Les Révolutions

samedi 15 avril 2023.
 

- A) Remarques générales et méthodologiques sur les révolutions

- B) Révolutions de l’Antiquité et du Moyen Age

- C) Révolutions bourgeoises (anti-absolutistes) du 16ème au 18ème siècle

- D) De 1793 à 1870 Révolutions bourgeoises (libérales nationales) et révolutions populaires (radicales)

- E) De 1871 à 1965...

- F) De 1965 à aujourd’hui...

A) Remarques générales et méthodologiques sur les révolutions

« Les révolutions laissent dans l’histoire et dans la conscience humaine une trace indélébile, y compris quand elles ont échoué, y compris quand on les a déshonorées. Elles incarnent en effet ce moment si rare où la fatalité se soulève, où le peuple prend l’avantage. D’où leur résonance universelle. Car, chacun à sa manière, les mutins du Potemkine, les rescapés de la Longue Marche, les barbudos de la Sierra Maestra ressuscitèrent (la) geste des soldats de l’an II »... ("ELOGE DES REVOLUTIONS", Serge Halimi)

« La Révolution française a révélé la puissance du peuple d’une façon qu’aucun gouvernement ne s’est jamais autorisé à oublier — ne serait-ce que par le souvenir d’une armée improvisée de conscrits non entraînés, mais victorieuse de la puissante coalition formée par les troupes d’élite les plus expérimentées des monarchies européennes ». (Eric Hobsbawn)

« Une révolution, c’est le renversement rapide, en peu d’années, d’institutions qui avaient mis des siècles à s’enraciner dans le sol et qui semblaient si stables, si immuables, que les réformateurs les plus fougueux osaient à peine les attaquer dans leurs écrits. C’est la chute, l’émiettement en un petit nombre d’années, de tout ce qui faisait jusqu’alors l’essence de la vie sociale, religieuse, politique et économique d’une nation, le renversement des idées acquises et des notions courantes sur les relations si compliquées entre toutes les unités du troupeau humain. C’est enfin l’éclosion de conceptions nouvelles, égalitaires sur les rapports entre citoyens, – conceptions qui bientôt deviennent des réalités et alors commencent à rayonner sur les nations voisines, bouleversent le monde et donnent au siècle suivant son mot d’ordre, ses problèmes, sa science, ses lignes de développement économique, politique et moral ». (Pierre Kropotkine)

A1) Remarques méthodologiques sur ce texte

Les études universitaires concernant les révolutions me paraissent influencées par les penseurs anglo-saxons qui en font commencer l’histoire soit à la révolution anglaise du 17ème siècle, soit à la révolution américaine du 18ème, avançant des justifications diverses. Pour ce qui me concerne, je me baserai dans ce texte sur le constat empirique d’un grand nombre de mouvements, victorieux ou non, correspondant à la définition suivante : une mobilisation massive de milieux populaires pour améliorer leurs conditions de vie, de travail et de citoyenneté, pour une transformation de l’organisation de la société. "Fièvre s’emparant d’un peuple quand le pouvoir ne répond plus à ses attentes", comme l’analyse bien Crane Brinton (The Anatomy of Revolution). En conséquence, je prendrai en compte les révolutions dont j’ai connaissance, de l’Antiquité comme du 20ème siècle, de la Chine comme de l’Egypte, d’Europe comme d’Amérique latine.

Je traiterai l’histoire de ces révolutions sans aborder, pour l’essentiel, le problème politique du bilan et du rôle possible de militants politiques. De même, je n’essaierai pas ici de décortiquer la question difficile des critères descriptifs d’une "crise révolutionnaire" ; je note seulement que les trois constats principaux habituels me paraissent justifiés :

- ceux d’en haut ne peuvent plus dominer comme avant « Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée ; crise du sommet, crise de la politique de la classe dominante »

- ceux d’en bas ne veulent plus être dominés comme avant. « Accentuation de l’activité des masses. »

« C’est seulement lorsque “ceux d’en bas” ne veulent plus et que “ceux d’en haut” ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. »

Dans la tradition culturelle socialiste et communiste, une révolution vaincue reste une révolution. Ainsi, pour la période de 1917 à 1925, nous parlons de révolution allemande, finlandaise, hongroise...

