Marxisme

jeudi 14 octobre 2021.
 

1) Qu’est-ce que le marxisme ?

1a) Pourquoi une rubrique MARXISME sur notre site ?

Le marxisme est un courant d’action politique et de pensée dont Karl Marx a été un initiateur et qui a bénéficié ensuite de continuateurs (au plan des idées et de la pratique). Surtout, des mouvements sociaux et politiques (plus ou moins importants) y ont trouvé un cadre de référence pour leurs combats.

En ce début de 21ème siècle, est-il encore utile de connaître la méthode, les concepts, les grands théoriciens et praticiens du marxisme ? Je n’en doute pas car aucune nouvelle cohérence conceptuelle émancipatrice ne pourra s’imposer sans se référer à lui, y compris pour établir des manques, des faiblesses et des erreurs.

Sur 55 ans, mon rapport au marxisme et aux courants marxistes a toujours été marqué par la réflexion critique et la confrontation. Mais je n’ai jamais jeté le bébé avec l’eau du bain parce que le seul filet d’eau vive vient de cette source.

Voilà donc pourquoi j’ai jugé utile d’ouvrir une rubrique marxisme dès notre mise en ligne. Quelle place dans notre site ? Quels axes de travail ? L’éditorial ci-dessous vise à répondre à ces questions.

1b) Intérêt et limites

Je ne prétends pas du tout que le marxisme constitue la forme parfaite et définitive de compréhension du monde, de l’histoire humaine, des perspectives d’émancipation humaine. Marx écrivait au milieu du 19ème siècle ; sa pensée est nécessairement marquée par les carences des connaissances à cette époque mais aussi par les conditions difficiles dans lesquelles il a dû travailler.

Cependant, le marxisme apporte des outils pour la compréhension des sociétés, de l’histoire, du capitalisme, des perspectives d’émancipation humaine... Non pas des outils parfaits... Non pas tous les outils nécessaires... mais des outils plus utiles :

- que l’idéologie libérale dont le seul but est de valoriser le capitalisme jusqu’aux mensonges collectifs les plus évidents (par exemple sur l’implication des patronats et des droites libérales dans le fascisme).

- que les religions dont le dogme nie toutes les découvertes scientifiques, dont l’apport progressiste se limite à des fragments de morale individuelle

- que les nationalismes et militarismes, que le républicanisme bourgeois...

Je mets à part la philosophie dont plusieurs auteurs non marxistes apportent fréquemment des regards utiles.

1c) Repères

Le marxisme peut être défini comme formé d’éléments globalement cohérents de méthode et de théorie dans le but de fonder scientifiquement :

- une conception du monde (sociologie, philosophie, économie, histoire, idéologies, institutions...),

- un refus du capitalisme en raison de ses conséquences néfastes (exploitation des salariés, accaparement du pouvoir politique et des médias par les riches, mise en danger de la planète),

- enfin des pistes vers une société fondée sur la possession commune des moyens de production vers l’émancipation globale de l’individu et de l’humanité.

Tous les axes de réflexion du marxisme n’ont pas bénéficié du même approfondissement, certains sont même restés en friche. Ceci dit, par exemple, quel économiste avait mieux compris que Marx le processus d’évolution du capitalisme ? Aucun. Ce seul point devrait rendre la gnose hargneuse des "experts" libéraux plus prudente.

1d) Une méthode matérialiste scientifique

Durant des millénaires, les humains ont vu le monde comme maîtrisé par des êtres merveilleux appelés dieux : le soleil, le vent, la source, la pierre, la lune, l’arbre...

Le marxisme s’appuie sur toutes les découvertes scientifiques pour essayer de comprendre la réalité par l’observation, la démonstration, l’expérience, la preuve.

Il considère que la matière construit toute réalité sans intervention d’une quelconque transcendance la dominant.

Pour éviter tout malentendu, j’ajoute que la définition universitaire suivante de la connaissance scientifique vaut évidemment pour le marxisme La vraie nature de la connaissance scientifique est approchée et évolutive, avançant à la recherche d’une perfection inatteignable.

1e) Le marxisme (matérialisme historique) précisé par Marx et Engels

Il « n’est pas autre chose que la science des lois générales du mouvement et du développement de la nature, de la société humaine et de la pensée » (Engels).

