Convention socialiste Entreprise (novembre 1998) : Les six amendements présentés par la Gauche Socialiste

Convention nationale sur l’entreprise : 26% POUR LES AMENDEMENTS DE LA GAUCHE SOCIALISTE(article de 1998)

Traité d’Amsterdam : Intervention de Yann GALUT à l’Assemblée Nationale le 25 novembre 1998

Traité d’Amsterdam : Intervention de Julien Dray à l’Assemblée Nationale le 25 novembre 1998

La "méthode Jospin" en question Les réformes en panne (article de décembre 1998)

Convention socialiste (27 et 28 mars 1999) Nation Europe : Sept amendements de la Gauche Socialiste

DÉMISSION D’OSKAR LAFONTAINE : LA GAUCHE EUROPÉENNE AU CARREFOUR (texte de mars 1999)

RUPTURES ( texte Gauche Socialiste pour le 4ème Congrès du M.J.S. à Tours les 17, 18 & 19 décembre 1999)

Amendements au projet du Parti Socialiste pour 2002 (Gauche Socialiste)

D2) Un départ du PS en cohérence avec notre attitude lors de l’explosion de la Gauche Socialiste

Durant l’été 2002, la Gauche Socialiste explose.

Le groupe Julien Dray Harlem Désir veut rejoindre la majorité du parti, alors organisée autour de François Hollande, pour y "peser de l’intérieur".

Une grosse majorité refuse cette voie lors de l’université d’été de Nantes fin août 2002.

Le groupe Filoche adopte une position autonome.

D3) Un départ du PS en cohérence avec notre activité dans PRS (Pour la République Sociale

En mai 2004, les ex-militants de la Gauche Socialiste ayant refusé de s’intégrer dans la majorité du parti et ayant continué à fonctionner collectivement dans les comités Pour la République Sociale créent avec d’autres (du PCF, du MRC, des CUAL, quelques Verts...) un mouvement portant ce nom. Pour ne pas être soupçonné de déformer la réalité, je reprends ci-dessous l’article de Wikipedia concernant ce mouvement :

Son délégué général est François Delapierre. Le Bureau national de PRS est composé de personnalités comme René Revol, Jérôme Guedj, Catherine Picard, Raquel Garrido, Audrey Galland, Jacques Serieys, Marie-Pierre Oprandi, Gabriel Amard, Charlotte Girard, Danielle Simonnet, Nathanaël Uhl ou Alexis Corbière.

Opposé à toute vision de la République « ni droite ni gauche » prônée par Jean-Pierre Chevènement lors de l’élection présidentielle de 2002, pour PRS, la République est sociale puisqu’elle ne peut être qu’orientée à gauche.

L’association est organisée en structures départementales tournées vers l’action militante et l’éducation populaire. Localement les associations se fixent comme objectif de refonder une alternative de gauche à la domination matérielle et culturelle du capitalisme de notre époque, en militant de façon active pour une nouvelle union des gauches. PRS a lancé une campagne d’affichage et de vente de badges début 2006 avec le slogan « gauche unis-toi, le peuple a besoin de toi ! »

Ce n’est pas un courant du Parti socialiste, puisqu’il fédère aussi des membres d’autres partis politiques (PCF, Verts, LCR, PRG, etc.) ou des membres non encartés. Par exemple, dans les manifestations anti-CPE, PRS défilait séparément du PS.

Pour ce qui est de sa composante socialiste, elle doit être appelée par le nom de la contribution déposée pour le Congrès du Mans : Trait d’union.

PRS s’est fortement impliquée dans la campagne du non au référendum sur la constitution européenne en 2005 au côté des collectifs unitaires pour le non, campagne qu’elle poursuit après la victoire du non avec le slogan « Respectez notre non ».

Elle a accueilli entre autres Marie-George Buffet, Olivier Besancenot et José Bové lors de son université d’été de 2005 à Arles sur le thème « Une nouvelle union des gauches est-elle possible ? ».

... PRS fait (aujourd’hui) partie des organisations politiques fondatrices du PG.

D4 ) Un départ du PS en cohérence avec le texte voté à l’unanimité (moins 2 abstentions) par la Convention nationale de PRS les 29, 30 juin et 1er juillet 2007

LA GAUCHE A BESOIN D’UNE FORCE NOUVELLE (6 ème partie de la résolution votée par la Convention nationale de PRS les 29, 30 juin et 1er juillet 2007)

En voici l’introduction ", les expériences de réinvention de la gauche ne manquent pas. Toutes convergent sur un point. La réinvention de la gauche commence avec la constitution d’une force politique nouvelle se donnant comme objectif la résolution de la crise de nos sociétés provoquée par la mondialisation libérale à travers la conquête démocratique du pouvoir grâce à la conviction du plus grand nombre.