A2) Les révolutions dans l’histoire humaine

Elles explosent contre l’accaparement des richesses ainsi que du pouvoir économique, politique et idéologique par une classe privilégiée. Celle-ci musèle tellement la société que seul un soulèvement populaire de masse peut permettre d’avancer vers des rapports humains plus démocratiques.

Un contexte de crise contribue souvent à l’explosion révolutionnaire (guerre, climat, crise financière...). Cependant, les révolutions représentent un moment progressiste et fondateur, celui où les humains essaient de décider eux-mêmes de leur présent et de leur avenir :

- un rôle progressiste. Ainsi, les révolutions grecques de l’Antiquité ouvrent la voie aux cités du 5ème siècle avant notre ère, leur démocratie et leur culture. Ainsi, les révolutions communales du Moyen Age permettent l’épanouissement de villes comme Florence, fenêtre vers la Renaissance. Ainsi, les révolutions anti-absolutistes comme celles de l’Angleterre et de la France annoncent l’ère des aspirations à une souveraineté populaire plus réelle.

- un rôle fondateur. De nombreux Etats ont ainsi choisi la date de leur révolution première comme fête nationale : 14 juillet pour la France en mémoire de la Révolution de 1789, 25 mai en Argentine en souvenir de la Révolution de Mai 1810, 16 septembre au Mexique pour évoquer le début de l’insurrection anti-espagnole de 1810, 25 mars en Grèce commémorant l’insurrection anti-ottomane de 1821, 3ème dimanche de septembre et 21 juillet pour la Belgique en mémoire de la révolution de 1830 1831, 21 juillet en Mongolie (révolution de 1921), 25 avril en Italie pour célébration de l’insurrection antinazie de 1944 1945, 2 septembre au Vietnam (révolution et indépendance en 1945), 1er octobre en Chine pour rappeler la victoire de la révolution en 1949, 1er janvier à Cuba pour l’anniversaire du succès de la révolution en 1959, 23 juillet en Egypte, 4 juillet aux Etats Unis, 17 février en Lybie, 1er août en Suisse, 10 octobre à Taïwan, 28 octobre en République tchèque...

A3) Périodes révolutionnaires et progrès de civilisation

* La combativité populaire connaît des cycles comprenant, en gros, des phases de montée, d’apogée, de recul, d’effondrement, de stabilisation instable puis à nouveau de remontée, d’ascension...

Le cycle politique, instrument d’analyse des périodes et conjonctures

* Les périodes révolutionnaires peuvent être assez longues, connaître des défaites et des succès. Globalement, ce sont des phases de progrès historique important, y compris émanant des classes possédantes qui essaient par quelques décisions limitées de répondre aux aspirations et d’éviter les révolutions. Ainsi, par exemple :

- les réformes engagées par des régimes autocratiques à la fin du 18ème siècle comme l’empire d’Autriche-Hongrie. Plusieurs souverains de cette époque ont reçu le label de despotes éclairés. Or, eux sont des despotes ; par contre le contexte est "éclairé", en particulier par les mouvements de masse et les philosophes des Lumières

- les réformes des périodes révolutionnaires comme l’abolition de l’esclavage, le droit au travail et le suffrage universel masculin direct en 1848, la loi laïque de 1905, les congés payés et les conventions collectives en 1936, la Sécurité Sociale, le droit de vote des femmes et la retraite par répartition en 1945, les droits des femmes (pilule, avortement...) des années 1968...

* Fréquemment, les révolutions actent juridiquement les évolutions sociologiques de l’histoire longue et annoncent des aspects de l’avenir.

A4) Qu’est-ce qu’une révolution ? le seul moment où un peuple écrit lui-même son histoire

La révolution (petit film de 10 minutes)

- > Un mouvement de masse partant des revendications et aspirations populaires pour amener un changement en profondeur dans la structure politique et sociale s’appelle une révolution.

- > La révolution n’est en rien synonyme de coup d’état. Elle met en branle une large partie de la population au nom de la souveraineté populaire et des valeurs humaines fondamentales

Les mouvements de 2011 ont à nouveau validé cette nature des phénomènes révolutionnaires comme un moment d’irruption du peuple dans l’histoire.