Quelles peuvent être ces lois concernant une réalité qui nous apparaît comme "un enchevêtrement infini de relations, d’actions et réactions où rien ne demeure ce qu’il était, où il était, comme il était, où tout se meut, se transforme, devient et passe" (Engels).

« La production des idées, des représentations et de la conscience, est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes : elle est le langage de la vie réelle » (Karl Marx, L’Idéologie allemande)

1f) Le matérialisme historique

Dans son Introduction à la préface anglaise du Manifeste communiste, Engels écrit que le fil directeur de ce texte est le suivant « A chaque époque historique, les modes de production et d’échange -et la structure sociale qui en dérive nécessairement - sont les fondements sur lesquels s’édifient l’histoire politique et intellectuelle de l’époque, qui trouve en eux la clef de son explication »

Ainsi :

- les modes de production et d’échange constituent les fondements de chaque époque historique

- ils engendrent une structure sociale évolutive de cette époque historique

- ils donnent la clef de compréhension de l’histoire politique et intellectuelle de cette même époque

Les modes de production : un outil théorique du matérialisme historique pour éclairer le passé

Le mode de production asiatique

Mode de production antique : définition, contexte, formes (quelques notes)

Le mode de production féodal en Europe

Les modes de production (Karl Marx : préface de la Critique de l’économie politique)

Les modes de production (résumé du travail de Robert Fossaert)

1g) Le matérialisme dialectique

D’après la doxa libérale, la conception marxiste du monde serait figée, dogmatique, limitée, dépassée. Il est vrai que les textes de l’URSS stalinienne et même des textes de la Seconde Internationale présentaient ces défauts. Des auteurs marxiens, n’ont pas été exempts de ces défauts même si le marxisme s’est fondé dès le départ sur la méthode dialectique pour appréhender la réalité.

« Pour la dialectique, il n’y a rien de définitif, d’absolu, de sacré ; elle montre la caducité de toutes choses et rien n’existe pour elle que le processus ininterrompu du devenir et du transitoire. » (Engels)

1h) Définitions du marxisme

Généralement, les définitions du marxisme présentes dans des manuels scolaires comme sur Internet sont insuffisantes ou fausses. Parmi les pires, notons celle de l’encyclopédie web L’Internaute "Doctrine, développée par Marx, qui prône la lutte des classes."

Parmi les meilleures, relevons celle de Wikipedia « Le marxisme est un courant de pensée politique, sociologique et économique fondé sur les idées de Karl Marx (et dans une moindre mesure de Friedrich Engels) et de ses continuateurs. Politiquement, le marxisme repose sur la participation au mouvement réel de la lutte des classes, afin d’arriver à une société sans classes en tant qu’alternative au capitalisme. En effet, Karl Marx considère que « l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

2) Pourquoi en appeler au marxisme ? Pourquoi une rubrique marxisme ?

Premièrement, parce que les causes qui l’ont fait naître puis développer n’ont pas disparu, au contraire : la nécessité de lutter contre le capitalisme dans et aux côtés de la classe ouvrière, de renverser le capitalisme et de construire une société fondée sur la satisfaction des besoins humains

Deuxièmement parce que son analyse du capitalisme s’est vérifiée et continue à se vérifier chaque jour.

2a) Les éléments théoriques du marxisme sont une réalité matérielle planétaire depuis près d’un siècle

Le mouvement ouvrier et socialiste mondial s’est, pour l’essentiel, identifié au marxisme durant sa période d’apogée. Aussi, tous les grands courants progressistes du 20ème siècle ont construit leurs références théoriques et programmatiques en référence à ce cadre conceptuel.

Pour le Parti de gauche qui se veut un parti creuset, la prise en compte du marxisme passe au moins par un bilan le plus précis possible des théoriciens et praticiens s’en étant réclamé.

2b) Le marxisme, langue commune des gauches actuelles de transformation sociale

Une quarantaine d’années après la période 1968, le fond de l’air commence à rougir à nouveau sur la planète : expériences progressistes en Amérique latine, révolutions arabes, luttes ouvrières en Asie, mouvements de masse contre l’austérité en Europe, longues grèves étudiantes au Chili, au Canada..., Indignés et altermondialistes, création de fronts unitaires anticapitalistes et même progression de la gauche radicale lors d’élections comme en Grèce, Espagne, Portugal, Irlande...

Les nouveaux moyens de communication peuvent permettre des luttes communes, des débats approfondis, des rapprochements. A l’heure actuelle, la seule construction théorique permettant de donner un même sens aux mots, c’est le marxisme.