Ce qui nous manque en France, c’est bien ce lieu politique de la mise en mots partagée et en programme. Un tel lieu est la condition pour que se fabrique la nécessaire synthèse des gauches permettant sa réinvention. Un tel lieu est aussi indispensable pour que les idées de gauche deviennent une force matérielle : celle des millions de consciences qui la prendront en charge.

La rénovation de la gauche aujourd’hui revendiquée par tous ne peut se mener dans le huis‐clos des organisations existantes. Elle appelle le dépassement des partis qui constituent aujourd’hui la gauche et des frontières qui la divisent depuis près d’un siècle. Car nulle part les nouvelles forces qui émergent pour remplir le vide laissé à gauche par le double échec du communisme d’Etat et de la social‐démocratie ne se définissent comme la continuité d’un de ces modèles.

Partout c’est une force véritablement nouvelle qui est à l’ordre du jour."

et la conclusion "La gauche d’après est donc possible. Mais elle ne naîtra pas sans la volonté consciente d’hommes et de femmes déterminés. Dès lors c’est à chacun de ceux qui se reconnaissant dans le combat séculaire de la gauche pour l’émancipation d’écrire cette nouvelle page de son histoire. Les militants de PRS sont prêts à s’y engager de toutes leurs forces."

Pour les lecteurs intéressés, voici le lien vers le texte complet voté lors de cette convention de PRS :

LA GAUCHE D’APRES : Résolution votée par la Convention Nationale de PRS des 30 juin et 1er juillet 2007

E) Le Parti de Gauche est bien parti !

En trois semaines, il a réussi à s’imposer sur le champ politique, ce qui n’était pas gagné d’avance.

E1) Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez ont quitté sur le Parti Socialiste au soir du 6 novembre, après connaissance des votes pour le congrès

"Le résultat du vote au parti socialiste est connu. Les trois motions issues de la majorité sortante du Parti arrivent en tête. Elles obtiennent 80% des suffrages. Et la motion de Ségolène Royal l’emporte avec sa proposition d’alliance au centre. Ainsi, les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l’ont emporté alors qu’elles conduisent partout à l’échec. Elles avalisent l’Europe du traité de Lisbonne, les alliances changeantes, l’abstention face à la droite, et refusent de mettre en cause le capitalisme. Ce résultat est sans ambiguïté. Le score respectable de la gauche du parti n’y change rien malheureusement.

Pour nous, ça suffit comme ça !

Nous refusons de nous renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques. Car quels que soient les arrangements qui sortiront du Congrès de Reims, la future direction du PS appliquera l’orientation majoritaire en particulier quand viendront les prochaines élections européennes. Il faudrait alors accepter ce que nous refusons depuis toujours : le traité de Lisbonne et le Manifeste commun avec les partis sociaux démocrates qui gouvernent avec la droite dans leur pays. Non ! Pour nous, ça suffit comme ça !

Nous prenons nos responsabilités.

Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d’une autre voix à gauche. Nous voulons lui être utiles.

Nous voulons reprendre l’initiative, formuler une alternative, faire reculer et battre Sarkozy. Par fidélité à nos engagements, nous prenons donc notre indépendance d’action."

J’ai entendu contester la façon dont le courant Trait d’Union a quitté le PS en commençant par "une initiative du chef national" puis des "chefs régionaux". Si ce choix augurait du type de parti que veut devenir le PG, la méthode serait critiquable. Je crois plus simplement qu’une fois ac

6 et 7 novembre 2008 : ça suffit comme ça ! Nous quittons le Parti socialiste (Communiqué de Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez)

[E2) 18 et 19 novembre 2008, le courant Trait d’Union quitte le Parti Socialiste. Appel à soutenir la construction d’un nouveau parti de gauche pour changer la répartition des richesses, refonder la République, tourner la page du capitalisme, éviter la catastrophe écologique...