2011, année révolutionnaire

15 mai 2011 : Les Indignés en masse sur les grandes places d’Europe

1848, 1989, 2011 : il était une fois la révolution

A5) La révolution en poésie

Les poètes ont probablement mieux peint ce qu’est une révolution, telle que vécue par les participants avant que les classes dominantes ne lancent contre elle leurs spadassins.

- > "Le parti des fleurs et des rossignols

est étroitement lié avec la révolution. (Heinrich Heine, De l’Allemagne)

- > Alors les hommes pourront vivre

Alors les enfants pourront rigoler

Vous n’empêcherez pas la terre de tourner

Vous n’empêcherez pas le drapeau rouge de flotter … (Jacques Prévert)

- > Quand la foule aujourd’hui muette,

Comme l’Océan grondera,

Qu’à mourir elle sera prête,

La Commune se lèvera. (Louise Michel)

- > Vous marchez sans but sans savoir que les hommes

Ont besoin d’être unis d’espérer de lutter

Pour expliquer le monde et pour le transformer (Eluard)

A6) La révolution en chansons

Venceremos ! (Canción, video, traduction)

L’Internationale

The Red Flag (chant du 1er mai 1890) Traduction française

Bellaciao, magnifique chanson de lutte

B) Révolutions de l’Antiquité et du Moyen Age

La nature d’une révolution dépend largement du mode de production installé à ce moment-là et même de la formation sociale du pays concerné. Nous allons partir de ce constat pour établir notre plan.

Les territoires dont la société peut être caractérisée comme relevant du mode de production asiatique (tributaire) ont connu d’immenses révolutions.

Le pouvoir politique y est censé constituer un intermédiaire entre les villageois entre le ciel ; il suffit par exemple d’une période de calamités naturelles pour que des masses considérables se mettent en mouvement et renversent le despote.

La Chine antique apporte l’exemple le plus éclairant sur ces révolutions. En 206 avant notre ère, une grande révolution paysanne chasse la dynastue Qin du pouvoir impérial et installe à sa place son chef Liu Bang, fondateur de la dynastie Han. En l’an 9, dans un contexte de calamités naturelles et de contestation paysanne endémique, Wang Mang accède au pouvoir (éphémère dynastie Xin).

Wang Mang, précurseur du socialisme ? devient empereur de Chine le 10 janvier an 9

Parmi les révolutions suivantes, nous avons déjà mis en ligne un article sur celle de Houang Tchao

Houang Tchao et ses insurgés prennent Chang’an

L’Egypte antique, dont la société présente aussi les caractéristiques du mode de production asiatique, a connu un mouvement social contestataire qui a longtemps bloqué le pouvoir et profondément modifié le rapport de celui-ci à la population.

Egypte antique : Révolution sociale au 3ème millénaire avant notre ère

La Grèce antique a connu de nombreuses révolutions ; leurs caractéristiques diffèrent totalement de l’Egype et de la Chine en raison d’un pouvoir politique très éclaté (cités indépendantes) et d’un mode d’organisation sociale fondé sur la propriété individuelle et l’esclavagisme.

Grèce antique : révolutions, tyrannie et progrès de civilisation

Le mode de production dominant à Athènes au 5ème siècle comme dans la Rome impériale relève du mode de production antique

A propos de Rome, limitons-nous dans l’immédiat à ne pas oublier la guerre servile engagée par Spartacus.

Honneur aux Gracques, réformistes romains assassinés

Spartacus et la grande révolte des esclaves

Parmi les grandes périodes révolutionnaires de l’Antiquité, il est nécessaire de compter la mobilisation massive et quasiment permanente du peuple juif durant près d’un siècle, avec des guérillas sans cesse renaissantes et une ébullition politico-religieuse surprenante.

Société, guerillas et révoltes juives jusqu’à Hérode

Le mode de production féodal a dû affronter des contestations idéologiques, mouvements sociaux, soulèvements et révolutions extrêmement divers.

Moyen Age : Quelques lumières hérétiques, rationalistes, démocratiques, sociales et révolutionnaires

Les Qarmates (Carmates, Karmathes), révolution arabe du Haut Moyen Age

Moyen Age : Société, Communes, soulèvements populaires et millénarisme

Pour ne pas être long, voici l’exemple de la période de haute combativité entre 1378 et 1385 durant la Guerre de Cent Ans.