2c) Mener la lutte contre l’idéologie dominante

Le nouveau cycle de montée de la combativité surgit dans un contexte de domination économique et idéologique du capitalisme financier transnational avec des relais médiatiques performants. L’école participe aussi de ce formatage. Dans le cadre scolaire français par exemple, les inspecteurs se sont pliés de bonne grâce aux diktats de la pensée conservatrice dans l’analyse de la révolution russe comme de la révolution française de 1789, dans le choix des auteurs en littérature comme dans la méthode pour aborder la philosophie.

Comment démêler le vrai, le discutable et le faux ? Comment mener cette lutte idéologique de façon efficace donc si possible collective, sans le support d’une pensée théorique construite, même si celle-ci doit être sans cesse remise en cause et enrichie dans le même processus.

2d) Défendre et repenser le marxisme

Le nouveau cycle de montée de la combativité surgit dans un contexte de confusion politique dans l’ensemble de la gauche, même radicale, suite à la faillite politique et idéologique de la social-démocratie, suite aussi aux horreurs et erreurs du stalinisme.

Ce contexte entraîne en particulier une prise de distance évidente vis à vis du marxisme.

Il est urgent de tirer un bilan du socialisme et d’en redéfinir les fondements. Or, ce bilan comme cette refondation ne pourront se faire dans l’ignorance de Marx ; en effet, il a joué un rôle déterminant dans l’élaboration théorique du socialisme quant à l’analyse du capitalisme, quant à une méthode scientifique de compréhension du monde (histoire, sociologie, philosophie...), quant à la définition de perspectives stratégiques.

Si cette refondation ne pourra se faire sans un retour critique sur Marx, nous ne le fétichisons pas et sommes conscients des limites liées à son contexte historique, à la jeunesse du socialisme à cette époque.

3) Quelques fondements de la conception marxiste du monde

- La place de l’homme dans l’histoire n’est pas séparée de la nature. Marx précise dans les Manuscrits de 1844 qu’elle « est son corps avec lequel il doit maintenir un processus constant »

- Les individus font librement leur vie personnelle comme l’histoire collective mais dans un contexte qu’ils ne choisissent pas. Ils sont essentiellement des êtres sociaux. Leur existence détermine largement leur conscience ; en croyant supprimer l’exploitation ouvrière par l’action humaniste des chefs d’entreprise, Robert Owen faisait preuve d’idéalisme, c’est à dire croyait en la vertu des idées indépendamment de la réalité économique et sociale.

- Le contexte dans lequel vivent les hommes dépend de façon très importante de la réalité économique (infrastructure) qui pèse sur l’évolution de la superstructure (idéologie, art, droit...). Parmi les articles mis en ligne sur ce site, prenons l’exemple de celui sur les causes de la révolution française :

Sur les causes structurelles de la Révolution française 21658 visiteurs.

- Concernant les modes de production, nous renvoyons directement nos lecteurs au textes suivant :

Les modes de production : un outil théorique du matérialisme historique pour éclairer le passé 3268 visiteurs

- L’analyse des classes sociales et de leur lutte dans l’histoire constitue un éclairage central du matérialisme historique.

Clergé, noblesse et bourgeoisie du Siècle des Lumières à 1789 2419 visiteurs.

Lutte des classes, socialisme et Jérôme Cahuzac

- Nous vivons actuellement dans une société capitaliste (un mode de production capitaliste) dont le marxisme a sans cesse analysé les caractéristiques et l’évolution.

4) Quelle place dans notre site ?

Pour nous, les textes de Marx ne constituent pas des dogmes de type religieux. Ils s’intègrent dans l’histoire du socialisme et du communisme.

Aussi, nous avons créé :

- d’une part une sous-sous-rubrique Marx dans la sous-rubrique Socialisme 1793 1889 Marx qui comprend une biographie et des textes de Marx

- d’autre part cette sous-sous-rubrique MARXISME placée dans Formation Réflexion Théorie qui comprend trois sous-rubriques dont Chroniques marxiennes (articles émanant des rédacteurs de notre site)

Chronique marxienne 1 : Marx attaque sur France Culture

Analyse marxiste de la mondialisation (Chronique marxienne 2)

Chronique marxienne 3. Étude marxiste de la précarité des travailleurs

Chronique marxienne 4 : Marx et l’écologie

Les crises économiques et financières (Chronique marxienne 5)

Chronique marxienne 6 : De l’exploitation de la force de travail à la domination biopolitique généralisée

Marxisme et anthropologie (Chronique marxienne 7)

Marxisme et théories du langage. Chronique marxienne 8

Analyse marxiste de l’Internet. Chronique marxienne 9

Ces deux groupements d’articles font partie d’une de nos vingt rubrique, intitulée Socialisme Emancipation Communisme. Elle a déjà reçu plus de 400000 visites d’internautes ; cela représente une fréquentation supérieure à nos espoirs lors de la première rédaction de ce texte au printemps 2006.