E3) Dans l’ensemble, les médias ont rendu compte de façon positive des premières semaines d’existence du Parti de Gauche

En voici 6 exemples en commençant par 2 articles publiés ce matin sur le net

Lancement réussi pour le Parti de Gauche de Mélenchon (article de Rue 89)

Le Parti de Gauche : une gauche vraiment décomplexée (article de Marianne)

Jean Luc Mélenchon interviewé par Nicolas Demorand sur France Inter : Rassembler de façon cohérente ceux qui s’opposent au Traité de Lisbonne et veulent construire une alternative

Lancement du Parti de gauche (PG) : super punchy ! (par Respublica, journal de la Gauche Républicaine)

Des articles du Monde et du Parisien peuvent être lus dans le texte ci-dessous concernant le meeting du 29 novembre.

E4) Plus de 3000 personnes au meeting de lancement du Parti de Gauche ce 29 novembre (vidéos des interventions, revue de presse, récits d’A Corbière, JL Mélenchon et F Delapierre, ... photos)

F) Pour que le Parti de Gauche soit utile au peuple français, au salariat, au combat anticapitaliste internationaliste, nous devrons surmonter plusieurs contradictions

F1) Parti de Gauche, Front de Gauche et alliance avec le PCF

Ce 18 novembre 2008, le Parti de Gauche et le Parti Communiste Français ont annoncé leur alliance politique dans le cadre d’un « Front de gauche pour une autre Europe démocratique et sociale, contre la ratification du Traité de Lisbonne et les traités européens actuels ». Il s’agit à la fois d’une alliance électorale conjoncturelle et d’un "partenariat" à plus long terme.

Si le PC choisit actuellement cette orientation, c’est évidemment :

* parce qu’il mise sur le Front de Gauche pour contribuer à retrouver un électorat significatif après les traumatismes des présidentielles de 1995 (8,64%), de 2002 (3,37%) et de 2007 (1,93%).

* parce qu’il mise sur le Front de Gauche pour contribuer à stopper la diminution de son potentiel d’élus

* parce que l’orientation politique générale du PG lui paraît compatible avec la sienne dans un "partenariat".

Le PCF ne maintiendra ce partenariat dans le Front de Gauche que si celui-ci réussit électoralement, si le PG reste une sorte de satellite pas trop gourmand en terme de places, si une autre orientation ne lui apparaît pas plus tentante à la fois pour son implantation et son poids politique, si la direction actuelle garde une large majorité.

Pour le PG, cette alliance avec le PCF est évidemment tout aussi nécessaire aujourd’hui. A plus long terme, la volonté du PG de contribuer à faire passer l’Autre gauche en tête de la gauche n’est pas imaginable sans le partenariat avec le PCF.

A un moment ou l’autre, le seul partenariat tactique ne suffira pas et se posera la question d’une stratégie.

F2) Stratégie essentiellement électoraliste ou stratégie de transformation sociale intégrant les élections comme moments décisifs

La stratégie politique annoncée par le Parti de Gauche en ce mois de novembre 2008 se résume trop souvent dans le slogan " révolution par les urnes".

Première remarque : il me paraît faux d’illustrer ce slogan par ce qui s’est passé en Amérique latine où la progression vers le pouvoir de Chavez comme de Morales s’est appuyée sur une révolution par les luttes et par les urnes.

Deuxième remarque : Argumenter révolution par les luttes et par les urnes répond mieux à la situation présente où notre électorat, nos réseaux et même une grande partie du peuple français se trouve acculé à la lutte par la politique menée par Sarkozy, Fillon, Parisot et leur gouvernement.

Troisième remarque : L’appel à la création et au développement du Front de Gauche lancé le 18 novembre s’adressait en particulier à la LCR et aux Alternatifs. Cela n’a de chance d’aboutir que si le Front de Gauche n’est pas limité à un rôle électoral mais veut effectivement jouer un rôle actif et positif dans les luttes, dans les manifestations...

F3) Rôle de la direction nationale du PG et construction du parti à la base

Le point le plus fort du PG actuellement, c’est sa direction nationale. La complémentarité entre d’une part l’équipe venue de PRS, d’autre part des camarades comme Claude Debons, Eric Coquerel ou Robert Spizzichino lui donne une crédibilité politique et des capacités de direction dont je ne doute pas.

Les éléments venus de PRS comme Mélenchon, Delapierre, Le Néouannic, Revol, Corbière, Dontaine, E Martin ... ont une expérience comme acteurs politiques, comme propagandistes et comme organisateurs, même une formation, souvent largement sous-estimées dans l’extrême gauche.