Moyen Age : De 1378 à 1385, une période de luttes, révoltes et soulèvements

11 juillet 1302 Les milices communales flamandes écrasent l’armée du roi Philippe le Bel

Même à cette époque, les mouvements révolutionnaires sont porteurs d’un progrès de l’humanité dans leurs idées comme dans leur réalité sociale.

Engels le note par exemple pour :

- le midi occitan qui connut un immense soulèvement face à la croisade papale et royale : « La nation provençale, avait au Moyen-Âge non seulement un « précieux développement », mais elle était même à la tête du développement européen... Ce n’est pas seulement « une phase de la vie du Moyen-Âge... qui avait connu grâce à elle » un grand éclat : elle offrait même, au cœur du Moyen-Âge, un reflet de l’ancienne civilisation hellène. »

- le mouvement taborite tchèque « Le christianisme aussi bien que le socialisme ouvrier, prêchent une délivrance prochaine de la servitude et de la misère... Cela ressortait d’une manière grandiose dans l’organisation des Taborites de Bohème sous Jean Zizka, de glorieuse mémoire »

Hussites et taborites tchèques : révolution médiévale flamboyante

- « la Guerre des paysans d’Allemagne a annoncé prophétiquement les luttes de classes à venir, en portant sur la scène non seulement les paysans révoltés, - ce qui n’était plus une nouveauté, - mais encore, derrière eux, les précurseurs du prolétariat moderne, le drapeau rouge au poing et aux lèvres la revendication de la communauté des biens. » (Engels, Dialectique de la Nature)

C) Révolutions bourgeoises (anti-absolutistes) du 16ème au 18ème siècle

Du 15ème siècle à la fin du 18ème, des Etats absolutistes se constituent sur le continent européen maintenant les ordres féodaux comme classes privilégiées, maintenant le monopole idéologique de la religion (particulièrement Eglise catholique), mais protégeant le décollement d’un marché capitaliste et d’une bourgeoisie.

C1) Caractéristiques des révolutions bourgeoises anti-absolutistes du 16ème au 18ème siècle

Plusieurs évènements importants ont constitué les jalons de leur histoire :

- la révolution des Pays Bas (1566-1609)

http://wikirouge.net/R%C3%A9volutio...

- la révolution anglaise de 1640 à 1660

- la révolution américaine (guerre d’indépendance) (1775-1783)

- la révolution française (1799 - 1799)

L’étude des quatre premières révolutions signalées ci-dessus (Pays-Bas, Angleterre, Etats-Unis, France) permet de dégager les principales caractéristiques des révolutions anti-absolutistes et bourgeoises :

- une alliance hétérogène comprenant particulièrement des couches populaires et des élites économiques sur une base anti-absolutiste. Même des nobles opposés à la centralisation royale y participent.

- une constante : elles contribuent fortement à installer un peu plus le marché capitaliste, de premières formes d’Etat national, et la bourgeoisie comme force sociale montante puis dominante.

- une dimension démocratique bourgeoise avec par exemple la liberté du commerce, la liberté d’entreprendre et la reconnaissance abstraite d’une liberté d’expression. Le libéralisme économique sort vainqueur de ces confrontations sociales aux dépens du mercantilisme douanier

- un rôle décisif dans la création d’un état national et d’une aspiration à la souveraineté nationale posée essentiellement comme indépendance nationale car les élites bourgeoises s’opposent totalement au suffrage universel. La souveraineté nationale est pensée et mise en place contre le roi mais aussi contre le peuple.

- un transfert du pouvoir politique principal, du roi à des assemblées élues

- ces révolutions bourgeoises utilisent une logomachie démocratique abstraite qui ne prend absolument pas en compte les droits sociaux. L’exemple le plus évident est celui de l’esclavage et de sa traite, qui ont été particulièrement développés par les Pays Bas, l’Angleterre et les Etats Unis.