Cette rubrique est divisée en dix sous-rubriques organisée pour l’essentiel par périodes chronologiques et par grands courants :

- 0 Socialisme 1793 1889 Marx

- 1 2ème Internationale Jaurès

- 2 Russie 1917 URSS

- 3 Communisme réel 3ème inter

- 4 Socialisme réel IOS Blum...

- 5 Trotskysme

- 6 Anarchisme Conseillisme...

- 7 Mouvements sociaux Avancées démocratiques Révolutions

- 8) 1960 2010

- 9 Formation Réflexion Théorie

- Textes

Marxisme fait partie de la sous-rubrique 9 Formation Réflexion Théorie

5) Quelle structure et quel contenu pour cette "rubrique" MARXISME ?

L’objectif de notre rubrique est nécessairement modeste.

Rappelons tout d’abord qu’elle est distincte de la "rubrique" Marx qui comprend une biographie et des textes de celui-ci.

Qu’allons-nous donc proposer dans la rubrique Marxisme ?

- une sous-rubrique "Actualité de Marx" comprenant des textes et débats actuels sur Marx et le marxisme

- une sous-rubrique "Matérialisme historique"

Par matérialisme historique, j’entends une méthode scientifique visant à améliorer notre compréhension du monde pour le transformer ainsi que les outils conceptuels et débats, parties prenantes de cette démarche. Ces concepts ont commencé à être élaborés par Marx avant d’être parfois enrichis, parfois déformés par les théoriciens qui ont essayé de poursuivre son action et sa réflexion.

Dans un premier temps, nous allons nous limiter à mettre en ligne une vingtaine de textes auxquels nous pourrons nous référer pour nos réflexions comme :

* La situation de la classe laborieuse en Angleterre Introduction Prolétariat des mines (Engels 1845)

* celui d’Engels sur les colonies religieuses collectivistes (1845)

* les Statuts de la Ligue des Communistes (1847)

* Principes du communisme ( Engels 1847)

* le Manifeste du Parti communiste (Marx Engels 1847)

* Introduction à la critique de l’économie politique (Marx 1850)

* Manifeste inaugural de l’Association Internationale des Travailleurs (Marx Engels 1864)

* Le programme des émigrés blanquistes de la Commune (Engels 1873)

* Contributions à l’Histoire du Christianisme primitif (Engels 1894)

* La femme et son droit au travail ( Jules Guesde 1898)

* Essai critique sur la révolution française du XVIIIº siècle (Lafargue Guesde 1910)

* Lettre de Karl Liebknecht à la Conférence de Zimmerwald (1915)

* le cours de formation donné par Lénine en 1919 intitulé De l’Etat

* quelques extraits du livre de Boukharine sur La théorie du matérialisme historique.

Reprendre ces textes ne signifie absolument pas que nous les divulguons comme des dogmes. J’adresse de graves critiques à ces textes, y compris et en particulier le Manifeste ainsi que De l’Etat ; nous essaierons d’engager un débat sur le bilan à en tirer.

Nous mettrons en ligne aussi des textes qui nous paraissent contribuer à la réflexion sur le marxisme et le matérialisme historique.

Pour ne pas surcharger cette rubrique, nous en avons créé une spécifique intitulée Jaurès, Gramsci, Guevara.

Nous sommes intéressés par tout texte pouvant contribuer à la réflexion dans notre démarche.

Jacques Serieys

Sitographie :

- > Remarques sur le développement du marxisme (pages 36 à 44)

- 1 Notes introductives

- 2 Vulgarisation et recherche scientifique

- 3 Marxisme et histoire

- 4 Le capitalisme et la détermination du présent par le passé

- 5 Classe, parti, politique

- 6 Pourquoi le marxisme ?

http://bibnumcermtri.fr/IMG/pdf/La_...


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