Ceci dit, au fil des mois et des années, cette direction, aussi bonne et aussi active soit-elle risque de perdre sa crédibilité si le Parti de Gauche ne se construit pas à la base. Or, le cadre institutionnel structurant de base le plus important en France, c’est le département (mis à part, peut-être la région parisienne). Tous les partis de gauche et tous les syndicats ont donné depuis un siècle un rôle décisif à leurs fédérations, à leurs congrès fédéraux ; c’est encore le cas aujourd’hui tout à fait logiquement. Je ne crois pas que le PG pourra passer outre à la construction de ce niveau d’organisation, de façon plus statutaire, mieux organisée et plus démocratique que la proposition d’une "coordination" de comités.

F4) Parti creuset et parti coeur unitaire de la gauche de transformation sociale

Ce qu’a dit Jean Luc Mélenchon lors du meeting de lancement du PG me convient actuellement.

"De La Boétie aux philosophe des Lumières, des maillotins de Paris aux sans culottes, Robespierre et Olympe de Gouge, Gracchus Babeuf, ceux de 1848 et les communards, l’immense lumière de la révolution russe d’octobre 1917, le martyr des résistants pour vaincre les nazis, la lutte pour la décolonisation. Jean Jaurès et Louise Michel, Tout ! Les yeux ouverts, lucidement, capables de bilan raisonné plutôt que d’anathèmes. Nous assumons la responsabilité des échecs. Mais nous faisons notre aussi les victoires. Toutes ! Et notamment les victoires électorales de la gauche. Et donc le bilan des gouvernements de gauche. Bilan critique, bilan sans complaisance mais aussi bilan reconnaissant pour les progrès arrachés ! A l’heure de la retraite à 70 ans nous n’oublions pas que c’est à la victoire du programme commun que nous devions la retraite à soixante ans. A l’heure de la franchise médicale nous n’oublions que c’est à la gauche que nous devons la CMU !

Oui, ca vaut la peine de lutter ! Ca vaut la peine de voter, ca vaut la peine de gouverner, au niveau national comme au niveau local ! Tout ce que le monde du travail a arraché lui vient de là.

Parti creuset, donc, c’est notre choix. Nous sommes des pionniers. Et fiers de l’être."

Ceci dit, l’histoire a déjà connu des partis creusets, y compris en France. Il s’agissait soit de partis sociaux-démocrates dans l’opposition essayant de reconstituer leurs forces militantes, soit de partis "centristes" type PSOP ou PSU dont le bilan n’est pas mirobolant.

La gauche anticapitaliste française est très organisée, comparée à celle d’ Amérique latine par exemple. Elle est structurée par des partis aux références théoriques marxistes vis à vis desquels le PG ne pèsera pas vraiment si son fonds idéologique esquive les débats de la réactualisation du marxisme, globalement un bilan des différents courants du socialisme.

Je suis également d’accord avec JLM pour faire nôtre le bilan des gouvernements de gauche. Ceci dit, il faudra préciser ce bilan critique sans complaisance.

F5) Parti de Gauche en France et responsabilités internationalistes

La direction du PG va rapidement se trouver accaparée par d’innombrables tâches à assumer dans le cadre du champ social, idéologique et politique de notre pays. Je ne sais comment elle va s’organiser. J’espère seulement que des solutions seront trouvées pour affecter des forces sur nos responsabilités internationalistes.

Conclusion

Je tiens à apporter ma contribution pour dire

* aux militants du PC dubitatifs " Le front de Gauche ne vous affaiblira pas. Au contraire, c’est la seule stratégie possible aujourd’hui pour résister puis reprendre l’offensive."

* aux militants anticapitalistes dubitatifs " Non, le Parti de Gauche n’est pas une opération téléguidée par la direction du PS." Sa majorité pense bien plus à une alliance avec Bayrou qu’à créer un front de la gauche de transformation sociale.

* aux militants de la LCR "Non, le PG n’est pas un rejeton du social-libéralisme dont la fonction serait de dégonfler l’électorat de Besancenot". Qu’est-ce qui peut le plus dégonfler l’électorat de Besancenot ? Ce type de propos désinvolte s’il suintait jusque dans l’orientation nationale du futur NPA

* à tous ceux qui voudraient agir contre le capitalisme financier transnational, contre toutes les injustices actuelles : Rejoignez le Parti de Gauche ! Ensemble, si nous sommes assez nombreux, nous entamons une belle épopée au service du progrès humain, de la République Sociale.

Oui, un autre monde est possible !

Hasta la victoria, siempre !

Jacques Serieys,

Article écrit début novembre 2008 puis complété le 1er décembre 2008


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