- ces révolutions bourgeoises ont besoin d’une mobilisation populaire pour abattre le pouvoir en place mais elles engagent rapidement une répression sanglante contre tout individu, tout mouvement qui essaierait de porter les aspirations de ces milieux populaires :

- écrasement des niveleurs durant la révolution anglaise

- fermiers pendus durant la guerre d’indépendance américaine

- loi martiale et loi Le Chapelier durant la Révolution française

C2) Autres révolutions et soulèvements durant cette période du 16ème au 18ème siècle

Plusieurs méritent d’être étudiés pour la période du 16ème au 18ème. La plupart se déroulent de 1773 à 1802, longue période de poussée populaire, démocratique et révolutionnaire :

Parmi les évènements politiques présentant des caractéristiques intéressantes dans le cadre des révolutions anti-absolutistes et bourgeoises, notons :

18 novembre 1755 La Corse indépendante se dote de la première constitution du monde moderne

Les révolutions de Genève, levain de la Révolution française

La révolution batave de 1781 à 1787

La révolution brabançonne (1787 à 1790)

- la révolution liégeoise (18 août 1789)

- la révolution polonaise de 1790 à 1794

- le mouvement indépendantiste irlandais

C3) Les mouvements populaires révolutionnaires du 16ème au 18ème siècle

Il s’agit d’évènements historiques :

- durant lesquels des mouvements populaires se politisent et veulent pousser le processus révolutionnaire plus loin que la révolution bourgeoise. C’est particulièrement évident avec les conseils de soldats et les niveleurs durant la Révolution anglaise

- qui mettent seulement en branle des milieux opprimés face aux privilégiés, des explosions considérables de colère.

Parmi les meilleurs exemples, notons :

- la guerre des paysans en Allemagne entre 1524 et 1526

Le soulèvement cosaque de Stenka Razine

2 au 10 juin 1780 Emeutes de Londres (Gordon Riots)

La révolution liégeoise de 1789

- > la radicalisation du processus révolutionnaire mène en 1793 à une perte du pouvoir politique par la bourgeoisie.

Tel est le cas pour la Révolution française, bourgeoise par ses causes structurelles, par ses premières années (1789 à 1792) et la longue période d’institutionnalisation de 1794 à 1814, mais populaire pré-socialiste en 1793 et 1794.

Notre sous-rubrique Causes et prémices de la Révolution française http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

Notre sous-rubrique Grandes journées 1789 http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

Notre sous-rubrique Maturation 1790 1792 http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

Notre sous-rubrique 1794 à 1802 http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

D) De 1793 à 1870 Révolutions bourgeoises (libérales nationales) et révolutions populaires (radicales)

Comme durant la Révolution française, toutes les révolutions du 19ème siècle sont marquées par une tension entre perspective bourgeoise (libérale nationale) ou perspective sociale (populaire radicale).

D1) La Révolution française en 1793 1794, une révolution populaire radicale

Notre sous-rubrique Convention 1792 1794 http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

D2) La Révolution haïtienne de 1791 à 1802

Elle n’a rien d’une révolution bourgeoise puisqu’il s’agit de la première révolution anti-esclavagiste victorieuse.

4 février 1794 Abolition de l’esclavage par la Révolution française

Napoléon Bonaparte, Toussaint Louverture et Saint Domingue

La révolution haïtienne de 1791, trop longtemps occultée

Toussaint- Louverture, de l’esclavage à l’immortalité (5 articles)

D3) La Révolution espagnole de 1808 à 1823

D4) Les révolutions latino-américaines du 19ème siècle

Bolivar, héros mythique de l’indépendance

5 juillet 1811 Miranda et Bolivar proclament l’indépendance du Vénézuéla

D5) La révolution grecque

France Grèce : interaction révolutionnaire de 1769 à 1830

D6) La Révolution française de 1830

Elle commence comme une révolution anti-absolutiste (contre les ordonnances de Charles X, en particulier en matière de censure de la presse) mais aussi comme une révolution populaire par la base sociale engagée dans les combats (métier des insurgés décédés) et les aspirations mises en avant. Elle se voit récupérée par la grande bourgeoisie financière qui a attendu la fin des combats. « C’est une révolution arrêtée à mi-course » (Victor Hugo)

27, 28 et 29 juillet 1830 : les "3 glorieuses" d’une révolution réussie puis confisquée

Durant la période révolutionnaire de 1830 à 1834, la question sociale est très présente, d’où l’impossibilité de traiter ce mouvement de 1830 seulement comme une révolution "libérale nationale".

Les canuts de Lyon, première grande insurrection ouvrière, du 21 novembre au 3 décembre 1831

5 juin 1832 : Funérailles du général Lamarque. Une insurrection républicaine et révolutionnaire

Le mouvement ouvrier et républicain de 1830 à 1834

D6) La révolution belge de 1830

Son aspect national est évident pour se séparer des Pays Bas et de leur roi Guillaume 1er. Son commencement bourgeois se comprend par le lieu où il prend forme (l’opéra).

Opéra et Révolution à Bruxelles le 25 août 1830

Cependant, elle apparaît aussi comme un contre-coup de la Révolution française par plusieurs de ses dirigeants et plusieurs centaines de combattants.

Enfin, la base sociale des combattants est très populaire (la plupart sont des journaliers ou des ouvriers du bâtiment touchés par la crise économique et vivant dans des conditions ignobles).

D7) La période révolutionnaire européenne de 1830

D8) La Révolution française de 1848

Elle correspond parfaitement aux causes des révolutions données par Victor Hugo : lorsque les conditions de vie populaires sont telles que le canon de la révolte est chargé, il suffit d’une étincelle pour que le coup parte.

Le coup est parti en deux fois fin février 1848.

Premier temps : Paris se soulève dans la nuit du 22 eu 23 février aux cris de Vive la réforme ! Dans la journée du 23, le roi Louis-Philippe annonce qu’il remplace le libéral Guizot par Molé à la tête du gouvernement. Les Parisiens se suffisent de cette manoeuvre ; des milliers de personnes prolongent la journée sous les lampions de la capitale. Malheureusement, un officier peu politique fait tirer sur la foule ses soldats du 14ème régiment de ligne, boulevard des Capucines : 50 morts et des dizaines de blessés.

Deuxième temps : Malgré les 100000 soldats quadrillant la capitale, le Paris populaire et révolutionnaire érige environ 1500 barricades. Dans la journée du 24 février, la foule des anonymes fait preuve d’un courage exceptionnel face aux balles ; 350 morts, 500 blessés graves Le combat change d’âme !

Le 25 à midi, le vieux Raspail monte les marches de l’Hôtel de Ville de Paris. Au nom du prolétariat et du peuple parisien, il ordonne de proclamer la République dans un délai de deux heures. Passé ce temps, il serait de retour avec 200 000 hommes. Dans le même temps, Paris se couvre de slogans : République française ! Liberté, Egalité, Fraternité. Immédiatement se forme un gouvernement provisoire comprenant deux socialistes sur cinq ; il proclame la république et le "droit au travail".

Le 26 février, le gouvernement procède à la constitution d’une garde mobile composée de jeunes gens de 16 à 20 ans pris dans le sous-prolétariat, souvent issue des combats des jours précédents et touchant une solde journalière de 1,50 franc. Militairement, la révolution devient incontournable.

Révolution française de 1848 "C’était beau" (22, 23, 24 février)

Cette révolution française de 1848 commence comme une révolution populaire radicale. Parmi les décisions caractéristiques, notons : le décret mettant en place les ateliers nationaux pour les personnes sans travail, le suffrage universel masculin, l’abolition totale de l’esclavage, la création de la Commission du Luxembourg pour dégager des solutions à l’antagonisme patronat salariés, l’hésitation entre drapeau rouge et drapeau tricolore comme couleurs nationales...

En juin 1848, la révolution radicale est écrasée par la révolution bourgeoise grâce aux députés des campagnes à l’Assemblée constituante.

Ce combat sanglant entre révolution radicale et révolution bourgeoise se décèle dans tous les autres pays touchés par le printemps des peuples, de l’Espagne à l’Autriche, de l’Italie à l’Allemagne...

D8) Les révolutions en Italie de 1848 et 1849

18 au 22 mars 1848 Milan en révolution chasse l’armée autrichienne

9 février 1849 Rome en révolution déchoit le Pape de son statut royal

D9) La révolution hongroise de 1848

D10) 1848 : Printemps des peuples en Europe : Suisse (Guerre du Sonderbund), Autriche, Allemagne, Roumanie, Pologne, Prague...

E) De 1871 à 1965 Révolutions populaires radicales, révolutions bourgeoises, révolutions de libération nationale, révolutions ouvrières (communistes)

Le phénomène révolutionnaire s’étend à toute la planète durant cette période. Or, le développement inégal et combiné produit encore des révolutions bourgeoises dans des pays qui n’en avaient pas connues auparavant (Chine, Turquie...), des révolutions à multiples facettes comme la révolution russe de 1905 (bourgeoise, populaire radicale et ouvrière), des révolutions de libération nationale subissant la tension déjà connue en Europe entre révolution bourgeoise et révolutions plus sociales...

E1) La Commune de Paris 1871

Le 18 mars 1871, le peuple prend le pouvoir à Paris  ! La Commune commence !

26 mars 1871 Elections à La Commune de Paris. La démocratie dans toutes ses dimensions

La Commune de Paris (1871) et les débats qu’elle a suscités

La Commune de Paris : La semaine sanglante, anniversaire d’un crime de masse oublié

E2) L’insurrection anarchiste de Letino (8 avril 1877) , expérience négative du socialisme

E3) La révolution philippine de 1898

12 juin 1898 Révolution philippine victorieuse Indépendance proclamée

http://danielbensaid.org/Desir-ou-b...

E4) La révolution russe de 1905

Dimanche sanglant de Saint Petersbourg le 22 janvier 1905

La mutinerie du cuirassé Potemkine (été 1905)

Cette révolution culmine en octobre. En voici quelques phases décrites par Trotsky :

La Révolution russe de l’automne 1905 commence par le mouvement étudiant (30 septembre 1905) par Léon Trotsky

Révolution russe d’Octobre 1905 (2 La grève ouvrière relaie les étudiants. 3 octobre Formation du Soviet des ouvriers de Moscou)

Révolution russe d’Octobre 1905 (Grève générale des cheminots le 7 octobre) 3

Révolution russe d’Octobre 1905 (18 octobre Grève générale et première constitution du pays)

E5) La révolution turque de 1908

E6) La révolution mexicaine 1910 1923

Emiliano Zapata

25 novembre 1911 Emilano Zapata proclame le "plan d’Alaya"

Mariano Azuela : La révolution mexicaine vécue par Los de Abajo "Ceux d’en bas" (roman)

Pancho Villa, héros de la révolution mexicaine

9 février 1912 "Le communisme est proclamé dans l’État de Coahuila"

A lire : La Révolution mexicaine, 1910-1920 Une révolution interrompue. Une guerre paysanne pour la terre et le pouvoir

E7) La révolution bourgeoise chinoise de 1911

La révolution bourgeoise nationale chinoise de 1911

E8) La révolution russe de 1917

La révolution de février 1917 en Russie par Léon Trotsky (8 au 13 mars pour notre calendrier)

« Les journées d’octobre » 1917 Conseil d’usine Assemblée générale Rayon du parti Armement Smolny Palais d’Hiver

6 articles sur la Révolution russe de 1917

Guerre civile russe. Pourquoi les Rouges ont-ils gagné ? 29 octobre 1917 à octobre 1922

E9) La révolution finlandaise

Finlande 30 avril 1918 Ouvriers et métayers massacrés par les Gardes blancs et soldats allemands (Tampere, Helsinki, Vyborg)

E10) La révolution allemande 1918 1923

La révolution allemande de 1918 à 1923

30 et 31 octobre 1918 : Début de la Révolution allemande

Du 10 au 16 janvier 1919, la social-démocratie et les corps francs paramilitaires écrasent la gauche berlinoise et le mouvement ouvrier

E11) La révolution italienne de 1920

Italie 1920 grève générale, conseils ouvriers et crise révolutionnaire en septembre

E12) La révolution hongroise de Béla Kun

30 octobre 1918 Révolution des Asters en Hongrie Les Conseils d’ouvriers et de soldats renversent le pouvoir impérial

La Révolution hongroise de 1919

E13) Mouvements révolutionnaires chinois des années 1918 à 1927

Les mouvements révolutionnaires chinois de 1919 à 1927

E14 Autres mouvements caractéristiques des années 1918 1927

7 au 16 janvier 1919 Grève ouvrière et semaine tragique en Argentine

Seattle (USA) 6 au 11 février 1919 Grève générale et crise révolutionnaire locale

15 mai au 25 juin 1919 : Grande grève générale de Winnipeg (Canada)

E14) La révolution espagnole

20 articles dans notre rubrique sur ce sujet :

http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

E15) Le Front Populaire en France

Du 6 au 12 février 1934, la France ouvrière et républicaine stoppe le fascisme

1936 Front Populaire, grève générale et conquêtes sociales

E16) La révolution vietnamienne d’août 1945

E17) Les années 1944 à 1951

E18 ) La révolution chinoise de 1927 à 1949

1 octobre 1949 : Proclamation de la République Populaire de Chine Les révolutions chinoises, 1911-1949 ( par Pierre Rousset)

1921 – 1949 : La longue marche de la révolution chinoise (site maoïste)

E19) Les révolutions coloniales

E20) La révolution cubaine

1er janvier 1959 : Guevara prend La Havane en pleine grève générale. La révolution cubaine est victorieuse

F) Les révolutions émancipatrices des années 1965 à aujourd’hui

Lors des crises révolutionnaires précédentes, la paysannerie jouait généralement un rôle prépondérant. En France (1968), en Italie (1969), au Portugal (1974) et même au Chili (1970 à 1973), au Venezuela, en Tunisie (2011), en Egypte... les salariés entrent massivement dans l’action.

Aussi, les grèves, le rôle des syndicats, l’articulation entre revendications sociales et objectifs politiques, autogestion, centralisation des luttes et centralisation de l’autoorganisation, appel à une constituante et formule politique de gouvernement... deviennent des questions théoriques très concrètes.

Les villes deviennent les lieux essentiels de mobilisation ( manifestations, occupation de places...).

Le niveau d’éducation, les facilités de transport et de communication expliquent un haut niveau d’auto-organisation bien supérieur, une politisation et des aspirations émancipatrices qui posent différemment le rapport entre parti d’avant garde et mouvements émanant de la société elle-même.

Face à ces mobilisations sociales et démocratiques, le grand capital a réussi à répondre par des coups d’état militaires instaurant des dictatures mais aussi par des processus plus politiques (par exemple au Portugal en 1974).

F1) Un impérialisme US totalitaire. Exemple de l’Indonésie

Indonésie : colonisation, Soekarno, génocide de 1965

F2) Résistances à cet impérialisme : Che Guevara et la poussée révolutionnaire en Amérique latine

Che Guevara : un symbole de lutte, d’espérance, d’internationalisme, de justice sociale pour l’Amérique latine

F3) Les mouvements révolutionnaires jeunes des années 1960

21 octobre 1967 : La manifestation contre la guerre du Vietnam devant le Pentagone, un symbole de la radicalisation de la jeunesse entre 1966 et 1968

19 janvier 1968 : Les manifestants Zengakuren (Japon) marchent sur le porte-avions US Enterprise. Leur action a un impact mondial

F4) L’année 1968 en France

84 articles sur Mai 1968 : faits, analyses, souvenirs, bilans, actualité...

F5) Les années 1968 dans le monde

1968 : aux frontières de la rupture (par Adolfo Gilly)

F6) Chili 1970 1973

Les USA voulaient empêcher Allende élu d’entrer en fonctions comme président du Chili (1970)

L’expérience de l’Unité populaire, de l’élection d’Allende au putsch de Pinochet (septembre 1970 – septembre 1973)

F7) La révolution portugaise

Portugal 1974 : Première révolution du 21ème siècle

Portugal : la Revolution des Oeillets du 25 avril 1974

F8) La révolution nicaraguayenne

19 juillet 1979 ... la révolution sandiniste au Nicaragua

F9) Les révolutions "citoyennes" d’Amérique du Sud, importance et limites

Leçons d’Amérique latine pour la gauche française 1) Histoire commune 2) Ouragan du libéralisme 3) La social-démocratie dans l’impasse 4) La réinvention de la gauche

F10) La révolution tunisienne de 2011

2011 Révolution démocratique tunisienne et chute de Ben Ali (article et 50 documents)

Au moment de conclure, je noterai seulement un point : la critique conservatrice des révolutions les présente comme des coups d’état. Or, ce sont les forces conservatrices qui ont réalisé bien plus souvent des coups d’état lorsque la maîtrise économique et politique d’un pays risquait de leur échapper suite à une élection ou une activité citoyenne trop importante. Le fascisme a fait partie des solutions entre les mains du patronat, de la droite et des libéraux pour empêcher des peuples de prendre en mains leur avenir.

Fascismes de 1918 à 1945 : naissance, caractéristiques, causes, composantes, réalité par pays

Jacques Serieys

Article en cours de refonte


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